Apparitions au Tepeyac

Tout com­mence il y a 490 ans, à l’aube du 9 décembre 1531. Découvrons ces appa­ri­tions de « la tou­jours Vierge Marie de Guadalupe », chères au cœurs des mexi­cains et pleines de leçons pour tous les chrétiens.

A l’heure de sta­tuer sur l’authenticité des appa­ri­tions de la Vierge de Guadalupe, Benoit XIV s’est excla­mé en 1754 : « Non fecit tali­ter omni natio­ni — Dieu n’a rien fait de sem­blable pour aucune autre nation ». En effet, la Mère de Dieu n’est pas seule­ment appa­rue à Juan Diego, elle a lais­sé son image impri­mée sur la til­ma (ou tablier) du voyant.

Le pre­mier récit des appa­ri­tions – inti­tu­lé Nican Mopohua – a été com­po­sé en nahuatl par Antonio Valerio (1520–1605). Une ver­sion manus­crite du texte datée de 1550 – soit 19 années après les faits – est conser­vée à la Public Library de New York. Le pre­mier ouvrage dédié aux appa­ri­tions a été impri­mé à Mexico en 1648. Il s’agit de Imagen de la Virgen Maria, Madré de Dios de Guadalupe [Image de la Vierge Marie, mère de Dieu de Guadalupe] com­po­sé par le P. Miguel Sanchez, prêtre dio­cé­sain de Mexico.
Découvrons ces appa­ri­tions de la Vierge Marie, chères au cœur des mexi­cains et pleines de leçons pour tous les chrétiens.

Première et deuxième apparitions

Tout com­mence à l’aube du same­di 9 décembre 1531. Juan Diego est un autoch­tone âgé de 57 ans, d’origine aztèque, conver­ti six années aupa­ra­vant et veuf depuis 1529. Il quitte la mai­son de son oncle Juan Bernardino à Tolpetlac pour se rendre à l’église Santiago de Tlatelolco – soit une quin­zaine de kilo­mètres – afin d’y assis­ter au caté­chisme et à la sainte messe.

Arrivé au pied de la col­line du Tepeyac située au nord de la lagune de Tenochtitlan, Juan Diego entend des chants d’oiseaux qui se font écho. Impressionné par ces sons har­mo­nieux, il s’interroge avec can­deur : « Par chance, suis-​je digne de ce que j’entends ? Peut-​être suis-​je en train de rêver ? Suis-​je réveillé ? Où suis-​je ? Peut-​être suis-​je dans ce para­dis ter­restre dont nous par­laient nos ancêtres ? Peut-​être suis-​je main­te­nant au ciel ? ».

Sur ces entre­faites, une voix l’appelle du haut de la col­line : « Juanito, Juan Dieguito ». Arrivé au som­met, il aper­çoit une jeune fille qui l’interroge ten­dre­ment : « Juanito, le plus humble de mes fils, où vas-​tu ? — Ma sou­ve­raine, ma bien-​aimée, je dois rejoindre ta mai­son à Mexico, à Tlatelolco, pour suivre mon ins­truc­tion sur les choses divines faite par nos prêtres, délé­gués de Notre Seigneur. »

La belle dame décline alors son iden­ti­té : « Sache et com­prends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la tou­jours vierge Sainte Marie, Mère du Vrai Dieu pour qui nous exis­tons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du ciel et de la terre ».

Elle lui révèle alors la rai­son de sa pré­sence : « J’aimerais qu’une église soit éri­gée ici, rapi­de­ment, afin que je puisse vous mon­trer et vous don­ner mon amour, ma com­pas­sion, mon aide et ma pro­tec­tion, parce que je suis votre mère misé­ri­cor­dieuse, à vous, à tous les habi­tants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’in­voquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamen­ta­tions et je remé­die à leurs misères, leurs détresses et leurs peines. »

Séance tenante, Juan Diego se rend auprès de l’évêque, Fray Juan de Zumarraga, pour lui com­mu­ni­quer ce sou­hait. Le fran­cis­cain écoute poli­ment l’indien, mais exige un temps de réflexion : « Tu revien­dras et je t’entendrai à mon gré. Je repren­drai tout depuis le début et réflé­chi­rai sur le vœu et le désir qui t’ont amené ».

Repassant par le Tepeyac, Juan Diego rend compte de sa mis­sion à la Vierge Marie. Il ne lui cache pas que son ambas­sade a été un échec. Il lui sug­gère de se trou­ver un mes­sa­ger plus qua­li­fié : « Je ne suis rien, je suis une petite ficelle, une minus­cule échelle, une queue, une feuille. Et toi, mon enfant, la plus petite de mes enfants, ma Dame, tu m’as envoyé à une place que je ne fré­quente jamais ni ne m’y repose. Je t’en prie, pardonne-​moi ce grand désa­gré­ment et ne sois pas irri­tée, Madame ».

Mais la Sainte Vierge insiste : « Écoute, mon fils, le plus petit, sache que j’ai beau­coup de ser­vi­teurs et de mes­sa­gers aux­quels je pour­rais confier mon mes­sage et qui feraient ma volon­té, mais il est tout à fait néces­saire que ce soit toi qui sol­li­cites et inter­cèdes pour que, grâce à ta média­tion, ma volon­té soit faite ». Juan Diego se résout à retour­ner chez l’évêque le lendemain.

Troisième apparition

Le dimanche 10 décembre, l’évêque reçoit à nou­veau le mes­sa­ger, l’écoute et l’interroge en recou­rant à un tra­duc­teur car Juan Diego ne parle pas l’espagnol et l’évêque ignore le nahuatl. Au final, l’évêque demande un signe pour authen­ti­fier l’apparition dont Juan Diego se dit favo­ri­sé et le mes­sage dont il affirme être porteur.

Juan Diego trans­met cette exi­gence à la Vierge Marie qui lui répond : « Très bien, mon petit, tu repar­ti­ras là-​bas demain afin de por­ter à l’évêque le signe qu’il a deman­dé. Avec cela il te croi­ra et, dans son regard, il n’y aura ni doute ni soup­çon. Et sache, mon petit, que je te récom­pen­se­rai pour ta sol­li­ci­tude, tes efforts et ta fatigue à mon égard. Je t’attendrai ici demain ».:

Mais, le len­de­main, Juan Diego n’est pas au rendez-​vous conve­nu car son oncle est gra­ve­ment malade. Appelé à son che­vet, le méde­cin n’a aucun remède à offrir. Juan Bernardino prie alors son neveu d’aller cher­cher un prêtre à Tlatelolco dès le lendemain.

Quatrième apparition

De bon matin le mar­di 12 décembre, Juan Diego se rend à Tlatelolco mais, sou­cieux de ne pas perdre de temps en route, il prend soin d’éviter la col­line du Tepeyac. La Sainte Vierge n’a d’autre remède que de venir à sa rencontre.

Elle com­mence par le ras­su­rer : « Écoute-​moi et com­prends bien, le moindre de mes fils, rien ne doit t’effrayer ou te pei­ner. Que ton cœur ne soit pas trou­blé. N’aies pas peur de cette mala­die, ni d’aucune autre mala­die ou angoisse. Ne suis-​je pas là, moi qui suis ta Mère ? N’es-tu pas sous ma pro­tec­tion ? Ne suis-​je pas ta san­té ? Ne reposes-​tu pas heu­reux en mon sein ? Que désires-​tu de plus ? Ne sois pas mal­heu­reux ou trou­blé par quoi que ce soit. Ne sois pas affli­gé par la mala­die de ton oncle, il n’en mour­ra pas. Sois assu­ré qu’il est main­te­nant guéri ».

Elle l’envoie ensuite cueillir des fleurs au som­met de la col­line. Après les avoir accom­mo­dées dans la til­ma, la Vierge Marie fait ses recom­man­da­tions à Juan Diego : « O toi, le moindre de mes fils, cette varié­té de roses est une preuve et un signe que tu por­te­ras à l’évêque. Tu lui diras en mon nom qu’il y ver­ra là mon vœu et qu’il doit s’y confor­mer. Tu es mon ambas­sa­deur, le plus digne de ma confiance. Je te l’ordonne rigou­reu­se­ment de ne déplier ton man­teau qu’en pré­sence de l’évêque et de lui mon­trer ce que tu portes. Tu lui racon­te­ras bien tout ; tu lui diras que je t’ai ordon­né de grim­per au haut de la col­line et de cueillir les fleurs ; et aus­si tout ce que tu as vu et admi­ré afin que tu puisses per­sua­der le pré­lat d’accorder son sou­tien à ma demande qu’une église soit construite ».

Introduit auprès de l’évêque, Juan Diego déplie sa til­ma. Les bras­sées de fleurs tombent au sol et l’évêque peut alors contem­pler l’image de la Vierge Marie telle qu’elle est appa­rue à son humble mes­sa­ger. L’évêque tombe à genoux devant le signe deman­dé et ins­talle immé­dia­te­ment la til­ma dans sa cha­pelle pri­vée. Conquis par cette repré­sen­ta­tion de la Mère de Dieu au teint basa­né, huit mil­lions d’autochtones sont bap­ti­sés en quelques années.

Le même jour, Juan Bernardino béné­fi­cie lui aus­si d’une appa­ri­tion de la Vierge Marie qui le gué­rit et lui révèle le vocable sous lequel elle veut désor­mais être invo­quée en ces terres : « la tou­jours Vierge Marie de Guadalupe ».

Source : La lettre de saint Florent n° 288