Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
L’Évangile de ce samedi, à la veille du premier dimanche de la Passion, me semble tout à fait convenir à la cérémonie d’aujourd’hui, cérémonie d’ordination d’Exorcistes, d’Acolytes et de Sous-Diacres.
En effet. Notre Seigneur affirme dans cet Évangile qu’Il est la Lumière du monde : Ego sum lux mundi. Et celui qui me suit, dit Notre Seigneur, ne marchera pas dans les ténèbres.
Saint Jean, dont l’Évangile est illuminé de cette pensée que Dieu est Lumière et qu’en Lui il n’y a pas de ténèbres, dit dans une de ses Épîtres : Et tenebræ in eo non sunt ullæ (1 Jn 1,5) : Il n’y a pas de ténèbres en Dieu.
Eh bien n’est-ce pas pour l’Exorciste et pour l’Acolyte, le rôle principal, de chasser les ténèbres pour faire place à la lumière, la Lumière de Dieu, la Lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Celui qui illumine tout homme venant en ce monde. L’Exorciste en effet, a pour but et fonction de faire ces exorcismes pour chasser les démons, chasser précisément ces ténèbres, ces ténèbres qui n’ont pas reçu la Lumière : et tenebræ eam non comprehenderunt (Jn 1,5). Les ténèbres n’ont pas voulu recevoir la lumière, n’ont pas voulu se dissiper pour faire place à la lumière, dit saint Jean dans le prologue de son Évangile.
Alors ce sera le rôle de l’Exorciste de faire place à la lumière de Notre Seigneur, à illuminer ces âmes qui étaient sous la domination des ténèbres, leur rendre la lumière.
L’Acolyte, lui, porte la lumière. Tout à l’heure, mes chers amis, vous qui allez être ordonnés Acolytes, vous allez précisément toucher le chandelier avec le cierge, manifestant ainsi votre fonction particulière de montrer la lumière au monde. Et puis vous vous approcherez de la Lumière éternelle, du Verbe de Dieu, en vous approchant de l’autel. Plus que le Portier, le Lecteur, l’Exorciste, vous approcherez de l’autel.
Vous serez déjà – d’une certaine façon – illuminé d’une manière particulière, par Notre Seigneur, en vous approchant de Lui, en vous approchant de l’autel de son Sacrifice. Vous portez à l’autel la matière du Sacrifice et du sacrement, quel honneur ! Vous êtes vraiment ces serviteurs du Sacrifice de la messe, ces servants de l’autel. Alors vous devez rayonner cette lumière ; vous devez en montrer l’exemple – comme les Exorcistes d’ailleurs – c’est ce que toutes les prières de ces magnifiques ordinations vont vous dire dans quelques instants.
Vous devez être la lumière du monde, rayonner Notre Seigneur Jésus-Christ dont vous êtes les disciples. Et vous en êtes les disciples d’une manière toute particulière, puisque vous vous destinez au sacerdoce.
Si je ne me trompe, vous êtes en troisième année de séminaire, deuxième année de philosophie, efforcez-vous au cours de vos études, de voir à travers vos études, la lumière de Dieu. Quel privilège, mes chers amis, quelle grâce pour vous, de vous pencher sur ces livres qui vous communiquent la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ. Car il faut étudier et méditer les vérités de la philosophie, sous la lumière de la foi. En effet, voyez-vous des vérités, même naturelles, ont été l’objet de notre foi et sont l’objet de notre foi. Les premières paroles du Credo sont bien des paroles qui affirment des vérités de la philosophie et donc de la raison naturelle : « Je crois en Dieu, Créateur du Ciel et de la terre, de toutes choses, visibles et invisibles ». C’est cela votre philosophie. Elle se résume en cela en définitive. C’est toute votre théodicée. Toute cette connaissance du Créateur, de Celui qui est par Lui-même, alors que nous, nous ne sommes que par Lui, de cet Être, de cet ens, esse, alors que nous sommes des ens ab alio.
C’est là tout un sujet de méditation qui devra vous poursuivre pendant toute votre vie ; que vous devrez manifester extérieurement et manifester dans vos prédications. Le tout de Dieu, le rien de la créature, de l’homme. C’est cela la philosophie. Cette lumière, c’est la lumière du Verbe de Dieu qui vous éclaire au cours de vos études.
Alors, remerciez, remerciez le Bon Dieu qui vous fait faire ces études sous l’égide de saint Thomas d’Aquin, sous l’égide de ce grand docteur qui a été donné comme modèle de science et de sagesse à tous ceux qui font des études ecclésiastiques. Quand on sait ce que sont aujourd’hui les études dans les séminaires et même dans les universités catholiques ! Pourquoi, vous, avez-vous été choisis spécialement pour venir dans ce séminaire ? Pourquoi vous, chers amis, membres des sociétés religieuses qui sont ici avez-vous été choisis pour aller au Barroux ou pour être membre de la communauté de Dom Eugène, de M. l’abbé Lecareux, de la communauté dominicaine ? Comment se fait-il que vous, particulièrement, vous avez été choisi pour recevoir la lumière de la Vérité ? Cette Lumière qui a resplendi dans l’Église pendant des siècles et des siècles, qui a été transmise de génération en génération, par d’éminents professeurs, par des saints comme saint Thomas d’Aquin ? Alors qu’aujourd’hui, dans tous les séminaires du monde, on abandonne ces maîtres, ces maîtres de sagesse et de science, on abandonne la doctrine de l’Église, on abandonne la Lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors, profitez de ces années, approfondissez vos études, les années passent vite et quand vous serez dans le ministère, quand vous serez plus tard, dans vos occupations pastorales, vous regretterez le temps de votre séminaire, où vous avez pu approfondir les vérités de la raison et de la foi, alors que pendant vos années de ministère, il ne vous sera presque plus possible de vous pencher sur ces livres qui vous donnent la lumière. Profitez de ces années (d’études).
Quant à vous, chers Sous-Diacres, vous qui allez être ordonnés dans quelques instants, avec la grâce du Bon Dieu, Sous-Diacre, vous aussi vous participez et vous participerez encore davantage à la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ, spécialement en pratiquant le célibat, à la suite de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est comme un rayonnement de la grandeur, de la sublimité de Notre Seigneur qui rayonne sur vous, par cet attachement total de votre être à Notre Seigneur Jésus-Christ, sans partage, voulant être à Lui totalement, sans limite. Eh bien, vous manifestez précisément la grandeur, la toute-puissance, la vertu de Notre Seigneur Jésus-Christ, la sainteté, la sainteté de l’Église.
Plus que jamais aujourd’hui, les fidèles, les vrais fidèles ont besoin de cette lumière, au moment où précisément le célibat est battu en brèche par des exemples lamentables dans le monde entier, par des prêtres, par un certain laxisme de Rome, accordant à des milliers et des milliers de prêtres, de ne plus garder le célibat. Et cette vertu est méprisée dans le monde. Ce sont des conférences épiscopales entières, qui demandent l’abandon du célibat. On se promet de faire des synodes qu’on appellera même des conciles, comme le concile africain futur, qui a certainement dans son intention de demander l’abolition du célibat pour l’Afrique.
Ce sont les ténèbres qui envahissent l’Église. Alors vous devez être la lumière ; vous devez propager cette lumière fermement, courageusement, sans hésitation, malgré les critiques, malgré tous les quolibets, malgré toutes les difficultés que cela représente pour vous. Portez votre habit religieux, portez votre soutane ; manifestez devant le monde que vous êtes prêtre, que vous êtes religieux, que vous êtes donné au Bon Dieu totalement, que vous pratiquez la virginité, que vous professez le célibat. Quel bel exemple. Combien l’Église a besoin de cela. L’Église ne serait plus l’Église, s’il n’y avait plus des prêtres célibataires et s’il n’y avait plus de religieux et de religieuses (fidèles au célibat, à la virginité). C’est cela qui caractérise l’Église ; c’est cela qui est vraiment la note de sainteté de l’Église et qui convertit les âmes.
S’il est un exemple qui manifeste la sainteté de l’Église, c’est bien celui-là. Et les personnes qui sont dans le mariage ont besoin de cet exemple, pour demeurer elles aussi, dans la loi de Dieu dans le mariage, voyant l’exemple de sacrifices et de chasteté dans l’Église, cela les encourage elles aussi à garder la loi du Bon Dieu dans le mariage.
Mais si les prêtres abandonnent le célibat, s’ils abandonnent cet attachement total à Notre Seigneur Jésus-Christ, alors qu’en sera-t-il des mariages chrétiens ? Soyez donc cet exemple, mes chers amis, attachez-vous à cette vertu toute spéciale que le Bon Dieu demande de vous.
Et soyez stable et ferme, dans votre résolution, car par le sous-diaconat, vous vous engagez définitivement. C’est une grande promesse que vous faites aujourd’hui. Tant que vous n’étiez pas SousDiacres vous n’étiez pas engagés définitivement, quand vous êtes Sous-Diacres, vous l’êtes devant Dieu, devant l’Église, devant la chrétienté.
Normalement, avant le sous-diaconat, les religieux doivent avoir fait leur profession perpétuelle – et normalement dans une société comme la Fraternité, les membres de la Fraternité devraient avoir fait également leur engagement définitif. Mais les circonstances sont telles aujourd’hui, qu’il nous a paru – au moins pour la Fraternité – plus prudent de ne pas exiger cet engagement définitif avant le sous-diaconat.
Mais, en esprit, mes chers amis, faites cet engagement définitif, que votre cœur se donne tout entier au Bon Dieu, qu’il n’y ait pas de limites de temps.
Plus le monde est ébranlé dans sa foi en Notre Seigneur Jésus-Christ ; plus le monde a peine à suivre Notre Seigneur, plus vous devez manifester votre résolution de vous attacher à Lui, de Le manifester partout.
Et vous aussi, vous avez la grande joie et le privilège de faire vos études, vous mes chers amis, qui êtes religieux, dans vos sociétés religieuses – et vous qui êtes ici à Écône dans la Fraternité et qui êtes en théologie, vous commencez à découvrir les grands mystères de Notre Seigneur. Ce que la foi nous apprend de la très Sainte Trinité, l’Incarnation, la Rédemption, le salut des âmes par l’institution de l’Église, par l’institution du Saint Sacrifice de la messe, par l’institution des sacrements, par la grâce du Bon Dieu, par cette incorporation au Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Que de grandes choses, que de belles choses qui seront votre vie, votre vie de tous les jours, que vous aurez à apprendre à des enfants, aux fidèles : cette grandeur, cette magnificence de la miséricorde du Bon Dieu, de la bonté de Dieu pour nous.
Alors, là aussi, ne perdez pas votre temps, pendant ces quelques années. Trois années de théologie qu’est-ce que cela. Vous-mêmes, vous vous rendez compte, comme les années passent vite. Vous vous souvenez encore de votre entrée au séminaire et vous voilà déjà en quatrième année, en cinquième année… le temps passe.
Et bientôt vous aurez des fonctions apostoliques. Alors demandez à Notre Seigneur de vous éclairer ; demandez-Lui de vous donner cette science et cette sagesse dont vous avez besoin pour être de vrais prêtres, car s’il est quelque chose dont l’Église a besoin aujourd’hui ce sont de vrais prêtres, des saint Prêtres, des prêtres illuminés de la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ et des religieux et des religieuses qui manifestent Notre Seigneur Jésus-Christ, dans leur exemple, dans leur attitude, dans leur extérieur.
Demandez à la très Sainte Vierge Marie, d’être votre lumière aussi, de vous communiquer la lumière qu’elle a reçue, elle qui est remplie de sagesse et de science de Notre Seigneur.
Dans le petit souvenir que m’avait remis autrefois Dom Gérard et dont il m’a remis encore un exemplaire ce matin, mais un peu différent, de son monastère Sainte-Madeleine, le premier représentait saint Benoît et comme devise il était marqué : Pax in lumine. Quelle belle devise ! Il me semble que c’est la devise de la Vierge Marie : Pax in lumine. Elle est dans la paix, parce qu’elle est tout entière illuminée du rayonnement de Dieu, du rayonnement de son divin Fils.
Et il me semble que l’image qui représente le mieux cette devise de saint Benoît – Pax in lumine – pour la très Sainte Vierge Marie, c’est celle qu’elle s’est peinte elle-même. Je pense que l’on ne peut pas avoir d’image qui représente le mieux la très Sainte Vierge Marie que celle de Notre-Dame de Guadalupe. Car Notre-Dame-de-Guadalupe a été réalisée miraculeusement par la Vierge elle-même, sur l’habit de ce brave paysan.
Et si on la regarde en effet, elle est remplie de cette lumière, remplie de cette paix, alors que ce soit aussi pour vous, mes chers amis, votre devise : Pax, la tranquillité de l’ordre fondé sur l’ordre divin, sur l’ordre perpétuel, sur l’ordre éternel qui ne bouge pas, qui ne change pas.
Par conséquent que vous soyez fermes dans cet ordre qui est immuable, qui est éternel, afin de vivre dans la paix et de rayonner cette lumière et cette paix.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.