Les bienfaits de la soutane
Le sommet de la vie du séminaire de Flavigny est sans conteste le 2 février. Ce jour-là, des centaines de fidèles se pressent au séminaire afin d’entourer les jeunes gens qui déposent leurs habits civils pour revêtir l’habit ecclésiastique. Cette cérémonie est vraiment très émouvante pour les parents et amis des séminaristes !
C’est avec joie que je vous livre aujourd’hui quelques uns des mots d’encouragement adressés par Monseigneur Lefebvre aux séminaristes pour cette occasion. Ses paroles restent d’une brûlante actualité. Elles n’ont rien perdu de leur charme et de leur force.
Elles vous donneront un avant-goût du livre posthume de Monseigneur Lefebvre sur le prêtre qui paraîtra un jour, je l’espère, en complément du livre : La messe de toujours.
Abbé Patrick Troadec, Directeur Le 25 janvier 2007, en la fête de la Conversion de Saint Paul .
Je pense qu’aujourd’hui, du haut du ciel, les anges, qui eux aussi assistent à cette cérémonie, que les saints du Ciel, et en particulier tous ceux qui parmi vos parents, vos amis ont déjà rejoint la demeure éternelle du Père, se réjouissent avec nous, et sont en action de grâces à la pensée que, aujourd’hui, vous allez revêtir, mes chers amis, Notre Seigneur Jésus-Christ(1).
La soutane est une prédication.
Vous êtes venus au séminaire à la rencontre de Notre-Seigneur et aujourd’hui, vous voulez que cela soit signifié par un signe extérieur, qui va désormais marquer aux yeux du monde que vous êtes attachés à Notre-Seigneur pour toujours, et que vous désirez le prêcher, le manifester. Vous voulez manifester votre attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ, manifester votre foi en la Rédemption de Notre-Seigneur venu en ce monde. Vous avez raison, mes chers amis : vous serez les hérauts de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous le prêcherez rien que par votre habit, rien que par votre attitude. Ce sera là une prédication excellente pour tous ceux qui vous rencontreront(2).
On raconte dans la vie de saint François d’Assise, qu’au moment où François d’Assise s’en allait prêcher dans les bourgs, dans les villages, il se faisait accompagner de frère Léon, et un jour il dit à ce frère : « Venez, nous allons prêcher ». Et voici que saint François sort avec le frère Léon et traverse la ville d’Assise et il demeure dans le silence complet. Pas un mot ne sort de sa bouche ; et il retourne au couvent. Frère Léon lui demande :
« Mais, Frère François, vous aviez dit que nous allions prêcher, et nous n’avons rien dit ! ». « Eh bien, lui répond saint François, nous avons prêché par notre habit. En circulant dans la ville d’Assise avec nos habits, nous avons prêché l’Évangile ».
Mes chers amis, c’est ce que l’Église vous demande ici : prêcher l’Évangile, simplement par votre habit qui manifeste justement ce détachement des choses de ce monde pour vous attacher à Notre Seigneur Jésus-Christ (3) .
La soutane est une clôture.
J’insisterai particulièrement, comme le manifestent les prières que dans quelques instants l’évêque va réciter sur vous au nom de l’Église, sur les dispositions intérieures que vous devez avoir pour recevoir les grâces qui vont vous être données par le revêtement de la soutane.
On pourrait comparer la soutane d’une certaine manière à une clôture. Oui, vous allez vous clôturer, vous retirer en quelque sorte dans un ermitage. Désormais votre âme sera séparée du monde, comme le disent les prières : « des embarras du monde et des désirs du siècle, de tout aveuglement spirituel et humain »(4) , vous allez éviter cet aveuglement non seulement spirituel mais même humain que donne le monde du péché, le monde en tant qu’il est soumis aux influences de Satan. La sainte Église utilise le terme « humain » (5), tant il est vrai que, lorsqu’on n’a plus la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ, on perd aussi le sens commun, l’intelligence toute simple, toute droite du réel, de la vérité(6) .
La soutane, symbole du Corps de Jésus crucifié.
Le revêtement de la soutane pourrait avoir un caractère d’austérité, de renoncement, de pénitence, d’abnégation. C’est vrai, mais y a‑t-il opposition entre ce caractère austère et la lumière que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu nous apporter ? Bien sûr que non, bien au contraire ! Notre-Seigneur l’a dit à vous qui allez revêtir la soutane : « Vous êtes la lumière du monde »(7) (Mt, 5, 14) ; « Vous êtes le sel de la terre »(8) (Mt, 5, 13). Et on ne met pas la lumière sous le boisseau ; elle doit éclairer tous ceux qui entourent et chasser les ténèbres. Et le sel ne doit pas s’affadir ; il doit donner du goût aux aliments. Tout cela a une signification toute spirituelle. Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu lui aussi revêtir un vêtement d’austérité, et ce vêtement, c’est son corps crucifié. La Croix est notre lumière, et c’est cela que vous apprenez ici, au séminaire(9) .
Lorsque vous circulerez dans les rues de vos villages, de vos cités, vous prêcherez le sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ. Aujourd’hui plus que jamais, on a besoin de cette prédication. Jamais comme aujourd’hui on a rejeté la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ : on a détruit l’autel du sacrifice, on détruit les croix, on ne sait plus ce que signifie le sacrifice de la messe. Alors précisément, puisque cette idée du sacrifice disparaît partout dans la vie des hommes, il faudra que vous la manifestiez. Les hommes ont besoin de cette Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Dans la croix le salut »(10). Par conséquent, en prêchant la Croix par votre habit, vous prêcherez le salut de l’humanité(11).
La soutane, signe d’espérance.
Vous serez aussi un signe d’espérance. Le monde se meurt de désespérance, de désespoir car on veut enfermer les hommes dans le milieu d’ici-bas. On veut leur fermer les horizons spirituels pour les enfermer dans cette prison des hommes entre eux, de cette masse humaine qui ne sait plus où elle va, ce qu’elle fait, ni ce qu’elle pense. On veut les assoiffer des biens de ce monde afin qu’ils ne pensent plus à Dieu, ni aux biens spirituels, ni à la vie éternelle.
Eh bien, vous serez le signe de cette espérance, car votre soutane est le signe de l’abandon des choses du monde pour l’attachement aux choses célestes et aux choses spirituelles. Or l’espérance consiste précisément à fixer notre regard sur les biens éternels. Vous marchez les yeux fixés sur la vie éternelle, et cela les gens le savent, les gens le comprennent.
En faisant cela, vous leur ferez du bien, vous les soulagerez, vous leur montrerez que la véritable liberté ne consiste pas à vivre enfermé dans ce monde, bien au contraire ! C’est là le signe de l’esclavage. La liberté consiste à se libérer des choses du monde, pour s’attacher aux biens éternels. Vous chantez le soir à complies : « vous nous avez établis dans l’espérance »(12) . Oui, vraiment, le Bon Dieu nous a donné une âme qui a besoin des biens éternels. Alors nous devons conserver, dans notre pèlerinage ici-bas, les yeux tournés vers le ciel. Vous serez donc un signe d’espérance(13) .
La soutane, signe de charité.
Enfin, vous serez aussi un signe de charité. Vous le montrerez même dans la persécution, dans les difficultés, dans les quolibets qui pourraient vous être adressés. Vous les supporterez avec confiance, avec courage. « Seigneur pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23, 34) : voilà ce que vous direz. Loin de vous rebeller, de répondre insulte pour insulte, vous supporterez courageusement les difficultés, comme Notre-Seigneur a supporté les crachats, les quolibets, toutes les souffrances qu’on lui a fait subir, en demandant à Dieu de pardonner à ses bourreaux.
Vous aussi vous aurez un cour miséricordieux, penché sur toutes les misères. Et si celui qui vous a adressé des paroles injurieuses vous demande tout à coup de le confesser, vous le confesserez et vous lui ferez miséricorde. S’il vous demande un service, vous lui rendrez ce service. Vous ne rendrez pas le mal pour le mal, mais le bien pour le mal. C’est ce que dit Saint Paul : « Soyez vainqueur du mal par le bien » (Rm, 12, 21)(14). Vous serez de ces âmes charitables, humbles, bonnes, douces, toujours prêtes à rendre service, à faire du bien à leur prochain, prêtes surtout à leur donner Dieu, le vrai bien, le bien éternel(15) .
La soutane, signe de la sainteté de l’Église.
L’habit clérical manifeste à la face du monde la sainteté de l’Église, c’est-à-dire le détachement des choses de ce monde et votre consécration à Notre Seigneur Jésus-Christ. Quel exemple vous allez donner de la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ dans ce monde, de la présence de son sacerdoce ; comme le monde a besoin de voir cela ! Qu’il est triste de penser que cette cérémonie que nous faisons n’existe plus aujourd’hui ! Est-ce qu’on n’aurait plus besoin de manifester Notre Seigneur Jésus-Christ au monde ? Est-ce que ce n’est pas le principal rôle de l’Église ?
Un monde sans Jésus-Christ est un monde sans Dieu, un monde perdu, un monde qui se destine à aller aux enfers. Seul Jésus-Christ est notre salut, notre joie, notre raison d’être. Alors vous allez manifester que vous croyez en Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous croyez en son sacerdoce, et en cela vous rendrez un service inappréciable aux âmes et à la sainte Église (16) .
La soutane et l’uniforme militaire.
De même que le militaire endossant son uniforme sent très bien que si on vient l’appeler pour défendre les familles de son pays, les cités et sa patrie, il a une certaine responsabilité et doit être prêt pour partir au combat et donner son sang s’il le faut pour défendre les siens, de même le clerc qui revêt la soutane se sent prêt à servir Notre Seigneur Jésus-Christ, pour l’extension de son règne dans le monde et dans les âmes(17).
Il ne serait pas permis que nous, qui avons la grâce de croire en Notre Seigneur Jésus-Christ, nous ne soyons pas missionnaires. Vous le serez, mes chers amis ; vous le serez déjà par votre attitude, par votre habit, plus tard par la parole et par les sacrements que vous administrerez, et particulièrement le saint Sacrifice de la Messe ; vous serez missionnaires(18).
N’abandonnez pas ce qui fait de vous un prêtre ! Certes vous ne l’êtes pas encore ; vous faites un premier pas qui manifeste votre désir de le devenir. Mais je souhaite de tout mon cour que vous y parveniez. Et déjà le monde vous jugera comme tels. Portant la soutane, désormais le monde vous jugera comme si vous étiez prêtres. Alors tâchez de vous conduire comme si vous l’étiez déjà, par votre exemple, par votre tenue, par votre attitude, par votre charité, par votre bonté, par votre sagesse ; soyez déjà de ceux qui apportent des solutions autour de vous. Ainsi l’honneur de Dieu sera sauf, la gloire de Dieu sera répandue dans le monde et les âmes se convertiront à Notre Seigneur Jésus-Christ (19).
Je souhaite vivement qu’un jour ceux d’entre vous qui deviendront prêtres avec la grâce de Dieu, seront pour vous, bien chers fidèles, des soutiens, des exemples, des guides, de vrais pasteurs, afin que vous soyez aidés sur le chemin qui doit vous mener à la vie éternelle, par la grâce de Dieu et avec le secours de la très sainte Vierge Marie(20) .
Chronique du séminaire
Octobre 2006
7 – Une nouvelle vie commence pour les 23 séminaristes ; ce samedi sera gravé dans leur mémoire : leurs premiers pas au séminaire !
9 au 15 – Retraite de rentrée des séminaristes, à laquelle se joignent Messieurs les abbés LAMERAND, BERTEAUX et GOLVAN.
Bientôt, toute la communauté s’affaire au grand chantier que représente la réfection du jardin du cloître. Sous la houlette dynamique du frère BENOIT, les séminaristes et frères (ils sont 16 cette année au séminaire et seront bientôt 17) se relaient à un rythme soutenu pour déplacer les amas de terre et de pierres, percer de nouvelles tranchées sur ce terrain de 600 m². Les métreurs quadrillent la zone pour délimiter les parties à creuser. Chacun donne du pic de la pioche et de la pelle à tout va. Les séminaristes méditent sur la vertu d’humilité si nécessaire au prêtre !
Novembre 2006
3 – La communauté souhaite une bonne fête au père BAILLIF la veille de la saint Charles. Le discours et le chant manifestent la légitime reconnaissance du séminaire envers son paisible doyen.
15 – Nous apprenons le décès du papa du frère GERARD-MARIE. Ce père courageux et admirable a offert toutes ses souffrances pour la sanctification de ses enfants dont deux religieux.
19M. l’abbé MONTES, prêtre ami de la Fraternité, séjourne une courte semaine au séminaire pour traduire en langue espagnole le film sur la messe basse en vue d’apprendre à des prêtres la manière de la célébrer. M. l’abbé CLIFTON qui passe une année sabbatique au séminaire sera l’interprète pour l’anglais.
22 – La chapelle s’embellit de quatre magnifiques statues des quatre Pères d’occident. Les séminaristes peuvent désormais mettre des visages sur ces géants de la Tradition, dont M. l’abbé CALLIER, professeur de patrologie, nous fait découvrir l’incomparable enseignement.
29 – Arrivée du frère FRANÇOIS-MARIE, de l’école de l’Étoile du matin. Il demeurera parmi nous jusqu’à la fin de l’année.
Décembre 2006
2 au 3 - Du soir au lever du jour, la communauté vient adorer le Saint Sacrement exposé. Que de grâces reçues dans cette nuit d’intimité avec Notre-Seigneur !
8 – Venue de Son Excellence Monseigneur TISSIER DE MALLERAIS. Pour cette belle fête de l’Immaculée Conception, Monseigneur nous explique comment le dogme de l’Immaculée Conception est le puissant remède aux grandes erreurs modernes.
9 – Une délégation du séminaire s’en va à Lyon à l’occasion du colloque Marial.
12 – Début des travaux d’aménagement d’un terrain de football en bas du séminaire.
11 au 23 – Avant de partir en vacances la communauté est sollicitée à nouveau pour le cloître dont il faut terminer le gros ouvre pour la fin 2006. Tout le monde met les bouchées doubles. Rien n’arrête le frère BENOIT, pas même le gel ! Il s’agit désormais de préparer les allées qui seront par la suite dallées, de creuser les tranchées pour l’éclairage et l’arrosage automatiques. Le va-et-vient permanent des brouettes permet d’évacuer la terre à l’extérieur. Chaque once de terre aura été déplacée dans ce cloître qui prend peu à peu sa forme terminale. De temps à autre, M. le Directeur, le frère BENOIT ainsi que Jean-Michel LAURENÇON, paysagiste de formation, se rejoignent au cloître pour une réunion au sommet. Le soir le frère BENOIT-JOSEPH teste son système d’éclairage.
23 et 24 – Le séminaire se métamorphose en une véritable ruche pour le grand ménage d’hiver. Les besogneuses petites abeilles s’agitent en tous sens, nettoyant, rangeant, frottant partout. De la chapelle s’exhale une odeur de cire fraîche. Tout est prêt pour cette grande nuit.
25 – Qui oubliera son premier Noël au séminaire ? La veillée chantée, la messe de minuit, les Laudes, le réveillon ? Tout est parfait pour fêter en son cour l’avènement de l’enfant Dieu.
27 au 29 – Récollection des frères du district de France prêchée par M. l’abbé DE LA MOTTE.
Janvier 2007
5 – Les séminaristes rentrent de leurs dernières vacances en civil ; l’année qui commence sera celle, ô combien mémorable, de leur prise de soutane.
7- Les fidèles sont appelés à participer à la familiale et traditionnelle galette des Rois. Auparavant les séminaristes leur ont donné un petit spectacle : représentation de la pastorale des santons de Provence, suivie d’une arrivée des Rois Mages assez folklorique. Suivront quelques chants, puis un remarquable petit concert donné par le pianiste Alessandro FIORE et Vincent GELINEAU au cor, terminé par une prière en araméen, en raison de la présence de deux séminaristes de rite chaldéen.
Renseignements pratiques
Messes à Flavigny :
- semaine : 7 H 15 (ou 6 H 50)
– dimanche : 7 H 20 – 10 H 15 (messe chantée), 17 H 00 (vêpres et salut).
Pension d’un séminariste
– 12 € par jour, soit environ 3 000 € par an + 460 € de couverture sociale.
Pour aider le Séminaire :
– Les chèques sont à libeller à l’ordre de : Séminaire Saint-Curé‑d’Ars
- Pour aider régulièrement le Séminaire, vous pouvez utiliser le virement automatique en faveur de notre compte au Crédit Mutuel de Venarey-les-Laumes (21) : 10278 02511 n° 00051861345 24.
Nous vous en remercions. Un reçu fiscal vous sera adressé sauf mention contraire.
Adresse :
Séminaire International Saint-Curé‑d’Ars
Maison Lacordaire
F 21150 FLAVIGNY-SUR-OZERAIN
03 80 96 20 74
03 80 96 25 32