Marie, sanctuaire de la première ordination sacerdotale

Elle fut un sanc­tuaire vivant, qui coopé­ra libre­ment à la sublime cérémonie.

Puisque Notre-​Seigneur est deve­nu prêtre par l’acte même de l’Incarnation, il faut dire que son ordi­na­tion sacer­do­tale a été célé­brée dans le sein très pur de la Vierge Marie. Il fal­lait à cette célé­bra­tion divine un temple saint, dont aucune ombre ne ter­nît la splen­deur, enri­chi des joyaux les plus pré­cieux. Marie fut le sanc­tuaire vir­gi­nal, amou­reu­se­ment pré­pa­ré par l’opération de l’Esprit-Saint, où s’accomplit le rite inef­fable du sacre de Jésus comme Pontife Suprême.

Marie fut donc le sanc­tuaire béni où fut célé­brée la pre­mière ordi­na­tion sacer­do­tale dont toutes les autres ne sont que des par­ti­ci­pa­tions. Mais elle ne fut pas un temple inerte, comme un ciboire de métal pré­cieux ou comme une église bâtie avec des pierres maté­rielles ; elle fut un sanc­tuaire vivant, qui coopé­ra libre­ment à la sublime céré­mo­nie. Dieu a vou­lu que Marie concou­rût par sa cha­ri­té à don­ner au monde un média­teur. En rece­vant le mes­sage angé­lique, elle vit, dans une lumière pro­phé­tique, par quel sacri­fice devait être rache­tée l’humanité cou­pable, elle vit la per­pé­tui­té de ce sacri­fice dans l’eucharistie jusqu’à la fin des temps, elle aper­çut toute la suite des prêtres de la nou­velle alliance dont le sacer­doce devait prendre sa source dans le sacer­doce prin­ci­pal de son Fils. Tout cela était, pour ain­si dire, sus­pen­du à sa misé­ri­cor­dieuse accep­ta­tion ; c’est tout cela qu’elle vou­lut en s’associant au vou­loir divin.

L’ordination du Christ ne s’accomplit que lorsque Marie eut don­né son consen­te­ment ; c’est seule­ment quand elle eut pro­non­cé son “ Fiat ” que l’onction divine se répan­dit sur la nature humaine pour l’unir hypo­sta­ti­que­ment à la per­sonne du Fils unique du Père. C’est ain­si que le sacer­doce du Christ dépend d’elle ; et par consé­quent il est vrai que le sacer­doce catho­lique, déri­vé tout entier de celui du Christ, trouve son ori­gine dans le “ Fiat ” de la Mère de Dieu.

Bien plus, c’est la Vierge qui a four­ni le sujet de l’ordination. C’est d’elle que le Verbe a pris cette huma­ni­té sur laquelle s’est écou­lée, pour la péné­trer sub­stan­tiel­le­ment, l’huile de la divi­ni­té. L’homme-Dieu est prêtre selon la chair, et cette chair très sainte, Il l’a reçue de Marie. Marie est la terre vierge d’où a ger­mé la fleur de la race humaine. 

D’autres mères peuvent se réjouir d’avoir don­né des prêtres à l’Église, mais ces fils, elles ne les ont pas engen­drés prêtres ; le carac­tère sacer­do­tal est venu se joindre après coup, d’une manière adven­tice, à la nature qu’ils tiennent de leurs mères. Au contraire, la Vierge Marie n’est pas la mère d’un Fils qui sera fait prêtre, indé­pen­dam­ment d’elle, après sa nais­sance ; elle engendre Jésus dans sa qua­li­té même de prêtre. Le carac­tère sacer­do­tal est insé­pa­rable de la nature humaine que Jésus a prise de Marie ; Il est prêtre de par sa concep­tion dans le sein de sa Mère.

Père Joseph Le Rohellec, Marie et le sacerdoce

Source : Le Petit Echo de Notre-​Dame n° 88