Le mot du Président
CREDO n° 182 (Juillet-août 2007)
hers amis,
« Te Deum laudamus. Te Dominum confitemur ». Oui… Ce magnifique chant d’actions de grâces, le plus complet que l’Eglise nous propose pour remercier Dieu des grâces qui nous sont accordées, nous le chantions au moins une fois chaque année dans mon village natal lors du Salut au Saint Sacrement le 31 décembre au soir, avec le « De profundis » pour les défunts de l’année et le « Miserere » pour implorer la Miséricorde divine sur les pauvres pêcheurs que nous sommes.
Remercions la Très Sainte Trinité, la Très Sainte Vierge et tous les saints du ciel pour cette remise en liberté de la Sainte Messe, renouvellement non-sanglant du Sacrifice de la croix. Cette sage décision du saint Père est le résultat de 40 années de résistance, de persévérances et de prières.
Rappelons-nous : dès 1960, tous ces prêtres, curés de paroisses, les abbés Coache, Moureau, Le Perderel, Sulmont, pour ne citer que ceux dont le souvenir me vient à l’esprit en ce moment, qui n’acceptaient pas les innovations déraisonnées, les gélineauteries et autres vulgarisations rituelles qui pullulaient, au point que moi-même je retournais chaque semaine avec l’Institut grégorien chanter la messe à France Culture.
Puis arriva le N.O.M. (messe de Paul VI) avec, au chapitre II, le fameux paragraphe 7 :
» caena dominica sive Missa est sacra synaxis seu gongregation populi Dei in unum convenienti, sacerdote praeside, …. », « La cène dominicale ou Messe est la synaxe sacrée ou le rassemblement du peuple de Dieu se réunissant sous la présidence du prêtre pour célébrer la mémorial du Seigneur. C’est pourquoi vaut éminemment pour l’assemblée locale de la sainte Eglise la promesse du Christ : Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mat. XVIII,20) ».
N’oublions pas non plus le paragraphe 55d,qui, traitant de la Consécration, s’intitule « Naratio Institutionis » « Récit de l’Institution ». Ces deux mots se retrouvent dans les livrets imprimés pour les paroisses dans la marge à coté du texte de la Consécration. Alors que dans le missel qui m’a été offert en 1948 par mes parents, nous trouvons l’explication suivante au même endroit :
« S’identifiant alors au Christ lui-même dont il refait religieusement tous les gestes, le prêtre prononce lentement, uniformément, sur le pain d’abord puis sur le vin, les paroles que Jésus prononça en instituant l’Eucharistie la veille de sa passion. Et le mystère s’accomplit. La cène se reproduit. Par le changement du pain en son corps et du vin en son sang, le Christ renouvelle sacramentellement d’une manière non-sanglante, le sacrifice de la croix. Vénérons le Corps et le Sang du Sauveur, que successivement le prêtre présente à notre adoration ».
Nous sommes aux antipodes des paragraphes 7 et 55d du N.O.M.. D’ailleurs dès le mois de mai 1969, les cardinaux Ottaviani et Bacci réagirent en publiant « Le bref examen critique du N.O.M. ». Ceci amena la Curie romaine à modifier ce paragraphe 7 ; mais le mal était répandu ; Luther avait gagné.
Heureusement la Providence veillait ; un évêque s’est alors levé et a redonné courage à tous ces prêtres, délaissés, critiqués et souvent rejetés par leur Ordinaire du Lieu, comme l’on dit. Des laïcs ont fondé des associations : « La rue des Renaudes » et les congrès de Lausanne, « Les silencieux de l’Eglise » avec Pierre Debray, sans oublier notre association « Credo » dont nous connaissons bien les fondateurs qui organisèrent ce fameux pèlerinage à Rome en 1975 derrière Mgr Lefebvre. Tout citer serait trop long ; la résistance était en place ; la toile d’araignée se tissait avec l’arrivée des premiers prêtres du « séminaire sauvage » d’Ecône. Les troupes reprenaient espoir ; les sacrifices n’avaient pas été vains.
Alors : Oui… « Te Deum laudamus… ». Car ce Motu Proprio serait-il sorti sans Mgr Lefebvre ? Mgr a été le bras de la Providence pour que le Sacrifice de la Croix continue à être renouvelé à chaque instant sur notre Terre. Merci Monseigneur !
« Te Deum laudamus » : Oui … Mais une « libération » n’est pas la fin de la guerre. Un bastion est tombé ; Orléans est prise, mais le roi n’est pas encore à Reims. Les milliers de chapelets offerts l’an passé l’étaient à plusieurs intentions. Il restent encore des bastions à prendre. Comme Mgr Fellay l’écrit dans la lettre aux fidèles du 7 juillet […] :
Il faut que cette avancée liturgique « soit prolongée – après le retrait du décret d’excommunication – par des discussions théologiques ».
Ce dernier bastion sera plus difficile à reprendre. C’est toute la conduite actuelle de l’Eglise qui est à modifier.
A la fin du Concile, certains criaient « Victoire », comme après la prise de la Bastille. « Le Concile, c’est 1789 dans l’Eglise » disait le Père Congar ou l’un de ses semblables. Dans la vie politique française, la Bastille a‑t-elle été reprise ? Non et le 14 juillet de cette année le montre ; la Révolution matérialiste, socialiste, communiste s’étend sur toute l’Europe. Dans la vie religieuse, la Bastille n’est occupée que depuis 40 ans ! Nous avons encore des armes à affûter, des prières et des sacrifices à offrir. La bataille à venir sera plus subtile, car moins visible, moins palpable que le rituel de la Sainte Messe. Nous serons tentés d’abandonner. C’est d’ailleurs ce qu’espèrent les Curies romaines : vider de leurs fidèles les chapelles de la FSSPX avec ce Motu Proprio. Rappelons-nous 1988 : les sacres et 10 jours après, la commission Ecclesia Dei était sur pied, espérant récupérer une très grande partie des fidèles de Mgr Lefebvre. Leur espoir fut vain !
Profitant du 100e anniversaire de l’encyclique Pascendi, Mgr Williamson, dont le sermon qu’il fit aux ordinations de cette année à Ecône, nous a bien mis en garde contre les erreurs répandues par le Modernisme, erreurs parfois sournoises : Un jour vous aurez un texte très catholique, le lendemain un texte flou ou humaniste. Ainsi on vous dira que 2et 2 font 4, ce qui est la Vérité immuable, puis une autre fois que 2 et 2 font 5 ; chacun sa vérité, n’est-ce pas cela le libéralisme ?
Le Saint Père, Benoît XVI, a fait de l’œcuménisme son principal cheval de bataille. Mais pour quelle unité ? Unité dans la diversité ou unité derrière le successeur de Pierre, avec un seul troupeau et un seul berger, comme le souhaite Notre Seigneur ? Le Concile Vatican II, dont le Pape est l’exécutant, nous laisse à croire que cette unité serait plutôt dans la diversité. Souvenons-nous, en 2000 en Terre Sainte et en Egypte, Jean-Paul II avait laissé entendre qu’il fallait revoir la fonction papale ; une redéfinition de poste, dirions-nous dans le langage social. Nous sommes loin du : « Tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».
En 1986, la réunion inter-religieuse d’Assise a été déterminante dans les choix de Mgr Lefebvre pour protéger ainsi l’Eglise catholique contre les déviations Modernistes. Car Assise est le symbole de l’œcuménisme de Vatican II : prier ensemble pour la paix et l’union des peuples dans le monde. Cela est un langage de délégué syndical dans une Entreprise, mais pas celui que doit tenir le Vicaire du Christ.
Donc ne baissons pas les bras. Le Motu Proprio ne doit pas être une victoire à la Pyrrhus, mais celle qui doit conduire l’Eglise à reconnaître l’erreur qu’a été Vatican II et à reprendre fermement les enseignements de la Révélation et de la Tradition.
Notre association CREDO a été fondée pour rassembler derrière Mgr Lefebvre les catholiques décidés à défendre la Foi catholique dans son intégralité et toute sa Vérité. Alors soyons fidèles à notre but. Sans Mgr Lefebvre et la FSSPX, où en serait la Sainte Messe aujourd’hui ?
Jean BOJO, ce mardi 10 juillet 2007 .
N.B.: Dans ce numéro [NDLR : voir infra], nous avons mis des passages d’allocutions prononcées par Mgr Lefebvre, passages extraits du livre : « La messe de toujours ».
Garder la foi par la messe de toujours – Mgr Lefebvre
Pour maintenir la foi catholique, quel est le moyen ? Maintenir votre sainte messe. C’est elle qui est la pierre fondamentale de l’Eglise, c’est elle qui est le trésor que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a donné. « Ceci est le calice de mon sang, du nouveau et de l’éternel Testament ». Le Sang de Notre Seigneur répandu pour la rémission de nos péchés, voilà le Testament de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous maintenons la messe, non pas parce qu’elle est du rite latin, mais parce qu’elle renferme explicitement les vérités de la foi (il y a des messes dans d’autres rites, mais ces rites contiennent tous les vérités de notre foi catholique et ils les proclament). (Ecône, juin 1989).
Nous devons être attachés de toute notre âme, de tout notre cœur au saint sacrifice de la messe, parce que c’est là que nous trouverons véritablement ce que l’amour de Dieu a fait pour nous. Car s’il y a un témoignage de l’amour de Dieu pour nous, c’est bien Notre Seigneur Jésus-Christ crucifié sur la croix. Que pouvait faire de plus Notre Seigneur que de s’immoler sur la croix pour nous racheter de nos péchés ? (Ecône, sept 1975).
Nous ne pouvons abandonner le culte de Notre Seigneur Jésus-Christ, et même si c’est dans une salle comme celle-ci, que vous avez essayé de rendre aussi belle que possible, où vous vous réunissez, vous continuez l’Eglise catholique. C’est ce que disait déjà saint Athanase à ceux qui le critiquaient parce qu’il voulait maintenir les traditions : « Vous avez gardé les églises, nous avons gardé la foi. Gardez les églises si vous voulez, gardez les temples, mais nous, nous gardons la foi ». C’est ce que vous faites en venant dans l’une de ces salles. « Gardez les églises, puisque vous nous empêchez d’y adorer vraiment Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous, nous voulons garder le foi, nous voulons continuer l’Eglise ». Ainsi vous manifestez que vous voulez vous réunir autour de l’autel, autour du saint sacrifice de la messe, autour des prêtres qui réalisent ces fonctions liturgiques de la manière dont l’Eglise l’a toujours fait, pour garder votre foi et la foi de vos enfants. C’est le plus grand service que vous puissiez rendre à l’Eglise, en espérant bien qu’un jour, eh bien ! Vous pourrez repeupler vos églises, les églises qui ont été construites pour ce culte et non pas pour un culte qui ressemble au culte protestant. (Lyon, fév 1976).
Nous voulons garder la foi catholique par la messe catholique, non par une messe œcuménique, même si elle est valide et non hérétique, tout en favorisant l’hérésie. (Let Card. Sepper,1978).
La seule attitude logique pour garder la foi catholique, c’est de garder la messe catholique, et cette messe catholique est contraire à l’esprit du concile, contraire à l’œcuménisme, contraire à la collégialité, contraire aussi au libéralisme qui se trouve dans le concile. Notre messe est la messe du sacrifice, et il n’y a qu’un sacrifice, qui nous ouvre la porte du ciel : « Vous, en nous délivrant des chaînes de l’enfer, vous nous avez conduits au Ciel par la Croix » (Extr. du Te Deum). La Croix, c’est le chemin qui nous mène au ciel. Le sacrifice de Notre Seigneur ; c’est la voie royale qui nous mène à l’éternité. Il n’y en a pas d’autre ; (Ecône, nov. 1990).
Célébrer notre saint sacrifice selon la tradition de nos saints Pères, des Apôtres et de ceux qui les ont suivis, qui nous ont transmis ce rite, qui a été restauré par saint Pie V, par saint Pie X, par Jean XXIII : voilà ce qui compte pour nous ; (Ecône, sept.1986).
Dans ce passage extrait du magnifique livre : La messe de toujours, présenté par M. l’abbé Patrick Troadec, Mgr Lefebvre nous montre le lien intime qui existe entre la sainte messe et la foi catholique et, par là, nous voyons la justesse de la position de la FSSPX. Nous comprenons alors très bien ce qu’a dit Mgr Brandolini, liturgiste du card. Bugnini, ce 7 juillet : « Aujourd’hui est pour moi un jour de deuil. Je ne puis retenir mes larmes. C’est le moment le plus triste de ma vie, comme homme, comme prêtre et comme évêque. C’est un jour de deuil non seulement pour moi, mais pour les nombreuses personnes qui ont œuvré au concile Vatican II ». Quel aveu ! (J.B.)
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