Benoît XVI plaide pour le maintien du célibat sacerdotal

Benoit XVI et le cardinal Sarah.

Dans un livre inti­tu­lé « Des pro­fon­deurs de nos cœurs », ouvrage co-​signé avec le car­di­nal Robert Sarah, à paraître le 15 jan­vier 2020, l’ancien pon­tife romain met en garde contre l’ordination sacer­do­tale d’hommes mariés, qui, si elle devait être per­mise, consti­tue­rait à ses yeux « une catas­trophe pastorale ».

Benoît XVI, depuis sa renon­cia­tion en 2013, est rare­ment sor­ti de sa réserve, en tout cas jamais sous la forme d’un livre co-​signé avec son ami Robert Sarah, l’actuel pré­fet de la Congrégation pour le culte divin et la dis­ci­pline des sacre­ments, – ce livre revêt donc une impor­tance toute particulière.

Si l’ancien pape et le haut pré­lat gui­néen ont pris soin de se pré­sen­ter comme « deux évêques » en « filiale obéis­sance », qui « cherchent la véri­té », c’est à cause du dérou­le­ment du récent synode sur l’Amazonie qu’ils ont été pous­sés à réagir : « Silere non pos­sum, je ne peux pas me taire », écrivent-​ils, para­phra­sant saint Augustin.

Au pas­sage, l’ancien pape parle de « l’étrange synode des médias » qui aurait pris le pas sur le synode réel. C’est le même arti­fice qu’il avait employé le 14 février 2013, invo­quant un « concile des médias » qui aurait lais­sé de côté le concile réel. Une manière de dédoua­ner Vatican II des ruines que ce concile a par­tout provoquées…

Balayant la thèse selon laquelle le céli­bat sacer­do­tal ne serait qu’une loi tar­dive dans la dis­ci­pline de l’Eglise, les auteurs montrent que l’essence du céli­bat plonge ses racines dans l’Ecriture, et mettent en garde contre une vision pure­ment fonc­tion­nelle de l’Eglise.

« Il est urgent, néces­saire, que tous, évêques, prêtres et laïcs, ne se laissent plus impres­sion­ner par les mau­vais plai­doyers, les mises en scène théâ­trales, les men­songes dia­bo­liques, les erreurs à la mode qui veulent déva­lo­ri­ser le céli­bat sacer­do­tal », dénoncent les deux auteurs, dans une cri­tique qui semble s’appliquer tant au synode pana­ma­zo­nien, qu’à l’aggior­na­men­to pitoyable auquel l’Eglise d’Allemagne est en train de se livrer.

Les progressistes manquent de s’étouffer…

Peu après la dif­fu­sion des bonnes feuilles dans Le Figaro du 13 jan­vier, Andrea Tornielli, direc­teur édi­to­rial du Dicastère pour la com­mu­ni­ca­tion du Saint-​Siège, mini­mi­sait dans Vatican News la por­tée de l’ouvrage, le pré­sen­tant comme une simple « contri­bu­tion sur le céli­bat sacer­do­tal, en filiale obéis­sance au pape », insis­tant sur le fait que la conti­nence des clercs majeurs « n’est pas et n’a jamais été un dogme », mais plu­tôt « un don pré­cieux », en faveur duquel le pape François s’est déjà exprimé.

Dans Vatican Insider – site d’informations très proche d’Andrea Tornielli – Salavatore Cernuzzio se fait plus inci­sif à l’endroit de l’ancien pon­tife romain et du car­di­nal Sarah : « Le fait que le pape émé­rite de 92 ans, qui est déjà l’égérie des cou­rants sédé­va­can­tistes, ait choi­si de signer un livre, avec un car­di­nal plé­bis­ci­té d’ailleurs par la branche ultra-​traditionaliste, fera débat ». De son côté, Nicolas Sénèze de La Croix y voit « un méchant coup dans le dos du pape » (sic).

Prévoyant les nom­breux com­men­taires que l’ou­vrage n’allait pas man­quer de sus­ci­ter, le car­di­nal Sarah pré­ci­sait par avance à Jean-​Marie Guénois du Figaro : « nous avons agi dans un esprit d’amour de l’Eglise et du pape. L’idéologie divise, la véri­té unit les cœurs. Scruter la doc­trine de la foi ne peut qu’unir l’Eglise autour du Christ et du Saint-Père ».

FSSPX.Actualités pro­po­se­ra pro­chai­ne­ment une ana­lyse du livre – lors­qu’il sera paru. Mais il semble éton­nant que ce livre ait pu paraître sans l’accord de François.

Sources : Le Figaro/​Vatican News/​Vatican Insider – FSSPX.Actualités du 14/​01/​20 /​ La Porte Latine du 16 jan­vier 2020