Nous recourons à Vous, ô Immaculée Mère de Dieu, en cette heure tragique de l’humanité et, plus encore, au sein de cette tempête sans précédent qui ébranle l’Eglise de fond en comble. Vous qui autrefois, debout au pied de la croix, avez compati si intimement aux souffrances de votre divin Fils, comment ne compatiriez-vous pas aujourd’hui à la Passion de l’Eglise son Corps Mystique ! [1]
Tandis qu’au dehors le communisme répand partout ses erreurs jusqu’à en infecter l’Eglise, c’est au sein même de celle-ci que le venin du faux œcuménisme empoisonne d’innombrables âmes, égarant les unes et maintenant les autres hors de l’unité de la vraie foi et de l’unique Arche du Salut.
Au milieu de tant de ruines et de trahisons, il a plu à Dieu selon l’antique exemple de susciter notre Fraternité Sacerdotale comme une petite armée de rebâtisseurs. Mais consciente de sa faiblesse, elle se tourne aujourd’hui vers Vous, Vierge Puissante, Secours des Chrétiens. Devant l’ampleur de notre mission, nous défiant de nos propres forces, nous voulons nous placer sous votre maternelle et puissante protection, ô Vierge redoutable comme une armée rangée en bataille, Vous qui avez reçu dès le commencement la promesse d’écraser la tête du serpent. Au milieu des dangers qui nous menacent, nous supplions Dieu de daigner sceller par Vous notre vocation à servir Son Eglise, ô Arche d’Alliance !
C’est pourquoi, ô Vierge Immaculée, nous nous prosternons aujourd’hui aux pieds de votre trône de grâce, et désireux d’accroître votre louange et votre gloire ; afin de joindre notre petite part à l’amour filial du Christ votre Fils envers Vous, notre très douce mère, nous Vous consacrons, au titre très spécial de votre Cœur Douloureux et Immaculé, et d’une manière irrévocable, notre Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, ses prêtres, ses séminaristes et ses Frères, ses Sœurs, ses Oblates et son Tiers Ordre, toute sa famille spirituelle.
Et afin que Vous soyez désormais la Souveraine de notre Fraternité, par un acte de donation perpétuelle entre vos mains, nous Vous offrons et remettons tous nos biens et nos maisons afin que Vous en soyez la vraie Propriétaire ; nous Vous livrons et consacrons nos corps et nos âmes, tout nous-mêmes, afin que Vous disposiez de nous à votre gré. Les âmes également qui nous sont confiées nous vous les livrons pour que vous les gardiez sous votre tutelle maternelle, nous Vous confions et abandonnons enfin notre apostolat, afin qu’il soit désormais votre apostolat, ô Reine des Apôtres !
Notre Fraternité est dès lors votre domaine ; tenez-la si fermement, ô Tour de David, qu’elle ne puisse jamais s’écarter du bon chemin. Gardez, ô Vierge Fidèle, chacun de ses membres inébranlablement attaché à elle. Gardez notre foi virginale, ô Vierge très pure, Vous qui avez reçu le pouvoir d’exterminer les hérésies dans le monde entier ! Conservez à l’Eglise, ô Pleine de Grâce, le Sacrifice de la Messe dans son rite romain antique et vénérable, porteur de grâce, et gardez nous fidèles à lui. Faites fleurir parmi nous, ô Reine de tous les saints, la sainteté sacerdotale, religieuse et familiale.
Gardez notre Fraternité, ô Mère de la divine Grâce, comme un rameau fructueux et toujours vivant de la Sainte Eglise Catholique et Romaine. Obtenez-nous, ô Mère de l’Eglise, la grâce d’être un instrument toujours plus docile et plus apte entre les mains de Dieu pour le salut du plus grand nombre d’âmes possible. Et afin que nous puissions reconnaître que vous avez exaucé nos prières, ô Vierge Clémente, envoyez-nous beaucoup de ces ouvriers que le divin maître de la moisson appelle à sa Moisson. Accordez-nous enfin, ô Mère du Souverain Prêtre, la grâce de concourir à la restauration du sacerdoce catholique, et par là au rayonnement de l’âme sacerdotale du Christ, qui amènera finalement l’établissement de son Règne sur les individus, les familles et les Etats.
Forts de notre titre d’apôtres de Jésus et de Marie, nous Vous promet tons, ô Reine des martyrs et des confesseurs, de travailler jusqu’à notre dernier souffle à la restauration de toutes choses dans le Christ, à l’accroissement de son Règne et au glorieux triomphe de votre Cœur douloureux et Immaculé, ô Marie !
Amen.
+ Marcel Lefebvre, à Ecône le 8 décembre 1984 [2]
- Sources de ce texte de consécration : 1) Consécration officielle du monastère des Bénédictines du Saint Sacrement le 28 mars 1927 ; 2) Prière au Christ-Roi, publiée dans ce même monastère le 1er juillet 1927 ; 3) Prière à Marie Reine de France, indulgenciée par Pie XII le 15 mars 1948.[↩]
- Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la FSSPX en charge, a renouvelé cette consécration 30 ans après, le 25 octobre 2014, à l’occasion du Pèlerinage international du Christ-Roi à Lourdes, devant 10 000 fidèles.[↩]