Intimité divine

Full title: Christ Glorified in the Court of Heaven Artist: Fra Angelico Date made: about 1423-4 Source: http://www.nationalgalleryimages.co.uk/ Contact: picture.library@nationalgallery.co.uk Copyright © The National Gallery, London

Chrétiens, nous sommes tous invi­tés à l’union divine. Mais il y a ceux qui méprisent cette invi­ta­tion divine, alors que d’autres la com­battent ou la dénaturent.

Chrétiens, nous sommes tous invi­tés à l’union divine. Dès la pre­mière infu­sion de la grâce sanc­ti­fiante, Dieu se livre Lui- même à nous et nous orne des dons du Saint-​Esprit par les­quels II se montre dis­po­sé à nous gui­der immé­dia­te­ment, à chaque fois que cela sera néces­saire. Nous sommes appe­lés à nous trans­for­mer en Lui pro­gres­si­ve­ment pour vivre de sa vie et Lui res­sem­bler dans une connais­sance amou­reuse qui s’achèvera dans la Vision béa­ti­fique. « Et qui­conque a cette espé­rance en Lui, se sanc­ti­fie, comme II est saint Lui-​même » (1 Jn III, 3).

C’est par cette voca­tion à l’intimité divine que nous avons été sépa­rés du monde tout en étant bien obli­gés de vivre encore dans le monde. Celui-​ci ne nous recon­naît plus pour siens dès lors que nous ne pla­çons plus en lui notre idéal et le motif de nos actions. Autant l’union à Dieu nous appa­raît comme dési­rable, autant elle est reje­tée par les gens du monde même s’ils ne le font pas tous de la même manière. Il y a en effet ceux qui méprisent l’invitation divine, alors que d’autres la com­battent ou la dénaturent.

Les per­sonnes indif­fé­rentes se laissent cou­pa­ble­ment entraî­ner par notre socié­té deve­nue impie, maté­ria­liste et indi­vi­dua­liste. Il semble que la ques­tion reli­gieuse ne soit plus pour elles qu’une simple curio­si­té his­to­rique. Pour en arri­ver là, il a fal­lu qu’elles aient étouf­fé le désir natu­rel de connaître Dieu en tant qu’Il est la cause de la créa­tion dont elles font par­tie. Leur peu de recherche de la véri­té révé­lée indique aus­si qu’elles ont per­du la conscience du devoir de sou­mettre à Dieu leur intel­li­gence et leur vie. Leur athéisme, plus pra­tique encore que théo­rique, a aus­si été favo­ri­sé par les pro­grès tech­no­lo­giques. En effet, il n’aurait pro­ba­ble­ment pas pu prendre les pro­por­tions inouïes qu’il a acquises sans l’envahissement de la vie quo­ti­dienne par les machines. Comment des per­sonnes qui consultent leur télé­phone por­table toutes les dix minutes en moyenne seraient-​elles capables de pen­sées pro­fondes ? À moins que ce soit pré­ci­sé­ment ces réflexions inquié­tantes qu’elles cherchent à évi­ter… Pourtant l’heure du ren­de­ment de compte ne cesse de s’approcher ! « Quel avan­tage aurait un homme à gagner le monde entier, s’il se perd lui- même ? » (Luc IX, 31).

L’intimité divine est com­bat­tue par d’autres comme étant blas­phé­ma­toire. La cha­ha­da est un cri de guerre contre le mys­tère de la Sainte Trinité et contre toute « asso­cia­tion » au mys­tère de Dieu. Le croyant selon l’Islam doit se sou­mettre et, s’il peut espé­rer entrer dans un lieu de délices, il ne peut pré­tendre à une quel­conque par­ti­ci­pa­tion au mys­tère de la vie intime de Dieu qui n’est d’ailleurs jamais pré­sen­tée comme une vie d’amour. Par « misé­ri­corde divine », le Coran désigne le libre choix de Dieu qui fait entrer les fidèles selon son bon plai­sir dans le para­dis habi­té par des hou­ris mais non pas par l’incommunicable divi­ni­té. L’idée que l’Islam se fait de la trans­cen­dance divine inter­dit de pen­ser qu’un jour « nous serons sem­blables à Lui, parce que nous Le ver­rons tel qu’Il est » (1 Jn III, 2).

Il y a enfin ceux qui recherchent l’union divine mais sans s’appuyer sur les moyens sur­na­tu­rels ins­ti­tuées par Notre- Seigneur ou, du moins, en n’en fai­sant que peu de cas. C’est une forme de natu­ra­lisme qui can­tonne les âmes dans l’idéal d’un monde meilleur sur la terre ou qui ne recherche dans la « mys­tique » que ses aspects sen­sibles gra­ti­fiants. Les mots de foi, d’amour et de paix ne dési­gnent plus une vie sur­na­tu­relle, en tous les cas ils n’évoquent pas quelque chose qui aurait été détruit par le péché. Si l’homme doit se repen­tir, c’est d’avoir oublié sa digni­té qui, croit-​on, demeure tou­jours — tout comme l’amour divin — si ce n’est peut-​être pour quelques êtres mons­trueux dont l’histoire a gar­dé le sou­ve­nir. Tout autre est l’espérance que nous assurent les pro­messes divines consi­gnées dans la Sainte Écriture. « Il nous a élus en Lui avant la créa­tion du monde, par amour, pour que nous fus­sions saints et irré­pro­chables devant Lui ; nous ayant pré­des­ti­nés à être Ses fils adop­tifs, par Jésus-​Christ, pour Lui-​même, selon le bon plai­sir de Sa volon­té, à la louange et à la gloire de Sa grâce, par laquelle II nous a ren­dus agréables à Ses yeux en Son Fils bien- aimé » (Eph, I, 4–6). C’est la réa­li­sa­tion de la pro­messe de Notre-​Seigneur : « Ils ne sont pas du monde, comme Moi non plus, Je ne suis pas du monde » (Jn XVII, 16). Au milieu de nos épreuves, c’est dans cette espé­rance que nous goû­tons la pré­sence de Dieu : « Je vous ai dit ces choses, afin que Ma joie soit en vous, et que votre joie soit par­faite » (Jn XV, 11).

Source : Le Saint Anne n°335