Le pape supprime la Commission « Ecclesia Dei », par Nicolas Senèze

Le Palais du Saint-Office, à Rome, où siège la congrégation pour la doctrine de la foi.

La com­mis­sion char­gée du dia­logue avec la Fraternité Saint-​Pie X a été tota­le­ment inté­grée, same­di 19 jan­vier, à la Congrégation pour la Doctrine de la foi.

Le pape a aus­si déci­dé, same­di, de déta­cher le Chœur de la Chapelle Sixtine de la Maison pontificale

Le pape François a déci­dé de mar­quer à sa façon le dixième anni­ver­saire, ce lun­di, de la levée des excom­mu­ni­ca­tions des quatre évêques de la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X (FSSPX) illé­gi­ti­me­ment ordon­nés en 1988 par Mgr Lefebvre.

Le motu pro­prio publié same­di midi 19 jan­vier marque en effet une nou­velle étape dans le dia­logue avec les inté­gristes catho­liques avec la sup­pres­sion de la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei, désor­mais tota­le­ment inté­grée à la Congrégation pour la doc­trine de la foi.

Cette com­mis­sion était née en 1988 pour, à la fois, enca­drer les com­mu­nau­tés qui refu­saient de suivre Mgr Lefebvre dans son schisme, et pour suivre le dia­logue avec la FSSPX.

« Les finalités et les questions traitées sont d’ordre principalement doctrinal »

En 2009, après la levée des excom­mu­ni­ca­tions, Benoît XVI avait déjà réor­ga­ni­sé la com­mis­sion : accueillant la volon­té de la FSSPX d’un dia­logue doc­tri­nal avec Rome, il avait rat­ta­ché Ecclesia Dei à la Congrégation pour la Doctrine de la foi (CDF), tout en lui conser­vant une cer­taine autonomie.

Depuis, mal­gré les espé­rances du pape alle­mand, le dia­logue avec la FSSPX a mar­qué un temps d’arrêt. Mgr Bernard Fellay, avec qui Ecclesia Dei dis­cu­tait depuis près de 20 ans, repor­tait en per­ma­nence toute signa­ture d’un accord pra­tique pour­tant à por­tée de main avec Rome.

Et c’est jus­te­ment pour « prendre acte », selon les termes du motu pro­prio « Motu pro­prio data », « que les fina­li­tés et les ques­tions trai­tées » par la com­mis­sion « sont d’ordre prin­ci­pa­le­ment doc­tri­nal » que le car­di­nal Luis Ladaria Ferrer, pré­sident d’Ecclesia Dei et pré­fet de la CDF, a deman­dé au pape, dès décembre 2017, la pleine inté­gra­tion de la pre­mière à la seconde.

Les compétences d’Ecclesia Dei « intégralement assignées » à la CDF

La suite des faits lui a don­né rai­son puisque, venu à Rome en novembre der­nier, l’abbé Davide Pagliarani, le nou­veau supé­rieur géné­ral de la Fraternité élu en juillet, a deman­dé au car­di­nal « à reprendre la dis­cus­sion théologique ».

Concrètement, les com­pé­tences d’Ecclesia Dei « sont inté­gra­le­ment assi­gnées » à la CDF dont elle devient une sec­tion à part entière – aux côtés des sec­tions doc­tri­nale et dis­ci­pli­naire et des archives.

Cela signi­fie que les dif­fé­rents ins­ti­tuts tra­di­tio­na­listes qui s’étaient ral­liés à Rome depuis 30 ans demeu­re­ront sous sa responsabilité.

Si cer­tains auraient pré­fé­ré être pla­cés dans le droit com­mun, le pape estime tou­te­fois encore néces­saire que la spé­ci­fi­ci­té des com­mu­nau­tés tra­di­tio­na­listes conti­nue à être prise en compte, même si, souligne-​t-​il, « les ins­ti­tuts et les com­mu­nau­tés reli­gieuses qui célèbrent géné­ra­le­ment sous une forme extra­or­di­naire ont aujourd’hui retrou­vé leur propre sta­bi­li­té de nombre et de vie ».

« L’urgence n’existe plus »

Ils ne consti­tuent pas non plus une réa­li­té suf­fi­sam­ment impor­tante pour jus­ti­fier l’existence d’un orga­nisme spé­ci­fique. « L’urgence » qui exis­tait en 1988 « n’existe plus », jus­ti­fie Andrea Tornielli, direc­teur édi­to­rial de VaticanNews dans un édi­to­rial mis en ligne dès same­di midi.

Étant arche­vêque, et ne pou­vant de ce fait être chef de bureau à la CDF, l’actuel secré­taire de la com­mis­sion Ecclesia Dei, Mgr Guido Pozzo, est quant à lui nom­mé sur­in­ten­dant à l’économie de la Chapelle musi­cale pontificale.

Le chœur de la Chapelle Sixtine détaché de la Maison pontificale

Le chœur de la Chapelle Sixtine est en effet, depuis plu­sieurs mois, sous le coup d’une enquête de la jus­tice vati­cane après des soup­çons de détour­ne­ment de fonds de la part de son direc­teur admi­nis­tra­tif, dont Mgr Guido Pozzo prend donc les responsabilités.

Un visi­teur apos­to­lique aurait par ailleurs enquê­té sur des plaintes de plu­sieurs parents contre une « dure­té ver­bale exces­sive » du maes­tro de la Chapelle, Mgr Massimo Palombella, à l’encontre des enfants du chœur.

Ce sont ces pro­cé­dures qui ont sans doute pous­sé le pape, par un autre motu pro­prio publié same­di, à déta­cher de la Maison pon­ti­fi­cale l’institution qui, depuis des siècles, anime les litur­gies des papes.

Elle sera désor­mais pla­cée sous la res­pon­sa­bi­li­té du Bureau des célé­bra­tions litur­giques, avec lequel elle est déjà régu­liè­re­ment ame­née à travailler.

Mgr Guido Marini « responsable de la Chapelle musicale pontificale »

Chargé d’élaborer de nou­veaux sta­tuts pour la Chapelle, le maître des célé­bra­tions litur­giques pon­ti­fi­cales, Mgr Guido Marini, prend donc aus­si le titre de « res­pon­sable de la Chapelle musi­cale pon­ti­fi­cale », Mgr Massimo Palombella conti­nuant à diri­ger le chœur sous sa responsabilité.

« Il est direc­te­ment pla­cé sous la res­pon­sa­bi­li­té de Mgr Marini qui cha­peaute toutes les acti­vi­tés de la Chapelle musi­cale pon­ti­fi­cale, y com­pris les acti­vi­tés artis­tiques, comme le sti­pule le motu pro­prio », a sou­li­gné à La Croix le direc­teur de la Salle de presse du Saint-​Siège, Alessandro Gisotti tan­dis que l’administration éco­no­mique est désor­mais assu­mée par Mgr Pozzo « tou­jours sous la direc­tion de Mgr Marini ».

Nicolas Senèze, à Rome

Sources : La Croix