À la recherche de la véritable arche d’alliance

L’arche d’alliance est – entre autres – une figure de la très sainte Vierge Marie.

Ce cof­fret mys­té­rieux n’a ces­sé de nour­rir les ima­gi­na­tions, sur­tout depuis sa dis­pa­ri­tion. Romans, légendes, mythes, et films tournent autour d’une ques­tion appa­rem­ment sans réponse : qu’est deve­nue l’arche d’alliance ? Mais cette ques­tion n’est-elle pas oiseuse ? Tous ces explo­ra­teurs ne cherchent-​ils pas un objet sans inté­rêt ? Ne devraient-​ils pas s’attacher à la per­sonne figu­rée plu­tôt qu’à la figure ?

Qu’était l’arche d’alliance ?

Au Sinaï, Dieu avait don­né à Moïse toutes les pres­crip­tions concer­nant le culte divin, avec une grande richesse de détails impres­sion­nants de pré­ci­sion. Au milieu du sanc­tuaire, devait se tenir le taber­nacle, sorte de grande et belle tente rec­tan­gu­laire. Et à l’intérieur de ce taber­nacle, trô­nait un coffre de bois d’acacia, recou­vert d’or au-​dedans et au-​dehors, long de deux cou­dées et demie, large d’une cou­dée et demie et autant de haut (soit envi­ron 1,3 m x 0,8 m x 0,8 m). Ce coffre s’appelait l’arche d’alliance, et conte­nait les deux tables de la loi, une mesure de manne (qui se conser­vait mira­cu­leu­se­ment) et la verge fleu­rie d’Aaron. Le cou­vercle, appe­lé pro­pi­tia­toire, se com­po­sait d’une plaque en or pur et sup­por­tait deux ché­ru­bins d’or aux ailes déployées. Le tout était trans­por­té au moyen de deux barres pas­sant par quatre anneaux.

Après la construc­tion du temple par Salomon, l’arche fut dépo­sée dans le Saint des Saints, lieu redou­table qui n’était visi­té qu’une fois l’an et par le grand-​prêtre seul. Cette arche, ain­si pla­cée au centre de tout le dis­po­si­tif litur­gique, était consi­dé­rée comme l’objet le plus sacré, et per­sonne ne pou­vait la regar­der direc­te­ment et encore moins la tou­cher, à part quelques rares privilégiés.

L’arche d’al­liance du peuple Juif.

Qu’est-elle devenue ?

Au deuxième livre des Machabées, il est rap­por­té que Jérémie cacha l’arche d’alliance au moment de la dépor­ta­tion du royaume de Juda vers Babylone, au VIème siècle avant Jésus-​Christ. Cette cachette se trouve sur la mon­tagne où Moïse mou­rut, c’est-à-dire le Mont Nébo. Cependant, mal­gré cette loca­li­sa­tion qui semble assez pré­cise, il n’a jamais été pos­sible de retrou­ver l’arche, et le temple de Jérusalem recons­truit n’a plus jamais ren­fer­mé ce pré­cieux cof­fret : ain­si, du temps de Notre-​Seigneur, le Saint des Saints était vide… 

Dans le texte men­tion­né plus haut, il sem­ble­rait que la fameuse cachette sera retrou­vée à la fin, « lorsque Dieu aura ras­sem­blé son peuple et lui aura fait misé­ri­corde.[1] » Paroles énig­ma­tiques, dont le sens doit être éclai­ré par un pas­sage du même Jérémie : 

En ces jours-​là, dit le Seigneur, alors on ne dira plus : L’arche de l’alliance du Seigneur ! Elle ne revien­dra plus à la pen­sée, on ne s’en sou­vien­dra plus, on ne la regret­te­ra plus, et on n’en fera plus une autre. En ce temps-​là on appel­le­ra Jérusalem le trône du Seigneur !

Jérémie, 3,16.

Pourquoi faut-​il à pré­sent oublier un objet autre­fois si impor­tant ? N’est-ce point parce que la figure est pas­sée, et que la véri­table arche d’alliance est ailleurs ?

Que représentait-​elle ?

À la suite des Pères de l’Église, nous pou­vons affir­mer sans aucune hési­ta­tion que l’arche d’alliance est – entre autres – une figure de la très sainte Vierge Marie. Comment cela ? Les Pères de l’Église nous guident sûre­ment et nous n’avons qu’à les suivre.

Tout d’abord, l’arche d’alliance était en un bois incor­rup­tible pour mar­quer la pure­té de la bien­heu­reuse Vierge Marie, imma­cu­lée dans son âme et dans son corps, et qui, même après sa mort, fut pré­ser­vée de la cor­rup­tion. Même si la Vierge est sor­tie de la race d’Adam, souillée par le péché, elle avait néan­moins été choi­sie et pré­pa­rée par le Saint-​Esprit, à rai­son de l’office pour lequel elle était élue par Dieu.

L’arche conte­nait les tables de la Loi de Moïse, tout comme Marie fut l’arche qui conte­nait les secrets des paroles divines.[2] « Levez-​vous, Seigneur, entrez dans votre repos, vous et l’arche de votre sain­te­té[3]. » Ainsi, Marie est la véri­table arche, toute brillante d’or à l’intérieur et à l’extérieur, l’arche qui a reçu le tré­sor entier de la sanc­ti­fi­ca­tion[4].

L’arche d’alliance figure l’Immaculée qui a reçu le pain de la vraie vie, le Verbe coéter­nel du Père. En effet, Marie ne ren­ferme ni la manne, ni les tables de la Loi, mais celui qui don­nait la manne et qui est l’auteur même de la Loi.

Dans le Saint des Saints, l’arche d’alliance était pla­cée au milieu : de même la Vierge Mère de Dieu se tient entre Dieu et les créa­tures, unis­sant l’homme avec son Dieu et c’est pour cela qu’on la nomme Médiatrice de toutes grâces.

Notre-​Dame Arche d’Alliance – Kiryat-​Yéarim, Israël

Le Père de Monléon com­plète cette rapide énu­mé­ra­tion et y ajoute quelques autres objets litur­giques, eux aus­si figures de la Sainte Vierge : « Marie est le taber­nacle fait du bois pré­cieux de sa chair imma­cu­lée, dans lequel s’est abri­té le Fils de Dieu pen­dant les neuf mois qui pré­cé­dèrent sa nais­sance ; elle est le pro­pi­tia­toire, sur lequel Dieu ne fait entendre que des paroles de misé­ri­corde et de par­don ; le can­dé­labre d’or, mode­lé par le mar­teau de la Passion, et sur lequel brille la lumière qui éclaire le monde ; le voile pré­cieux, qui cou­vrit la divi­ni­té dans le mys­tère de l’Incarnation. Son cœur est à la fois l’autel des holo­caustes, sur lequel fut offert le sacri­fice par excel­lence, celui qui rem­place tous les autres, celui de l’Agneau divin, et en même temps l’autel des par­fums où brûle per­pé­tuel­le­ment l’encens de la plus exquise dévo­tion.[5] »

Marie est donc bien l’arche vivante du Seigneur[6], la véri­table arche d’alliance[7]. La recherche de l’arche per­due est sans inté­rêt pour notre vie spi­ri­tuelle. Mais bien dif­fé­rente doit être notre recherche de la véri­table arche, Marie Mère de Dieu, dis­pen­sa­trice de toutes les grâces, notre refuge dans les périls et les ten­ta­tions, et le che­min qui nous condui­ra jusqu’à Dieu. 

En la sui­vant, vous ne vous éga­rez point. En la priant, vous serez hors du dan­ger du déses­poir. En pen­sant à elle, vous ne tom­be­rez point dans l’erreur.

Saint Bernard.

Abbé Guillaume d’Orsanne

Source : Le Chardonnet n°367

Notes de bas de page
  1. 2 Machabées 2,6.[]
  2. Saint Bonaventure Expositio in 2 cap. Lucæ.[]
  3. Psaume 131,8.[]
  4. Proclus de Constantinople, Homélie sur la Mère de Dieu.[]
  5. Dom Jean de Monléon, Moïse p. 225.[]
  6. Séquence de l’Assomption dans le Missel de Paris.[]
  7. Litanies de Lorette.[]