Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Cette fête de la Purification de la très Sainte Vierge – qu’on appelle la Chandeleur – est une fête bien chère au cœur des catholiques, des chrétiens. Elle leur apporte de la joie, de l’espérance. C’est la fête de la Lumière, lumière de nos intelligences, de nos cœurs, de nos âmes, lumière apportée par Dieu Lui-même. Il est venu parmi nous l’Emmanuel. C’est pourquoi ce jour est bien choisi, pour que nos jeunes lévites commencent à porter l’habit sacerdotal et pour les ordinations mineures qui auront lieu ensuite.
Apparemment le revêtement de la soutane pourrait avoir un caractère d’austérité, de renoncement, de pénitence, d’abnégation. C’est vrai. Mais y a‑t-il une opposition entre ce caractère austère et la lumière que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu nous apporter ? Bien au contraire ! Bien au contraire.
Notre Seigneur vous l’a dit, à vous mes chers amis, qui allez recevoir la soutane : « Vous êtes la lumière du monde » : Vos estis lux mundi – « Vous êtes le sel de la terre » : Vos estis sal terræ. Et l’on ne met pas la lumière sous le boisseau ; elle doit éclairer tous ceux qui entourent et chasser les ténèbres. Et le sel ne doit pas s’affadir ; il doit donner du goût aux aliments.
Tout cela a une signification toute spirituelle. Notre Seigneur a voulu Lui aussi revêtir un vêtement d’austérité et ce vêtement c’est son Corps crucifié. Car c’est la Croix qui est notre lumière. Et c’est cela que vous apprenez ici au séminaire. Nous sommes des aveugles ; nous sommes frappés de cécité par le péché originel. Et ses conséquences demeurent en nous, même après la grâce du baptême. Alors cette cécité, vous essayez, par la grâce du Bon Dieu, par vos efforts personnels au cours de vos études et surtout par la prière, par la soumission à la volonté du Bon Dieu, vous le suppliez d’ouvrir vos yeux.
Seigneur faites que je voie. Faites que je voie. Et Jésus, peu à peu, comme à l’aveugle-né, Jésus peu à peu vous rend la vue. Et cette vue passe par la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ pour atteindre Dieu Lui-même.
Si vous voulez connaître Dieu – et c’est cela l’objet de notre existence, l’objet de la vie éternelle, n’est-ce pas Notre Seigneur qui le dit aussi dans sa Prière sacerdotale – la vie éternelle n’est pas autre chose que connaître Dieu et Celui qu’Il a envoyé Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est cela l’objet de toutes vos études, l’objet de tous vos efforts ici au séminaire. Ce n’est pas autre chose, préparer la vie éternelle et préparer la vie éternelle de ceux vers lesquels vous serez envoyés.
Cette vie éternelle, encore une fois, c’est connaître Dieu et Celui qu’il a envoyé. Notre Seigneur Jésus-Christ. Tout est là : Tout !
Ce sera la grande Révélation pour nous ; commencée ici-bas sur la terre, la Révélation que nous apprenons par notre catéchisme ; que nous apprenons par nos sacrements, par la prière et surtout par la très Sainte Messe, par la Sainte Communion. Révélation de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais qui sera à son comble, lorsque nous verrons Dieu au Ciel. Nous la préparons ici-bas, cette vision éternelle qui nous rendra bienheureux pour l’éternité.
Or, nous sommes bien obligés de le constater, mes bien chers amis, vous qui avez vécu dans le monde aussi, rappelez-vous vos années de jeunesse, années d’adolescence, années d’études ; fréquentant ceux qui ne connaissent pas ou ne veulent pas connaître la Lumière ; qui refusent la Lumière. Et Dieu sait s’il est un temps où aujourd’hui, les ténèbres n’ont pas reçu la Lumière, selon ce que le dit déjà saint Jean dans la première page de son Évangile : Lux in tenebris lucet, et tenebræ eam non comprehenderunt (Jn 1,5) : « La lumière est venue et les ténèbres ne l’ont pas reçue ». Oui, les ténèbres s’opposent à la lumière et quand on veut les ténèbres, que l’on veut vivre dans les ténèbres, on refuse la lumière.
Et aujourd’hui, c’est général. Ce n’est pas seulement hors de l’Église ; ce ne sont pas seulement les ennemis de l’Église qui refusent la Lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ, ce sont même les chrétiens, les chrétiens eux-mêmes, les catholiques et même – hélas – le clergé lui-même ferme les yeux devant la grande Lumière qu’est la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.
D’ailleurs lorsque l’on visite leurs églises, l’on n’y trouve plus la Croix. La Croix n’est plus sur les autels et la Croix parfois n’est même plus dans leurs églises, ou c’est une Croix déformée qui ne ressemble plus en rien à Notre Seigneur Jésus-Christ crucifié. Ils ont rejeté la Croix de Notre Seigneur. Et c’est pourquoi ils sont dans l’aveuglement. Ils ne voient plus. Ils ne comprennent plus. Ils ne sont plus la lumière de leur peuple. Ils ont peur de la Croix de Notre Seigneur ; ils ont peur de parler (aux fidèles) des commandements de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils ont peur de leur imposer des sacrifices. Car la loi de Dieu est une loi d’amour. Et la loi d’amour, c’est une loi de sacrifice.
Il n’y a plus d’amour ; il n’y a plus de charité sans la Croix de Notre Seigneur. La Croix de Jésus est précisément le sommet, l’expression de la charité divine.
Mais c’est aussi le sommet du sacrifice et de la pénitence. Alors les prêtres aujourd’hui n’osent plus demander des sacrifices et des pénitences aux âmes qui viennent les consulter. On laisse à la conscience, à la liberté individuelle, au jugement personnel. Toute la morale, toute la loi de Notre Seigneur Jésus-Christ sera jugée à la mesure de l’individu, de la personne, selon ce qu’il désire, selon ce qu’il rejette. C’est une morale libre, morale permissive, morale qui rejette la loi de Notre Seigneur Jésus-Christ, la loi d’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il n’est pas étonnant que l’immoralité progresse partout, que le blasphème est maintenant sur nos murs, avec ces productions cinématographiques blasphématoires, contre la très Sainte Vierge Marie, contre Notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous en arrivons à une période démoniaque où la lutte contre Notre Seigneur, contre la très Sainte Vierge Marie, contre ce que nous avons de plus cher dans notre foi, est maintenant publique ; officielle, la lutte contre les écoles catholiques, la lutte contre ce qui représente encore la tradition chrétienne.
Et nous ne voyons plus de défenses héroïques. Certes encore quelques personnes s’efforcent de s’opposer à ce déferlement des influences diaboliques. Mais combien ?
Alors, vous devez être de ceux-là. Vous vous engagez aujourd’hui, en revêtant la soutane, à être des exemples et des manifestes de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et c’est pourquoi vous serez haïs par le monde. Notre Seigneur nous l’a promis. Oui, vous serez haïs par le monde, parce que vous manifestez Notre Seigneur Jésus-Christ ; parce que vous manifestez la vertu de la Croix, la vertu de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ne vous étonnez pas si le monde vous hait. Mais cet habit se transformera un jour en habit de gloire. Comme le Corps de Notre Seigneur est devenu resplendissant au moment de sa Résurrection et Il l’est désormais pour toujours, glorifié pour l’éternité.
Ainsi votre soutane sera pour vous un objet de glorification aussi, un objet de lumière. Et en tout cas une source de lumière pour vous. Source de lumière pour vos âmes qui méditeront la vertu de Notre Seigneur Jésus-Christ. Faites en sorte que vos études, que toute l’ambiance du séminaire, soient pour vous, précisément, une source de lumière, source de charité, source de vérité. Quelle joie, quelle action de grâces vous devez avoir pour avoir été choisis par Notre Seigneur Jésus-Christ, en ce temps des ténèbres, pour que vous receviez, vous, la lumière.
Vous venez de recevoir dans vos mains le cierge qui est le signe, le symbole de la lumière, qu’est Notre Seigneur Jésus-Christ. Gardez ce flambeau précieusement. Entretenez dans vos âmes cette lumière de la vérité. Que toutes vos études vous penchent et vous fassent connaître la Vérité qu’est Notre Seigneur Jésus-Christ. Toute la philosophie chante la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ qui a créé les choses de ce monde. Ce n’est pas autre chose que de découvrir les merveilles que Dieu a faites dans ce monde. Dans le monde matériel, dans le monde spirituel et dans le monde céleste.
Car le sommet de la philosophie, c’est la théodicée, c’est l’étude de Dieu, de tous les attributs de Dieu, merveilleux, qui nous montre l’infinité de Dieu et notre petitesse et devrait nous plonger dans l’humilité. Voilà le résultat de la philosophie, de la vraie philosophie telle que l’Église l’enseigne.
Et puis la loi morale. Cette loi de charité que le Bon Dieu a mis dans nos cœurs et qui ressemble à Sa charité, qui est un effet de sa charité, qui est en Lui.
Voilà ce que c’est la loi morale. Notre Seigneur l’a dit : « Les commandements se résument en deux commandements de charité ». Et puis lorsque vous découvrez dans votre théologie, toute la Révélation de Notre Seigneur Jésus-Christ, Dieu se faisant homme ; Dieu venant nous racheter ; Dieu répandant sa miséricorde, sa charité sur nos âmes, par la grâce, par ses sacrements, par la Sainte Église. Conférant le sacerdoce à des âmes choisies pour qu’elles offrent le Sacrifice, Sacrifice de la Rédemption, Sacrifice de la Croix.
Ce sont des merveilles que vous méditez tout au long de vos études, qui doivent remplir vos âmes d’action de grâces, remplir vos âmes de la charité envers Notre Seigneur ; remplir vos âmes de ce zèle, ce zèle de missionnaire. Un jour, oui, je serai envoyé vers les âmes pour les convertir, pour leur donner cette lumière dont elles ont besoin, pour les mener à la vie éternelle. Quelle joie ! Participer ainsi à la mission de Notre Seigneur Jésus-Christ, à cette mission sacerdotale. Y a‑t-il quelque chose de plus beau ici-bas. Rien ne ressemble à la mission sacerdotale. Réjouissez-vous. Remerciez le Bon Dieu.
Et puis, puisque nous avons ici quelques moines qui sont avec nous, qui représentent ce sacerdoce priant, ce sacerdoce louant Dieu, car enfin, c’est là aussi que se termine notre vie ici-bas, par une grande louange de Dieu, une louange éternelle de Dieu dans le Ciel.
Alors dès ici-bas, ces moines commencent à manifester cette gloire céleste. Ce chant céleste, par leurs louanges, par leur office, par toute leur vie, leur vie cachée en Dieu. Tout cela est un exemple magnifique pour toute la chrétienté.
Mes bien chers frères, réjouissez-vous, partagez la joie de ceux qui vont revêtir aujourd’hui la soutane, partagez la joie de ceux qui vont recevoir les sacrements.
Et vous, chers parents chrétiens, qui accompagnez vos enfants, dans ce don à Notre Seigneur, que le Bon Dieu vous bénisse. Que ce soit pour vous une source de consolation, de joie profonde. Rien n’est aussi beau pour une famille, que de donner un enfant pour le sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et vous tous, fidèles chrétiens, désireux de garder toute la tradition chrétienne dans vos familles, gardez les vertus chrétiennes, malgré les épreuves et les sacrifices que cela représente. Eh bien gardez fidèlement la loi de Notre Seigneur Jésus-Christ, si vous voulez être heureux, si vous voulez préparer votre bonheur dans le Ciel, que Notre Seigneur Jésus-Christ règne dans vos foyers. Que le Cœur de Jésus règne dans vos familles. C’est là la source de la vraie joie, la source des vraies consolations ici-bas.
Et aujourd’hui, puisque c’est la fête de la très Sainte Vierge Marie, tournons-nous vers notre bonne Mère du Ciel, elle a été vraiment celle que l’on peut dire chrétienne, chrétienne dans le plein sens du mot. Elle a suivi Notre Seigneur jusque dans ses souffrances sur la Croix. Elle a été Marie Corédemptrice ; elle est Notre-Dame de la Compassion, celle qui a partagé la Passion de Notre Seigneur. Elle nous montre l’exemple de cette charité souffrante, de cette charité miséricordieuse, charité dans le sacrifice.
Alors, demandons à la très Sainte Vierge Marie de nous donner ses grâces particulières et de comprendre toujours mieux le sens de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.