Beaucoup d’âmes pieuses se demandent comment dilater leur prière personnelle et familiale, et comment la vivifier, la rendre plus substantielle : en la joignant à la grande prière de l’Église, confiée aux religieux et aux clercs, qui unit l’âme fervente aux sentiments qui étaient dans le Christ Jésus (Ph 2, 5). C’est aussi un prolongement du saint sacrifice de la messe.
C’est sous l’inspiration divine qu’ont été composés les Psaumes, recueillis dans les Saintes Écritures. Aussi, dès les origines de l’Église, voyons-nous qu’ils ont non seulement contribué merveilleusement à nourrir la piété des fidèles, offrant sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, à savoir le fruit des lèvres qui célèbrent son nom ; mais que, conformément à un usage déjà établi sous l’ancienne loi, ils ont eu une place de choix dans la sainte Liturgie et dans l’Office divin.
De là est née la voix de l’Église dont parle saint Basile, et la psalmodie, fille de cette hymnodie, comme l’appelle Notre prédécesseur Urbain VIII (Bulle Divinam psalmodiam), qui est chantée sans interruption devant le trône de Dieu et de l’Agneau et qui, selon la pensée de saint Athanase, « indique aux hommes, surtout à ceux qui sont voués au culte divin, comment il faut louer Dieu et en quels termes ils Le glorifieront dignement ». Sur quoi saint Augustin fait cette belle remarque : « Pour être loué dignement par l’homme, Dieu s’est loué Lui-même, et c’est dans cette louange due à la condescendance divine que l’homme a trouvé la manière de Le louer ».
Les Psaumes renferment une force admirable, qui excite dans les âmes le zèle de toutes les vertus. Bien que toute notre Écriture, Ancien et Nouveau Testament, soit divinement inspirée et utile à notre enseignement, le livre des Psaumes, « comme un paradis contenant les fruits de tous les autres livres, émet ses chants et ajoute ses propres fruits aux autres dans la psalmodie ». Ces paroles sont de saint Athanase, qui ajoute judicieusement : « Il me semble que, pour celui qui les récite, les Psaumes sont comme un miroir où l’homme humble doit se contempler, ainsi que les mouvements de son âme, et c’est sous l’empire de ces impressions qu’il faut psalmodier ».
Aussi saint Augustin s’écrie-t-il dans ses Confessions : « Que de pleurs m’ont fait répandre tes hymnes et tes cantiques, alors que les voix suaves de ton Église me pénétraient d’une vive émotion ! Ces chants frappaient mes oreilles et la vérité s’insinuait dans mon cœur, et par elles s’enflammaient en moi les pieuses affections, les larmes couraient, et il m’était doux d’être avec elles ».
Qui n’est pas ému par les nombreux passages des Psaumes où sont proclamées en de si sublimes accents l’immense majesté de Dieu, sa toute-puissance, son inénarrable justice, sa bonté, sa clémence, ses autres perfections infinies ?
À qui n’inspirent pas de semblables sentiments ces actions de grâces pour les bienfaits reçus de Dieu, ces prières humbles et confiantes pour d’autres faveurs attendues, ces cris de repentir de l’âme qui a péché ?
Qui n’est pas rempli d’admiration, quand le Psalmiste raconte les bienfaits prodigués par la bonté divine au peuple d’Israël [figure de l’Église et de l’âme chrétienne] et à tout le genre humain, et transmet les leçons de la divine sagesse ?
Qui n’est enflammé d’amour par l’image, fidèlement tracée, du Christ Rédempteur dont saint Augustin entendait dans tous les Psaumes la voix chantant ou gémissant, exultant dans l’espoir, ou soupirant dans l’épreuve ?
Les Psaumes sont, comme dit saint Ambroise, « la bénédiction du peuple, la glorification de Dieu, l’hommage de la foule, l’acclamation universelle, la parole de tous, la voix de l’Église, une éclatante confession de foi, une dévotion pleinement autorisée, la joie de la liberté, le cri du bonheur, les transports de l’allégresse ».
Ils sont autant de secours si puissants pour louer le Seigneur et Lui manifester les sentiments intimes de l’âme. Leur variété, si désirable dans nos oraisons, est souverainement utile à notre faiblesse pour prier avec dignité, attention et piété. Car, ainsi que saint Basile le fait observer, « l’uniformité plonge fréquemment notre esprit dans je ne sais quelle torpeur, et, bien que présent, il est absent ; que si l’on change et varie la psalmodie et le chant à chaque heure de l’Office, l’ardeur de l’esprit se renouvelle et l’attention renaît ». […]
Saint Pie X : Const. Apost, Divino afflatu, 1er novembre 1911
Demandez à vos prêtres de vous aider à prier avec les Psaumes.
Source : Le Petit Echo de Notre-Dame n°93