Cher Monsieur le Curé,
C’est à vous d’abord, qu’iront mes premières paroles, pour vous féliciter et me faire l’interprète de tous ceux qui sont venus ici, sans doute pour la Fête-Dieu et pour honorer Notre Seigneur JésusChrist dans le sacrement de l’Eucharistie aujourd’hui, mais aussi par une délicatesse de la Providence, ils peuvent en même temps vous fêter et avec vous, au cours de sainte Messe, rendre grâces à Dieu pour votre sacerdoce, pour toutes les grâces que vous avez reçues et toutes les grâces que vous avez données.
Ce serait à vous, cher M. le Curé, à dire, à exprimer toutes ces grâces que vous avez reçues au cours de votre vie, tout ce passé, depuis votre naissance jusqu’à ce jour, vous est mieux connu qu’à moi. Et donc vous pourriez le faire avec beaucoup plus de précision que je ne puis le faire, mais cependant, je voudrais dire brièvement, dire ce que le Bon Dieu a fait pour vous et pour nous puisque vous nous êtes bien proche et bien attaché : Sed ego elegi vos (Jn 15,16) : « Mais c’est moi qui vous ai choisi ». Elegit Deus sacerdotem suum. « Dieu s’est choisi son prêtre ». Je crois que l’on peut le dire d’une manière toute particulière pour vous, cher M. le Curé, vraiment le Bon Dieu vous a choisi. Tout nous le prouve, tout nous l’indique. Il vous a choisi en vous faisant naître dans une famille profondément chrétienne. Votre mère, ici présente, vous a donné, avec votre père désormais au Ciel, une vraie formation catholique, une formation chrétienne profonde, dans un cadre de montagnes qui exprime aussi d’une manière toute particulière, la grandeur du Bon Dieu, la beauté de Dieu, qui vous a donné l’occasion d’être formé d’une manière rude aux vraies vertus chrétiennes, dans ce pays au climat difficile. Que de souvenirs tout cela doit vous rappeler. Et puis, le Bon Dieu vous a choisi pour être son prêtre. Il y a donc vingt-cinq ans que vous avez reçu l’onction sacerdotale et que vous êtes prêtre du diocèse de Sion.
Cette année du sacerdoce en 1961, était l’année de la veille du concile préparateur de bouleversements, de grands changements dans notre Sainte Église. Et par une grâce particulière du Bon Dieu, vous avez su garder le sens de la foi, le sens de ce qui vous a été donné au séminaire. Et, encore jeune vicaire, puis jeune curé, à l’occasion des réunions sacerdotales, vous n’avez pas hésité à manifester votre réprobation des changements que vous voyiez venir et qui vous semblaient – à juste titre – contraires au bien de l’Église, contraire au bien des âmes. Alors vous l’avez dit sans ambages. Et, pour manifester votre attachement à l’Église de toujours, vous avez aussi gardé votre soutane, votre habit ecclésiastique, persuadé que c’était là une manifestation de votre attachement à la foi et au sacerdoce.
Et puis, la Providence a voulu que votre évêque vous nomme à Riddes, sachant parfaitement que C’était un ministère particulièrement difficile – Riddes n’était pas réputée pour sa ferveur chrétienne – et par conséquent dans un milieu où il y avait beaucoup à faire et où votre zèle aurait pu s’exercer, que votre évêque vous a envoyé. Et non seulement pour évangéliser, mais aussi pour construire une église neuve, de même que vous aviez, en définitive, à construire l’Église spirituelle, vous aviez également à construire l’église matérielle. Et c’est ce que vous avez fait. Vous avez fait les deux, cher M. le Curé, vous avez rendu à Riddes sa foi d’antan, vous avez rendu à Riddes une église, une église neuve. Mais voici qu’étant à Riddes, vous étiez à la fois le curé d’Écône. Et encore par une grâce particulière de la sainte Providence, Écône est devenu ce que nous connaissons aujourd’hui : le séminaire d’Écône, avec d’ailleurs l’autorisation de l’évêque de Sion. Et par conséquent il n’y avait aucune difficulté, au contraire, à ce que le séminaire soit très uni à la paroisse de Riddes, qui était notre paroisse. Et nous avons trouvé précisément le curé que le Bon Dieu nous avait préparé. Ferme dans la foi, attaché à la Tradition, prêt à lutter s’il le fallait pour garder sa foi, pour garder son sacerdoce d’une manière intégrale.
Alors, désormais Écône et M. le Curé de Riddes ont connu des liens qui sont restés dans une fidélité admirable. Et c’est là qu’un choix, cher M. le Curé, a dû être fait par vous, malgré la douleur de rompre apparemment avec le diocèse, vous avez préféré garder la Tradition, garder la foi, plutôt que de voir le désastre s’introduire dans votre église, dans votre paroisse comme dans les autres paroisses, de voir les paroisses désertées ; comme le séminaire de Sion qui a fermé ses portes pour envoyer les quelques sujets qui restaient, à Fribourg. Vous avez préféré continuer votre ministère sacerdotal tel que vous l’aviez reçu des mains de votre évêque et tel qu’on vous l’avait enseigné au séminaire.
Vous n’avez pas voulu changer et vous êtes resté le prêtre, le curé catholique de toujours. De cela nous vous félicitons de grand cœur. Malgré les épreuves que vous avez dû subir, vous êtes resté fidèle.
Et voici que désormais, vingt-cinq ans de sacerdoce ont passé. Et grâce à vous, cher M. le Curé, le Valais reste encore catholique. Je crois que nous pouvons le dire et nous devons le dire. Sans doute, vous me direz : Mais Écône est devenu aussi le symbole de la catholicité, le symbole de la fidélité à l’Église de toujours. Mais ce n’est pas Écône qui a maintenu la foi dans ce cher Valais, c’est vous cher M. le Curé, c’est par votre intermédiaire. Si vous n’aviez pas été là, nous n’aurions pas connu cette affluence de Valaisans. Nous n’aurions pas connu ce maintien de la foi catholique dans les cœurs des Valaisans.
Aussi, je pense que les personnes ici présentes, qui sont d’ailleurs un petit nombre parmi celles que représentent tous les centres catholiques du Valais, vous remercient infiniment de les avoir aidées à garder la foi, d’avoir été le prêtre, le prêtre catholique qui maintient l’éducation chrétienne des enfants ; qui maintient la sanctification des familles ; qui maintient le Saint Sacrifice de la messe de toujours. Quelles grâces pour les fidèles du Valais. Et si nous pouvons dire qu’Écône est entouré également de ces chers fidèles, eh bien, nous vous le devons, cher M. le Curé.
Et si cette fidélité à Écône, malgré les épreuves que nous avons subies nous aussi, au cours de ces quinze dernières années, c’est toujours manifesté d’une manière permanente, sans faille, c’est bien à vous que nous le devons aussi, parce que, au milieu de ces épreuves, vous avez toujours été présent. Jamais vous n’avez changé ; jamais vous n’avez hésité. Vous êtes resté comme un roc, fidèle à Écône et fidèle à la foi, fidèle à l’Église. C’est cela que nous voulons être, c’est cela que nous devons être.
Alors de tout cela nous remercions le Bon Dieu et nous vous en remercions, cher M. le Curé, vous souhaitant à l’occasion de ces vingt-cinq ans de sacerdoce, de longues années encore de ministère, pour continuer à maintenir et à développer la vraie foi, la foi catholique dans ce pays qui a été la source de tant et tant de vocations, de vocations dans le diocèse, de vocations en dehors du diocèse, tant de missionnaires, tant de religieux et de religieuses sont sortis de ces familles valaisannes. Quelle est la famille qui ne comptait pas parmi ses membres ou ses proches, des religieux, des religieuses, des prêtres. Alors par votre action, par votre zèle, vous refaites et vous maintenez ce qui peut être encore maintenu dans les familles chrétiennes. Et de là viennent aussi les vocations 728
Cette année nous allons avoir la joie d’ordonner cinq nouveaux prêtres suisses. C’est là vraiment une grande grâce. Et c’est bien à votre exemple et à votre prière que nous devons ces vocations, cher M. le Curé.
Que le Bon Dieu vous bénisse, que le Bon Dieu continue à vous donner une forte santé et vous donne toutes les grâces dont vous avez besoin, pour continuer votre magnifique apostolat pour la gloire du Bon Dieu et pour le salut des âmes.
Mes bien chers frères, je ne voudrais pas prolonger trop longtemps cette prédication puisque nous avons une cérémonie assez longue aujourd’hui avec la procession du Saint Sacrement qui va suivre cette messe, mais remercions le Bon Dieu, mes bien chers frères, que cette fête du sacerdoce ait lieu précisément le jour de la Fête-Dieu, jour de l’Eucharistie, jour de la messe en définitive, puisque l’Eucharistie, c’est le fruit merveilleux, miraculeux de la Sainte Messe, du Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est donc aussi la fête du sacerdoce et la fête de l’Eucharistie.
Remercions le Bon Dieu et comprenons, gardons cette conviction que sans le sacerdoce il n’y a plus de vie chrétienne. Sans le sacerdoce il n’y a plus de familles chrétiennes, sans le sacerdoce il n’y a pas de Cité chrétienne. Tout est attaché au prêtre. Le Bon Dieu l’a voulu ainsi. Notre Seigneur l’a voulu : Faites ceci en mémoire de moi. Il l’a dit à ses prêtres : Faites ceci en mémoire de moi. C’est à eux qu’Il a confié le Sacrifice de la messe. C’est à eux qu’il a confié l’Eucharistie. C’est à eux qu’il a confié l’enseignement de la doctrine chrétienne ; qu’il a confié la sanctification des âmes et la conduite des âmes. Voilà le prêtre. Quel don extraordinaire : un saint Prêtre, c’est un don merveilleux.
Je suis bien sûr que vous priez, mes bien chers frères, de tout votre cœur, de toute votre âme pour que le Bon Dieu multiplie les saints Prêtres. Des saints Prêtres à l’image du cher M. le Curé de Riddes, tout entiers dévoués, zélés, pour le bien des âmes, pour le bien des familles, pour le bien de la Cité.
Le prêtre est à l’origine de toute la civilisation chrétienne, avec le Saint Sacrifice de la messe, par le Saint Sacrifice de la messe, par Notre Seigneur Jésus-Christ, pour le règne de Notre Seigneur JésusChrist.
Nous allons chanter tout à l’heure, les louanges à Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Nous ne pouvons pas faire mieux ; que Jésus règne sur nous ; qu’il règne en nous, dans nos âmes ; qu’il règne dans nos familles ; qu’il règne dans nos villages ; qu’il règne dans notre Valais. Que ce Valais redevienne un Valais catholique, honorant Notre Seigneur Jésus-Christ, respectant les lois de Notre Seigneur Jésus-Christ ; ne mettant rien au-dessus de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Saint Benoît donnait comme devise à ses moins : Christo omninum nihi preponant : Que les moines ne placent rien au-dessus de Notre Seigneur Jésus-Christ ; que Notre Seigneur soit vraiment le premier servi, le premier honoré, le premier aimé.
Eh bien, que ce soit là aussi ici aujourd’hui, à l’occasion et de la fête du sacerdoce de M. le Curé et de la fête de la Sainte Eucharistie, notre devise : Ne rien mettre au-dessus de Notre Seigneur JésusChrist. Que Jésus règne en nous, dans nos foyers, dans nos cités, par l’intermédiaire et l’inter-cession de la très Sainte Vierge Marie.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.