Lettre n° 66 de Mgr Bernard Fellay aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de juin 2004

Chers amis et bienfaiteurs,

omme nous aimons pou­voir vous com­mu­ni­quer de temps en temps nos joies apos­to­liques ! En effet, que de miracles de la grâce nous pou­vons admi­rer chaque jour qui passe. Sachons remer­cier le Dieu Tout Puissant, soyons pleins de recon­nais­sance pour les bien­faits que nous octroie l’intercession du Cœur Immaculé de Marie. La vie de la Fraternité est vrai­ment un miracle per­ma­nent, nous osons le mot. Il exprime l’intervention de Dieu dans notre petite his­toire, l’intervention de Notre Dame, des saints anges, de tout ce monde qui nous entoure, qui nous veut du bien, nos amis du Ciel, que nous ne voyons pas et à qui nous pen­sons mal­heu­reu­se­ment si peu, alors qu’ils sont si proches, si prêts à nous aider, si effi­caces ! Ils sont bien réels, ils font bien par­tie de notre his­toire et leur secours par­fois tan­gible nous force à accep­ter cette mer­veilleuse réa­li­té de la com­mu­nion des saints. Lorsque nous com­pa­rons nos propres forces et les résul­tats de nos efforts, nous sommes bien obli­gés de confes­ser que cela ne vient pas de nous. Tant et tant d’édifices nou­veaux, de cha­pelles, un peu par­tout dans le monde, aux Philippines, en Inde, en Amérique du Sud, du Nord, en Europe, à l’Est, sont aus­si le signe d’une impres­sion­nante vita­li­té de la grâce. L’expérience nous a ensei­gné que même l’opposition du cler­gé que nous ren­con­trons de manière plus forte dans les régions où nous sommes éta­blis depuis rela­ti­ve­ment peu de temps sert pour la bonne cause. « Tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu. »

Nous aime­rions aus­si par­ta­ger avec vous quelques sou­cis et peines.

Tout d’abord en Ukraine. Ces der­niers mois, les prêtres que nous sou­te­nons à tra­vers la Fraternité saint Josaphat ont eu à subir les assauts furieux de leur évêque, le car­di­nal Husar. Ce der­nier a ful­mi­né par la voie des ondes la grande excom­mu­ni­ca­tion contre le Père Wasil et ses com­pa­gnons. Parce qu’il s’est asso­cié à un mou­ve­ment schismatique…
Cette cen­sure, la plus grave que l’on puisse trou­ver dans le droit orien­tal, fut por­tée sans pro­cès préa­lable. Après le recours du Père à Rome, le car­di­nal s’est mis en peine de com­men­cer à suivre les dis­po­si­tions du droit. Le tout consis­tait pour lui à com­plé­ter le vide juri­dique jus­ti­fiant la sen­tence déjà prête et déjà por­tée. Nihil novi sub sole.
Bien évi­dem­ment, les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques essaient aus­si de récu­pé­rer les églises, celles construites par le Père Wasyl inclues. C’est certes un coup très dur et vos prières les sou­tien­dront dans ce com­bat nou­veau pour eux. Jusqu’ici, ils dont dû défendre leur foi contre un enne­mi ter­rible, le com­mu­nisme athée, main­te­nant, ce sont les propres pas­teurs qui les attaquent.
Jusqu’ici, les prêtres résistent bien, les fidèles les secondent. Mais à chaque fois, ce sont des âmes qui sont désta­bi­li­sées ; cer­taines, dégoû­tées, aban­donnent tout… his­toire connue.

Et du côté de Rome ?

Commençons par Fatima. L’an der­nier la construc­tion d’un nou­vel édi­fice à usage pluri-​religieux a été annoncé.
Même si dans les publi­ca­tions offi­cielles du sanc­tuaire, l’on reste très silen­cieux sur la nature du pro­jet, cepen­dant, dans les actes, l’on n’en est pas res­té là : le 5 mai, un groupe d’hindouistes a enva­hi le lieu de l’apparition de la Sainte Vierge, avec bien évi­dem­ment toutes les auto­ri­sa­tions offi­cielles. Sur ce lieu sacré, si cher aux catho­liques, ils se sont livrés à leur idolâtrie :

« C’est un moment unique et sans pré­cé­dent dans l’histoire du sanc­tuaire. Le prêtre hin­dou, ou Sha Tri, récite à l’autel la Shaniti Pa, la prière pour la paix. On peut voir les hin­dous enle­ver leurs sou­liers avant de s’approcher de la balus­trade du sanc­tuaire, pen­dant que le prêtre pro­nonce les prières à l’autel dans le sanctuaire. »

L’évêque et le rec­teur du sanc­tuaire furent affu­blés par la suite d’un châle de prière hin­dou… la belle affaire. Quelle pro­vo­ca­tion contre le christianisme !
Alors par­lons d’accord !
Tant que les auto­ri­tés romaines laissent faire de pareilles abo­mi­na­tions, ou pire, les sou­tiennent, elles s’éloignent de tout accord avec la tra­di­tion. Jamais nous ne nous plie­rons à de tels affronts faits à notre Mère du Ciel, à la Mère de Dieu. L’on se demande par­fois si non seule­ment la foi, mais même le bon sens n’aurait pas été per­du. Deus non irri­de­tur. De Dieu, on ne se moque pas.
De tels actes demandent répa­ra­tion. Et nous pen­sons très sérieu­se­ment à vous invi­ter à un acte de solen­nelle pro­tes­ta­tion à Fatima l’an prochain.

Pour ce qui est de Rome plus direc­te­ment, Rome insiste pour que nous accep­tions la pro­po­si­tion d’une « juri­dic­tion per­son­nelle ». Le pro­blème n’est pas dans la for­mule juri­dique, qui nous semble accep­table dans son prin­cipe, quoique nous ne connais­sions pas les élé­ments concrets et les impli­ca­tions d’une telle « for­mule juri­dique ». Le pro­blème se situe encore et tou­jours au niveau de la doc­trine, de l’esprit chré­tien qui habite ou n’habite pas – et c’est là toute la ques­tion – des textes ambi­gus et des réformes désas­treuses pour le bien sur­na­tu­rel des fidèles. Nous sen­tons certes de plus en plus de sym­pa­thie chez cer­tains évêques, aus­si à Rome. Il nous semble que nous avan­çons, que la Tradition fait des pro­grès dans le monde catho­lique. Mais cela n’est pas encore suf­fi­sant. Nous avons récem­ment deman­dé offi­ciel­le­ment le retrait du décret d’excommunication comme un pre­mier pas concret de la part de Rome. Cela chan­ge­rait le cli­mat et nous pour­rions mieux voir com­ment les choses se déve­loppent. Une chose est sûre : nous ne vou­lons pas de la situa­tion dans laquelle s’est mise la Fraternité Saint Pierre et la majo­ri­té des groupes Ecclesia Dei. Ils sont ligo­tés, il leur est tout juste per­mis de célé­brer la messe tri­den­tine. Ils se trouvent la plu­part du temps dans des situa­tions vrai­ment odieuses. Le car­di­nal Castrillón a par­fai­te­ment rai­son de récla­mer pour les tra­di­tio­na­listes un sta­tut qui ne soit pas celui d’un citoyen de seconde zone1. Mais n’est-ce pas à Rome qu’il revien­drait d’abord de chan­ger cet état de fait ?

Que d’intentions de prières, chers bien­fai­teurs. Soyez assu­rés de notre pro­fonde recon­nais­sance pour tous vos sacri­fices, si pré­cieux, si agréables à Dieu et qui nous aident puis­sam­ment dans notre apos­to­lat. Que Dieu vous le rende, que le Sacré Cœur vous bénisse et que sa très Sainte Mère vous pro­tège ain­si que vos familles

Le 18 juin 2004
en la fête du Sacré Cœur

† Bernard Fellay
Supérieur général

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FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.