Les réunions d’Assise à la lumière de la foi

Après « l’esprit du Concile », c’est au nom de « l’esprit d’Assise » que depuis trente ans se met en place une nou­velle reli­gion, sorte d’« ONU des reli­gions », ou Organisation des reli­gions unies (ORU), sous la forme du dia­logue inter­re­li­gieux avec la com­pli­ci­té des plus hautes auto­ri­tés de l’Église catho­lique, char­gées de le promouvoir.

Depuis trente ans « l’esprit d’Assise », ain­si que l’appelait Jean-​Paul II, se pro­page tou­jours plus et met en place une nou­velle reli­gion, étran­gère à la foi catho­lique. Pour la cin­quième fois en pré­sence d’un pape, une Journée inter­re­li­gieuse de prière pour la paix s’est tenue le 20 sep­tembre à Assise. Quels sont les prin­ci­paux motifs qui condamnent de telles réunions ? [1] À la lumière de la foi catho­lique, elles ne peuvent être consi­dé­rées que comme :

1) Une injure faite au seul vrai Dieu

Comment pourrait-​on qua­li­fier autre­ment ces congrès des reli­gions qui sont des péchés publics contre le pre­mier com­man­de­ment de Dieu ? Quel dieu prient ces « lea­ders » (chré­tiens, musul­mans, juifs, boud­dhistes…) de toutes les religions ?

Ce qui indi­gnait Mgr Lefebvre en une autre occa­sion [2], avant qu’on ima­gine des réunions comme celles d’Assise, vaut a for­tio­ri pour ces abominations :

On a vou­lu faire du Congrès eucha­ris­tique un congrès œcu­mé­nique. Congrès œcu­mé­nique, c’est-à-dire avec des pro­tes­tants, avec des juifs, avec des gens qui ne croient pas à la divi­ni­té de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, qui ne veulent pas hono­rer Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, qui ne veulent pas de son règne. Mais com­ment peut-​on prier avec des gens qui sont contre notre foi ? qui n’admettent pas notre foi ? Ils ont posé comme condi­tion qu’il n’y ait pas de pro­ces­sion du Saint-​Sacrement, c’est-à-dire pas d’honneur ren­du à celui qui est notre Roi, notre Père, notre Créateur, notre Rédempteur, celui qui a ver­sé tout son sang pour nous. Et l’on a accep­té, pour que les pro­tes­tants et les juifs puissent par­ti­ci­per au congrès, de ne pas faire de pro­ces­sion du Saint-​Sacrement. (…) Notre-​Seigneur n’est plus hono­ré, Notre-​Seigneur n’est plus notre Roi, nous l’insultons en fai­sant des choses comme celles-là.

Sermon à Écône le 22 août 1976. Homélies été chaud 1976, Éditions Saint-Gabriel.

Lors de la der­nière réunion d’Assise comme des pré­cé­dentes, des moments de prière pour la paix ont eu lieu en dif­fé­rents endroits pour les dif­fé­rentes reli­gions, selon la dis­tinc­tion sophis­tique bien connue : « On ne prie pas ensemble, on est ensemble pour prier ». Mais à cette réunion comme aux pré­cé­dentes, il n’y a eu aucune prière spé­ci­fi­que­ment catho­lique (comme une messe, un salut du Saint-​Sacrement, ou même un cha­pe­let) ; seule­ment une prière com­mune des dif­fé­rentes confes­sions chré­tiennes, et donc d’inspiration œcu­mé­nique pour conve­nir aux protestants.

2) Une négation de la nécessité universelle de la Rédemption

Il y a un unique média­teur entre Dieu et les hommes, par qui l’homme peut espé­rer être sau­vé : Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Ce n’est que par la foi en lui que les hommes peuvent avoir la har­diesse de s’approcher de Dieu en toute confiance (Eph 3, 12). Nul ne va au Père sinon par lui (Jn 14, 6) et il n’existe aucun autre nom sous le ciel par lequel l’homme puisse se sau­ver (Act 4, 12). Il est la lumière qui illu­mine tout homme qui vient en ce monde (Jn 1, 9), et qui­conque ne le suit pas che­mine dans les ténèbres (Jn 8, 12). Qui ne l’honore pas outrage aus­si son Père qui l’a envoyé (Jn 5, 23).

Or quelle part Jésus-​Christ a‑t-​il à Assise à la prière des repré­sen­tants des autres reli­gions, en par­ti­cu­lier non chré­tiennes ? Aucune, car il reste pour eux soit une incon­nue, soit une pierre d’achoppement. L’invitation qui leur est adres­sée de prier pour la paix du monde sup­pose et laisse inévi­ta­ble­ment sup­po­ser qu’il y a des gens – les chré­tiens – qui doivent s’approcher de Dieu par la média­tion de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et en son nom, et d’autres – le reste du genre humain – qui peuvent s’approcher de Dieu direc­te­ment en leur propre nom, sans tenir compte du Médiateur ; des hommes qui doivent ployer le genou devant Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et d’autres qui en sont exemp­tés ; des hommes qui doivent cher­cher la paix dans le règne de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et d’autres qui peuvent obte­nir la paix en dehors de son règne et même en s’y oppo­sant. Ces ren­contres de prière sont donc la néga­tion publique de la néces­si­té uni­ver­selle de la Rédemption.

3) Un manque de justice et de charité envers les infidèles

Il n’y a pas des hommes qui sont jus­ti­fiés par la foi en Jésus-​Christ et d’autres qui sont jus­ti­fiés sans tenir compte de lui : tout homme se sauve dans le Christ ou se perd sans lui. C’est donc la vraie foi qui est la condi­tion de salut pour tous ; si elle vient à man­quer, il est impos­sible de plaire à Dieu et d’obtenir le salut éter­nel (Héb 11, 6).

Voilà ce que les infi­dèles ont le droit de s’entendre annon­cer par l’Église catho­lique confor­mé­ment au com­man­de­ment divin : « De toutes les nations faites des dis­ciples, les bap­ti­sant au nom du Père, du Fils et du Saint-​Esprit, leur appre­nant à gar­der tout ce que je vous ai pres­crit. Celui qui croi­ra et sera bap­ti­sé sera sau­vé, celui qui ne croi­ra pas sera condam­né » (Mt 28, 19–20 ; Mc 16, 16). Voilà ce que l’Église a tou­jours annon­cé aux infi­dèles, car rien n’est plus impor­tant pour l’homme : c’est affaire de vie ou de mort éternelle.

À Assise au contraire ‒ la ville d’un saint qui avait fait de la conver­sion des musul­mans l’un de ses objec­tifs ‒, on laisse sup­po­ser que les infi­dèles n’ont plus besoin de la vraie foi, que la prière dic­tée par l’erreur est agréée de Dieu autant que la prière faite « en esprit et en véri­té », que Dieu peut regar­der d’un œil éga­le­ment bien­veillant la vraie reli­gion et les fausses [3].

L’ensemble des hommes ne retiennent qu’une chose : un ras­sem­ble­ment de toutes les reli­gions pour prier cha­cun la divi­ni­té. Quel non-​chrétien ver­ra dans la reli­gion catho­lique la seule vraie reli­gion, quand il voit que le chef de l’Église catho­lique réunit un pan­théon des reli­gions ? Cela veut dire que les infi­dèles sont lais­sés dans leurs erreurs. Ils sont même encou­ra­gés à per­sé­vé­rer dans les péchés, au moins maté­riels, contre la foi : l’infidélité, l’hérésie… Ils sont dis­sua­dés d’entrer dans l’unique arche de salut. Pour tous ces motifs, les réunions d’Assise sont un man­que­ment à la jus­tice et à la cha­ri­té envers eux.

4) Un danger et un immense scandale pour les catholiques

À Assise, l’Église catho­lique, unique Épouse de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, est rava­lée au rang de socié­tés fon­dées par la volon­té de l’homme. On res­pecte la « manière de prier » de cha­cun [4], on met toutes les reli­gions sur un pied d’égalité.

Ces images que peuvent voir tous les catho­liques du monde engendrent inévi­ta­ble­ment la convic­tion que toutes les démarches reli­gieuses sont légi­times, et en défi­ni­tive que toutes les reli­gions sont plus ou moins bonnes et louables. On peut trou­ver le che­min du salut éter­nel dans n’importe quelle reli­gion : il suf­fit d’être sin­cère. C’est désas­treux pour la foi, et conduit à l’indifférentisme en matière reli­gieuse. Qui plus est, ce scan­dale vient de la plus haute auto­ri­té qui soit sur terre, du vicaire de Jésus-​Christ lui-même.

Or l’Église, par sou­ci mater­nel de pro­té­ger la foi de ses enfants, a tou­jours inter­dit tout ce qui pour­rait être pour eux non seule­ment un dan­ger pour la foi mais aus­si un motif de scan­dale, comme l’approbation appa­rente d’une autre reli­gion [5]. Se mettre dans un tel dan­ger est d’ailleurs illi­cite en ver­tu du droit divin, avant même de l’être en ver­tu du droit ecclésiastique.

5) Une trahison de la mission confiée à Pierre et à l’Église

Cette mis­sion est d’annoncer à toutes les nations qu’il n’y a qu’un seul che­min pour aller à Dieu : son Fils incar­né, Jésus-​Christ, vrai Dieu et vrai homme ; qu’il n’y a qu’une seule vraie reli­gion, la seule où Dieu veuille être hono­ré, parce qu’il est Vérité et que tout ce qui s’oppose à la véri­té dans les fausses reli­gions lui répugne ; qu’il y a une seule vraie Église, l’Église catho­lique romaine, en dehors de laquelle nul ne peut se sauver.

Alors que le Christ a solen­nel­le­ment ordon­né à Pierre de « confir­mer ses frères dans la foi », le suc­ces­seur de Pierre confirme ses frères dans le rela­ti­visme et l’indifférentisme.

Depuis trente ans, nous consta­tons l’échec de telles prières pour la paix. Comment Dieu exaucerait-​il une assem­blée où son Fils bien-​aimé n’est plus qu’une option par­mi d’autres ? La paix ne peut adve­nir que par le Christ Sauveur, lui seul peut assu­rer aux hommes une paix durable et vraie. L’Ange de la paix appa­ru aux enfants de Fatima en 1916 leur apprit que le seul et unique fau­teur de guerre, c’est le péché qui offense Dieu. Lorsque les hommes seront conver­tis et que leurs crimes seront répa­rés, alors la paix s’ensuivra. C’est à cette seule condi­tion que pour­ra s’établir la paix, la paix du Christ, dans la cha­ri­té du Christ.

Pour éta­blir un gou­ver­ne­ment mon­dial et obte­nir la paix uni­ver­selle, les lob­bies maçon­niques et mon­dia­listes veulent ins­tal­ler une reli­gion mon­diale. Cette reli­gion pure­ment natu­ra­liste aurait pour pierre angu­laire les droits de l’homme, la paix maçon­nique serait scel­lée par la liber­té de conscience.

Ils ont besoin pour cela de la com­pli­ci­té des plus hautes auto­ri­tés de l’Église catho­lique, char­gées de pro­mou­voir le dia­logue inter­re­li­gieux pour une meilleure com­pré­hen­sion entre « croyants ». Sous la direc­tion de l’Église, toutes les reli­gions se retrouvent pour construire « la paix » et com­mu­nier ensemble, non plus à la véri­té révé­lée, mais aux nou­veaux dogmes huma­ni­ta­ristes pro­mus par les loges et l’esprit du monde.

Shimon Peres sou­hai­tait la créa­tion d’une « ONU des reli­gions », ou d’une Organisation des reli­gions unies. Il l’a pro­po­sé au pape François quand il a été reçu par lui en audience pri­vée le 4 sep­tembre 2014. Cet homme, ancien pré­sident israé­lien, prix Nobel de la paix ‒ donc tout ce qu’il y a de plus poli­ti­que­ment et reli­gieu­se­ment « cor­rect » ‒, était cer­tai­ne­ment ini­tié à cer­tains secrets. Et il voyait dans le pape François l’homme le plus idoine pour pré­si­der cette « ONU des reli­gions » [6].

Déjà en 1986, l’abbé Franz Schmidberger écrivait :

Il suf­fit de jeter un regard sur les évé­ne­ments des trois der­nières années pour voir à quel point nous nous appro­chons main­te­nant de l’établissement d’une grande reli­gion uni­ver­selle sous la pré­si­dence du Pape, avec le seul dogme de la liber­té, éga­li­té et fra­ter­ni­té de la révo­lu­tion fran­çaise et des loges maçonniques.

Lettre aux amis et bien­fai­teurs n° 30 du 7 février 1986.

L’esprit d’Assise, c’est le nou­vel évan­gile prê­ché par l’Église conci­liaire deve­nue le meilleur allié des oli­garques du nou­vel ordre mon­dial. C’est la dis­so­lu­tion de la foi catholique.

Abbé Hervé Gresland, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Sources : n° 104 – décembre 2016 /​La Porte Latine du 25 décembre 2016

Notes de bas de page
  1. Cf. Si Si No No du 18 octobre 1986.[]
  2. Il n’y avait pas eu de pro­ces­sion du Saint-​Sacrement lors de Congrès eucha­ris­tiques.[]
  3. Ce que l’Église conci­liaire appelle désor­mais les « autres reli­gions » ou les « tra­di­tions reli­gieuses » a tou­jours été appe­lé par l’Église catho­lique les « fausses reli­gions ».[]
  4. « Il s’a­git de res­pec­ter la prière de cha­cun, de per­mettre à cha­cun de s’ex­pri­mer dans la plé­ni­tude de sa foi, de sa croyance » (DC, 7–21 sep­tembre 1986).[]
  5. Les papes Léon XIII (lettre du 15 sep­tembre 1899) et Pie XI (ency­clique Mortalium ani­mos, en 1928) ont défen­du aux catho­liques d’or­ga­ni­ser ou de par­ti­ci­per à des congrès inter­re­li­gieux.[]
  6. Dans une inter­view à l’heb­do­ma­daire ita­lien Famiglia Cristiana, le 4 sep­tembre 2014.[]