Editorial de décembre 2014 – Le mensonge pacifiste des modernistes, par le R.P. Michel

Ce texte est tiré des notes du 01/​02/​1970 du R.P. Michel, prêtre de la Congrégation du Sacré-​Cœur de Jésus.

Le R.P. Michel était édu­ca­teur d’en­fants dans un grand col­lège catho­lique de Béziers. Ne sup­por­tant pas les ravages cau­sés par le Concile Vatican II, il fut contraint, la mort dans l’âme, de quit­ter sa congré­ga­tion pour pou­voir conti­nuer à dire la messe de toujours.

En 1978, bri­sé par la dou­leur, la mort le cueillit sur la tombe de ses parents où il s’é­tait arrê­té en se ren­dant à Fanjeaux après avoir accep­té d’être l’au­mô­nier des Dominicaines ensei­gnantes fon­dées par Mère Anne Marie Simoulin. R.I.P.(1) et (2)

Le mensonge pacifiste des modernistes, par le R.P. Michel

« Ils ont été si polis, si « res­pec­tueux de la forme », qu’ils ont fini par impo­ser leur « fond », c’est-​à-​dire leurs erreurs. Que vaut-​il mieux ? Respecter le fond, ou res­pec­ter la forme ? Et pour le dire sans ambages, ou insul­ter un « mar­chand d’erreur ou de men­songe » ou lui dire poli­ment qu’on « fait des réserves sur sa marchandise » ?

Une réponse polie peut ne pas convaincre ceux qui l’entendent et lais­ser au mar­chand d’erreur toute sa clien­tèle. Une insulte peut « ouvrir les yeux » de quelque mal infor­mé… Et quand nous disons insulte, nous ne disons pas « gros­siè­re­tés » mais « invec­tives », du genre de celles qu’employa Jésus dans sa vie publique. Quand Jésus traite les pha­ri­siens de « sépulcres blan­chis », il les mal­mène cer­tai­ne­ment davan­tage que si nous les trai­tions aujourd’hui de « salauds»… En agis­sant ain­si peut-​être ne voulait-​il pas don­ner un exemple à suivre… Sans doute voulait-​il rap­pe­ler avec une cer­taine force ce que nous aurions un jour ten­dance à oublier : que le fond passe avant la forme, que le res­pect exté­rieur des per­sonnes ne doit pas pas­ser avant le res­pect supé­rieur de la Vérité qui est le suprême res­pect de toutes les per­sonnes y com­pris celle du Verbe Incarné qui s’est déran­gé un jour jusqu’à en mou­rir pour nous appor­ter la Vérité.

Et la « polémique » ? …

On n’en veut plus. C’est connu. Voilà des lustres déjà qu’on pré­tend la ban­nir de nos dis­cours, de nos échanges, de nos jour­naux reli­gieux, de notre pré­di­ca­tion, de notre enseignement.

Une forme plus spi­ri­tuelle, plus éla­bo­rée de « paci­fisme ». « Pas de polé­mique»…

Mais gare à qui­conque se per­met­tra de pen­ser (en le disant) autre­ment que nous…

Vous pou­vez expri­mer (disent-​ils) une opi­nion dif­fé­rente de la nôtre, mais « pas de polémique ».

Vous pou­vez essayer (disent-​ils) de démon­trer que vous avez rai­son contre nous mais… pas de polémique.

Mais qu’est-ce donc que la polémique ?

Personne ne veut le dire. Personne (peut-​être) n’en sait rien.

Ce que l’on sait, ou ce que l’on veut dire, c’est qu’il n’en faut pas. Et cela est très com­mode, car cela per­met­tra, per­met depuis long­temps de pou­voir tuer sans rece­voir de coups… De pou­voir étouf­fer les âmes sous l’erreur sans entendre crier les vic­times. On leur a dit : « Pas de polé­mique ». Défendez-​vous, mais ne frap­pez pas, mais ne criez pas, mais ne bou­gez pas. Et sur­tout pas d’armes à la mai­son. « Pas de polémique ».

Et dire qu’après la Vérité il n’y a rien de plus beau au monde que la polé­mique. Cette lutte spi­ri­tuelle contre l’erreur et le men­songe avec les seules armes de l’esprit mais le don de tout son être… « Combattre pour la Vérité, avec toute son âme. »

Jésus s’est incar­né pour inau­gu­rer la « polé­mique » chré­tienne contre le monde et contre Satan. Saint Paul pre­mier patron des polé­mistes : « Argue, obse­cra, incre­pa » (reprend, cor­rige, exhorte). « J’ai com­bat­tu le bon combat. »

- Mais la polé­mique divise les âmes !

Non, mon­sieur, ce n’est pas le com­bat qui divise. Si l’on n’était pas déjà divi­sé, on ne com­bat­trait pas. Et quand on est divi­sé, il ne reste plus qu’à com­battre … Ou à faire sem­blant d’être d’accord… Quitte à se frap­per par der­rière à la pre­mière occa­sion … et « sans polémique » !

La polé­mique est fina­le­ment le seul moyen de savoir où est la divi­sion, entre qui et pour­quoi. Et la lutte franche, loyale vaut bien mieux que la sub­ver­sion.

Il y en a de nos jours qui crient après la paix et contre la guerre,… et qui n’auront de cesse d’avoir dres­sé les uns contre les autres tous les habi­tants de la pla­nète. Ils ne veulent pas la guerre mais la révo­lu­tion. Ils ne veulent pas qu’on se batte pour des idées mais seule­ment sup­pri­mer tout ce et tout ceux qui s’opposent encore (si timi­de­ment il est vrai) à leur idéologie…Mettons tout par terre, mais pas de guerre.

Et les bonnes âmes, les gens à qui on a appris à res­pec­ter la « forme » répètent à qui mieux mieux : pas de guerre… Jusqu’à ce qu’ils en meurent, eux et leurs enfants. »

R.P. Michel, prêtre de la Congrégation du Sacré-Cœur

Sources : LAB de l’é­cole Saint-​Bernard de Bailly d’oc­tobre 2014/​Le Sainte Anne n° 191 de sep­tembre 2007

Notes de LPL

(1) L’image de la pro­fes­sion de Foi du R.P. Michel impri­mée sur le « Memento » de son décès

(2) Le texte trans­crit :
« Depuis mon bap­tême , le 2 jan­vier 1921, j’ai tou­jours été fils sou­mis de la Sainte Eglise Catholique Romaine ; et je veux mou­rir comme j’ai vécu, dans la Foi inchan­gée de mes parents, que j’ai tou­jours crue et pro­fes­sée, en paroles et en actes.
Je fais par­ti­cu­lière pro­fes­sion d’o­béis­sance loyale et entière au Souverain Pontife, dans l’exer­cice de son Magistère infaillible, et dans la fidé­li­té incon­di­tion­nelle à la Tradition, qu’il a reçu man­dat de conser­ver, de défendre, d’ex­pli­quer et de transmettre.
Par suite, je rejette et tiens pour nulle toutes les réformes et nou­veau­tés issues de l’es­prit du monde, infil­tré dans l’Eglise, de quelque arti­fice de droit qu’elles se couvrent, de quelque auto­ri­té qu’elles se réclament.
Je veux mou­rir dans la foi de Nicée, dans la Communion de tous les Saints Pontifes, mar­tyrs et confes­seurs, qui l’ont pro­fes­sée jus­qu’à nos jours, dans la pra­tique des sept sacre­ments, telle qu’elle a été défi­ni­ti­ve­ment fixée par les canons du Concile de Trente.
Notamment en ce qui concerne la Sainte Messe, que je veux célé­brer, aus­si long­temps qu’il plai­ra à Dieu, dans le Rite mil­lé­naire de la Tradition gré­go­rienne et latine, défi­ni­ti­ve­ment cano­ni­sée par saint Pie V.
Je rejette tous les men­songes, hypo­cri­sies, acco­mo­de­ments, alté­ra­tions et sub­ter­fuges de textes et du Droit, les omis­sions et fal­si­fi­ca­tions de la Sainte Ecriture, et toutes les impos­tures et abus de pou­voir qu’on a pré­ten­du impo­ser aux prêtres et aux fidèles, sous le nom d” »orien­ta­tions post-conciliaires »
Il ne me reste plus qu’à m’o­rien­ter vers le Seigneur Jésus, qui se lève­ra, un jour pro­chain, pour juger le monde ; à lui confier cette âme qu’il a faite à son image, et refaite dans le Sang Précieux qui coule chaque matin de mon calice sacer­do­tal ; à implo­rer, une fois encore, sa misé­ri­corde pour mes « innom­brables péchés et négligences ».
Soutenu et for­ti­fié par la mater­nelle pro­tec­tion de Celle qui a gar­dé mon cœur d’en­fant, et n’a jamais per­mis qu’il fût à un autre. Amen »
Jacques MICHEL, S.C.J., ce 29 juillet 1977