la continuité dans le concile ? Où ? A Assise ? Dans le baiser du coran ? »
Le 11 novembre 2012, Mgr Bernard Fellay a célébré la messe en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris. Au cours d’un sermon fort et clair, il est revenu sur ces « quelques mois de souffrances, de troubles et de tourments chez nous », déclaré que nous en étions » au même point que Mgr Lefebvre en 1974″ et posé la question de savoir « où Rome voyait dans le concile Vatican II la continuité ? A Assise ? Dans le baiser du coran ? Où ? »
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La parabole de l’ivraie appliquée aux événements récents dans la FSSPX
Cher Monsieur le Supérieur du District, chers Messieurs les abbés, très chers fidèles,
Nous venons d’entendre, dans l’Evangile, la parabole de l’ivraie ; bien mystérieuse, cette réalité de l’ivraie. C’est Notre Seigneur qui nous l’enseigne et qui nous dit que le Royaume de Dieu – lorsqu’Il parle du Royaume de Dieu, c’est d’abord et avant tout l’Eglise – est comparable à un champ dont le maître est Dieu. Il n’y fait que du bien ; il n’y plante que du bon grain. Ainsi fait Dieu, par sa grâce, sa bonté. On peut étendre ensuite ce mystère à bien plus loin que l’Eglise, au monde entier. Dieu Lui-même est aussi le Maître de ce monde, et voici que tout d’un coup, au milieu de cette action bénéfique, bienveillante – nous savons que Dieu est le maître de tout –, apparaît la zizanie, la mauvaise herbe, le mal (cf. Matthieu 13, 24–30).
Etonnement des Anges, étonnement de ces travailleurs dans le champ : « Mais, Seigneur, n’avez-vous pas planté que du bon grain ? » Réponse du Maître : « C’est l’Ennemi qui a fait cela ». Cette réponse, comme elle est dite ici, pourrait laisser supposer que le Bon Dieu n’y peut rien. Comprenons bien, ce n’est pas le Bon Dieu qui l’a fait… Oui, mais Il reste le Maître ! Le mystère est encore plus grand. Dieu permet. Il aurait pu empêcher cette mauvaise herbe mais Il permet que cet ennemi, le Démon, plante cette mauvaise herbe. Il permet que nous-mêmes – parce qu’Il nous a fait libres – puissions déchoir, faire du mal. Il ne veut pas, Il ne veut que du bon grain. Mais voici que dans notre histoire – l’histoire de l’Eglise – le mal, la souffrance, la zizanie se répandent dans le monde, scandale pour tant et tant de personnes. Mais le scandale va encore plus loin. Voici que ces Anges, ministres de Dieu, puissants, forts, qui ne veulent que le Bien, s’offrent pour éradiquer cette mauvaise herbe et l’arracher… Pour en terminer avec ce mal ! Et le Maître dit : « Non, non, il faut laisser cette mauvaise herbe » !
C’est tout le mystère que nous rencontrons dans l’Eglise, qui désormais doit s’appeler militante. Il faut combattre, il y aura un combat dehors, et même dedans. Et jusqu’à la fin. Pourtant, c’est bien le Maître – vous l’avez entendu dans l’Epître – qui nous dit que par-dessus tout, c’est l’amour – et l’amour c’est l’union – qui sera le signe même de l’authenticité de l’Eglise. C’est saint Paul qui nous dit aussi cette parole terrible, qui va également dans le sens de cette parabole de l’ivraie : « Oportet haereses esse » (1 Cor. 11, 19). Il faut qu’il y ait des divisions. Ce qui semble contradictoire. Et Notre Seigneur d’expliquer à ses Anges que d’enlever ces mauvaises herbes fera plus de mal que de bien. Et donc il faut les laisser. Cela ne veut absolument pas dire que Dieu, tout d’un coup, ne serait plus le Maître de toutes choses. Oh non ! Il annonce d’ailleurs cette maîtrise, en disant qu’au moment de la récolte on fera la distinction. A ce moment-là, la mauvaise herbe sera brûlée, séparée du bon grain. Ceux qui font le mal, qui pensent le faire impunément parce qu’ils ne voient pas la punition immédiate, qu’ils prennent garde ! Dieu reste Dieu. Viendra le jour où Il manifestera sa souveraineté. De Dieu, on ne se moque pas. C’est l’Ecriture Sainte qui nous le dit. Mais voilà, il y a ce mystère du Bon Dieu qui permet qu’ici-bas, à cause du péché, à cause des conséquences du péché, nous devions nous battre.
Et ce mystère nous a touchés un peu plus intimement ces derniers mois. Nous avons vu jusque dans notre chère Fraternité, une confusion, une mauvaise herbe, une zizanie, un trouble. Dieu l’a permis, comme Il le permet à l’Eglise, comme Il le permet, on peut dire, dans toute société. C’est ce grand mystère du Bon Dieu. Notre Seigneur a également dit à ses Apôtres : « Si un sarment ne porte pas de fruit, l’agriculteur le coupe. Et Il continue en disant : mais aussi, ceux qui portent du bon fruit seront coupés… afin qu’ils portent davantage de fruits » (cf. Jean 15, 1–2). C’est un grand mystère que cette annonce de souffrances qui, dans le plan de Dieu, est nécessaire et que nous comprenons si mal. Chaque fois que nous faisons du bien, chaque fois que nous faisons un effort vers le bien, que nous réussissons dans cet effort vers le bien, nous attendons automatiquement du Bon Dieu un regard bienveillant, une bonté, quelque chose qui nous fait du bien. Et lorsque le Bon Dieu répond par un coup, nous ne comprenons plus. Et pourtant, ce n’est pas un mauvais coup, c’est un coup, oui. Couper un sarment, ça ne fait pas du bien mais c’est pour qu’il porte davantage de fruits qu’on le coupe… Quel grand mystère !
Quelles leçons devons-nous tirer de ces souffrances internes et des contradictions romaines ?
J’aimerais très brièvement aborder avec vous ces quelques mois qui ont causé des souffrances afin d’en tirer quelques leçons ; afin de pouvoir s’y retrouver aussi si c’est nécessaire. Vous savez que ces temps de trouble – je parle bien sûr de nos relations avec Rome, des réactions qui ont eu lieu chez nous, et de cette conséquence douloureuse qui a été la perte d’un de nos évêques… Ce n’est pas rien ! Je tiens ici à préciser et à confirmer que ce n’est pas ce problème de nos relations avec Rome qui est la cause de ce départ. C’en a été l’occasion mais c’est en réalité l’aboutissement d’un problème qui dure depuis bien plus longtemps. Un problème de discipline interne à la Fraternité, qui s’est manifesté à la fin par une sorte de rébellion ouverte contre l’autorité sous, disons, un faux prétexte.
Essayons d’expliquer un peu plus. Qu’est-ce qui s’est passé pendant tous ces mois ? Où s’est trouvée la cause de tous ces troubles ? Je pense qu’elle est multiple, mais le fond est une contradiction à Rome. Contradiction que nous avons constatée, que nous avons déjà expliquée depuis au moins l’an 2009. Contradiction qui, directement pour nous, se manifeste dans des décisions et des déclarations de la même autorité, c’est-à-dire du Saint-Siège, mais qui émane de diverses personnes du Saint-Siège, personnes diverses, opposées et même contradictoires. Et il nous semble bien qu’à Rome les personnes qui sont là ont des positions divergentes, même par rapport à la crise et, après, par rapport à nous. D’autre part, on voit bien qu’il y a un fractionnement dans l’exercice de l’autorité à Rome. D’où une difficulté qui existe déjà depuis plusieurs mois, depuis plusieurs années, de savoir ce que veut vraiment la tête, c’est-à-dire le Saint-Père, le Souverain Pontife. En principe, c’est ce qu’on appelle le Saint-Siège. Le Vatican, c’est sa main. On ne fait pas de distinction entre le Saint-Siège et le Pape. Lorsque nous disons Rome, nous disons cet ensemble, cette autorité dans l’Eglise. C’est ainsi que cela devrait être. Mais dans la réalité, nous avons constaté plus d’une fois qu’il existe comme des sabotages de l’autorité, en particulier lorsque des décisions ont été prises en faveur de la Tradition. L’une des plus manifestes est celle qui s’est produite au sujet de la messe. Cette fois-ci cette opposition ne fut pas seulement à Rome, mais un peu partout dans les diocèses. Ce sabotage provenait d’évêques qui empêchaient prêtres et fidèles d’avoir l’accès à la messe de toujours. Dans ce climat, nous avons eu des discussions doctrinales qui se sont terminées un peu en queue de poisson. Sur un constat de non-entente.
Suite à ces discussions – et c’était là pour nous une cause de grand étonnement, de surprise – le Saint-Siège a néanmoins fait une proposition de solution canonique. En même temps que d’un côté, par le canal officiel de la Congrégation de la Foi et de la Commission Ecclesia Dei, nous sont donnés des documents à signer ou à discuter, de l’autre nous recevons par des personnes qui travaillent dans ces lieux mêmes, à Ecclesia Dei, ou à travers un cardinal, un message différent de la ligne officielle. A peu près ceci : « Le Pape va reconnaître la Fraternité comme il l’a fait pour les excommunications, sans contrepartie de la part de la Fraternité ». Une telle situation ne manque pas de poser de gros problèmes car ce message ne dit pas la même chose que le texte reçu. Ces mêmes personnes le reconnaîtront : « Ces textes qu’on vous propose, cela ne correspond pas à ce que veut le Pape. » Et pendant des mois, ce double langage va continuer. Aux messages officiels – puisqu’on nous demande d’accepter ce que, dans les discussions, nous n’avons pas accepté – notre réponse est non. Nous ne pouvons pas. Mais, en même temps que nous obtenons ces réponses officielles, continuent ces messages de bienveillance dont il est impossible de mettre en doute l’origine. Et l’origine, c’est tout en haut. Je vous donne quelques-unes de ces phrases : « Que la Fraternité sache que de résoudre les problèmes de la Fraternité est au cœur de mes préoccupations », ou même « est une priorité de mon pontificat ». Cela avec l’intention de résoudre le problème.
Quant aux moyens, d’autres phrases du genre : « Il y a des ennemis à Rome qui sabotent toutes les initiatives du Pape en faveur d’une restauration. » Ou d’autres comme : « Que Mgr Fellay ne s’inquiète pas, après cette reconnaissance, il pourra continuer à attaquer tous les points comme avant ». Ou encore plus fort : « Le Pape est au-dessus de la Congrégation de la Foi. Si la Congrégation de la Foi prend une décision contraire à la Fraternité, le Pape interviendra pour casser cette décision. »
Pouvions-nous totalement ignorer cette deuxième ligne ? Il fallait nécessairement la vérifier, vérifier son authenticité, sa véracité. Mais il était strictement impossible de le dire, de le communiquer. Car en parler aurait encore compliqué les choses. A la fin – on peut dire depuis le mois de mai – les choses ont commencé à se clarifier. Au mois de juin, enfin, on arrive à une clarté. Pourquoi ? Parce que j’arrive, on peut dire, à réunir ces deux canaux. Par lettre, j’écris au Pape en lui disant ceci : pendant un moment, vu que vous savez notre opposition au Concile, et puisque vous voulez néanmoins nous reconnaître, j’en avais conclu que vous étiez disposé à mettre de côté ou à plus tard ces problèmes du Concile. Entre autres, cela voulait dire « dégrader le Concile », le rendre sujet à opinions, à discussions – puisqu’on parlait de discussions possibles, légitimes même. Donc je pensais ainsi : « puisque vous faites ce geste vers nous, malgré le problème, cela veut dire que vous estimez plus important de déclarer catholique la Fraternité que de maintenir à tout prix ce Concile ; puisque je vois qu’à la fin, vous-même semblez imposer le Concile, je dois conclure que je me suis trompé. Alors, s’il vous plaît, dites-nous vraiment ce que vous voulez ».
Et j’ai reçu une lettre, réponse écrite, datée du 30 juin. Cette lettre du 30 juin manifeste que c’est bien lui, le Pape, qui est intervenu pour obliger à l’acceptation du concile, pour réintroduire dans le texte tout ce que j’en avais enlevé et que nous ne pouvions pas signer. Cela a été remis. Et il continue en disant que pour arriver à une reconnaissance juridique, il y a trois conditions, trois acceptations de la part de la Fraternité :
Accepter que « le Magistère est le juge de la Tradition apostolique », c’est-à-dire que c’est bien le Magistère qui nous dit ce qui appartient à la Tradition. Cela, c’est de foi. Evidemment, dans le contexte, le Pape l’utilise pour nous obliger à accepter les nouveautés.
Et surtout, il nous est demandé d’accepter que « le Concile fait partie intégrante de cette Tradition ». Cela veut dire que le Concile serait « la Tradition », serait traditionnel. Cela fait quarante ans que nous disons le contraire, non pas pour notre plaisir mais, selon cette parole consacrée, qu’on retrouve tant et tant de fois dans la bouche de notre vénéré fondateur : « nous sommes obligés de constater » – ce sont les faits qui nous montrent – que ce concile, c’est une volonté arrêtée de faire quelque chose de nouveau. Et il ne s’agit pas de n’importe quelle nouveauté, d’une nouveauté superficielle, mais d’une nouveauté profonde, en opposition, en contradiction avec ce que l’Eglise avait enseigné et même condamné.Ce n’est pas pour notre plaisir que nous sommes dans ce combat depuis tant et tant d’années, contre ces nouveautés, ces réformes conciliaires qui démolissent l’Eglise et en font une ruine. Et voilà qu’on nous dit : la condition, c’est d’accepter que « le concile fait partie intégrante de la Tradition »…
Enfin une autre condition qui touche cette fois-ci à la Messe. Il nous faut accepter la validité de la nouvelle messe, mais pas seulement la validité. Il nous faudrait accepter aussi la licéité. On parle de validité lorsqu’on demande : « est-ce que la chose est ?». Une messe qui est célébrée validement veut dire que Notre Seigneur est là. On ne regarde alors pas les circonstances dans lesquelles cette messe est dite. C’est ainsi qu’une messe noire peut être valide. C’est affreux, c’est un sacrilège terrible mais, hélas, il y a des prêtres qui consacrent ce qu’on appelle une messe noire. Cette messe est valide. En prenant cet exemple choquant, vous comprenez bien que cela n’est pas permis, cela n’est pas licite parce que c’est mauvais. Licite veut dire permis parce que c’est bon. Et nous, nous avons constaté les ravages de cette nouvelle messe, nous avons constaté comment elle a été faite, dans quel but elle a été faite, pour l’œcuménisme. Et nous voyons les résultats, la perte de la foi, les églises vidées, et nous disons : elle est mauvaise. C’est ce que j’ai répondu à Rome. D’habitude, nous ne parlons même pas de licéité, nous disons simplement de la messe qu’elle est mauvaise. Cela suffit.
La situation est bloquée, mais nous continuons le combat
Voilà, mes bien chers Frères, la situation. Et voilà pourquoi il est évident que depuis le mois de juin – nous l’avons annoncé aux ordinations – les choses sont bloquées. C’est un retour à zéro. Nous sommes exactement au même point que Mgr Lefebvre dans les années 1975, 1974. Et donc, on continue notre combat. Nous n’abandonnons pas l’idée, un jour, de regagner l’Eglise, de reconquérir l’Eglise à la Tradition. La Tradition, c’est son trésor, le trésor de l’Eglise. Nous continuons, en attendant le jour heureux… Il viendra, même si nous ne savons pas quand. Nous verrons bien. C’est dans le secret du Bon Dieu. Il viendra ce jour où la zizanie sera extirpée, ce mal qui fait souffrir l’Eglise. Cette crise est probablement la plus épouvantable que l’Eglise ait jamais soufferte. Nous voyons les évêques, les cardinaux qui ne conduisent plus les âmes au Ciel ; qui bénissent les chemins de l’enfer ; qui n’avertissent plus les âmes des dangers qu’elles courent sur la terre ; qui ne rappellent plus le but de leur existence… Ce but, c’est le Bon Dieu, c’est d’aller au Ciel. Et il n’y a pas trente-six chemins pour y aller : c’est le chemin de la pénitence, c’est le chemin du renoncement. Tout n’est pas permis. Il y a les Commandements du Bon Dieu. Et si l’on ne veut pas les respecter, on se prépare pour l’enfer. Combien de fois entendons-nous ces paroles dans la bouche d’un évêque ? Combien d’évêques probablement ne les auront jamais prononcées ? Nous connaissons des séminaristes, modernes, qui sont arrivés au terme de leur séminaire, et qui nous ont dit : « Nous n’avons jamais entendu cette parole au séminaire » ! Et pourtant, c’est la conséquence directe du péché.
Notre vie sur terre est une épreuve. Nous devons montrer au Bon Dieu que nous le choisissons, Lui, et que nous renonçons donc à nos amours, aux amours des choses de la terre, que nous le préférons. Il ne faut pas se décourager devant cette zizanie. Ce peut être une réaction devant ce mal qui est partout, qui envahit tout, et toujours plus. Ce pourrait être une réaction, mais une réaction trop humaine. Dans la collecte d’aujourd’hui, l’Eglise nous dit qu’Elle ne s’appuie que sur la grâce, pour tout ce dont nous avons besoin, pour tout notre combat. Vouloir s’appuyer sur ses propres forces peut facilement conduire au découragement. Notre force, c’est ce que nous disons tous les jours : « Adjutorium nostrum in nomine Domini ». Notre aide, et donc notre force, est dans le Nom du Seigneur. C’est seulement sur le Bon Dieu qu’il faut compter. Et nous savons bien que si le Bon Dieu permet les épreuves, jamais Il ne permet une épreuve pour nous sans nous donner la grâce proportionnée pour triompher. Ces paroles, il faut les prendre comme elles sont : elles sont vraies. « Tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8, 28), tout et, avant tout, bien sûr, les épreuves.
Et donc, si nous avons des épreuves, ne nous laissons pas décourager. Redoublons nos prières. Tournons nos regards vers le Bon Dieu. Faisons quelques efforts, quelques sacrifices, et comptons sur sa grâce. L’Eglise nous a toujours dit qu’il y a un regard, une pensée qui sont la solution de tous les problèmes. Ils nous donneront cette force, ce courage, quel que soit notre état. Il s’agit du regard que l’on porte sur Jésus crucifié, sur le Crucifix, sur Jésus qui est en train de mourir sur la Croix pour nous, par amour pour nous. Il aurait très bien pu nous laisser tomber. Il est Dieu, infiniment au-dessus de ses créatures qui L’ont offensé, d’une manière tellement ingrate. Que fait-Il ? Au lieu de laisser les choses ainsi, Il vient réparer. Il s’est fait homme, dans un anéantissement indicible. Dans sa Passion, Il prend nos péchés sur Lui, Il les porte, Il paie à notre place. Il prend sur lui le châtiment que nous méritions par nos péchés.
C’est l’amour de Jésus pour nous. Et nous, nous aurions un doute sur le fait qu’Il veuille nous secourir, qu’Il veuille nous aider ? Reprenons nos esprits. Reprenons la foi. Et même s’Il se cache, s’Il redouble l’épreuve, cela ne fait rien, Il est le Maître absolu de toutes choses. Il est capable de nous sauver dans la situation de l’Eglise actuelle comme dans le meilleur des temps. Et ce mystère va si loin, mes bien chers Frères, que ce pouvoir, cette puissance de sainteté, de sanctification, réside aujourd’hui encore dans cette Eglise que nous voyons à terre. Si nous avons la foi, c’est dans cette Eglise ; si nous recevons la grâce du baptême jusqu’au dernier des sacrements, c’est dans et par cette Eglise. Cette Eglise qui n’est pas une idée, qui est réelle, qui est devant nous, que l’on appelle l’Eglise catholique et romaine, l’Eglise avec son pape, avec ses évêques, qui peuvent être aussi en débilité. Mais, cela ne fait rien, le Bon Dieu ne laisse pas tomber son Eglise. A nous de ne pas nous laisser troubler et ne pas dire : puisqu’il y a l’assistance du Bon Dieu, tout est bon ! Bien sûr que non !
Voyez-vous, c’est le problème que nous avons avec Rome dans nos discussions. Nous leur disons : il y a un problème et ce problème vient manifestement du Concile et de ses suites. Et on nous répond : « C’est impossible. Non, il n’y a pas de problèmes. Il ne peut pas y avoir de problèmes, parce que l’Eglise jouit de l’assistance du Saint-Esprit. Donc l’Eglise ne peut rien faire de mauvais. Ce n’est pas possible. Et donc le concile doit être bon, par nécessité. Et donc, ce que vous dites, cela ne vaut pas. Il y a ici ou là quelques abus, mais cela ne vaut pas. La nouvelle messe a été faite par l’Eglise. L’Eglise est assistée. C’est nécessairement bon, et vous n’avez pas le droit de dire qu’elle est mauvaise ». Voilà ce à quoi nous sommes confrontés. Et nous répondons : « Nous acceptons la foi jusqu’au moindre iota, et aussi la foi dans l’Eglise, dans ses privilèges, dans l’assistance du Saint-Esprit. Cependant, et c’est tout aussi vrai, nous acceptons la réalité. Nous ne sommes pas près de nier la réalité. Et nous savons bien qu’il n’y a pas de contradiction entre les deux. Il y aura bien un jour une explication, même si aujourd’hui il n’y en a pas. »
C’est le mystère de la Croix. Lorsque Jésus est sur la Croix, la Foi nous oblige à professer qu’Il est Dieu, qu’Il est Tout-Puissant, qu’Il est éternel et immortel. Il ne peut pas mourir ; Il ne peut pas souffrir. Dieu est infiniment parfait. Il est impossible que Dieu souffre. Et Jésus, sur la Croix est Dieu. La Foi nous le dit. Et nous sommes obligés de l’accepter, totalement, sans aucune diminution. Mais en même temps, l’expérience humaine nous dit que ce même Jésus souffre et même, Il meurt. Au pied de la Croix, seuls sont dans la vérité ceux qui maintiennent les deux, même si cela semble contradictoire. Et l’on voit à travers toute l’histoire de l’Eglise ce même problème ; la grande majorité va s’en tenir à ce que nous dit la connaissance humaine et conclure : « Donc il n’est pas Dieu. Il est vraiment mort. Il est mort et enterré. C’est fini. » C’est la plus grande partie des ennemis de l’Eglise, des athées, des hérétiques, et des modernistes qui se cachent dans l’Eglise qui font croire qu’ils ont la foi alors qu’ils ne l’ont pas. On distinguera habilement un Christ de l’Histoire, celui-là c’est le Christ réel et on le dira mort et jamais ressuscité et un soi-disant Christ de la Foi, celui auquel l’Eglise nous obligerait de croire et, pour Lui, on invente une résurrection. C’est absolument faux. Ce n’est pas juste. Il est vraiment ressuscité. Figurez-vous que d’autres hérétiques, au contraire, ont insisté pour dire : « Mais oui, Il est Dieu. Donc cette mort, ces souffrances, ce ne sont que des apparences. Il n’est pas vraiment mort. » Cette erreur s’est aussi trouvée, mais moins répandue.
Aujourd’hui, par rapport à l’Eglise, c’est le même problème. Pour rester dans la vérité, il faut garder ces deux données, les données de la Foi et aussi les données de la constatation de la raison. Ce Concile a voulu se mettre en harmonie avec le monde. Il a fait rentrer le monde dans l’Eglise et maintenant nous avons le désastre. Et toutes ces réformes qui ont été faites à partir du Concile, ont été faites par les autorités pour cela. Aujourd’hui, on nous parle de continuité, mais où est-elle ? A Assise ? Dans le baiser du Coran ? Dans la suppression des Etats catholiques ? Où est cette continuité ? Et donc, nous continuons tout simplement, bien chers Frères, sans rien changer, jusqu’au moment où le Bon Dieu voudra… Cela ne veut pas dire qu’il faut rester inactif. Tous les jours, nous avons ce devoir de gagner les âmes. Et nous savons bien que la solution viendra du Bon Dieu, et on peut même le dire, par la Sainte Vierge. On peut le dire, c’est une évidence de notre temps, signifiée par ces apparitions, belles, magnifiques, Notre Dame de La Salette, Notre Dame de Fatima, qui annoncent cette époque, douloureuse, terrible. Rome deviendra le siège de l’Antéchrist, Rome perdra la foi... c’est ce qui a été dit à La Salette. L’Eglise sera éclipsée. Ce ne sont pas des petites paroles. On a vraiment l’impression que c’est maintenant que l’on vit cela.
Il ne faut pas s’affoler. C’est terrifiant, oui, mais il faut donc d’autant plus se réfugier près de la Sainte Vierge, près de son Cœur Immaculé. C’est le message de Fatima : Dieu veut donner au monde cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Ce n’est pas pour rien ! Demandons dans toutes nos prières, à chaque Messe, cette grâce de la fidélité, de ne rien lâcher, coûte que coûte. Et que le Bon Dieu nous protège et nous guide, jusqu’au Ciel. Ainsi soit-il.
Mgr Bernard Fellay, Paris le 11 novembre 2012
Pour conserver à ce sermon son caractère propre, le style oral a été maintenu. Les surlignages et les intertitres sont de la rédaction de LPL
Source : LPL/121111