Pie IX

255ᵉ pape ; de 1846 à 1878

21 décembre 1863

Lettre apostolique Tuas libenter

Sur la soumission au magistère de l'Église

À notre véné­rable frère Grégoire, Archevêque de Munich et de Freising

Pie IX, Pape

Vénérables frères, salut et béné­dic­tion apostolique

Nous avons reçu avec plai­sir votre lettre en date du 7 octobre der­nier, lettre par laquelle vous Nous infor­mez de ce qui s’est pas­sé dans le Congrès tenu à Munich, au mois de sep­tembre pré­cé­dant, par quelques théo­lo­giens et savants catho­liques de l’Allemagne, qui se sont occu­pés de diverses ques­tions rela­tives prin­ci­pa­le­ment à l’enseignement de la théo­lo­gie et de la phi­lo­so­phie. La lettre que, par Notre ordre, vous a écrite Notre Vénérable Frère Matthieu, Archevêque de Néocésarée et Nonce du Siège Apostolique auprès de la cour de Bavière, vous a déjà fait connaître, Vénérable Frère, avec quels sen­ti­ments Nous avions reçu la pre­mière nou­velle du congrès pro­je­té, et appris ensuite com­ment les­dits théo­lo­giens et autres catho­liques avaient été invi­tés et réunis à ce congrès. Nous ne vou­lions cer­tai­ne­ment pas dou­ter de la fin louable que se pro­po­saient les auteurs et les fau­teurs de la réunion ; sans doute ils atten­daient, du concours de tant de catho­liques remar­quables par leur science, de leurs déli­bé­ra­tions com­munes et de leurs forces unies, une nou­velle impul­sion don­née à la vraie science dans l’Eglise catho­lique en Allemagne, et espé­raient qu’elle serait ain­si ven­gée et défen­due contre les opi­nions et les efforts per­vers et très per­ni­cieux de tant d’adversaires. Mais, pla­cé, quoique indigne, sur la Chaire sublime du Prince des Apôtres dans ces temps si dif­fi­ciles, où l’autorité des Évêques est plus que jamais néces­saire pour assu­rer l’unité et l’intégrité de la doc­trine catho­lique, et où il importe de la conser­ver dans toute sa force, Nous n’avons pu ne pas être extra­or­di­nai­re­ment éton­né de voir la convo­ca­tion au sus­dit Congrès faite et publiée au nom de quelques par­ti­cu­liers, de sorte qu’il ne s’y trou­vait rien qui vînt de l’impulsion, de l’autorité et de la mis­sion du pou­voir ecclé­sias­tique, auquel seul il appar­tient de droit propre et natu­rel de sur­veiller et de diri­ger la doc­trine, par­ti­cu­liè­re­ment dans les choses rela­tives aux ques­tions théo­lo­giques. Certes, c’est là une chose, vous le savez, tout à fait nou­velle et entiè­re­ment inusi­tée dans l’Église.

C’est pour­quoi, Vénérable Frère, Nous avons vou­lu vous faire connaître Notre sen­ti­ment, afin que vous et vos Vénérables Frères les Évêques d’Allemagne, vous puis­siez exac­te­ment juger si le but indi­qué dans le pro­gramme du Congrès était de nature à appor­ter quelque uti­li­té à l’Église. Nous étions en même temps cer­tain, Vénérable Frère, que, dans votre sol­li­ci­tude pas­to­rale, vous emploie­riez tous les conseils et les efforts de votre zèle pour empê­cher qu’aucun dom­mage fût appor­té, dans ce Congrès, soit à l’intégrité de la foi et de la doc­trine catho­liques, soit à la pleine obéis­sance que les catho­liques de tout ordre et de toute condi­tion doivent à l’autorité de l’Église et à la mis­sion qu’elle a reçue d’enseigner.

Nous ne pou­vons, du reste, dis­si­mu­ler que Nous avons éprou­vé d’assez grandes inquié­tudes : car Nous crai­gnions que l’exemple de ce congrès réuni en dehors de l’autorité ecclé­sias­tique ne ser­vît peu à peu à por­ter atteinte au droit de gou­ver­ne­ment spi­ri­tuel et d’enseignement légi­time qui, en ver­tu de l’Institution divine, appar­tient en propre au Pontife romain et aux Évêques qui sont en union et en accord avec le Successeur de saint Pierre ; et que, par suite de ce trouble ain­si appor­té dans le gou­ver­ne­ment de l’Église, le prin­cipe d’unité et d’obéissance en matière de foi ne fût un jour affai­bli chez plu­sieurs. Nous crai­gnions aus­si que, dans le Congrès même, on ne vînt à émettre et à sou­te­nir des opi­nions et des sys­tèmes qui, par la publi­ci­té sur­tout qui leur serait don­née, met­traient en péril la pure­té de la doc­trine catho­lique et le devoir de la sou­mis­sion. Car Nous Nous rap­pe­lions, avec une pro­fonde dou­leur, Vénérable Frère, que le Siège Apostolique, pour rem­plir sa charge si grave qui lui est impo­sée, s’est vu obli­gé, dans ces der­niers temps, de cen­su­rer et d’interdire les ouvrages de quelques écri­vains alle­mands qui, ne sachant pas se déga­ger de cer­tain prin­cipe ou méthode d’une fausse science, ou de la trom­peuse phi­lo­so­phie du jour, ont été ame­nés, sans le vou­loir, Nous aimons à le pen­ser, à for­mu­ler et à ensei­gner des doc­trines qui s’écartent du véri­table sens et de la légi­time inter­pré­ta­tion de plu­sieurs dogmes de Notre sainte foi ; c’est ain­si qu’ils ont res­sus­ci­té des erreurs déjà condam­nées par l’Église, et qu’ils ont expli­qué dans un sens tout à fait faux la nature et le carac­tère propre de la révé­la­tion divine et de la foi. Nous savions aus­si, Vénérable Frère, que par­mi les catho­liques adon­nés à l’étude des hautes sciences, il en est qui, comp­tant trop sur les forces de l’esprit humain, ne se sont pas lais­sé arrê­ter par la crainte de ren­con­trer l’erreur, et qui, en vou­lant pour la science une liber­té trom­peuse et très-​peu sin­cère, ont été entraî­nés au-​delà des limites qui ne peuvent être fran­chies à moins de renon­cer à l’obéissance due à l’autorité divine que l’Église a reçue pour ensei­gner et pour conser­ver intact tout le dépôt de la véri­té révé­lée. D’où il est arri­vé que ces catho­liques, dupes de mal­heu­reuses illu­sions, se trouvent sou­vent d’accord avec ceux qui déclament contre les décrets de ce Siège Apostolique et de Nos Congrégations, disant que ces décrets sont un obs­tacle au libre pro­grès de la science, et s’exposant ain­si à rompre les liens sacrés d’obéissance qui, dans l’ordre de la volon­té divine, doivent les rat­ta­cher à ce même Siège Apostolique ins­ti­tué par Dieu lui-​même, inter­prète et défen­seur de la véri­té. Nous n’ignorons pas non plus qu’en Allemagne avaient pré­va­lu de fausses pré­ven­tions contre l’ancienne école et contre la doc­trine des grands Docteurs que l’Église uni­ver­selle révère pour leur admi­rable sagesse et la sain­te­té de leur vie. Cette fausse opi­nion que l’on s’est faite porte atteinte à l’autorité même de l’Église, puisque c’est l’Église elle-​même qui, pen­dant des siècles suc­ces­sifs, non-​seulement a per­mis que l’on culti­vât la science théo­lo­gique d’après la méthode de ces Docteurs et selon les prin­cipes consa­crés par l’accord una­nime de toutes les écoles catho­liques, mais a en outre don­né bien sou­vent les plus grandes éloges à leur science théo­lo­gique et l’a for­te­ment recom­man­dée comme offrant le meilleur moyen de défendre la foi, et les armes les plus ter­ribles contre ses ennemis.

Le devoir si impor­tant de Notre suprême minis­tère apos­to­lique, et l’amour par­ti­cu­lier dont Nous entou­rons tous les catho­liques de l’Allemagne, patrie très ché­rie du trou­peau du Seigneur, sol­li­ci­taient et atti­raient vers toutes ces pen­sées Notre esprit pré­oc­cu­pé de tant d’autres soins ; aus­si, ayant reçu la nou­velle du congrès pro­je­té, Nous eûmes soin que les choses expo­sées plus haut vous fussent signi­fiées. Lorsqu’il Nous eut été briè­ve­ment rap­por­té que, cédant aux prières des auteurs de ce congrès, vous aviez accor­dé, Vénérable Frère, l’autorisation de le célé­brer, que vous l’aviez solen­nel­le­ment inau­gu­ré par la célé­bra­tion des saints mys­tères, que des consul­ta­tions y avaient eu lieu de manière à ne pas s’écarter de la doc­trine de l’Église catho­lique ; lorsque, par la même mis­sive, les membres de ce congrès eurent implo­ré Notre béné­dic­tion apos­to­lique, Nous cédâmes, sans nul retard, à leurs pieux dési­rs. Cependant Nous atten­dions avec la plus grande anxié­té vos lettres, afin de connaître par vous-​même, Vénérable Frère, et dans le plus grand détail, tout ce qui pou­vait en quelque chose se rap­por­ter à ce congrès. Maintenant que Nous avons reçu de vous ce que Nous dési­rons si vive­ment, Nous avons l’espérance qu’avec l’aide de Dieu, cette assem­blée, comme vous Nous l’assurez, sera d’une grande uti­li­té en Allemagne pour l’Église catho­lique. En effet, tous les membres de ce congrès, écrivez-​vous, ont pro­cla­mé que le pro­grès des sciences et le moyen d’éviter et de réfu­ter heu­reu­se­ment les erreurs de notre âge si infor­tu­né dépendent entiè­re­ment d’une adhé­sion intime aux véri­tés révé­lées que l’Église catho­lique enseigne ; ils ont recon­nu et pro­fes­sé cette véri­té, que les vrais catho­liques, voués à l’étude et au déve­lop­pe­ment des sciences, ont tou­jours gar­dée et trans­mise. S’appuyant sur cette véri­té, les hommes sages et vrai­ment catho­liques ont pu culti­ver les sciences sans péril, tra­vailler à leur déve­lop­pe­ment et les rendre utiles et cer­taines. Mais ce résul­tat ne sau­rait être obte­nu si, même dans la recherche des véri­tés qu’elle peut atteindre par ses facul­tés et ses forces propres, la lumière de la rai­son humaine, cir­cons­crite à ses limites, ne res­pec­tait pas avant tout, comme il convient, la lumière infaillible et incréée de l’intelligence divine, qui brille admi­ra­ble­ment de toutes parts dans la révé­la­tion chré­tienne. Quoique, en effet, les sciences natu­relles s’appuient sur leurs propres prin­cipes, connus par la rai­son, il importe que les catho­liques qui les cultivent aient tou­jours devant les yeux la révé­la­tion divine comme une étoile qui les guide, et dont la lumière les aide à se pré­ser­ver des écueils et des erreurs, lorsque, dans leurs recherches et leurs études, ils s’aperçoivent qu’ils pour­raient se lais­ser conduire, comme il arrive très sou­vent, à pro­fé­rer des paroles plus ou moins contraires à la véri­té infaillible des choses qui ont été révé­lées par Dieu. Nous ne vou­lons pas dou­ter que les membres du Congrès, connais­sant et pro­fes­sant la véri­té que Nous venons de rap­pe­ler, n’aient, en même temps, vou­lu reje­ter et réprou­ver plei­ne­ment cette récente et fausse méthode de phi­lo­so­pher, d’après laquelle, tout en admet­tant la révé­la­tion divine comme fait his­to­rique, on sou­met aux inves­ti­ga­tions de la rai­son humaines les véri­tés inef­fables ensei­gnées par cette même révé­la­tion, comme si ces véri­tés rele­vaient de la rai­son, ou comme si la rai­son, par ses seules forces et par ses prin­cipes natu­rels, pou­vait acqué­rir l’intelligence et la science de toutes les véri­tés sur­na­tu­relles de notre très-​sainte foi et des mys­tères, qui sont tel­le­ment au-​dessus d’elle qu’elle ne peut jamais deve­nir capable de les com­prendre ou de les démon­trer par ses seules forces et en ver­tu de ses prin­cipes naturels.

Nous adres­sons aux membres de cette assem­blée des louanges méri­tées, parce que reje­tant, comme Nous Nous y atten­dions, cette fausse dis­tinc­tion entre le phi­lo­sophe et la phi­lo­so­phie, dont Nous vous avions par­lé dans Nos lettres anté­rieures, ils ont recon­nu et affir­mé que tous les catho­liques, dans leurs écrits, sont tenus en conscience d’obéir aux décrets dog­ma­tiques de l’Église catho­lique, qui est infaillible. En leur don­nant les éloges qui leur sont dus pour avoir confes­sé une véri­té qui découle néces­sai­re­ment de l’obligation de pro­fes­ser la foi catho­lique, Nous aimons à Nous per­sua­der qu’ils n’ont pas enten­du res­treindre ce devoir de sou­mis­sion qui lie stric­te­ment les pro­fes­seurs et les écri­vains catho­liques, aux seuls points défi­nis par le juge­ment infaillible de l’Église comme dogmes de foi, que tous doivent croire. Et Nous Nous per­sua­dons qu’ils n’ont pas vou­lu décla­rer que cette par­faite adhé­sion aux véri­tés révé­lées, qu’ils ont recon­nue être tout à fait néces­saire au véri­table pro­grès des sciences et à la réfu­ta­tion des erreurs, pour­rait être obte­nue si la foi et l’obéissance étaient seule­ment accor­dées aux dogme expres­sé­ment défi­nis par l’Église. Quand même il ne s’agirait que de la sou­mis­sion due à la foi divine, on ne pour­rait pas la res­treindre aux seuls points défi­nis par des décrets exprès des Conciles œcu­mé­niques, ou des Pontifes romains et de ce Siège Apostolique ; il fau­drait encore l’étendre à tout ce qui est trans­mis, comme divi­ne­ment révé­lé, par le corps ensei­gnant ordi­naire de toute l’Église dis­per­sée dans l’univers, et que pour cette rai­son les théo­lo­giens catho­liques, d’un consen­te­ment uni­ver­sel et constant, regardent comme appar­te­nant à la foi. Mais, comme il s’agit de la sou­mis­sion à laquelle sont obli­gés en conscience tous ceux des catho­liques qui s’adonnent à l’étude des sciences spé­cu­la­tives, afin de pro­cu­rer à l’Église de nou­veaux avan­tages par leurs écrits, les membres du Congrès doivent recon­naître qu’il ne suf­fit pas aux savants catho­liques d’accepter et de res­pec­ter les dogmes de l’Église dont Nous venons de par­ler, et qu’ils doivent, en outre, se sou­mettre soit aux déci­sions doc­tri­nales qui émanent des congré­ga­tions pon­ti­fi­cales, soit aux points de doc­trine qui, d’un consen­te­ment com­mun et constant, sont tenus dans l’Église comme des véri­tés et des conclu­sions théo­lo­giques tel­le­ment cer­taines, que les opi­nions oppo­sées, bien qu’elle ne puissent être qua­li­fiées d’hérésie, méritent cepen­dant quelque autre cen­sure théo­lo­gique. Aussi Nous ne pen­sons pas que ceux qui ont pris part au Congrès de Munich aient pu ou vou­lu en aucune manière contre­dire la doc­trine ci-​dessus expo­sée, doc­trine qui découle des vrais prin­cipes et qui est celle de l’Église ; Nous aimons, ai contraire, à espé­rer qu’en se livrant à la culture des sciences les plus éle­vées, ils auront à cœur de se confor­mer à cette doc­trine et la pren­dront pour règle. Ce qui motive sur­tout Notre confiance, Vénérable Frère, ce sont les Lettres qu’ils Nous ont fait par­ve­nir par votre entre­mise ; car Nous y avons vu avec une extrême conso­la­tion l’assurance qu’ils Nous donnent qu’en réunis­sant ce congrès ils n’ont jamais eu l’intention de s’attribuer la moindre part de l’autorité qui appar­tient toute entière à l’Église ; et, en même temps, ils Nous disent qu’ils n’ont pas vou­lu dis­soudre le Congrès sans avoir aupa­ra­vant pro­tes­té de tout le res­pect, de l’obéissance et de la pié­té filiale qu’ils ont pour Nous et pour ce Siège de Pierre, centre de l’unité catho­lique. Puisque ce sont là les sen­ti­ments avec les­quels ils recon­naissent Notre auto­ri­té suprême et la puis­sance du Siège Apostolique, puisqu’en même temps ils com­prennent la gra­vi­té de la charge que Notre-​Seigneur Jésus-​Christ lui-​même Nous a impo­sée, de gou­ver­ner et de diri­ger toute son Église, de faire paître tout son trou­peau dans les pâtu­rages de la saine doc­trine et de veiller conti­nuel­le­ment à ce que la foi sainte et sa doc­trine ne reçoivent jamais la moindre atteinte, Nous ne pou­vons dou­ter qu’en se livrant à l’étude et à l’enseignement des hautes sciences et à la défense de la saine doc­trine, ils ne recon­naissent aus­si que c’est un devoir pour eux de suivre reli­gieu­se­ment les règles constam­ment obser­vées dans l’Église, et d’obéir à tous les décrets ren­dus en matière de doc­trine par Notre suprême auto­ri­té pontificale.

Nous vous fai­sons toutes ces com­mu­ni­ca­tions, dési­rant vive­ment que vous en don­niez connais­sance à tous ceux qui ont assis­té à ce congrès ; mais cepen­dant, s’il nous parait qu’il y ait lieu, Nous ne man­que­rons pas de vous don­ner de plus amples ins­truc­tions sur ce sujet, à vous et à Nos véné­rables Frères les Évêques de l’Allemagne, lorsque Nous connaî­trons votre pen­sée et la leur sur l’opportunité de ces sortes de congrès. Enfin, Nous fai­sons encore une fois, et très ins­tam­ment appel à votre sol­li­ci­tude et à votre vigi­lance pas­to­rale, pour que de concert avec Nos Vénérables Frères les autres Évêques de l’Allemagne, vous ne ces­siez de consa­crer tous vos soins et vos pen­sées à la défense et à la pro­pa­ga­tion de la saine doc­trine. Ne man­quez pas d’inculquer à tous la néces­si­té d’éviter soi­gneu­se­ment les nou­veau­tés pro­fanes, et de ne pas se lais­ser séduire par ceux qui vantent sans cesse la fausse liber­té de la science, et qui pré­co­nisent non seule­ment son véri­table pro­grès, mais encore les erreurs qu’ils se plaisent impru­dem­ment à déco­rer de ce nom. Ne ces­sez d’adresser avec zèle et ardeur à tous vos exhor­ta­tions, pour qu’ils mettent leurs soins et leurs efforts à acqué­rir la véri­table sagesse chré­tienne et catho­lique, et qu’ils aient en grande estime, comme il convient, les vrais et solides pro­grès de la science qui ont été réa­li­sés dans les écoles catho­liques, en sui­vant les pres­crip­tions et les ensei­gne­ments de Notre sainte et divine foi ; que dans l’étude des sciences théo­lo­giques sur­tout ils s’attachent aux prin­cipes et aux doc­trines constantes sur les­quels se sont appuyés una­ni­me­ment les sages et savants Docteurs, qui se sont acquis une gloire immor­telle en ren­dant à l’Église et à la science des ser­vices écla­tants et réels. C’est de cette manière, cer­tai­ne­ment, qu’en culti­vant les sciences, les catho­liques pour­ront, avec l’aide de Dieu, connaître, déve­lop­per et expo­ser chaque jour davan­tage, autant qu’il est don­né à l’homme de le faire, le tré­sor des véri­tés que Dieu a mises dans les œuvres de la nature et de la grâce, en sorte que l’homme, après les avoir connues par la lumière de la rai­son et de la foi, et y avoir soi­gneu­se­ment confor­mé sa vie, puisse contem­pler sans aucun voile et à la clar­té de la gloire éter­nelle, la sou­ve­raine véri­té, c’est-à-dire Dieu, et en jouir à jamais dans la plé­ni­tude de l’éternel bonheur.

C’est avec bien de la joie que Nous sai­sis­sons cette occa­sion de vous expri­mer de nou­veau l’assurance de Notre affec­tion toute par­ti­cu­lière pour vous. Recevez-​en le gage dans la Bénédiction Apostolique que Nous vous don­nons avec effu­sion à vous, Vénérable Frère, et au trou­peau confié à vos soins.

Donné à Rome, près Saint-​Pierre, le 21 décembre de l’année 1863, la dix-​huitième de Notre Pontificat.

Source : Recueil des allo­cu­tions consis­to­riales, ency­cliques et autres lettres apos­to­liques des sou­ve­rains pon­tifes cités dans l’en­cy­clique et le Syllabus du 8 décembre 1864, Librairie Adrien le Clere, Paris, 1865