Chrétiens, nous sommes tous invités à l’union divine. Mais il y a ceux qui méprisent cette invitation divine, alors que d’autres la combattent ou la dénaturent.
Chrétiens, nous sommes tous invités à l’union divine. Dès la première infusion de la grâce sanctifiante, Dieu se livre Lui- même à nous et nous orne des dons du Saint-Esprit par lesquels II se montre disposé à nous guider immédiatement, à chaque fois que cela sera nécessaire. Nous sommes appelés à nous transformer en Lui progressivement pour vivre de sa vie et Lui ressembler dans une connaissance amoureuse qui s’achèvera dans la Vision béatifique. « Et quiconque a cette espérance en Lui, se sanctifie, comme II est saint Lui-même » (1 Jn III, 3).
C’est par cette vocation à l’intimité divine que nous avons été séparés du monde tout en étant bien obligés de vivre encore dans le monde. Celui-ci ne nous reconnaît plus pour siens dès lors que nous ne plaçons plus en lui notre idéal et le motif de nos actions. Autant l’union à Dieu nous apparaît comme désirable, autant elle est rejetée par les gens du monde même s’ils ne le font pas tous de la même manière. Il y a en effet ceux qui méprisent l’invitation divine, alors que d’autres la combattent ou la dénaturent.
Les personnes indifférentes se laissent coupablement entraîner par notre société devenue impie, matérialiste et individualiste. Il semble que la question religieuse ne soit plus pour elles qu’une simple curiosité historique. Pour en arriver là, il a fallu qu’elles aient étouffé le désir naturel de connaître Dieu en tant qu’Il est la cause de la création dont elles font partie. Leur peu de recherche de la vérité révélée indique aussi qu’elles ont perdu la conscience du devoir de soumettre à Dieu leur intelligence et leur vie. Leur athéisme, plus pratique encore que théorique, a aussi été favorisé par les progrès technologiques. En effet, il n’aurait probablement pas pu prendre les proportions inouïes qu’il a acquises sans l’envahissement de la vie quotidienne par les machines. Comment des personnes qui consultent leur téléphone portable toutes les dix minutes en moyenne seraient-elles capables de pensées profondes ? À moins que ce soit précisément ces réflexions inquiétantes qu’elles cherchent à éviter… Pourtant l’heure du rendement de compte ne cesse de s’approcher ! « Quel avantage aurait un homme à gagner le monde entier, s’il se perd lui- même ? » (Luc IX, 31).
L’intimité divine est combattue par d’autres comme étant blasphématoire. La chahada est un cri de guerre contre le mystère de la Sainte Trinité et contre toute « association » au mystère de Dieu. Le croyant selon l’Islam doit se soumettre et, s’il peut espérer entrer dans un lieu de délices, il ne peut prétendre à une quelconque participation au mystère de la vie intime de Dieu qui n’est d’ailleurs jamais présentée comme une vie d’amour. Par « miséricorde divine », le Coran désigne le libre choix de Dieu qui fait entrer les fidèles selon son bon plaisir dans le paradis habité par des houris mais non pas par l’incommunicable divinité. L’idée que l’Islam se fait de la transcendance divine interdit de penser qu’un jour « nous serons semblables à Lui, parce que nous Le verrons tel qu’Il est » (1 Jn III, 2).
Il y a enfin ceux qui recherchent l’union divine mais sans s’appuyer sur les moyens surnaturels instituées par Notre- Seigneur ou, du moins, en n’en faisant que peu de cas. C’est une forme de naturalisme qui cantonne les âmes dans l’idéal d’un monde meilleur sur la terre ou qui ne recherche dans la « mystique » que ses aspects sensibles gratifiants. Les mots de foi, d’amour et de paix ne désignent plus une vie surnaturelle, en tous les cas ils n’évoquent pas quelque chose qui aurait été détruit par le péché. Si l’homme doit se repentir, c’est d’avoir oublié sa dignité qui, croit-on, demeure toujours — tout comme l’amour divin — si ce n’est peut-être pour quelques êtres monstrueux dont l’histoire a gardé le souvenir. Tout autre est l’espérance que nous assurent les promesses divines consignées dans la Sainte Écriture. « Il nous a élus en Lui avant la création du monde, par amour, pour que nous fussions saints et irréprochables devant Lui ; nous ayant prédestinés à être Ses fils adoptifs, par Jésus-Christ, pour Lui-même, selon le bon plaisir de Sa volonté, à la louange et à la gloire de Sa grâce, par laquelle II nous a rendus agréables à Ses yeux en Son Fils bien- aimé » (Eph, I, 4–6). C’est la réalisation de la promesse de Notre-Seigneur : « Ils ne sont pas du monde, comme Moi non plus, Je ne suis pas du monde » (Jn XVII, 16). Au milieu de nos épreuves, c’est dans cette espérance que nous goûtons la présence de Dieu : « Je vous ai dit ces choses, afin que Ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jn XV, 11).
Source : Le Saint Anne n°335