Nommé par Pie XII archevêque de Prague au lendemain de la Deuxième guerre mondiale pour récompenser sa fidélité envers l’Eglise catholique durant la persécution nazie, Josef Beran n’en a pourtant pas fini avec la prison. Après trois ans d’internement en camp de concentration allemand à Dachau, il subira durant 14 ans les geôles communistes.
Né en Bohème, fils d’un enseignant, Josef est éduqué dans la religion catholique et grandit dans l’amour de Dieu. Muni de son baccalauréat, il se rend à Rome pour y commencer des études de théologie. Ordonné prêtre en juin 1911, il passe avec succès un doctorat de théologie en 1912. Il est nommé dans son pays dans une paroisse allemande comportant une minorité de tchèques. Durant la Première guerre, il est nommé aumônier d’un asile de sourdes et muettes dirigé par des Sœurs. Au lendemain de la guerre, la création de la Tchécoslovaquie entraîne dans le courant des années 1920 une réforme progressiste de tendance schismatique dans l’Église du nouveau pays confronté au protestantisme. Durant cette période, le père Beran publie plusieurs livres de pédagogie et des ouvrages universitaires. A partir de 1933, il devient recteur du séminaire archiépiscopal de Prague. La montée du nazisme entraîne des problèmes internes entre allemands et tchécoslovaques. Après l’invasion allemande, les événements s’accélèrent. Le père Beran est arrêté en juin 1942. Le calvaire commence pour lui dans plusieurs lieux de détention, supportant chrétiennement des violences inouïes et des privations quotidiennes.
La biographie de ce héros de l’Église catholique constitue le condensé d’une monographie publiée en tchèque par la spécialiste des régimes totalitaires Stanislava Vodickovâ. Celle-ci met en valeur la fidélité à la foi catholique mais aussi le rôle que celui qui sera nommé cardinal et finalement contraint de s’exiler à Rome pour le maintien de relations diplomatiques de son pays avec le Vatican eut au Concile Vatican II pour témoigner en faveur de la liberté religieuse et de la déclaration Dignitatis humanae, présentée comme une défense des droits de la personne humaine à ne pas être inquiétée en matière religieuse. Honoré dans de nombreux pays pour cette cause, le cardinal Beran trouva en Paul VI un soutien sérieux durant ses dernières années.
La vie du cardinal est intéressante pour comprendre les mécanismes des persécutions nazie et communiste. Elle apporte un éclairage sur l’utilisation des persécutions subies au profit de la promotion de la nouvelle doctrine sur la liberté religieuse source d’indifférentisme et d’œcuménisme. La personnalité du cardinal n’était en rien opposée à ces nouvelles tendances prises par l’Église catholique au Concile. C’est là toute l’ambivalence de cette figure ecclésiastique pourtant courageuse et édifiante à bien des égards.
Stanislava Vodickova, Un cardinal indésirable – Biographie de son Eminence Josef Beran (1888–1969), Editions du Cerf 2020, 170 pages, 15 €.
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