Une offensive antichrétienne

Officiellement, d’a­près les évêques de France, la laï­ci­té est » apai­sée » et repré­sente le meilleur régime pos­sible des rela­tions entre l’Eglise et l’Etat, au point qu’ils militent posi­ti­ve­ment pour le main­tien en l’é­tat de la loi de 1905, pour­tant solen­nel­le­ment condam­née par le pape Pie X (il faut dire que, selon l’ex­pres­sion per­fide de François Mauriac, « saint Pie X n’est pas un saint de leur paroisse »).

Cette » laï­ci­té apai­sée » est en réa­li­té pure fic­tion, comme l’a tou­jours été la pré­ten­due laï­ci­té depuis plus de 200 ans, faux nez dis­si­mu­lant une hos­ti­li­té mili­tante à l’Eglise catho­lique, une volon­té métho­dique de déchris­tia­ni­ser notre pays. C’est donc sans sur­prise, mais non sans inquié­tude, que nous devons consta­ter depuis quelques mois une offen­sive antichrétienne.

Le pre­mier assaut est lié au pré­am­bule du pro­jet de Constitution euro­péenne. Ce pré­am­bule rap­pelle suc­cinc­te­ment les racines his­to­riques de l’Europe. Or, il réus­sit le tour de force de par­ler de la Grèce et de Rome, de l’hu­ma­nisme et des Lumières… et de faire l’im­passe sur le chris­tia­nisme et sur l’Eglise. Cela revient à par­ler de l’Arabie saou­dite sans par­ler de l’is­lam, du Tibet sans par­ler du boud­dhisme, une absur­di­té éclatante.

Bien enten­du, cette omis­sion est tout sauf invo­lon­taire. Elle pro­vient d’une inter­ven­tion directe et spé­ci­fique du Président de la République fran­çaise, Jacques Chirac.

Quelques mois plus tard, c’est au tour du Premier ministre, Monsieur Raffarin, d’ap­por­ter sa pierre à la déchris­tia­ni­sa­tion. Dans le cadre d’une nou­velle contri­bu­tion pour les per­sonnes âgées et dépen­dantes, il décide de sup­pri­mer un jour de congé… et choi­sit le lun­di de Pentecôte. Pourtant, il existe deux jours fériés consa­crés aux deux armis­tices suc­ces­sifs, dont le der­nier (8 mai) a été ins­ti­tué il y a moins de trente ans, quand le lun­di de Pentecôte béné­fi­cie de plus d’un mil­lé­naire d’his­toire reli­gieuse, et de 150 ans d’his­toire républicaine.

Actuellement, un grand débat agite notre pays celui du voile isla­mique à l’é­cole. Des com­mis­sions, des pro­jets de loi sur­gissent de tout côté. La solu­tion vers laquelle on se dirige est l’in­ter­dic­tion pure et simple des signes reli­gieux. Ainsi, pour quelques voiles osten­ta­toires (pour les­quels l’ar­se­nal juri­dique actuel est ample­ment suf­fi­sant), ce seront… des mil­lions de croix de bap­tême qui vont être inter­dites dans les écoles françaises.

Oserai-​je cepen­dant un para­doxe ? Je crois que ces trois évé­ne­ments, si graves soient-​ils, ne sont pas les plus graves. Je crois que le plus grave assaut anti­chré­tien est aujourd’­hui mené contre un simple film, celui de Mel Gibson inti­tu­lé La Passion.

Car les affaires du pré­am­bule de la Constitution, de la sup­pres­sion du lun­di de Pentecôte et de l’in­ter­dic­tion des signes reli­gieux peuvent trou­ver un pré­texte dans des motifs d’ordre public, de néces­si­té éco­no­mique, d’u­na­ni­mi­té cultu­relle, etc. Mais la cam­pagne inter­na­tio­nale contre un film rela­tant la Passion du Christ en sui­vant la lettre des Evangiles est en réa­li­té un pre­mier galop d’es­sai en vue de l’in­ter­dic­tion du texte même des Evangiles au pré­texte que ceux-​ci seraient « antisémites ».

Voilà pour­quoi Fideliter titre sur ce film, et vous pro­pose un petit dos­sier d’in­for­ma­tion à ce sujet. Le film lui-​même sera bon ou médiocre, réus­si ou raté, ce n’est pas à pro­pre­ment par­ler notre pro­blème. Mais si les forces enne­mies de la chré­tien­té par­viennent à inter­dire la dif­fu­sion de ce film à l’u­nique motif que, repre­nant stric­te­ment les Evangiles, il serait « anti­sé­mite », alors cette inter­dic­tion sera un puis­sant levier pour faire inter­dire un jour pure­ment et sim­ple­ment les Evangiles, ou du moins ne per­mettre que des ver­sions » expur­gées « . il y a là un vrai dan­ger, contre lequel nous devons nous mobiliser.

Abbé Régis de Cacqueray-Valménier

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.