Né entre 532 et 534 à Soissons ,
et mort le 28 mars 592 à Chalon-sur-Saône.
Clovis ayant été honoré en 510 des prérogatives de l’empereur d’Occident par Anastase, empereur d’Orient, la loi salique fut éclipsée par un partage entre ses quatre fils pour lui succéder en 511, comme entre deux Augustes et deux Césars romains, et une nouvelle fois en 561 entre les quatre fils de Clotaire 1er : Caribert, Sigebert, Gontran et Chilpéric.
La Provence fut ainsi partagée : les terres d’Uzès, Avignon, Aix et Fréjus appartenaient à Sigebert, tandis que celles d’Arles, Riez et Toulon revenaient à Gontran, roi des Francs d’Orléans et des Burgondes.
Gontran, quatrième fils de Clotaire et de sa première femme, Ingonde, fille de Clodomir II, roi des Germains de Worms, était né en 525. Les mœurs de ces barbares convertis depuis 496 mirent du temps à s’adoucir.
Roi en novembre 561, Gontran concubine avec Vénéranda, servante, dont il a un fils : Gondebaud. Il épousa Marcatrude, fille de Magnachaire, roi des Francs transjurans, laquelle lui donne aussi un fils. Jalouse de Gondebaud, elle le fit empoisonner. Mais Dieu la punit en faisant mourir son fils. C’est pourquoi Gontran la répudia en 565, et elle mourut peu après. Il épouse vers 566 une servante de Marcatrude, Austregilde, dite Bobyla, qui lui donne deux fils, Clotaire et Clodomir, et deux filles, Chlodeberge et Clotilde, futures religieuses. Les deux frères de Marcatrude injuriant souvent Austregilde et ses fils, Gontran les fit périr par l’épée.
Gontran convoque en 566 un concile à Lyon interdisant de réduire en esclavage, et condamnant Salon et Sagittaire, évêques homicides et adultères. Lesquels obtiennent de Gontran de plaider leur cause à Rome, où Jean III, circonvenu, les réhabilite. Gontran obéit au pape après avoir semoncé ces criminels. Redevenus cruels, Gontran les relègue dans un monastère. Une maladie subite fit mourir Clotaire et Clodomir, fils de Gontran, en bas âge. Des familiers lui dirent que cette maladie punissait peut-être la détention des deux évêques, aussi les libéra-t-il ; après un temps de ferveur, ils retombèrent dans la débauche…
Au décès du roi Caribert en 567, sa concubine, Théodichilde, s’offre à Gontran avec ses richesses, Gontran semble accepter mais l’enferme dans un couvent à Arles. Gontran hérite de Caribert la région de Nantes. De 569 à 575, les armées de Gontran repoussent les Lombards.
St Gontran convoque un concile à Paris le 11 septembre 572, pour blâmer Gilles, archevêque de Reims, d’avoir sacré un évêque, de connivence avec Sigebert, et pour régler quelque différend entre Gontran et ses deux frères, mais sans succès.
Sigebert, roi de Metz, étant mort en 575, son fils Childebert II est invité à Pompierre-sur-Doubs en 577 par Gontran qui déclare : « Il m’est arrivé par l’influence de mes péchés, de rester sans enfants ; aussi je demande que mon neveu, que voici, soit pour moi un fils ».
Gontran convoque un concile à Chalon en 579 qui rejugea Salon et Sagittaire et les condamna à la claustration d’où ils s’échapperont…
Austrechilde, moribonde en 580, obtient de Gontran qu’il la venge en tuant ses médecins, ce qu’il fera…
Gontran tardant à rendre la moitié de Marseille à Childebert II, Théodore, évêque de Marseille, ne reconnaît pas l’autorité de Gontran sur la cité. Irrité, Gontran, commande de se saisir de Théodore par ruse. Ceci fait, Gontran le renverra à Marseille. Plus tard, Gontran incarcère les évêques Théodore et Epiphane, amenés par un allié.
L’armée de Chilpéric envahit Périgueux et Agen, territoires de Gontran, puis fin 582, Chilpéric et Childebert II partent en guerre contre Gontran qui battit Chilpéric près de Melun, et ils firent la paix.
En 584, Gontran pleure son frère défunt Chilpéric, et protège sa veuve Frédégonde et le jeune roi Clotaire II de la vengeance de Childebert II. Gontran fait régner la justice dans le royaume de son neveu Clotaire II. Gontran rend la moitié de Marseille à Childebert II, et plus tard Albi. En 585, Gombaud usurpa l’Aquitaine, soutenu par l’évêque Sagittaire. L’armée de Gontran les tua à Comminges.
Début juillet à Orléans, il partage le repas des citoyens chez eux, et se montre libéral envers eux. Les juifs l’acclamaient, espérant qu’il rebâtirait la synagogue détruite par les chrétiens, mais Gontran s’y opposa.
Il fit une digne sépulture à ses neveux Clovis et Mérovée, tués de par Frédégonde.
Théodore fut de nouveau mis sous bonne garde, mais Gontran voulait qu’il fût bien traité.
Gontran convoque le 23 octobre 585 un concile à Mâcon : L’évêque légitime de Dax remplace l’usurpateur que deux évêques complices devront entretenir à leurs frais. Un évêque fut excommunié pour avoir reçu Gombaud. Gontran avait projet d’exiler plusieurs évêques, mais tombant tellement malade, même Théodore réintégra Marseille.
Un jour, Gontran, se rendant à matines tenant un cierge, vit un homme armé qu’il fit arrêter et qui semblait être dépêché par Frédégonde pour le tuer. Le 4 septembre 586, on empêche un homme qui tenta de le poignarder. Puis Gontran déjoua un complot contre Childebert II.
Gontran dit en présence de Childebert II : « Je te rends des grâces infinies, Dieu tout-puissant, qui m’a fait cette faveur que je pusse voir des fils nés de mon fils Childebert ! Je ne dois donc pas me regarder comme entièrement abandonné de ta majesté, puisque tu m’as accordé de voir les fils de mon fils ».
Ricared, roi des Goths, converti au catholicisme, envoya des légats à Gontran et Childebert pour faire la paix : Gontran ne les crut pas, mais Childebert fit la paix.
Gontran voulut venger les exactions des Bretons en pays nantais, mais deux fois il s’apaisa.
Au traité d’Andelot du 28 novembre 587, Gontran confirme Childebert II comme son héritier.
Gontran était magnifique en aumônes, assidu aux veilles et aux jeûnes. Marseille étant infectée d’une épidémie, Gontran ordonna des Rogations et que le peuple jeûnât avec lui au pain d’orge et à l’eau. Une femme prit en cachette une frange de son vêtement et la trempa dans de l’eau que son enfant atteint de fièvre but et en guérit.
Vers 590, Gontran soupçonnant l’un de deux officiers d’avoir tué un buffle en forêt royale, les fit battre en duel. L’un d’eux plaça son neveu, mais ils se tuèrent l’un l’autre, et l’oncle, enfui, fut saisi et tué sur ordre de Gontran qui se repentit d’un résultat si disproportionné.
Gontran est parrain de baptême de Clotaire II à Nanterre. Si longtemps partagé entre une dure vengeance et la clémence, saint Gontran se repent de ses péchés, souvent dus à son impulsivité, se livrant pleinement à la vie spirituelle, abandonnant toute vanité, distribuant ses biens aux pauvres et aux églises.
Décédé le 28 mars 592, son corps reposait en l’église St-Marcel de Chalon ; St Grégoire de Tours le reconnut saint en écho de la « vox populi ». Les calvinistes profanèrent son corps, mais son crâne fut préservé.
Abbé Laurent Serres-Ponthieu