La PMA, enfant naturel de la liberté religieuse

Le rap­pro­che­ment sur­pren­dra peut-​être, nous vou­drions dans ces courtes lignes mettre au jour quelques chaî­nons manquants.

La loi sur la PMA démo­lit un peu plus ce qui res­tait de la loi natu­relle dans la socié­té. Elle achève de sépa­rer la sexua­li­té de la pro­créa­tion, favo­rise l’eugénisme, et enten­dait défi­nir la filia­tion par l’intention de la volonté.

En somme, elle ignore super­be­ment la nature, cette don­née de la créa­tion qui déter­mine ce qu’est l’homme et com­ment il doit vivre pour hono­rer sa propre excel­lence d’être ration­nel, capable de connaître et d’aimer Dieu, de bâtir une civilisation.

Il est donc cru­cial de défendre aujourd’hui toute la loi natu­relle. Sans doute cer­taines don­nées sont encore admises par tous : ne pas voler son pro­chain, res­pec­ter les contrats, etc. Mais de loin pas toutes : quel consen­sus sur l’avortement, sur le sui­cide assis­té, etc. ? Or pour défendre inté­gra­le­ment la loi natu­relle et la faire res­pec­ter par le droit, il faut en exhi­ber le vrai fondement.

Ce fon­de­ment, on ne le trou­ve­ra qu’en Dieu. Seul celui qui a fait l’homme en a éta­bli aus­si le mode d’emploi, et le rap­port de l’homme à Dieu sera la clé de voûte sans laquelle tout l’édifice s’effondre. Car si Dieu n’existe pas, tout est per­mis : la luxu­riante végé­ta­tion des nou­veaux droits défen­dus par la Cour Européenne des Droits de l’Homme nous conduit à cette socié­té où les ventres se louent, où les enfants s’achètent [1], et où l’on cherche par­fois à toute force à diag­nos­ti­quer – et trai­ter – de dou­teuses « dys­pho­ries de genre » [2].

Pour se mettre au dia­pa­son de la socié­té moderne, les hommes d’Eglise ont adop­té l’idée des droits de l’homme, un concept rete­nu pour pro­cu­rer une morale mini­male com­mune. Dans les ins­tances inter­na­tio­nales, on s’interdit d’en don­ner le fon­de­ment, car le consen­sus, déjà fra­gile, dis­pa­raît alors com­plè­te­ment [3]. La doc­trine sociale pro­mue par les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques en donne cepen­dant une ver­sion qui évoque Dieu et la nature [4]. Mais Jean-​Paul II a cru bon d’affirmer que la liber­té reli­gieuse était « la source et la syn­thèse » [5] des autres droits.

En mili­tant pour la liber­té reli­gieuse, Rome a de fait pro­mu une socié­té qui, lais­sant place égale à toutes les opi­nions, se devait de res­ter neutre. Elle a renon­cé à l’Etat confes­sion­nel catho­lique, non seule­ment en pra­tique et à court terme, mais encore sur le prin­cipe. De ce fait le champ est lais­sé libre à une légis­la­tion qui, igno­rant Dieu, ne peut plus jus­ti­fier de suivre les lois de la nature. De quel droit l’imposer ? Les forces catho­liques sont de fait désar­mées dès lors qu’elles admettent le prin­cipe de la liber­té d’opinion. Il reste à déplo­rer que l’Etat orga­nise la socié­té sans et contre Dieu, et de ce fait sans et contre la nature.

La famille est la cel­lule de base de la socié­té, le Christ Roi en est la clé de voûte. On ne conser­ve­ra pas l’une sans l’Autre.

Abbé Nicolas Cadiet

Notes de bas de page
  1. Voir le constat acca­blant sur la juris­pru­dence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme dans Grégor Puppinck, Les droits de l’homme déna­tu­ré, Cerf, Paris, 2018.[]
  2. Note de généthique.org, 16 décembre 2019.[]
  3. Jacques Maritain rap­porte en 1948 l’anecdote sui­vante : « Pendant l’une des réunions de la Commission natio­nale fran­çaise de l’UNESCO, où l’on dis­cu­tait des droits de l’homme, quelqu’un mani­fes­ta son éton­ne­ment de voir que cer­tains défen­seurs d’idéologies vio­lem­ment oppo­sées s’étaient mis d’accord pour rédi­ger une liste de droits. « Mais oui, répliquèrent-​ils, nous sommes d’accord sur ces droits, à condi­tion qu’on ne nous demande pas pour­quoi. » C’est avec le pour­quoi que la dis­pute com­mence. » cf. Jacques Maritain, Les droits de l’homme, DDB, Paris, coll. Les îles, 1989, p. 126.[]
  4. Compendium de la doc­trine sociale de l’Eglise, 2004, nn°153 sq.[]
  5. Jean-​Paul II, Centesimus annus, 1er mai 1991, n°47.[]