Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Cette fête de la Pentecôte nous rappelle l’anniversaire de la fondation de l’Église. Quel anniversaire ! Quelle date mémorable !
Tout ce qui avait précédé la fête de la Pentecôte dans l’histoire religieuse de l’humanité préparait cette journée extraordinaire de la descente du Saint-Esprit sur ceux qui désormais devaient prêcher l’Évangile, la bonne nouvelle. La bonne nouvelle de la venue de Dieu sur terre, de sa mort sur la Croix, de sa Résurrection, de son Ascension.
Et effet, en ce jour, entourant la Vierge Marie qui, elle n’avait pas besoin de la Pentecôte, elle était déjà remplie du Saint-Esprit, et c’est même par elle que la grâce du Saint-Esprit va être donnée à ceux qui l’entourent. Il n’y avait pas seulement les apôtres, il y avait aussi les disciples puisque les Actes des Apôtres disent qu’ils étaient environ cent vingt.
Ainsi, par la Vierge Marie, l’Esprit Saint est descendu sur tous ceux qui étaient présents dans le Cénacle et ils ont été transformés. Alors que peu de temps avant son Ascension, Notre Seigneur reprochait encore aux apôtres d’être des incrédules et sur le lieu même de l’Ascension, les apôtres demandent encore à Notre Seigneur : Mais quand restituerez-vous le royaume d’Israël ? Ses apôtres étaient encore aveuglés. Ils croyaient encore à la restitution du royaume temporel d’Israël. Ils n’avaient pas compris que le Royaume de Notre Seigneur Jésus-Christ était un royaume universel, éternel, spirituel ; temporel certes, mais par l’Esprit Saint.
Et voici que par la descente du Saint-Esprit, leurs yeux s’ouvrent. Ils prennent contact avec Dieu, d’une manière mystérieuse, mais d’une manière profonde, d’une manière réelle.
Et je pense que pour essayer de connaître mieux la psychologie de ceux qui étaient dans le Cénacle et qui se sont trouvés ainsi transformés par la descente du Saint-Esprit en eux, on ne peut mieux faire que d’examiner et de penser aux fruits du Saint-Esprit. On juge l’arbre à ses fruits. On peut juger de l’Esprit Saint qu’ont reçu les disciples et les apôtres par les fruits du Saint-Esprit.
Et quels sont les fruits du Saint-Esprit ?
Eh bien, saint Paul nous les énumère. Ils sont au nombre de douze, douze fruits du Saint-Esprit. On peut les regrouper en quelque sorte en trois groupes.
Le premier, c’est la charité, la joie, la paix. Charité, joie, paix, c’est déjà le Ciel. Qu’y aura-t-il d’autre au Ciel ? La charité, la charité qui nous unira à Dieu pour l’éternité. La charité qui produira dans nos cœurs, une joie ineffable et qui produira également une paix qui ne finira pas.
Ainsi les fruits que les disciples ont éprouvés au moment de la descente du Saint-Esprit, sont déjà une participation à l’éternité. Ils se sont trouvés en quelque sorte surélevés par la grâce du Saint-Esprit, par cette grâce surnaturelle, à une connaissance de Dieu, à un contact avec Dieu, extraordinaire, qu’ils n’avaient jamais éprouvé jusqu’alors.
Ils se rendirent compte que Dieu était tout ; qu’ils avaient tout reçu de Dieu et que toute leur vie devait être orientée vers Dieu. Pour eux, ce contact avec Dieu, eut l’effet d’une donation définitive. Ils étaient définitivement acquis à Dieu, à l’éternité, à la Trinité Sainte, par la présence du Saint-Esprit en eux. Désormais plus rien, ne pouvait les détacher de Dieu – rien. Et ce sera précisément l’expression des autres fruits du Saint-Esprit, car ils ne sont pas encore au Ciel. Si déjà ils ont une impression d’avoir approché Dieu d’une manière mystérieuse, d’une manière profonde, d’une manière extraordinaire, ils sont encore sur la terre.
Et alors quels seront les fruits du Saint-Esprit dans cette vie terrestre ? Dans ces contacts avec les événements quotidiens, avec les difficultés, les épreuves, les doutes, les hésitations, les angoisses ? Eh bien, saint Paul énumère alors : patience, bénignité, bonté, longanimité. Voilà les fruits qui seront ceux, en définitive de l’espérance, voyez-vous. Les yeux fixés sur le Ciel, les yeux fixés désormais sur Dieu, sur le bonheur éternel qu’ils attendent à présent avec un espoir profond.
In te. Domine, speravi, non confundar in æternum (Ps 70,1).
En vous, mon Dieu, j’ai placé mon espoir, et nous ne serons pas confondus. C’est bien ce qu’ils devaient se dire. Et alors, désormais, toutes les choses de la terre, leur apparaissaient sous un autre jour. Ils n’y étaient plus attachés. Et alors dans les difficultés, dans les souffrances, dans les angoisses, c’étaient ces dispositions de patience, de douceur, de longanimité.
Et n’est-ce pas ce que l’on rencontre chez les vrais chrétiens, chez les vrais catholiques ? Ce visage de douceur, de bonté, de patience, de longanimité, dans les épreuves, dans les difficultés, dans les soucis quotidiens.
Et puis, ils n’étaient pas nécessairement devenus des saints. Des tentations les guettaient encore. Tentation de l’orgueil humain, l’orgueil de l’intelligence, l’orgueil de la raison, qui se révolte contre la foi, contre cet aveuglement de la foi, contre cette obéissance que représente la foi.
Obéir à la Révélation qui nous est donnée par Dieu. Notre esprit, notre intelligence doit se soumettre. Nous ne comprenons pas les mystères que le Bon Dieu nous révèle, mais nous devons cependant accepter, adhérer à ces mystères de toute notre âme, de tout notre cœur. C’est une épreuve très dure pour notre intelligence, pour notre raison, une épreuve d’humilité.
Et puis il y a l’orgueil de la chair. Cette chair qui veut toujours se révolter contre l’esprit, qui veut satisfaire ses désirs, ses désirs désordonnés, sa volupté, son intempérance. Alors quels seront les fruits de l’Esprit Saint ? Devant cet orgueil, devant cette révolte qui couve toujours dans nos âmes, qui couve toujours en nous ; eh bien ce seront justement la foi, la modestie.
Je dirai – voyez – que la foi et la modestie s’unissent parfaitement. Modestie dans la raison, humilité de notre raison devant la foi. Modestie, modestie de nos intelligences ; nous sommes de petites intelligences ; nous sommes au bas de l’échelle des esprits.
Et si les anges sont soumis à l’intelligence de Dieu et à la Vérité que Dieu leur enseigne, comment nous, pauvres humains que nous sommes, nous ne serions pas soumis, nous ne serions pas modestes devant Dieu qui nous révèle ses grandes vérités, ses grands mystères : mystère de la Trinité, mystère de l’Incarnation, de la Rédemption. Mystères d’ailleurs dans la nature, mystère de la Création. Nous sommes entourés de mystères.
Eh bien, l’esprit doit se soumettre à la volonté de Dieu, à la Vérité de Dieu. Voilà le fruit du SaintEsprit en nous : la foi, la modestie.
Et puis la continence et la chasteté ; continence et chasteté fruits du Saint-Esprit, pour modérer ces désirs désordonnés de la chair qui veut se révolter contre l’esprit.
Voyez comme saint Paul décrivant les fruits de l’Esprit, nous donne une image admirable de ce que sont devenus en quelques instants ces disciples de Notre Seigneur, ces apôtres.
Ils sont devenus par l’effet de la descente du Saint-Esprit en eux, remplis des fruits du Saint-Esprit. Et alors, le résultat pour eux ce fut : parler. Et cœperunt loqui (Ac 2,4) : Ils ont commencé à parler. Et parler de qui, de quoi ? Mais leur cœur était rempli de Dieu. Ils avaient en quelque sorte touché Dieu. Ils avaient presque fait une expérience divine, de la connaissance de Dieu. Cette science de la charité dont parle saint Paul :
Scientiæ claritatis Christi ; ad illuminationem scientiæ, claritatis Dei (2 Co 4,6). Cette expérience les avait soulevés. Tout le reste disparaissait – encore une fois – pour eux, devant Dieu. Ils ont prêché Dieu, ils ont parlé de Dieu ; ils ont chanté Dieu : cantantes, laudantes. Ils n’ont pas pu faire autrement que de chanter la gloire du Bon Dieu et les grandeurs de Dieu et de prêcher Notre Seigneur JésusChrist, de prêcher l’Évangile.
Voilà ce que nous enseigne l’Évangile. Voilà ce que fut la Pentecôte. Et ce furent nos pères dans la foi et ce sont eux qui nous ont enseigné de recevoir aussi l’Esprit Saint. Ce sont eux qui ont été chargés de nous communiquer l’Esprit Saint, particulièrement par la grâce du baptême.
Nous n’avons pas suffisamment confiance – je dirai – je pense dans la grâce de notre baptême. Notre baptême a été notre Pentecôte. Ce n’est pas autre chose. Souvenez-vous, dans les Actes des Apôtres, il est bien dit que les disciples de Notre Seigneur étaient baptisés du baptême de l’Esprit.
Baptême de l’eau, mais baptême de l’Esprit qui était plus que le baptême de l’eau, il était aussi le baptême de l’Esprit. Et l’Esprit Saint, souvent, à l’occasion, des baptêmes qui étaient donnés par les apôtres, descendait visiblement sur ceux qui avaient reçu le baptême, manifestant ainsi la présence du Saint-Esprit, descendant dans ces cœurs, ces cœurs préparés pour Le recevoir.
Eh bien, nous aussi, nous avons été associés en quelque sorte, à ceux qui se sont trouvés dans le Cénacle, par notre baptême, par la confirmation, confirmation qui n’est que le complément de l’effusion du Saint-Esprit que nous avons reçu au baptême.
Alors, nous avons vraiment reçu l’Esprit Saint. Est-ce que nous en avons reçu les fruits ? Examinonsnous. Est-ce que nous avons conscience d’avoir reçu les fruits du Saint-Esprit ? Est-ce que nous avons conscience vraiment d’être près de Dieu, d’avoir Dieu en nous, de connaître Dieu, de mesurer la charité de Dieu ? Rappelons-nous la magnifique Épître de saint Paul que nous lisons si souvent à l’occasion de la fête du Sacré-Cœur. L’Épître aux Éphésiens, dans laquelle saint Paul décrit la hauteur, la profondeur, l’immensité de la charité de Dieu. Est-ce que nous avons conscience de cette charité de Dieu envers nous ? Est-ce que nous vivons vraiment près de Dieu ?
Et par conséquent, est-ce que nous partageons la paix et la joie de Dieu, dès ici-bas, par la présence du Saint-Esprit en nous, par l’effusion du Saint-Esprit en nous ?
Est-ce que nous participons aussi à tous ces fruits qui nous sont donnés pour marcher vers notre éternité, au milieu de toutes les difficultés de ce monde, au milieu de toutes les tentations de ce monde corrompu, de tous les obstacles qui se présentent à notre vie chrétienne, à tous les attraits du péché ? Est-ce que nous vivons vraiment de ces fruits du Saint-Esprit qui sont la patience, la bonté, la douceur, la magnanimité, la longanimité ? Combien est-il bon de se rappeler ces choses. Tous les jours, peut-être, nous avons à exercer ces vertus. Ou alors nous nous révoltons devant les événements qui nous entourent. Nous nous opposons à la volonté du Bon Dieu.
Nous souffrons, comme nous souffrons aujourd’hui dans l’Église et par l’Église. Est-ce que nous sommes dans ces dispositions de patience, de douceur, de mansuétude, vis-à-vis des épreuves que le Bon Dieu permet que nous ayons, même par nos frères.
Et puis, est-ce que nous réalisons vraiment dans notre vie, cette humilité de l’intelligence : Redigentes omnem intellectum in obsequium Christi (2 Co 10,5). Voilà la devise que nous donne saint Paul : Ramener tous les esprits à l’obéissance à Notre Seigneur Jésus-Christ : In obsequium Christi.
Ces intelligences qui voudraient se révolter ; cette Raison qui s’est fait adorer au moment de la Révolution française, adorer la raison humaine, contre la volonté de Dieu, contre la foi qui demande à cette raison de se plier et d’obéir et d’accepter la Révélation et toutes ses conséquences et les commandements de Dieu. L’homme se dresse dans son orgueil et il adore sa raison.
Est-ce que nous, nous faisons aussi tout ce que nous pouvons pour que les fruits du Saint-Esprit nous aident à modérer les désirs de notre chair, qui elle aussi veut se révolter, qui elle aussi voudrait bien ne pas obéir aux commandements de Dieu ; est-ce que vraiment les dons du Saint-Esprit agissent en nous pour vivre de la vertu de la tempérance ?
Demandons aujourd’hui spécialement tous ces fruits à l’Esprit Saint, afin que nous vivions vraiment en catholiques, en catholiques.
Est-ce qu’il y a eu une autre Pentecôte, dans une autre religion ? Je vous le demande !
Est-ce que l’on a jamais entendu dire que l’Esprit Saint était descendu dans une autre religion que la religion catholique ? Non ! Parce qu’il n’y a pas d’autres religions. Il n’y a qu’une religion : celle de Dieu. Il n’y a pas deux religions, il n’y en a qu’une. Celle que Dieu a fondée ; celle que Dieu nous demande d’avoir : la sienne, la religion de Dieu, la religion divine.
Mais cette religion divine, c’est la religion de la Pentecôte. C’est celle de l’Esprit Saint ; c’est celle de l’Esprit qui nous est donné par le baptême et par les sacrements et qui rénove complètement nos âmes, qui ressuscite nos âmes et les met en contact avec Lui pour l’éternité. Il n’y a pas d’autre religion. C’est pourquoi devant cet esprit que nous constatons depuis le concile Vatican II, nous sommes obligé de nous poser la question. Est-ce que cet esprit (nouveau) est vraiment conforme à l’Esprit de la Pentecôte ? Est-ce que les fruits du Saint-Esprit se reconnaissent dans cet esprit qui est issu de Vatican II ?
Eh bien je pense que malheureusement nous sommes obligé de constater que non. L’esprit de Dieu n’est pas là. Il n’y a pas de nouvelle Pentecôte. On voudrait nous faire croire qu’il y a une nouvelle Pentecôte, qu’il y a une deuxième naissance de l’Église.
Il y a eu la naissance de l’Église à la Pentecôte, au temps des apôtres et puis il y aurait maintenant avec Vatican II une deuxième naissance de l’Église, une nouvelle Pentecôte.
Il n’y a pas deux Pentecôtes. Il n’y a qu’une Pentecôte, à laquelle nous devons être fidèles, jusqu’à la fin des temps, à laquelle devront être unis tous ceux qui seront baptisés, tous ceux qui recevront les sacrements, tous ceux qui seront confirmés, tous ceux qui recevront les grâces de Notre Seigneur Jésus-Christ, seront unis à cet Esprit qui est descendu à la Pentecôte sur les apôtres. C’est le même Esprit, la même fidélité, avec les mêmes fruits du Saint-Esprit.
Et c’est pourquoi je dirai que l’on peut faire le discernement des esprits par les fruits du SaintEsprit. Dans la mesure où l’on constate les fruits du Saint-Esprit dans une famille, dans une société, dans une personne, on peut dire cette personne est vraiment le fruit de la Pentecôte, du Saint-Esprit et elle a vraiment le Saint-Esprit en elle, tel que les apôtres L’ont reçu.
Si au contraire, nous ne trouvons pas ces fruits du Saint-Esprit, mais le contraire des fruits du Saint-Esprit, alors nous ne pouvons pas croire qu’il s’agisse vraiment du même esprit, de l’Esprit de la Pentecôte.
Regardez, jetez un tout petit regard sur les derniers fruits du Saint-Esprit. Je vous ai dit que les derniers fruits du Saint-Esprit, tels qu’ils sont donnés par saint Paul – ce n’est pas moi qui les enseigne, c’est saint Paul lui-même – : la foi : fides, modestia, continentia, castitas : la foi, la modestie, la continence, la chasteté.
Dites-moi si depuis le concile Vatican II, ces fruits du Saint-Esprit sont plus abondants dans l’Église qu’auparavant ?
La foi. Nous constatons nous-mêmes que la foi disparaît.
La modestie. Nous constatons au contraire l’orgueil des hommes plus fort que jamais ; l’intelligence des hommes qui se dresse plus que jamais contre Dieu, avec ces « Droits de l’homme », cette révolte de l’homme contre la loi de Dieu. Dites-moi si la continence, si la chasteté est mieux appliquée, est mieux étendue depuis le concile Vatican II et vous aurez répondu par vous-mêmes .
Ceci est très grave et très important.
Nous voulons garder l’Esprit de Dieu. Nous voulons garder l’Esprit de la Pentecôte. Nous ne voulons pas trahir l’Esprit de la Pentecôte que les saints Apôtres ont reçu. Nous voulons le garder tel que nous l’avons reçu au baptême…
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.