Tout va-​t-​il bien ?

Les Français ont encore pu par­tir en vacances. Le gou­ver­ne­ment s’occupe de leur san­té, de la pla­nète, de leur bien-​être et de leur bon­heur. Vraiment, tout va-​t-​il bien ? C’est l’illusion libé­rale de pen­ser que l’on peut s’accommoder avec le mal et vivre pai­si­ble­ment sans sacri­fice. Car le monde a décla­ré la guerre à Jésus-​Christ : Nous ne vou­lons pas qu’il règne !

Cessons de nous faire illu­sion : les dan­gers sont grands ; les impies se sont ligués par les plus hor­ribles moyens. L’iniquité a fait un pacte avec l’iniquité pour détrô­ner Jésus-​Christ ; c’est à lui-​même qu’on en veut. L’enfer a éten­du son empire, le moment va venir ; que dis-​je ? le moment est arri­vé où les impies ne dis­si­mulent plus leurs des­seins. Déjà, ils font des sacri­fices immenses pour venir à bout de leurs cou­pables com­plots. Les fatigues, les dan­gers, l’effusion de leur propre sang, l’opprobre et la honte de leur par­ti, rien ne les fera dépar­tir de leurs réso­lu­tions. Ils pour­sui­vront Notre-​Seigneur jusqu’à ce que le Seigneur les pour­suive à son tour et les force à Le recon­naître pour leur libé­ra­teur, ou à gémir sous les coups rigou­reux de sa justice.

Oui, impies, eussiez-​vous les plus nom­breuses et les plus vaillantes armées, eussiez-​vous à vous seuls tout l’or et tout l’argent de l’univers, un souffle de la bouche de ce même Jésus-​Christ que vous pré­ten­dez vaincre, suf­fi­ra pour vous ren­ver­ser dans la pous­sière. Moquez-​vous, si vous le vou­lez, de ma foi et de ma sim­pli­ci­té, pour moi je prends les avances et je me ris de vos entre­prises, de vos rai­son­ne­ments et de toute votre puis­sance. Non,quelque faible que je sois, je ne vous crains pas, j’espère en Jésus-​Christ, il est le roi de mon cœur, il vous vain­cra, je n’en doute pas. 

Ce lan­gage que j’ose tenir à l’impie paraî­trait pré­somp­tueux à ceux qui sont accou­tu­més à juger d’après les appa­rences. Hâtez-​vous, Seigneur, de me jus­ti­fier vous-​même ! Il est temps de vous lever et de juger votre cause. Il faut, oui, il faut que vous pres­siez les impies de s’avancer, mal­gré leur pru­dence, dans les filets cachés à leur aveugle fureur : il le faut, parce que nous vous voyons tous les jours hor­ri­ble­ment outra­gé, sans qu’aucun de vos ado­ra­teurs se croie com­pé­tent pour défendre vos droits. La crainte, la stu­peur et plus encore l’indifférence, ont para­ly­sé le petit nombre de sujets qui vous sont res­tés fidèles. Chacun rejette sur un autre l’obligation de se décla­rer contre vos enne­mis et contre les per­fides qui vous tra­hissent. Les simples fidèles se reposent sur leurs pas­teurs ; les pas­teurs, sur les chefs du royaume ; et per­sonne ne veut se dévouer soi-​même pour Votre gloire. En atten­dant, vous êtes aban­don­né de tout l’univers, et on a l’air de dire : que Jésus-​Christ se défende lui-même. 

Hé bien, puisque vos amis n’osent vous offrir leurs bras, ni se mettre en avant pour atta­quer de front vos enne­mis et répri­mer leur inso­lence ; puisque les craintes et les consi­dé­ra­tions humaines les empêchent de mar­cher cou­ra­geu­se­ment à ce com­bat spi­ri­tuel, puisqu’ils s’obstinent à se croire incom­pé­tents eux-​mêmes, mon­trez, Seigneur, que vous n’avez besoin de personne. 

Ô Dieu caché, inter­rom­pez enfin votre trop long silence ! Ô Roi de gloire, faites écla­ter votre puis­sance ! Ô Prêtre éter­nel, faites-​nous voir la preuve que vous n’êtes point pri­vé de vos pou­voirs ! Ô Verbe éter­nel ! Ô cause pre­mière, don­nez aux chré­tiens de toutes les condi­tions une leçon dont ils ont grand besoin, savoir, que ce n’est pas dans les causes secondes, mais dans vous seul qu’ils doivent pla­cer leur espérance. 

Ne souf­frez plus qu’ils parlent sans cesse des puis­sances de la terre, sans jamais faire men­tion de vous ; ne souf­frez plus qu’ils jouissent de la paix, tan­dis qu’on vous fait une guerre cruelle ; ne souf­frez plus qu’ils disent : tout va bien, tan­dis que vous êtes consi­dé­ré comme le der­nier chez votre peuple, tan­dis que vous êtes si indi­gne­ment oublié par les chré­tiens, et si atro­ce­ment insul­té par les méchants.

Pauline Jaricot, L’amour infi­ni dans la sainte Eucharistie (1824), ch. 20.

Source : Le Petit Echo de Notre-​Dame n° 91