Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du séminaire St-​Curé-​d’Ars n° 67


L’Enfant-​Jésus de Beaune

Chers amis et bienfaiteurs, 

Le sémi­naire de Flavigny se situant en Bourgogne, les sémi­na­ristes et frères ont à cœur de véné­rer avec une fer­veur par­ti­cu­lière les saints qui ont vécu dans cette magni­fique région. Ainsi, tout au long de l’an­née litur­gique, leur pié­té se nour­rit des exemples don­nés par saint Bénigne, sainte Reine, saint Bernard, sainte Jeanne DE CHANTAL, sainte Marguerite-​Marie, sainte Catherine LABOURE, sainte Bernadette, la bien­heu­reuse Élisabeth de la Trinité, la véné­rable soeur Marguerite du Saint-​Sacrement de Beaune…

Puisqu’ils revêtent la sou­tane le 2 février, jour de la pré­sen­ta­tion de Jésus au Temple, les sémi­na­ristes voient en la véné­rable soeur Marguerite du Saint-​Sacrement (1619–1648) un bel exemple à suivre. S’il est vrai que, ce jour-​là, leurs parents imitent Notre-​Dame offrant son enfant au Temple, les sémi­na­ristes contemplent les ver­tus de Jésus enfant avec le désir de les repro­duire dans leur propre vie. 

Puisque vous vous unis­sez aux prières des sémi­na­ristes et frères, je vou­drais aujourd’­hui, chers amis et bien­fai­teurs, vous faire décou­vrir la vie de la véné­rable Soeur Marguerite du Saint-​Sacrement et la dévo­tion à l’Enfant-​Jésus de Beaune.

Le Jésus de Thérèse

La dévo­tion à l’Enfant-​Jésus s’est répan­due dans l’Église par l’in­ter­mé­diaire du Carmel, et ceci en rai­son de l’in­ti­mi­té que sainte Thérèse d’Avila (1515–1582) avait avec l’Enfant-​Jésus. Son amour de Jésus enfant était tel qu’un jour, dans le monas­tère d’Avila, un gra­cieux enfant vint à sa ren­contre et lui deman­da : – Qui es-​tu ? – Moi, je suis Thérèse de Jésus. Et toi, qui es-​tu ? – Je suis Jésus de Thérèse. L’Enfant-​Jésus venait ain­si témoi­gner de l’u­nion intime qui exis­tait entre lui et la fon­da­trice de l’ordre du Carmel.

Sa dévo­tion a ame­né la sainte à pla­cer une sta­tue de Jésus enfant dans cha­cun des car­mels qu’elle ouvrait. C’était el fun­da­dor, le fon­da­teur. A cette époque, les Espagnols repré­sen­taient l’Enfant-​Jésus non plus cou­ché dans une crèche, dans le plus grand dénue­ment, mais debout et riche­ment vêtu. C’est donc de cette manière qu’é­tait véné­ré l’Enfant-​Jésus dans les car­mels, comme dans beau­coup d’ha­bi­ta­tions de catholiques.

Soeur Marguerite du Saint-Sacrement

Le pre­mier car­mel fut fon­dé en France en 1604 sur la demande du car­di­nal DE BERULLE, fon­da­teur de l’Oratoire (1575–1629), et celui de Beaune le fut en 1619. Cette année-​là nais­sait Marguerite PARIGOT, qui entre­ra au Carmel dès l’âge de onze ans suite à la mort de sa mère, l’an­née 1630. Issue d’une famille notable de Beaune, elle était toute petite de taille, et elle le res­te­ra puis­qu’elle ne dépas­se­ra pas 1 m 30.

Très vite, la petite pos­tu­lante se fait remar­quer par sa fer­veur excep­tion­nelle et par ses ver­tus émi­nentes. Un jour, Notre-​Seigneur lui appa­raît sous la forme d’un petit enfant et lui dit : « Je me donne à toi pour être ton maître, je veux t’en­sei­gner les vraies ver­tus ». Une autre fois, il lui dit : « Je me donne à toi petit, afin que tu sois petite, comme moi je suis petit ». 

Dès l’an­née sui­vante, elle pro­nonce ses pre­miers vœux lors d’une extase. Jésus la prend ce jour-​là pour l’é­pouse de son enfance, pro­met­tant de lui ensei­gner la science de la croix. 

En 1636, elle fait sa pro­fes­sion solen­nelle et reçoit alors la grâce de por­ter l’Enfant-​Jésus dans ses bras. Elle est déjà très véné­rée par les Pères de l’Oratoire. 

L’année sui­vante, on lui deman­da de prier pour le roi Louis XIII et la reine Anne d’Autriche, tou­jours sans héri­tier après vingt ans de mariage. Elle y consa­cra ses prières et ses souf­frances, et fut aver­tie vers le 15 décembre de la gros­sesse de la reine, alors que celle-​ci n’en était pas encore au cou­rant. Le 5 sep­tembre 1638 eut lieu la nais­sance du Dauphin, le futur roi Louis XIV. La reine, pour remer­cier la véné­rable soeur Marguerite, lui offrit une sta­tuette repré­sen­tant son fils.

En appre­nant la nais­sance du Dauphin, la petite soeur éprou­va une très grande joie et dès lors elle déci­da de cou­ron­ner l’Enfant-​Jésus et de l’ap­pe­ler désor­mais « son petit roi ». Pour confir­mer le bien fon­dé de sa déci­sion, le Noël sui­vant, l’Enfant-​Jésus lui-​même lui appa­raît cette fois-​ci non pas dans ses abais­se­ments et l’in­fir­mi­té de son enfance, mais dans sa gran­deur sou­ve­raine, comme Roi des rois et Souverain des sou­ve­rains : Rex Regum et Dominus domi­nan­tium (Ap. 19, 16). Il lui fait connaître que, par sa nais­sance, il ne s’est don­né au monde que pour régner dans les cœurs et dans les âmes, si bien que Soeur Marguerite s’é­crie : « Ô divin Enfant ! Que pouvons- nous faire pour vous faire régner et pour nous sou­mettre à votre règne et à votre souveraineté ?» 

Jésus lui fait com­prendre qu’il aime­rait qu’elle lui dédiât un lieu où il fût recon­nu et hono­ré comme roi1. Lors de la pose de la pre­mière pierre, l’Enfant-​Jésus, sous la forme d’un enfant âgé de deux ans, la pose avec elle. « Ma petite épouse, lui dit-​il, je fonde ce petit temple avec toi pour l’a­mour de toi, je m’y ren­drai tou­jours pré­sent et exau­ce­rai les prières qui m’y seront faites. Je l’ai­me­rai et m’y délec­te­rai parce que c’est le lieu où ton corps repo­se­ra après ta mort. Je rem­pli­rai de béné­dic­tions tous ceux qui y hono­re­ront mon enfance et qui y auront recours dans leurs besoins((– Ibid., p. 155 et 156.)) . » La cha­pelle sera inau­gu­rée le 25 décembre 1639. 

Des faits mira­cu­leux ne tar­de­ront pas à confir­mer cette pré­dic­tion. Ainsi, une femme qui avait eu deux enfants morts-​nés, sup­plie Soeur Marguerite de prier pour que l’en­fant qu’elle porte naisse en bonne san­té. Et elle lui offre un cierge qu’elle lui demande de mettre devant la sta­tue de l’Enfant- Jésus. Et son enfant vient au monde en pleine san­té. Un peu plus tard, une femme de soixante ans très avare fait un don très impor­tant pour la cha­pelle de l’Enfant-​Jésus et fait dire cent messes, mon­trant ain­si la puis­sance de l’Enfant-​Jésus non seule­ment pour la gué­ri­son des corps, mais aus­si pour celle des âmes. Tous ces faits extra­or­di­naires de la vie de Soeur Marguerite seront authen­ti­fiés par le Père AMELOTTE, ora­to­rien, doc­teur de Sorbonne, lors­qu’il écri­ra sa vie en 1654 sur l’ordre exprès de la reine Anne d’Autriche.

La dévo­tion à l’Enfant-​Jésus sera décu­plée par les Oratoriens et par d’autres reli­gieux émi­nents qui ont connu et véné­ré Soeur Marguerite comme Monsieur OLIER (1608–1657), fon­da­teur des Sulpiciens, et saint Jean EUDES (1601–1680). Parmi les saints qui ont entre­te­nu cette dévo­tion, on peut citer éga­le­ment saint Jean-​Baptiste DE LA SALLE (1651–1719), qui avait reçu sa for­ma­tion sacer­do­tale à Saint-Sulpice.

De Beaune à Lisieux.

La dévo­tion s’es­tom­pe­ra au XVIIIe siècle, mais repren­dra au XIXe. Le réveil reli­gieux de ce siècle rani­me­ra en France de nom­breuses formes anciennes de dévo­tion, sans pro­vo­quer de créa­tions ori­gi­nales. De grandes âmes, ani­mant leur vie par l’a­mour de Jésus enfant, mon­tre­ront cepen­dant que cette spi­ri­tua­li­té garde toute sa valeur.

Ainsi au car­mel de Tours vécut une sainte reli­gieuse du nom de Mère Marie de Saint-​Pierre (1816–1848). Elle était très atta­chée à Beaune, si bien qu’à la Noël 1843, elle fait l’acte de par­faite dona­tion au très saint enfant Jésus. D’abord concré­ti­sée en divers exer­cices (mois de l’Enfant-​Jésus, évo­ca­tion des douze mys­tères et des douze années de l’en­fance), sa dévo­tion prend sur­tout la forme d’une contem­pla­tion presque inces­sante de la sainte Famille et de l’Enfant-Jésus. 

Et à cette dévo­tion, elle asso­cie la dévo­tion à la sainte Face, vou­lant imi­ter sainte Véronique pour répa­rer les outrages faits à Notre-​Seigneur et notam­ment les blas­phèmes et les pro­fa­na­tions du dimanche. Elle est à l’o­ri­gine d’une confré­rie répa­ra­trice dont fera par­tie à l’âge de douze ans Thérèse MARTIN, qui pren­dra pré­ci­sé­ment le nom de Thérèse de l’Enfant- Jésus et de la Sainte Face. Ainsi, la double dévo­tion de sainte Thérèse pour l’Enfant-​Jésus et pour la Sainte Face, elle la doit à Mère Marie de Saint-​Pierre. On peut donc dire qu’in­di­rec­te­ment, sa dévo­tion à l’Enfant- Jésus vient du car­mel de Beaune. La dévo­tion à l’Enfant Jésus de Prague a une ori­gine com­mune, c’est-​à-​dire le car­mel et le même objec­tif : répandre dans le monde la dévo­tion au saint enfant Jésus. Cependant les deux dévo­tions semblent s’ignorer.

Conclusion

Puisse ce sur­vol his­to­rique ali­men­ter notre dévo­tion à l’Enfant Jésus-​Roi. Le monde actuel s’at­taque spé­cia­le­ment à l’en­fance et refuse de se sou­mettre à la royau­té de Notre-​Seigneur. Voilà pour­quoi la dévo­tion à l’Enfant Jésus-​Roi est aujourd’­hui plus que jamais d’actualité.

Reconnaissons à tra­vers le petit enfant de la crèche de Bethléem, le Roi des rois et le Seigneur des sei­gneurs. Sachons après les mages lui rendre nos hom­mages, spé­cia­le­ment aujourd’­hui où reten­tit le cri : « Nous ne vou­lons pas qu’il règne sur nous ». 

Nous, comme le disait Mgr LEFEBVRE, nous vou­lons qu’il règne ! C’est pour­quoi nous fai­sons nôtres les paroles de l’hymne des vêpres du Christ- Roi : « Ô Christ, Prince de la paix, veuillez sou­mettre nos volon­tés rebelles ! Que votre amour réunisse dans un seul ber­cail toutes les bre­bis éga­rées. Que notre famille et notre patrie se sou­mettent à votre joug très doux ! Gloire à vous, ô Jésus ! vous qui avez auto­ri­té sur tout l’u­ni­vers ! » Que votre règne arrive par le cœur dou­lou­reux et imma­cu­lé de Marie.

Abbé Patrick TROADEC, Directeur
Le 25 jan­vier 2009, en la fête de la conver­sion de saint Paul

Note : Pour se rendre à l’an­cien Carmel de Beaune (rue de Chorey) afin de véné­rer l’Enfant-​Jésus, depuis la gare, rejoindre le bd de cein­ture (bd Maréchal Joffre) et le remon­ter jus­qu’à la sor­tie pré­cé­dant celle de Dijon. Emprunter la rue de Chorey sur 250 m envi­ron et entrer dans la pro­prié­té de la com­mu­nau­té des soeurs des Béatitudes, sur la droite. La cha­pelle est ouverte pen­dant la journée.

Sacrement, Imprimerie Saint-​Paul, Bar-​le-​Duc, p. 152.

100 frères dans la Fraternité

En sep­tembre der­nier, la Fraternité Saint-​Pie X a atteint le nombre de CENT frères. Je pro­fite de cette occa­sion pour vous trans­mettre le lieu d’af­fec­ta­tion des trente-​trois frères pro­fès ayant été for­més à Flavigny depuis 1998.

France, siège du District (Suresnes)
– Frère Alphonse-​Marie NOUET
– Frère François-​Joseph REDERSTORFF France, 

Ecoles
– Frère Jean-​Benoît DE CAMPEAU (Sainte- Marie)
– Frère Jean-​François VERHEIDE(Saint- Joseph-​des-​Carmes)
– Frère Jean-​Rémy PERRIN (Saint-​Michel)
– Frère Jean-​Romain GUILHAUME (Saint- Jean-​Bosco)
– Frère Louis-​Joseph GIRAUDEAU (Saint- Michel)
– Frère Louis-​Marie JOUANNET (Saint- Joseph-​des-​Carmes)
– Frère Luc PINSEMBERT (Saint-​Michel- Garicoïts)
– Frère Michel ROY (Étoile du Matin)
– Frère Nicolas RITZENHALER (Saint- Michel-​Garicoïts)
– Frère Paul CHENEBEAU (Saint-​Jean- Bosco)France,

Séminaire (Séminaire Saint- Curé-​d’Ars)
– Frère Benoît GISCHIG
– Frère Cyrille-​Marie VERGNES
– Frère Jean-​Joseph DENISSELLE 

France, sémi­naire, Frères en for­ma­tion (Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars)
– Frère Gatien LAURENÇON
– Frère Maximin-​Marie JEAGLE
– Frère Philippe RODRIGUEZ 

France, prieu­rés
– Frère Benoît-​Joseph MOUTIEN (Saint- Nicolas-​du-​Chardonnet)
– Frère Gérard-​Marie BEAUFRETON (Nantes)
– Frère Marie-​Patrice NORMANDIN (Grenoble)
– Frère Romain TARDY (Nantes)
– Frère Vincent VELEZMENDOZA (Nice)

Étranger, sémi­naire
– Frère Augustin-​Marie BURGUBURU (Suisse – Séminaire Saint-​Pie X) 

Étranger, mai­son de retraite
– Frère Antoine-​Marie CARIS (Suisse – Enney) 

Étranger, prieu­rés
– Frère Antoine NTSEMENA (Gabon – Libreville)
– Frère Maria-​Maksymilian GUTOWSKY (Pologne – Varsovie)
– Frère Pietro-​Maria TACCONI(Italie – Albano) 

A ces trente-​trois frères s’a­joutent huit frères pos­tu­lants et novices, qui pour­suivent actuel­le­ment leur for­ma­tion au Séminaire Saint-Curéd’Ars.

Chronique du séminaire 

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Renseignements pratiques

Messes à Flavigny : 

- semaine : 7 H 15 (ou 6 H 50)
– dimanche : 7 H 20 – 10 H 15 (messe chan­tée), 17 H 00 (vêpres et salut). 

Pension d’un séminariste 

Nous vous remercions du soutien que vous procurez aux séminaristes
et de l’aide apportée à l’Œuvre du Séminaire

- 12 € par jour, soit envi­ron 3 000 € par an + 460 € de cou­ver­ture sociale.

Pour aider le Séminaire : 

– Les chèques sont à libel­ler à l’ordre de : Séminaire Saint-Curé‑d’Ars

- Pour aider régu­liè­re­ment le Séminaire, vous pou­vez uti­li­ser le vire­ment auto­ma­tique en faveur de notre compte au Crédit Mutuel de Venarey-​les-​Laumes (21) : 10278 02511 n° 00051861345 24. 

Nous vous en remer­cions. Un reçu fis­cal vous sera adres­sé sauf men­tion contraire. 

Adresse :

Séminaire International
Saint-Curé‑d’Ars
Maison Lacordaire
F 21150 FLAVIGNY-SUR-OZERAIN 

03 80 96 20 74

03 80 96 25 32

Entretien avec monsieur l’abbé Troadec, Directeur du séminaire 

Entretien pour La Porte Latine 

  1. (R. P. Antoine-​Marie, O. C. D., Vie de la Vénérable soeur Marguerite du Saint- []