IV – Toute crainte rend-​elle le mariage invalide ?

Au jour­na­liste fran­çais qui lui deman­dait, dans son avion de retour des États-​Unis, si son motu pro­prio n’était pas un divorce camou­flé, le pape François a répon­du en pre­nant l’exemple du jeune fille qui se marie­rait alors qu’elle est enceinte. Se mariant par honte et par crainte, son mariage serait mani­fes­te­ment inva­lide. Il ne s’agirait donc pas de pro­non­cer des divorces, mais d’exploiter tout ce que la notion d’annulation de mariage peut offrir. Mais l’Église a‑t-​elle atten­du plus de vingt siècles pour se pro­non­cer sur ce genre de situations ?

En soi, on demeure res­pon­sable de ses actes même si on agit par crainte. L’acte accom­pli sous la menace demeure libre, sauf si cela enlève toute réflexion et pro­voque une sorte de para­ly­sie des facul­tés. C’est ain­si que l’on doit confes­ser la foi jusqu’au mar­tyre. Pourtant pour qu’un mariage soit valide, l’Église a tou­jours exi­gé une par­faite liber­té et, avant le Concile, la vio­lence morale était le motif de nul­li­té le plus sou­vent invo­qué. Toute crainte ne suf­fit néan­moins pas à inva­li­der un consen­te­ment matri­mo­nial. Quatre condi­tions sont requises.

1 – La crainte doit tout d’abord être grave soit abso­lu­ment, soit en rai­son du carac­tère de la per­sonne mena­cée (si elle est timide, faible, docile) et de celui des per­sonnes qui font pres­sion (si elles sont vio­lentes, empor­tés, autoritaires).

2 – Il faut ensuite qu’elle soit ins­pi­rée par une volon­té étran­gère et non par une cause interne. La peur du péché, de la mala­die, de la pau­vre­té, de ne pas trou­ver d’autre par­ti, d’être aban­don­né, de voir le pré­ten­dant se déses­pé­rer, etc., n’ont jamais été rete­nu comme cause suf­fi­sante de nul­li­té de mariage. Qu’une jeune fille se marie pour sau­ver son hon­neur et celui de son enfant ain­si que pour don­ner à son enfant un vrai foyer est en soi tout à fait louable, même si d’autres cir­cons­tances sont aus­si à considérer.

3 – Il faut sur­tout que la crainte soit injuste dans sa cause ou dans ses cir­cons­tances. Que des parents exigent de leur fille qu’elle se marie pour sau­ver l’honneur de la famille et pour répa­rer la faute, ce n’est pas tou­jours pru­dent, sur­tout aujourd’hui, mais c’est, en soi, tout à fait juste.

4 – Enfin, la crainte doit être telle que l’on ne puisse s’en libé­rer qu’en accep­tant le mariage.

Voilà com­ment l’Église a tou­jours jugé ces cas. Non, le fait que la femme soit enceinte, ne rend pas son mariage inva­lide ! Quand on pense au nombre de mariages qui ont été conclus dans ces condi­tions depuis que le monde existe, on est stu­pé­fait de consta­ter avec quelle légè­re­té le droit canon a été changé.

Combien de per­sonnes vont main­te­nant avoir l’idée de deman­der une annu­la­tion de mariage et vont effec­ti­ve­ment l’obtenir à tra­vers une pro­cé­dure accé­lé­rée, alors qu’elles sont bel et bien mariées devant Dieu ?

Les auto­ri­tés conci­liaires bafouent le droit divin et mécon­naissent la vraie miséricorde.

Que le bon Dieu nous en protège !

Abbé Thierry Gaudray, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X