Est-​ce que le concile Vatican II vous aurait fait des oreilles d’âne ?

Les chré­tiens réclament un peu de clar­té. Il n’y a pas une reli­gion pour les gens simples et une autre reli­gion pour les cracks.

Depuis près de vingt siècles le lan­gage de la foi catho­lique n’a pas chan­gé : les mots d’Incarnation, de Rédemption, de Résurrection, de grâce, de miracle et quelques autres sont appris, défi­nis et peu à peu com­pris et vécus par les chré­tiens de bonne volon­té sous tous les climats.

Et voi­ci que sou­dain, un beau jour de 1963 ou de 1965 les sur­doués de la théo­lo­gie déclarent que le lan­gage reli­gieux est incompréhensible.

A par­tir de ce moment-​là c’est par­tout et sur tous les tons qu’on nous sert la ren­gaine : « por­ter au monde la Bonne Nouvelle dans le lan­gage intel­li­gible à l’homme de notre temps »((La Croix du 2 février 1980, p. 9)), « dire la foi dans les mots de la culture de notre époque » et puis, véri­table qua­dra­ture du cercle, « la confes­sion de foi d’un croyant d’au­jourd’­hui doit être mar­quée par la sécu­la­ri­sa­tion et par l’a­théisme contem­po­rain »((La Croix du 20 février 1980, pro­pos du père Jean Potin, rédac­teur en chef reli­gieux du jour­nal La Croix de 1974 à1988.)).

Proclamer la foi en termes athées, cela me dépasse.

Jusqu’à ces der­niers temps, les enfants eux-​mêmes savaient, par exemple, qu’un miracle est un fait extra­or­di­naire qui ne peut être accom­pli que par la puis­sance de Dieu, mais depuis que jean Vimort, res­pon­sable de la caté­chèse de Lyon, s’est occu­pé de la ques­tion, per­sonne ne sait plus très bien si un miracle est un pro­dige que le Tout-​Puissant serait bien inca­pable de faire, ou bien si c’est une sorte de signe que vous, moi ou Vimort, bref le pre­mier venu, peut bâcler quand ça lui chante.

Il y a peu de temps encore, on savait par l’Evangile que le tom­beau de Jésus avait été trou­vé vide, mais Hans Küng et autres exé­gètes évo­lu­tion­nistes des­cen­dants d’ancêtres-​singes, mettent l’ac­cent sur ce qui leur plait et nous enseignent que le tom­beau a été trou­vé vidé. Vidé par qui ? On ne le sait pas trop, mais c’est à par­tir de là que les apôtres se seraient retrou­vés rem­plis de l’Esprit-​Saint et que toute la reli­gion chré­tienne a commencé.

Les chré­tiens réclament un peu de clar­té. Il n’y a pas une reli­gion pour les gens simples et une autre reli­gion pour les cracks. Il n’y a pas une reli­gion pour nous autres braves gens qui avons une âme à sau­ver et une tête dont le Bon Dieu se charge de comp­ter tous les che­veux. Et une autre reli­gion pour les têtes cher­cheuses qui coupent leur der­nier che­veu en quatre, et se per­mettent, eux, de dou­ter de tout, sans se sou­cier de leur âme.

Heureux les pauvres en esprit !

Abbé Philippe Sulmont

Source : Bulletin parois­sial de Domqueur n° 99

Curé de Domqueur † 2010

L’abbé Philippe Sulmont (1921–2010), second d’une famille de qua­torze enfants, ancien sémi­na­riste des Carmes, fut pro­fes­seur de col­lège, puis de sémi­naire, aumô­nier d’un pen­sion­nat de filles, puis enfin curé durant 37 ans de Domqueur et de six paroisses avoi­si­nantes entre Amiens et Abbeville.