Mgr Fellay le 27 janvier à St-​Nicolas – L’union du prêtre au Christ, Prêtre et Victime

L’union du prêtre au Christ, Prêtre et Victime

Sermon de Mgr Bernard Fellay pour l’ordination sacer­do­tale de l’abbé Bertrand Lundi, le 27 jan­vier 2013, à Saint-​Nicolas du Chardonnet 

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Vidéo de l’ex­trait du ser­mon : « pour gar­der cette foi catho­lique, nous sommes prêts à tout perdre »

Cher Monsieur l’ab­bé, chers Messieurs les abbés, chère famille Lundi, bien chers fidèles,

La divine Providence nous per­met, en ce dimanche de la Septuagésime, d’or­don­ner un prêtre, et l’Eglise donne des conseils, des avis aux futurs prêtres. Elle consi­dère que c’est une affaire très sérieuse, très grave que d’or­don­ner un prêtre. On peut tout résu­mer en deux mots, c’est très bref mais je crois que cela dit tout. D’habitude, on le dit au plu­riel pour plu­sieurs prêtres : « Agnoscite quod agi­tis, imi­ta­mi­ni quod trac­ta­tis ; Reconnaissez, sachez ce que vous faites, imi­tez ce que vous faites ».

Qu’est-ce que le prêtre ?

Tout d’a­bord : sachez, ayez cette connais­sance, recon­nais­sez ce que vous faites.

Lorsque le monde et, même aujourd’­hui, hélas !, beau­coup de catho­liques voient un prêtre, quelle idée s’en font-​ils ? Qu’est-​ce que le prêtre ? Presque tou­jours ils en res­tent à une défi­ni­tion, à une des­crip­tion extrê­me­ment super­fi­cielle : c’est un homme d’Eglise, c’est mon­sieur le curé, c’est lui qui pré­side aux céré­mo­nies reli­gieuses… Il s’oc­cupe des âmes…, et lors­qu’on parle des âmes, on avance du bon côté !

C’est un des plus grands mal­heurs de notre temps que cette igno­rance de ce qu’est le prêtre, avant même de savoir ce qu’il fait. Le seul moyen de connaître le prêtre dans sa réa­li­té, c’est la foi. La seule connais­sance qu’il faut avoir lors­qu’on s’ap­proche du prêtre, c’est la connais­sance de la foi. La connais­sance humaine, ce que nous rap­portent nos sens ne suf­fit pas. Notre expé­rience humaine nous dit certes quelque chose, mais si on en reste là, j’ose dire que cela risque de nous trom­per. Nous trom­per ? Pourquoi ? Parce qu’on ne ver­ra qu’un homme. Certes, le prêtre reste homme, mais il devient une autre réa­li­té. Il est choi­si par­mi les hommes, c’est vrai, mais il est choi­si – pas de lui-​même, pas par les hommes –, mais par Dieu. C’est Dieu qui le choi­sit – c’est l’Ecriture Sainte, en saint Paul, qui nous le dit (Héb. 5,1). C’est Dieu qui choi­sit ses prêtres. Et Il les choi­sit pour en faire ses ambas­sa­deurs, ambas­sa­deurs de Dieu auprès des hommes, ambas­sa­deurs des hommes auprès de Dieu. Le terme qui nous vient de l’Ecriture Sainte, c’est média­teur. Médiateur entre les hommes et Dieu (cf. Héb. 9,15).

Ce choix se fera par l’Eglise, mais l’Eglise le fait vrai­ment au nom de Dieu. Il y a un appel, vous l’en­ten­drez, au cours de la céré­mo­nie. Le can­di­dat doit répondre, vous l’en­ten­drez aus­si : « Adsum. Je suis prêt, je suis là ». C’est un homme, oui, c’est l’homme de Dieu. Et lors­qu’on dit ambas­sa­deur, on ne dit pas encore assez. Un ambas­sa­deur est un repré­sen­tant. Notre-​Seigneur Jésus-​Christ a vou­lu faire de son prêtre encore bien davan­tage. Il a vou­lu en faire son instrument.

Le mot ins­tru­ment évoque beau­coup de choses pour nous, c’est vrai, et peut-​être qu’on se trompe un peu. Le prêtre est un ins­tru­ment pri­vi­lé­gié, un ins­tru­ment unique, qui conserve sa liber­té, son intel­li­gence, sa volon­té, mais qui, au moment déci­sif, au moment des sacre­ments et de la Messe, est tota­le­ment sai­si par Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, le Prêtre, le sou­ve­rain et unique Prêtre du Nouveau Testament. Et si le prêtre porte ce titre de prêtre, c’est à cause de son union indi­cible avec Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

Cette union a été réa­li­sée dans le sacre­ment par un carac­tère, le carac­tère sacer­do­tal, qui est une réa­li­té, mais pas de l’ordre cor­po­rel. C’est une réa­li­té qui va mar­quer l’âme qui est spi­ri­tuelle. Cette marque est indé­lé­bile, comme les autres carac­tères d’ailleurs. Cette marque le rend réel­le­ment prêtre, le munit de pou­voirs qui dépassent infi­ni­ment toutes les capa­ci­tés, toutes les facul­tés des hommes. Notre Seigneur le fait inti­me­ment par­ti­ci­per, prendre part ; c’est vrai­ment la défi­ni­tion du carac­tère sacer­do­tal : une par­ti­ci­pa­tion à ce qu’on appelle l’Union hypo­sta­tique. L’Union hypo­sta­tique c’est ce qui fait Jésus, c’est-​à-​dire l’u­nion de deux natures, la nature humaine et la nature divine dans la per­sonne du Verbe de Dieu. Lorsque le Verbe de Dieu s’est incar­né, qu’Il s’est fait Homme, Il a assu­mé une nature humaine. C’est cela qui le fait prêtre, parce que c’est cela qui le rend média­teur entre les hommes et Dieu. Et parce qu’Il a les deux natures – Il est Dieu et Il est homme –, Il peut se tenir au milieu, entre les deux. Il a des titres des deux côtés. De plus, étant Dieu, toutes ses actions ont une valeur infi­nie. Et donc il ne peut y avoir de plus excellent prêtre, il n’y en a pas d’autre que Notre Seigneur qui fait le pont entre Dieu et les hommes. Lui qui, de plus, répare, parce que les hommes mal­heu­reu­se­ment, depuis le début de l’his­toire, ont offen­sé Dieu. Il est le seul qui a pu répa­rer pour nous.

Le prêtre est l’instrument du Verbe de Dieu

Le prêtre est donc vrai­ment asso­cié, uni à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, d’une union qui dépasse l’en­ten­de­ment. Nous n’a­vons pas d’exemple, de com­pa­rai­son pos­sible dans l’ordre des créa­tures, pour décrire l’union que Notre Seigneur veut avoir avec son prêtre. Et c’est à tra­vers cette union qu’Il en fait pré­ci­sé­ment son ins­tru­ment, on pour­rait dire : son ins­tru­ment sacer­do­tal. De la même manière que tout l’art, toute la per­son­na­li­té de l’é­cri­vain passe à tra­vers sa plume, puisque ce qui est écrit peut être ana­ly­sé par la gra­pho­lo­gie : on peut connaître à tra­vers ce qui est écrit, quelque chose de la per­sonne qui l’a écrit. Cela veut bien dire qu’il y a quelque chose de la per­sonne qui est pas­sé à tra­vers l’ins­tru­ment, qu’est le crayon. Eh bien, pour le prêtre, il y a quelque chose de la per­sonne du Verbe, donc de Jésus, qui passe à tra­vers cet ins­tru­ment et qui y réa­lise tout et cha­cune des œuvres du prêtre. Le prêtre a la digni­té d’un ins­tru­ment. Il est capable de faire des choses extra­or­di­naires, mais jamais tout seul. Toujours sous la conduite, sous la dépen­dance, et une dépen­dance abso­lue, de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Voilà ce que va faire l’ordination.

Quand on pense que saint Léon, pour la fête de la Nativité, disait : « Chrétiens, recon­nais­sez votre digni­té… » – ce même mot, agnos­cite – « recon­nais­sez votre digni­té de chré­tien, et vivez consé­quem­ment »… Que faut-​il dire au prêtre ? Reconnais ta digni­té, sache qui tu es. C’est un grand mys­tère. Le curé d’Ars disait que si on arri­vait à savoir ce qu’est le prêtre, on en mour­rait, on mour­rait d’a­mour de voir cette gran­deur, cette infi­nie misé­ri­corde du bon Dieu pour les hommes.

Ô prêtre, où allez-​vous trou­ver cette science, où allez-​vous recon­naître ce que vous êtes ? Eh bien, prin­ci­pa­le­ment dans la Messe, si Notre Seigneur vous veut prêtre, c’est d’a­bord et avant tout pour le Sacrifice. Pour renou­ve­ler, per­pé­tuer le Sacrifice du Calvaire. Il vous choi­sit pour réel­le­ment rendre pré­sent – c’est-à-dire re-​présenter – son Sacrifice. Mais le mot repré­sen­ter n’est peut-​être pas encore assez fort. Parce que le sacri­fice n’est pas qu’une image, n’est pas qu’un rap­pel. C’est certes un rap­pel, mais ce n’est pas que cela, c’est beau­coup plus car chaque fois que vous ouvri­rez la bouche, que vous rem­pli­rez cet office d’ins­tru­ment, que vous direz « Ceci est mon Corps », c’est Notre Seigneur Lui-​même qui va vous ravir ces paroles, qui va les faire siennes. Il est là pour les pro­non­cer. Il est là pour faire pas­ser cette puis­sance si énorme qu’elle va réa­li­ser, qu’elle va rendre réelle, ce que ces paroles disent. Et alors, cette hos­tie que vous tenez dans les mains, ce bout de pain, une fois les paroles dites, c’est Jésus, le Verbe de Dieu. Dieu Tout-​Puissant, Créateur, Sauveur, Rédempteur, dans vos mains, par votre bouche : Dieu qui s’in­cline, qui obéit à son prêtre.

Le prêtre doit avoir la foi en son sacerdoce

Il y a une proxi­mi­té entre le prêtre et l’hos­tie à laquelle il vaut bien la peine de réflé­chir. Quand on voit l’hos­tie, ce qu’on voit ce ne sont que des appa­rences, que l’on appelle les espèces : c’est ce qui tombe sous nos sens. On voit une forme, on voit une cou­leur, dans la bouche on le sent, et tout nous indique du pain : ce sont les appa­rences, les espèces, les acci­dents. Mais la réa­li­té, c’est Jésus. Ainsi du prêtre : on voit, on entend un homme, mais la réa­li­té c’est Jésus.

Ce n’est pas tout à fait la même chose parce que dans l’hos­tie, la sub­stance du pain a dis­pa­ru, elle est rem­pla­cée par la sub­stance du Corps du Christ. Tandis que le prêtre reste bel et bien homme. Il reste homme, mais il est por­teur d’une réa­li­té qui n’est acces­sible que par la foi. C’est vrai­ment dans la Messe que vous voyez à quelle hau­teur Dieu vous appelle, et vous élève, au point même que les anges s’effacent.

Il y a cette jolie anec­dote de saint François de Sales, qui voyait son ange gar­dien, qui entre­te­nait une rela­tion vrai­ment très proche avec son ange gar­dien qui le condui­sait par­tout. Le jour de son ordi­na­tion, au sor­tir de l’é­glise, l’ange s’est reti­ré pour lais­ser pas­ser le prêtre. Au-​dessus des anges, voi­là le prêtre ! Reconnaissez ce que vous faites.

Les sacre­ments sont comme une exten­sion de la Messe, mais c’est vrai­ment dans la Messe que vous trou­vez ce que vous êtes. Vous n’êtes plus pour vous-​même. Vous êtes pour Dieu et pour les âmes. Vous êtes pour l’Eglise, mais avant tout vous êtes pour Jésus. C’est votre tout. Et Il vous appelle à un sacri­fice. La Messe est un sacri­fice. On ne le dit peut-​être pas assez. Aujourd’hui, on nous rabâche tant et tant de fois que la Messe est l’as­sem­blée du peuple de Dieu, de la com­mu­nau­té qui fait – c’est une défi­ni­tion héré­tique – mémoire de la Cène. Alors le prêtre devient le pré­sident de cette assem­blée. La messe est un repas, une fête… Dire ain­si que la Messe est un repas, est condam­né par l’Eglise. Condamné ! Voyez com­bien d’erreurs sont répan­dues sur cette réa­li­té. Non, la Messe est un sacri­fice. C’est le Sacrifice de Notre Seigneur au Calvaire. Un sacri­fice iden­tique à ce Sacrifice. Et vous y êtes asso­cié. Votre vie main­te­nant trouve son sens et n’a plus d’autre sens que dans la Messe, que dans ce Sacrifice.

En disant tout cela, vous voyez bien que le prêtre est un homme de foi. C’est un homme qui doit avoir la foi en son sacer­doce. Il doit y croire. Il n’a plus le droit de s’ap­puyer sur lui-​même. Il doit bien sûr don­ner tout ce qu’il a, tout ce qu’il peut, toutes ses facul­tés et tous les dons du bon Dieu, il doit les faire fruc­ti­fier, mais sans jamais comp­ter sur lui-​même. Jamais, parce que tout ce que vous faites pour les âmes ne peut pas res­ter au niveau des hommes. Cela ne ser­vi­rait à rien pour le Ciel. Votre action consiste à don­ner la grâce, la grâce est sur­na­tu­relle. Et cela, vous ne pou­vez en aucune manière le pro­duire par vous-​même. Il n’y a que Dieu qui pro­duise la grâce, parce que la grâce est une par­ti­ci­pa­tion à la vie et à la nature de Dieu.

C’est pour­quoi néces­sai­re­ment, tout votre apos­to­lat doit s’accomplir avec un regard de foi. Au moment où vous l’ou­bliez, vous ne faites plus rien. Vous vous agi­tez, les hommes peuvent vous admi­rer, mais cela ne sert plus à rien parce qu’il manque l’es­sen­tiel qu’on ne voit pas. Aussi est-​il néces­saire d’a­voir d’a­bord cette foi en votre sacer­doce, pour prendre les bons moyens qui sont et res­tent sur­na­tu­rels ; et ensuite pour com­mu­ni­quer cette foi. Si on n’a pas la foi, on ne peut pas plaire à Dieu. C’est impos­sible, nous dit l’Ecriture Sainte (Héb. 11,6). C’est Dieu qui nous le dit lui-​même : impos­sible de plaire au bon Dieu si on n’a pas la foi.

Le combat de la foi

On vit une époque où cette foi est mal­me­née, atta­quée, déchi­que­tée, par­tout, au dehors comme au dedans de l’Eglise. Ce sera l’une de vos fonc­tions, après la Messe, que de don­ner cette foi, de la com­mu­ni­quer aux âmes, afin de les éle­ver au-​dessus des réa­li­tés humaines, de les conduire vers la réa­li­té de Dieu. Et cette foi, il fau­dra aus­si la défendre.

C’est notre his­toire, celle de la Fraternité, celle de notre fon­da­teur. Et cette his­toire, mes bien chers frères, elle conti­nue. Je dirais même que, devant cette réa­li­té sublime, par­ler d’accords ou pas avec Rome, est une baga­telle. Défendre la foi, gar­der la foi, mou­rir dans la foi, voi­là l’es­sen­tiel ! On a l’im­pres­sion que les auto­ri­tés romaines ne nous com­prennent pas, parce qu’elles n’ont pas com­pris que, pour gar­der cette foi catho­lique, nous sommes prêts à tout perdre. Nous ne vou­lons abso­lu­ment pas lâcher la foi. Or mal­heu­reu­se­ment c’est un fait que l’on constate tous les jours, avec le Concile, par le Concile, et dans le Concile, ont été intro­duits des poi­sons qui sont dom­ma­geables à la foi, qui conduisent les âmes dans l’er­reur, qui ne les défendent plus, qui ne les pro­tègent plus dans leur foi. Nous dénon­çons cela, et c’est pour cela qu’on nous condamne. Encore aujourd’­hui, la condi­tion que l’on veut nous impo­ser pour nous recon­naître le titre de catho­lique, c’est d’ac­cep­ter ces choses-​là qui jus­te­ment démo­lissent la foi. Mais nous ne pou­vons pas, c’est tout, c’est simple. En aucun cas, nous ne sommes d’ac­cord pour dimi­nuer ce qui est abso­lu­ment essen­tiel pour aller au Ciel, la foi, avec toutes ses consé­quences. C’est pour­quoi ce com­bat est néces­saire, un com­bat de tous les jours.

Credidimus caritati

Mais il n’y a pas que le com­bat de la foi. Il est l’es­sen­tiel, mais il ne suf­fit pas. Pourquoi ? Parce qu’au­jourd’­hui, nous sommes arri­vés à une époque, on pour­rait dire, de com­bat uni­ver­sel : il y va du salut. Il faut avoir la foi, mais il faut aus­si avoir la cha­ri­té, il faut avoir la grâce et vivre dans l’é­tat de grâce. On peut pécher contre beau­coup d’autres ver­tus que la foi, comme ces pauvres gens qui se trouvent dans un monde deve­nu un abîme de ten­ta­tions. Il n’y a presque rien d’autre que des ten­ta­tions dans ce monde. Et il faut y résis­ter, il faut don­ner à ces gens la force, le cou­rage de résis­ter. Agnosce quod agis, recon­nais ce que tu fais.

La place du prêtre est essen­tielle pour le monde, en toute époque, mais aujourd’­hui encore plus que jamais. On rap­porte que le Padre Pio disait que le monde pou­vait plus faci­le­ment tenir sans soleil que sans prêtre. Le prêtre est beau­coup plus impor­tant même que le soleil. Imitare quod trac­tas, imite ce que tu fais. La foi, il la faut, mais elle ne suf­fit pas.

Un prêtre qui a la foi, c’est impor­tant. Et si vous avez une foi à dépla­cer les mon­tagnes, c’est encore mieux, mais cela ne suf­fit pas. Imitez ce que vous faites. Et là aus­si, c’est encore la Messe qui vous dit que dans ce sublime com­merce avec Dieu où vous négo­ciez le salut des âmes, vous devez payer de votre per­sonne, – je dis bien : payer de votre per­sonne. Le prêtre n’est pas seule­ment prêtre, il a une part dans le sacri­fice : la part de la vic­time, de l’hos­tie. Et à chaque Messe, cela vous est rap­pe­lé dans la com­mu­nion qui pour vous est, d’a­bord et avant tout, la man­du­ca­tion de la Victime, c’est-​à-​dire l’as­so­cia­tion, l’u­nion avec la Victime du Sacrifice, qui est Notre Seigneur. Notre Seigneur qui dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de don­ner sa vie pour ceux que l’on aime » (Jn 15,13). Notre Seigneur vous com­mande d’ai­mer ses bre­bis, de L’aimer Lui d’a­bord, et ensuite toutes ses âmes. Il n’y a pas d’ex­cep­tion. Il n’y a pas de limite. Toutes celles pour qui Il a don­né son Sang. Il est mort pour tous, pour toutes les âmes, et Il vous demande d’embrasser ce souci-​là. C’est le sou­ci du prêtre, je dirais qu’il n’y en a pas d’autre : sau­ver les âmes.

C’est pour notre salut qu’Il s’est fait homme, qu’Il est deve­nu Jésus. Et si vous êtes prêtre, c’est pour cela et rien d’autre : sau­ver les âmes, sans aucune limite, sans aucune res­tric­tion. Vous ne pour­rez jamais dire : je dois m’oc­cu­per de ces âmes-​là seule­ment, de ce petit groupe que je connais, de ceux qui m’aiment. Non, vous ne pour­rez jamais dire non plus : ces âmes-​là, ce sont des enne­mis, je ne m’en occupe pas. Non, Notre Seigneur est mort pour tous. Vous por­tez le carac­tère sacer­do­tal, la marque du prêtre, et tous les hommes, secrè­te­ment dans leurs âmes, savent que vous êtes prêtre pour tous.

Il est dur quel­que­fois, quand on voit l’en­ne­mi, quand on se sent dou­lou­reu­se­ment épin­glé, d’ou­blier et de se jeter dans la Passion du Christ pour ces âmes, pour elles aus­si. « Bénissez ceux qui vous mau­dissent » (Lc 6,28), c’est la loi de l’Evangile. Imitez ce que vous faites. Alors vous rayon­ne­rez. Vous n’au­rez pas besoin de le leur dire. Simplement, en vous voyant faire, les âmes sau­ront que vous êtes là, pour elles, que vous les aimez, qu’elles comptent plus que vous, dans votre vie. Mais, pour vous, compte plus encore Jésus, votre Seigneur.

Nous allons deman­der à la Sainte Vierge, Mère de Jésus, Mère du Prêtre, Mère de ces sublimes voca­tions, qu’elle vous enfouisse, qu’elle vous fasse entrer encore beau­coup plus pro­fon­dé­ment dans cette foi du prêtre, dans cet amour, dans la cha­ri­té sacer­do­tale qui vous est don­née. Le Pontifical dit, en effet, que Dieu est assez puis­sant pour vous don­ner cette cha­ri­té, pour vous don­ner cette grâce, pour vous faire gran­dir dans cet amour.

Que Notre Dame vous pro­tège, vous assiste dans cette magni­fique voca­tion, pour vous-​même, pour le salut des âmes, pour la gloire de Dieu et l’hon­neur de l’Eglise. Ainsi soit-il.

Afin de conser­ver à ce ser­mon son carac­tère propre, le style oral a été maintenu.

Sources : St-​Nicolas-​du-​Chardonnet/​La Porte Latine/​MG/​DICI

Le titre et les inter­titres sont de la rédac­tion. DICI du 30/​01/​13

Version audio : LPL/​130127

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.