Correspondance Jacques Chirac – Mgr Lefebvre

Le 29 juin 1976, pas­sant outre aux menaces de Rome, esti­mant que le com­bat qu’il mène est fon­da­men­tal pour la défense de la messe et de la foi, Mgr Lefebvre ordonne 13 prêtres et 14 sous-​diacres sans lettres dimis­soires. Le 22 juillet 1976 il est frap­pé de sus­pens a divi­nis qui devrait le pri­ver de l’exer­cice de tout acte sacra­men­tel. Cette sanc­tion ne le trouble ni ne le prend de court, mais, dans une vision supé­rieure de son devoir, il va conti­nuer à mener le bon com­bat contre toutes les dévia­tions qui, déjà, font vaciller l’Eglise.

Lettre de Jacques Chirac à Mgr Lefebvre (16 juillet 1976)

A cette occa­sion, « Les sphères poli­tiques de la droite gou­ver­ne­men­tale fran­çaise s’émeuvent éga­le­ment : il s’agit de ne pas déce­voir les poten­tiels élec­teurs « lefeb­vristes ». (…) Chirac, ancien dépu­té de la Corrèze, n’oublie pas le rayon­ne­ment que Mgr Lefebvre a su don­ner à l’Eglise en Corrèze par son bref pas­sage sur le siège de Tulle. Il lui écrit le 16 juillet une lettre de « res­pec­tueuse ami­tié et de confiance » :

« La France chré­tienne, fille aînée de l’Eglise par pri­vi­lège immé­mo­rial, a su dans le pas­sé don­ner des preuves constantes de son atta­che­ment au suc­ces­seur de Pierre. (…) Je fais confiance à votre génie qui sau­ra trou­ver les paroles de la récon­ci­lia­tion. Quel exemple donnerez-​vous en un temps où la fidé­li­té est si constam­ment bafouée, où le véri­table amour est si tra­gi­que­ment dévoyé. Votre com­bat pour la foi, pour l’Eglise en rece­vra le sceau écla­tant de l’authenticité, celui que confèrent la rec­ti­tude abso­lue dans la conduite et l’acceptation du sacrifice ».

S’il s’agissait de défendre ses idées per­son­nelles, l’archevêque en ferait volon­tiers l’offrande. Mais puisqu’il s’agit d’un com­bat pour la foi, le sacri­fice auquel l’exhorte jacques Chirac prend une autre dimen­sion : celle du sacri­fice de son hon­neur. Suspens, « rebelle », « fau­teur de schisme », Marcel Lefebvre accepte dou­lou­reu­se­ment mais réso­lu­ment ces éti­quettes pour l’amour de la foi et de l’Eglise » (Mgr Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre : une vie, édi­tions Clovis, p. 515–516).

Réponse de Mgr Lefebvre (2 août 1976)

C’est ce que répond Mgr Lefebvre le 2 août 1976 au pre­mier ministre d’alors :

« Soyez assu­ré, Monsieur le Premier ministre, que je sou­haite vive­ment renouer le dia­logue avec les auto­ri­tés romaines. Mais de leur côté le refus est total. Toutes les démarches entre­prises depuis des mois sont res­tées sans résul­tat. On sou­haite un schisme, mais le vrai schisme est par­ti de Rome avec le deuxième concile du Vatican » (dans Bernard Billaud, D’un Chirac l’autre, édi­tions de Fallois).

Le premier ministre de l’avortement

Celui qui en 1976 se fit ain­si auprès de Mgr Lefebvre le chantre de la « France chré­tienne » fut aus­si le pre­mier ministre sous le man­dat duquel fut adop­tée la loi auto­ri­sant le meurtre des enfants dans le sein de leur mère. En effet, nou­vel­le­ment élu pré­sident de la République, Valéry Giscard d’Estaing nom­ma Jacques Chirac Premier ministre en mai 1974. Lequel démis­sion­na de lui-​même le 24 août 1976. C’est donc lors de son pas­sage à Matignon que le 29 novembre 1975, la loi auto­ri­sant l’avortement fut votée au par­le­ment. Le pape François, à l’an­nonce du décès de l’an­cien pré­sident de la République, vient d’as­su­rer qu’il priait avec fer­veur pour ce der­nier afin que Dieu l’accueille dans sa paix. Sans doute la res­pon­sa­bi­li­té d’une telle loi nécessite-​t-​elle en effet beau­coup de prières.