Petit mot du soir.…

Chers Anciens de nos écoles,

Si vous faites par­tie de ceux qui ont crié : « Vive la liber­té ! » après avoir empo­ché le Baccalauréat tant convoi­té, ces lignes sont spé­cia­le­ment pour vous. Si ce n’est pas le cas, pas­sez votre chemin !

Quoique. Pendant les longues années de votre enfance et de votre ado­les­cence, vous avez donc reçu, comme un oiseau au fond du nid, beau­coup reçu. Peut-​être trop, avez-​vous pen­sé quel­que­fois. Dame ! Cinq talents, ce n’est pas rien ! Avais-​je deman­dé à les rece­voir ? C’est bien lourd, cher et encom­brant. Cinq talents : voi­là qui attire le regard et la convoi­tise des autres ! Qu’en ferai-​je ? Au point de vue spi­ri­tuel, vous avez pro­ba­ble­ment reçu plus que vos propres parents, plus que les prêtres qui vous ensei­gné avec tant d’en­thou­siasme des choses qu’ils igno­raient à l’âge que vous aviez.

Vous avez reçu beau­coup plus que la plu­part des cama­rades que vous fré­quen­tez à pré­sent. Que vous le vou­liez ou non, c’est ain­si : vous avez été favo­ri­sés, com­blés, choyés. Vous pos­sé­dez le tré­sor fabu­leux de la Vérité catholique.

Oui, mais voi­là : les talents de l’Évangile ne sont pas à conser­ver au fond de la poche. Quand on voit la rigueur extrême avec laquelle le maître de la para­bole traite celui qui a bête­ment conser­vé son unique talent, on conçoit avec frayeur ce qui arri­ve­ra à celui qui a per­du les siens ! Maître, vous m’a­viez confié cinq talents, et. heu. je les ai perdus.

Chers anciens, ne vous croyez pas par­ve­nu au but parce que votre Terminale est der­rière vous. Votre for­ma­tion n’est pas finie, et vous avez par ailleurs le devoir de rayon­ner votre Foi.

Pourquoi rayon­ner ? En sor­tant de nos écoles, vous avez décou­vert un monde fort dif­fé­rent de ce que vous connais­siez dans votre famille, un monde hos­tile à la reli­gion certes, mais secrè­te­ment dési­reux de savoir ce que vous saviez.

Ce monde ne vous était pas incon­nu, mais, avec l’ex­pé­rience, vous com­pre­nez mieux à pré­sent pour­quoi vos parents étaient si peu pres­sés de vous y livrer, et si atten­tifs à vous for­ti­fier. Certainement avez-​vous côtoyé de pauvres âmes bien plus avides, plus assoif­fées de Vérité que vous, mais fina­le­ment plus pau­mées parce qu’ils n’a­vaient pas eu la même chance (ou plu­tôt la même grâce) que vous. À pré­sent, vous avez des devoirs.

Comment vous rendre dignes de la parole du Christ « C’est bien, bon et fidèle ser­vi­teur. tu as été fidèle. entre dans la joie de ton Maître ! ».

Que faire pour entendre une telle sen­tence ? D’abord soyez conscients à la fois de la gran­deur et de la fra­gi­li­té de votre for­ma­tion spi­ri­tuelle et intel­lec­tuelle. Il ne s’a­git pas sim­ple­ment de tenir, mais de per­sé­vé­rer dans un che­min com­men­cé. Les talents doivent être multipliés.

Pour vous y aider, voi­ci un petit com­plé­ment à l’exa­men de conscience, sous forme de ques­tions issues d’une cer­taine expérience.

- Ai-​je conscience des sacri­fices accom­plis par mes parents qui ont tant souf­fert pour que je devienne un homme de convic­tion, un chré­tien accom­pli, un saint ? – N’ai-​je pas lais­sé de côté ma for­ma­tion spi­ri­tuelle et religieuse ?

-Quel livre spi­ri­tuel et reli­gieux suis-​je en train de lire ?

- Aujourd’hui, suis-​je meilleur que je n’é­tais au sor­tir de mon école ? – Suis-​je régu­lier dans la récep­tion des sacre­ments, et par­ti­cu­liè­re­ment dans la confession ?

- Quel est le rap­port entre le temps appor­té au soin de mon âme, et celui de mon corps ?

- Ai-​je des ami­tiés vrai­ment sérieuses et solides ?

- Suis-​je un exemple pour tous ceux qui n’ont pas la Foi et qui vivent à mes côtés ?

- Ai-​je cher­ché à faire connaître la Vérité, ou bien sim­ple­ment à m’en tirer à bon compte en racon­tant n’im­porte quoi ?

- Ai-​je entraî­né mes petits frères et sœurs vers le bien au lieu de leur mon­trer le mau­vais exemple ?

Vous sau­rez com­plé­ter, chers anciens, ce petit ser­mon qui n’a d’autre but que de vous aiguillon­ner davan­tage vers la per­fec­tion chré­tienne, à laquelle nous devons tous tendre généreusement.

Abbé Guillaume d’Orsanne †