Le renouveau de l’Église passe par les prêtres
La décennie 1965–1975 a connu une très grave crise sacerdotale. Selon les chiffres autorisés, environ 80 000 prêtres auraient alors quitté le sacerdoce, soit 20 % du clergé mondial.
Les causes de cette hémorragie sont multiples, et nous n’avons pas pour le moment l’ambition de les discerner. Mais il est clair que ce formidable ébranlement a touché au cœur le clergé, et n’est pas pour rien dans la baisse des vocations qui affecte si douloureusement notre pays en particulier. Comment de futures vocations ne ressentiraient-elles pas un certain malaise au moment de s’engager dans une voie que tant de leurs aînés ont cru devoir abandonner, souvent « avec pertes et fracas » ? Cette inquiétude n’explique certes pas à elle seule la difficulté à s’engager des jeunes générations, mais elle ne doit pas non plus être minimisée.
Pour y faire face, il est impératif que les futures vocations aient sous leurs yeux l’image de prêtres sereins, heureux, joyeux, solides, et surtout profondément enracinés en Notre Seigneur Jésus-Christ, ce qui explique et justifie leur consécration totale et définitive.
Autrement dit, pour obtenir les nombreuses vocations dont l’Église a aujourd’hui un urgent besoin, il faut un bon clergé, un clergé résolument fidèle et même, disons le mot, un clergé saint. De plus, une telle sainteté du clergé rejaillira sur tout le peuple fidèle.
La rénovation de l’Église, c’est l’exemple de tous les siècles, passe donc avant tout par la rénovation spirituelle du clergé, la sanctification du sacerdoce. Après le concile de Trente, les noms de saint Charles Borromée, saint Jean Eudes, saint Vincent de Paul, Monsieur Olier, composent la litanie des grands réformateurs du clergé, qui ont permis à l’Église de retrouver sa beauté défigurée par les manquements si nombreux qui avaient cours à l’époque, et d’engendrer une exceptionnelle pléiade de saints, manifestation d’une Église vraiment fidèle au Christ.
Comme le disait le saint Curé d’Ars :
« Si nous n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre-Seigneur. Qui est-ce qui l’a mis là, dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre. Et si cette âme vient à mourir, qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre ».
Abbé Régis de Cacqueray
Extrait de La Lettre à nos frères prêtres n° 55