Aux sources du Carmel : Editorial du numéro 17 de juillet 2008

Cher frère, Chère sœur,

« Dès le sein de ma mère vous avez été mon pro­tec­teur. »

Ces paroles des Livres Saints, appli­quées à saint Joseph, dans l’introït de la fête de son Patronage sur l’Ordre du Carmel, y révèlent bien la place du saint Patriarche, avant même la réforme accom­plie par sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix.

Car la dévo­tion à saint Joseph est bien pré­sente dans l’Ordre lorsque celui-​ci arrive en Occident aux alen­tours de 1235. « Les Carmes auront appor­té d’Orient cette pieuse cou­tume, lors de leur émi­gra­tion […] et c’est là l’o­pi­nion com­mu­né­ment admise par les éru­dits », écrit le pape Benoît XIV [De Serv. Dei Beatif. Lib., II, P.IV, Cap. XX, n.18]. « Voués depuis tant de siècles à la reli­gion envers Marie, dit Dom Guéranger, les soli­taires du Carmel avaient décou­vert avant d’autres le lien qui rat­tache les hon­neurs aux­quels a droit la Mère de Dieu à ceux qui sont dus à son vir­gi­nal époux. Sur cette terre, où s’est accom­pli le divin mys­tère de l’Incarnation, l’œil du fidèle plonge plus avant dans ses augustes pro­fon­deurs. » [Année litur­gique, éd. Mame, 1922, Temps pas­cal, t. 2, p. 179].

Bien que sa fête n’ap­pa­raisse pas au niveau de l’Ordre avant la seconde moi­tié du XVème siècle, les Carmes furent cepen­dant les pre­miers, dans l’Église latine, à com­po­ser un office com­plet en son hon­neur. Celui-​ci appa­raît dans le bré­viaire de l’Ordre impri­mé à Bruxelles en 1580. C’est cer­tai­ne­ment avec cet Office que priait sainte Thérèse. « Cet office non seule­ment est le plus ancien monu­ment éle­vé dans l’é­glise latine à la gloire de saint Joseph, mais encore il est cer­tai­ne­ment le can­tique le plus beau qui lui fût jamais consa­cré. Toutes ses par­ties, de la pre­mière antienne jus­qu’à la der­nière, nous pré­sente le Saint dans toute la splen­deur de sa gloire. » [R.P. Léon de saint Joachim, Le culte de saint Joseph et l’Ordre du Carmel, Gand, Maison St-​Joseph, 1902, c. 3, p. 54]. Voici com­ment l’an­tienne du Magnificat exalte la chaste union de Marie et de Joseph :

« Heureuse alliance ! la fidé­li­té, le mys­tère, la fécon­di­té en font l’or­ne­ment, et la fleur de la vir­gi­ni­té y garde son éclat. Epoux cou­ron­nés tous deux de la pure­té vir­gi­nale, et tous deux atten­tifs à se don­ner un mutuel secours, le Père adop­tif et la Vierge Mère entourent d’une égale vigi­lance le doux Enfant Jésus ; et sous le voile de leur union, le Dieu fait homme, qui vou­lait déjouer l’Ennemi, a vrai­ment accom­pli l’an­tique des­sein de sau­ver le monde. »

Un fils de saint Dominique, Isidore de Isolanis, témoin des rapides pro­grès de la dévo­tion à saint Joseph, à son époque, écri­vait en 1522 ces remar­quables paroles : « Le Saint- Esprit ne ces­se­ra d’a­gir sur les cœurs des fidèles, jus­qu’à ce que l’Église uni­ver­selle honore avec des trans­ports d’al­lé­gresse et avec un nou­vel éclat le Père nour­ri­cier de Jésus, qu’elle fonde des monas­tères, qu’elle érige des églises et des autels en son hon­neur. Des savants se lève­ront qui, scru­tant les grâces et les dons inté­rieurs cachés en saint Joseph, les expli­que­ront aux peuples chré­tiens. Oui ! un temps vien­dra, où l’on célè­bre­ra sa fête à l’é­gal des plus solen­nelles ; le Vicaire de Jésus-​Christ sur la terre, obéis­sant à l’im­pul­sion du Saint-​Esprit, com­man­de­ra qu’elle soit célé­brée dans toutes les contrées de l’Église mili­tante. » [Summa de donis B. Joseph, III, Cap. VI].

Ces pré­dic­tions se sont réa­li­sées point par point. Alors que ce pieux Dominicain tra­çait ces lignes, celle qui allait étendre le culte de saint Joseph, sainte Thérèse d’Avila, avait sept ans et se pré­pa­rait par une sainte vie à sa grande mis­sion. L’amour de cette sainte pour saint Joseph, par un des­sein par­ti­cu­lier de la sagesse divine, paraît remon­ter à sa pre­mière enfance. Parlant, dans le Livre de [sa] Vie, de son édu­ca­tion fon­ciè­re­ment chré­tienne, elle écrit : «  la sol­li­ci­tude que ma mère appor­tait à […] nous ins­pi­rer la dévo­tion à Notre-​Dame et à plu­sieurs saints, [com­men­ça ] à éveiller le goût de la pié­té dans mon âme. » [Œuvres com­plètes, Éd. du Seuil, 1948, Vie, ch. 1, p. 17–18]. Pour elle, on ne pou­vait pas ima­gi­ner la Sainte Vierge sans voir saint Joseph à ses côtés.

Elle lui doit sa gué­ri­son en 1537. [cf. texte ci-​après, Vie, ch. 6]. Le 15 août 1535, on pen­sait que le moment de son tré­pas avait son­né. Les reli­gieuses de l’Incarnation avaient déjà fait creu­ser sa fosse et les Carmes d’un monas­tère voi­sin avaient déjà dit l’of­fice des morts pour le repos de son âme. Trois années s’é­cou­lèrent au milieu de grandes souf­frances. Il sem­blait que saint Joseph, avant d’in­ter­ve­nir, vou­lait convaincre sainte Thérèse de l’i­nu­ti­li­té des secours humains, et faire écla­ter d’au­tant mieux les effets de son pouvoir.

Le saint Patriarche fit plus pour sa ser­vante ; il veilla avec le plus grand soin à la san­té, bien plus pré­cieuse, de son âme. Il vint à son aide, alors qu’a­près vingt ans de luttes et de souf­frances, après vingt ans de fidé­li­té héroïque aux ins­pi­ra­tions de la grâce, la grande Sainte sen­tit son cœur se des­sé­cher de crainte et d’an­goisse. Ses confes­seurs mécon­nais­saient le carac­tère sur­na­tu­rel de ses rap­ports avec Dieu et plon­geaient son âme dans l’in­quié­tude la plus pro­fonde. Heureusement son Protecteur veillait sur elle ; il lui envoya saint Pierre d’Alcantara pour l’en­cou­ra­ger et la conso­ler ; elle dit à ce sujet : « Je ne me las­sais pas de rendre grâce à Dieu et à mon glo­rieux père saint Joseph. Il me sem­blait que ce saint m’a­vait ame­né lui-​même ce reli­gieux… D’ailleurs je m’é­tais beau­coup recom­man­dée à lui et à Notre-​Dame. » [Vie, ch. 30, op. cit., p. 315].

Son amour pour saint Joseph ne fit que croître. Elle l’in­vo­quait chaque jour avant tous ses autres saints patrons. Elle vou­lait que tous ceux qui l’ap­pro­chaient, implo­rassent en toute cir­cons­tance le secours de saint Joseph. Elle les y exci­tait avec tant de force, leur ins­pi­rant, par des paroles per­sua­sives, une si grande confiance en son pou­voir, que leurs prières se voyaient exau­cées. Chaque année, elle pro­fi­tait de sa solen­ni­té pour lui deman­der une faveur par­ti­cu­lière, et tou­jours elle vit ses dési­rs accom­plis, « au-​delà, reconnaît-​elle, de ses prières et de ses espé­rances  ».

La dévo­tion à saint Joseph dans l’Ordre du Carmel est essen­tiel­le­ment liée à sainte Thérèse ; c’est un des héri­tages les plus riches que la Sainte lais­sa à ses fils et filles. Elle l’as­so­cia à la Réforme. Aussi le Carmel thé­ré­sien ne se com­prend pas sans saint Joseph, sans l’ex­pé­rience de sainte Thérèse envers ce saint. « Et pour cette rai­son, écrit le doc­teur Ribera, elle pla­ça sur le por­tail de tous les monas­tères qu’elle fon­da Notre-​Dame et le glo­rieux saint Joseph ; pour toutes ses fon­da­tions, elle por­tait avec elle une grande image de ce glo­rieux saint, qui se trouve main­te­nant à Avila, l’ap­pe­lant le fon­da­teur de cet Ordre. » [Josephina, l.5, c.4, BMC 16, p. 476].

Notre-​Seigneur inter­vint Lui-​même pour la pre­mière fon­da­tion. « Un jour, après la com­mu­nion, dit-​elle, le Sauveur me com­man­da de tra­vailler de toutes mes forces à l’é­ta­blis­se­ment de ce monas­tère. Il me don­nait la plus com­plète assu­rance que cet éta­blis­se­ment se ferait et que lui-​même y serait très fidè­le­ment ser­vi. Il vou­lait qu’il fût dédié à saint Joseph : ce saint nous pro­tè­ge­rait à l’une des portes, Notre-​Dame à l’autre, et lui-​même, le Christ, se tien­drait au milieu de nous. » [ Vie, ch. 32, op. cit., p. 350–351]. Faveur extra­or­di­naire, qui mani­feste la pater­ni­té de saint Joseph sur la Réforme car­mé­li­taine. Sainte Thérèse exé­cu­ta ce des­sein grâce à l’as­sis­tance du saint qui pour­vut à tout. Ce fut le pre­mier témoi­gnage public et solen­nel qu’elle don­na de son amour pour son glo­rieux Patron et de sa confiance en sa pro­tec­tion. Celle-​ci s’é­ten­dit à tous les autres cou­vents : le Père Gratien affirme que « de la même façon que le glo­rieux saint Joseph fit un miracle dans l’é­ta­blis­se­ment de ce monas­tère (de San Josè ), on pour­rait en dire autant pour beau­coup d’autres, tant de Frères que de Moniales, à tel point qu’il sem­ble­rait impos­sible de les avoir implan­tées, si ce glo­rieux saint n’y avait mis la main. » [Josephina, ibid.]

Vers la même époque, alors qu’elle se trou­vait dans l’é­glise d’un monas­tère domi­ni­cain, tan­dis qu’elle pen­sait aux nom­breux péchés de sa vie qu’elle avait confes­sés autre­fois, elle fut tout à coup sai­sie d’un grand ravis­se­ment ; elle fut revê­tue d’une robe éblouis­sante de blan­cheur et de lumière ; elle vit bien­tôt la Très Sainte Vierge à sa droite et saint Joseph à sa gauche qui lui firent connaître qu’elle était puri­fiée de ses péchés. [Vie, ch. 33, op. cit., p. 33]. Cette vision et les paroles de la Très Sainte Vierge qui l’ac­com­pa­gnèrent enflam­mèrent le cœur de sainte Thérèse d’a­mour pour saint Joseph. Déjà le saint Protecteur agréait son œuvre et l’en récom­pen­sait par d’in­signes bien­faits ; à pré­sent la Reine du Carmel vient lui expri­mer toute sa satis­fac­tion. Cet encou­ra­ge­ment va sou­te­nir la réfor­ma­trice dans les luttes qu’elle aura à affron­ter par la suite. Dans cette atmo­sphère de sur­na­tu­rel, le Monastère Saint-​Joseph fut offi­ciel­le­ment inau­gu­ré le 24 août 1562. » Ce fut pour moi comme un état de gloire quand je vis qu’on met­tait le très saint Sacrement dans le taber­nacle. […] Profonde était ma conso­la­tion d’a­voir accom­pli ce que Notre-​Seigneur m’a­vait tant recom­man­dé, et d’a­voir éle­vé dans cette ville une église de plus, éri­gée sous le vocable de mon glo­rieux père saint Joseph qui n’y avait point encore. » [Vie, ch. 36, op. cit., p. 397]. Une sta­tue de saint Joseph fut pla­cée au-​dessus de la porte de l’é­glise et une toile du saint au-​dessus de l’au­tel majeur. Sainte Thérèse fai­sait tou­jours repré­sen­ter saint Joseph tenant un lys à la main et l’Enfant Jésus de l’autre. Le pre­mier couvent de la Réforme du Carmel se trou­vait donc fon­dé. La Sainte n’ou­blia jamais la pro­tec­tion que saint Joseph lui avait accor­dée pour mener à bien son entre­prise. Elle savait aus­si qu’elle avait reçu de Dieu une mis­sion par­ti­cu­lière, celle de faire connaître et aimer saint Joseph. « Je vou­drais, répète-​t-​elle maintes fois, je vou­drais de tout cœur per­sua­der au monde entier d’ho­no­rer saint Joseph d’un culte par­ti­cu­lier. »

Chaque nou­veau monas­tère four­nis­sait à sainte Thérèse l’oc­ca­sion de déployer son zèle pour l’hon­neur et pour le culte de saint Joseph. Des dix-​sept cou­vents de Carmélites qu’elle eut la joie de fon­der, elle en dédia onze à son saint Protecteur, et là où cela ne lui était pas per­mis, elle mar­quait bien par sa conduite, qu’à son avis l’hon­neur de chaque fon­da­tion reve­nait à saint Joseph, car ces cou­vents lui appar­te­naient de droit. Les actes de sa cano­ni­sa­tion relatent que, sur la porte de ses cou­vents, elle fai­sait tou­jours repré­sen­ter la fuite de la Sainte Famille en Égypte, avec cette ins­crip­tion : « Pauperem vitam geri­mus, sed mul­ta bona habe­bi­mus, si timue­ri­mus Deum. Nous menons, il est vrai, une vie pauvre, mais le Seigneur nous com­ble­ra de ses biens, si nous conser­vons sa crainte dans nos âmes. » [Tobie, 4, 23]. La crainte du Seigneur, la dévo­tion à saint Joseph, telle était la pré­di­ca­tion offerte par ces cou­vents de Carmélites à ses visi­teurs. Avec un zèle encore plus ardent, sainte Thérèse s’ef­for­ça à faire régner l’a­mour de saint Joseph dans le cœur de ses enfants. Elle vou­lait faire de ses monas­tères des foyers lumi­neux de cette dévo­tion. Les consti­tu­tions qu’elle fit éri­ger et approu­ver, sti­pulent pour la fête de saint Joseph une solen­ni­té toute par­ti­cu­lière : ce jour, les sœurs devaient chan­ter l’of­fice en entier (alors on ne chan­tait que l’of­fice de saint Albert, pour lequel la Sainte avait une grande dévo­tion). Le plus célèbre des soixante-​neuf avis qu’elle écri­vit pour ses reli­gieuses, concerne le culte de saint Joseph : « Quoique vous hono­riez beau­coup de Saints comme vos inter­ces­seurs dans le ciel, ayez cepen­dant une dévo­tion spé­ciale à saint Joseph, car il est puis­sant auprès de Dieu. » [Avis 65, éd. du Seuil, op. cit., p. 1492].

Le zèle de sainte Thérèse pour faire hono­rer son « glo­rieux saint Joseph », comme elle aimait l’ap­pe­ler le plus sou­vent, ne s’ar­rê­tait pas à ses filles. Sa vie nous a déjà four­ni plus d’une preuve de cette sol­li­ci­tude ; mais c’est sur­tout par ses lettres qu’elle va se mon­trer prompte à faire connaître son Père et Protecteur, invi­tant avec insis­tance les amis de saint Joseph à recou­rir à lui. Mais c’est prin­ci­pa­le­ment pour deve­nir une âme d’o­rai­son qu’elle invite à recou­rir à lui. [cf. Vie, ch. 6]. L’oraison est d’au­tant plus vraie et sanc­ti­fiante qu’elle est une ren­contre intime avec Notre-​Seigneur, au cours de laquelle les âmes « lui parlent et mettent leur joie à se trou­ver avec Lui », sans com­po­ser des dis­cours, mais en expo­sant sim­ple­ment les néces­si­tés de leur âme et les motifs qu’Il aurait de ne pas les admettre devant Lui. [cf. Vie, ch. 13, op. cit., p. 129]. Cette manière de prier a l’a­van­tage de pla­cer l’âme en pré­sence de l’hu­ma­ni­té de Jésus. Et on com­prend que notre Sainte pro­pose saint Joseph comme Maître insur­pas­sable. La vie de saint Joseph, sa voca­tion et sa mis­sion se placent en effet entiè­re­ment en la com­pa­gnie de Jésus : il est tou­jours à ses côtés, lui parle, le sert, lui adresse des demandes, tra­vaille, se réjouit ou s’at­triste avec lui. L’existence de saint Joseph n’a de sens qu’en Jésus : être avec Lui et pour Lui, en Le rece­vant de sa très Sainte Mère, en Lui don­nant son nom, en veillant sur Lui, en Le pro­té­geant, en Le nour­ris­sant, en L’enseignant, en vivant en sa sainte com­pa­gnie. L’oraison, « com­merce d’a­mi­tié » com­porte essen­tiel­le­ment un regard de foi simple, une écoute de Jésus. En ce domaine, saint Joseph ne peut être que notre par­fait modèle. Plus encore qu’aux Apôtres, que Jésus appe­lait ses amis parce qu’ils étaient à l’é­coute de sa Parole, Jésus confia-​t-​il ses secrets à celui qui avait été choi­si pour être l’Époux de sa très sainte Mère. C’est pour­quoi saint Joseph a tou­jours été Maître d’o­rai­son dans le Carmel de sainte Thérèse. Elles sont innom­brables les âmes qui ont ren­con­tré en lui un Guide sûr dans les voies de l’o­rai­son. Aussi est-​il deman­dé aux ter­tiaires d’a­voir une spé­ciale dévo­tion envers lui, après celle qui est requise à l’é­gard du Saint-​Sacrement et de la Très Sainte Vierge [Règle, n°61]

Le Seigneur fit à sainte Thérèse cette pro­messe que ce couvent serait «  une étoile qui jet­te­rait un grand éclat » [Vie, ch. 32, op. cit., p. 351]. De ce Monastère Saint-​Joseph d’Avila, cet éclat a rejailli sur les âmes qui ont appris, à l’exemple de la sainte Réformatrice du Carmel, à aimer son saint Protecteur et à le prendre pour Maître spi­ri­tuel. Il a rejailli sur les Ordres reli­gieux, sur les congré­ga­tions. « Par le récit qu’elle fait des secours obte­nus pen­dant qu’elle bâtis­sait son monas­tère de Saint-​Joseph d’Avila, disait le Cardinal Pie, la réfor­ma­trice du Carmel n’a pas peu contri­bué à répandre dans les familles reli­gieuses cette confiance qui lui a valu plus d’une fois de si éton­nants résul­tats. » [ Œuvres épis­co­pales, Paris, Oudin, 1884, t. 7, p. 128–129]. Cet éclat a rejailli enfin sur l’Épouse du Christ, qui l’a pro­cla­mé par la voix du Souverain Pontife, Patron de l’Église uni­ver­selle.

C’est le Chapitre Général des Carmes, assem­blé à Rome, qui décré­ta à l’u­na­ni­mi­té des suf­frages, le 9 juin 1690, que saint Joseph serait désor­mais hono­ré comme le pre­mier Protecteur et Patron de l’Ordre tout entier. Une solen­ni­té, sous le titre de Fête du Patronage de saint Joseph„ avec office propre, dans tout l’Ordre, en fut la consé­quence. Elle se célèbre le troi­sième mer­cre­di après Pâques. En sorte que c’est dans l’Ordre du Carmel qu’a pris nais­sance la fête du Patronage de ce grand saint. Faveur bien méri­tée que Dieu dai­gna réser­ver à l’Ordre reli­gieux qui, le pre­mier sui­vant une tra­di­tion chère à cet Ordre, avait hono­ré saint Joseph d’un culte très par­ti­cu­lier depuis l’o­ri­gine du Christianisme.

Il y a envi­ron quatre siècles, le cler­gé et le gou­ver­ne­ment mexi­cains pla­cèrent leur patrie sous la pro­tec­tion com­mune de saint Joseph et de sainte Thérèse. [ Acta S. Theresiæ, n. 1072]. Ces deux noms sont en effet insé­pa­rables. Impossible de par­ler de saint Joseph sans son­ger au zèle de sainte Thérèse pour pro­pa­ger son culte. Impossible de par­ler de sainte Thérèse sans se rap­pe­ler l’a­mour extra­or­di­naire qu’elle por­tait à saint Joseph et qui forme un trait dis­tinc­tif de son carac­tère et de sa sain­te­té. D’où, chez le Carmes déchaus­sés, la dis­po­si­tion fré­quente face à face des sta­tues repré­sen­tant ces deux saints.

Bien chers ter­tiaires, redou­blons d’a­mour et de confiance en saint Joseph et tra­vaillons, en dignes fils et filles de sainte Thérèse, à pro­pa­ger sa dévo­tion. Qu’elle soit insé­pa­rable, comme pour notre sainte Mère Thérèse, de celle que nous avons envers la Vierge Immaculée.

† Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubroeucq †