Né en 1285 à Cabrières d’Aigues,
et mort en 1323 à Paris.
St Elzéar[1] naquit en 1285 d’Hermengaud de Sabran, comte d’Arian, et de Laudune de Sabran. Laudune fit cette prière : « Seigneur Dieu, c’est de Vous que viennent toutes les créatures. Je vous rends grâces de m’avoir donné ce fils : faites qu’il soit un jour votre serviteur et bénissez-le ! Si Vous prévoyez qu’il doit un jour Vous offenser, enlevez-le de ce monde aussitôt qu’il aura été baptisé ; car il vaut mieux pour lui mourir sans péché, comme sans mérite, que de vivre pour Vous offenser. »
Sa mère étant décédée, il fut élevé par Gassendis, parente qui l’éduqua plus pieusement que sa mère. Souvent il partageait son dîner avec de pauvres enfants. Puis, un sien oncle, Guillaume de Sabran, Abbé de St-Victor de Marseille (1294–1324), le prit au monastère pour accomplir son instruction. Elzéar portait une ceinture garnie de pointes aigües, mais un jour, du sang ayant coulé inopinément, son oncle l’en reprit sévèrement.
Charles II, comte de Provence et roi de Snde Sicile (Naples), neveu de S. Louis, ayant remarqué la beauté de Delphine de Glandèves, décida, en 1295, de la fiancer à Elzéar.
Le mariage se célébra en 1299 au château de Pui-Michel[2]. Le soir, Delphine expose à Elzéar son souhait de vivre dans la continence. Elzéar promet de ne pas s’y opposer. Vivant chez son grand-père au château d’Ansouis, Elzéar, gêné par la mondanité et tenté par la solitude religieuse, pria Dieu de l’éclairer ; une voix intérieure lui dit distinctement : « Ne changez rien à votre état actuel ». Autorisé à quitter Ansouis en 1306, il partit vivre au château de Pui-Michel, domaine de son épouse.
Elzéar priait le bréviaire tous les jours, passait une partie de la nuit à genoux en oraison, jeûnait l’Avent et les trois jours avant les principales fêtes. Il n’en était pas moins affable, mais si l’on parlait de choses profanes, l’application de son esprit à Dieu l’empêchait d’écouter ce qui se disait, ou bien il trouvait une raison pour aller s’enfermer dans sa chambre.
Il obligea ses domestiques chaque jour à assister à la messe et à entendre le soir ses conseils spirituels. Il posa comme condition à leur charge qu’ils reçussent les sacrements chaque mois, et soient de bonnes mœurs. Le domestique qui jurait, blasphémait ou tenait un propos indécent, mangeait assis par terre au pain et à l’eau. Les jeux de hasard était interdits.
Il recevait chaque jour à sa table douze pauvres et ne les laissaient pas repartir sans une aumône. Il visitait les malades et pansait et baisait les plaies des lépreux.
Il dit un jour à Delphine : « Je ne pense pas que l’on puisse imaginer une joie semblable à celle que je goûte à la table du Seigneur. La plus grande consolation sur la terre est de recevoir très fréquemment le Corps et le Sang de Jésus-Christ. »
En 1308, il doit remplacer son père défunt au comté napolitain d’Arian. Les locaux, préférant le parti Aragonais, se rebellaient durant trois ans contre son autorité. Elzéar patientait dans l’indulgence, et la rébellion disparut.
St Elzéar, régent du roi Robert de Sicile, absenté en Provence, arrêta en 1312 l’armée du Roi des Romains Henri VII de Luxembourg qui essaya de pénétrer au Vatican.
Lorsqu’un criminel était condamné à mort, et que les prêtres ne réussissaient point à le convertir, quelquefois Elzéar ramenait à des sentiments de pénitence le supplicié. La loi confisquait souvent les biens du condamné, mais Elzéar les restituait à sa veuve ou à ses orphelins.
Dans sa correspondance à sa femme, on lit : « Vous désirez apprendre souvent de mes nouvelles ? Allez souvent visiter Jésus-Christ dans le St-Sacrement. Entrez en esprit dans son cœur sacré. Vous savez que c’est là ma demeure ordinaire ; vous êtes sûre de m’y trouver toujours ».
En 1313, Elzéar obtient du roi de retourner en Provence à Ansouis. Tombée malade, Delphine lui dit que seul le double vœu de chasteté la guérirait. Ils prononcèrent en 1316 le vœu de chasteté en présence de Gersende Alphent, leur confidente, et de leur confesseur commun, et devinrent tertiaires franciscains.
Ambassadeur en 1323 à Paris, Elzéar croise un prêtre portant le St-Viatique : tout le monde s’agenouille sauf le comte. Le fait est rapporté à l’évêque, Etienne III de Bouret, qui convoque Elzéar, lequel lui répond : « Faites venir le prêtre et je m’expliquerai devant lui. » Elzéar pressa le curé d’avouer devant l’évêque ce qu’il portait en procession. Le curé répondit : « J’avais refusé le saint Viatique à un marchand, parce que je m’étais vu obligé de lui refuser l’absolution, pour la raison que le malade ne voulait pas restituer des biens mal acquis. Mais ses proches m’ayant menacé des plus grands maux, si je persistais dans mon refus, je lui ai porté en viatique une hostie non consacrée ». Le curé fut destitué.
Elzéar, tombé malade à Paris, obtint que la messe fut célébrée dans sa chambre, fit une confession générale et se confessa encore chaque jour, alors que ses confesseurs assurent qu’il ne pécha jamais mortellement. Il écoutait chaque jour la passion du Christ, reçut l’Extrême-Onction et le Viatique avant de décéder le 27 septembre. Un domestique, édifié par le saint trépas d’Elzéar, se convertit et se confessa sans retard.
Son corps fut transféré à l’église des franciscains d’Apt puis à l’église cathédrale.
En 1324, la bienheureuse Delphine eut une vision de son mari.
En 1352, Clément VI fit vérifier les miracles obtenus par l’intercession d’Elzéar.
Le Bx Urbain V signe en 1370 le décret de canonisation de S. Elzéar, son parrain. Grégoire XI publie ce décret.
Abbé Laurent Serres-Ponthieu