En novembre 2014 nous avions déjà parlé de l'américanisme,
mais les actes du Pape François exigent
une nouvelle mise en garde contre une certaine mentalité
dangereuse qui peut atteindre les meilleurs d'entre nous,
celle qui sous prétexte de semer et qui fatiguée d'attendre
la moisson voudrait s'ouvrir au monde dans l'espoir d'une
moisson plus abondante, celle qui consiste à mettre tant
d'eau dans le vin de la foi qu'on en vient à la transformer
en quelque chose qui n'est plus la foi. C'est l'hérésie de
ce qu'on appelle l'américanisme. Hérésie née aux U.S.A.
à la fin du 19e siècle pendant les pontificats de Pie IX et
Léon XIII, qui se propagea en Amérique et en France
sous l'impulsion du Père Hecker, son promoteur, de l'archevêque
de Saint-Paul dans le Minessota, Monseigneur
Ireland, du cardinal Gibbons archevêque de Baltimore
ses protecteurs et propagandistes et de l'abbé Félix Klein,
professeur à l'Institut catholique de Paris, son colporteur
en Europe, et c'est la même que l'on retrouve aujourd'hui
dans les actes pontificaux, en plus relativiste encore.
L'américanisme a été condamné par Léon XIII dans une
lettre « Testem Benevolentiæ » au cardinal Gibbons.
Quelles sont les idées de cet américanisme que l'on retrouve
aujourd'hui ?
- Pour ramener plus facilement à la vérité, les dissidents,
l'Eglise doit s'adapter davantage à l'homme désormais
parvenu à l'âge adulte. Relâchant son ancienne rigueur,
elle doit se montrer indulgente à l'égard des aspirations
et des exigences des peuples modernes.
- Pour gagner les coeurs des égarés, il est opportun de
passer sous silence certaines affirmations doctrinales de
moindre importance, ou de les amollir de manière à ne
plus leur conférer le sens traditionnel auquel l'Eglise s'est
toujours tenue.
- Il faut introduire une certaine liberté dans l'Eglise afin
que la puissance et la vigilance de l'autorité se trouvant
en quelque façon amoindries, chaque fidèle ait la faculté
de développer plus librement les ressources de son activité
et de son initiative.
- Tout magistère extérieur est superflu sinon inutile pour
ceux qui s'appliquent à tendre à la perfection chrétienne.
L'Esprit Saint répand aujourd'hui dans les âmes des dons
plus étendus et plus abondants que jadis. Il les meut et
les éclaire sans intermédiaire, par une sorte de secret
instinct.
- Les vertus naturelles (les vertus sociales) sont mieux
adaptées aux moeurs et aux exigences de notre temps
parce qu'elles développent surtout l'activité et l'énergie.
Il faut substituer une autre méthode que celle du passé
pour ramener les dissidents. Tous ces projets ont été mis
en oeuvre depuis Vatican II et reviennent en force sous
le pontificat actuel. L'ensemble de ces projets caractérise
la mentalité conciliaire. Donc là naît une sorte de nouvelle
Eglise rompant délibérément avec le passé et se
tournant vers l'avenir. C'est alors que naît un nouveau
clergé qui n'hésite pas à effacer le caractère surnaturel
que lui imprime le sacrement de l'ordre pour se séculariser
de plus en plus, et trouver à tout prix des harmonies
de la religion catholique avec l'état actuel de la vie moderne.
L'Eglise doit se mettre à l'écoute du monde, entend-
on si souvent rabâcher, ou encore, à la mutation du
monde doit correspondre une mutation de l'Eglise.
Dans un discours prononcé en la cathédrale de Baltimore
en octobre 1893 pour les vingt-cinq ans de la consécration
épiscopale du cardinal on entendit ceci : « Du nouveau
! tel est le mot d'ordre de l'humanité, et renouveler
toute chose est sa ferme résolution ». « Aujourd'hui, la
routine de l'ancien est chose mortelle ; aujourd'hui les
moyens ordinaires, c'est-à-dire la sanctification personnelle,
la prière, la contemplation, sentent la décrépitude
de la vieillesse ; la crise demande du nouveau, de l'extraordinaire,
et c'est à cette condition que l'Eglise enregistrera
la plus grande de ses victoires dans le plus grand
des siècles historiques ». Le Père Hecker clamait cela
voici plus d'un siècle. « L'Eglise est fermée, disait-il, et
pour faire entrer les dissidents dans son enceinte, il ne
suffit pas de les amener à elle : il faut abaisser les barrières,
élargir des portes ». C'est ce que se propose le prochain
synode concernant les divorcés remariés et les
invertis.
Et c'est ainsi que l'Eglise s'immerge et se dilue dans le
monde au point de ne plus apparaître comme Eglise.
Le chanoine Houtart quant à lui affirmera encore « ou
bien le christianisme demeurera attaché à la lettre du
dogme, et accepté par une minorité immobile et de plus
en plus restreinte, il succombera, ou bien le christianisme
renoncera à la lettre et, devenu spirituel, il opèrera l'union
des âmes et apparaîtra comme la fin et le couronnement
de toute la science de l'homme ».
Les évêques anglais composèrent alors une sorte de syllabus
des erreurs de l'américanisme.
Quelles sont ces erreurs, à nous d'y prendre garde plus
spécialement quand la longueur de la crise que traverse
l'Eglise inciterait certains à lâcher du lest.
- On dira que l'enseignement de l'Eglise doit être limité
aux articles ou définitions de la foi catholique, un mini
credo en quelque sorte ;
- on dira que l'Eglise ne doit plus condamner l'erreur, que
son culte n'est plus adapté à nos mentalités festives ;
- on mettra en suspicion sa capacité à résoudre les difficultés
intellectuelles et scientifiques ;
- on rabaissera le caractère de l'Eglise, autant que possible
au niveau d'une institution humaine à caractère social
(écologisme, pastorale des migrants) ;
- on mettra tout en oeuvre pour que la constitution et
l'enseignement de l'Eglise soient mis en harmonie avec
la pensée moderne et le progrès du monde ;
- on enseignera que les laïques doivent avoir de droit, une
large part au gouvernement de l'Eglise, ou que l'intérêt
croissant du peuple dans les affaires ecclésiastiques fait
qu'il est bon et à propos d'en appeler de l'autorité ecclésiastique
à l'opinion publique.
A la notion de vérité on va substituer celle d'efficacité,
c'est-à-dire au dogme on va substituer la pastorale. Toute
sa tactique sera alors de n'admettre de la vérité totale que
les bribes et morceaux que l'homme dit moderne est disposé
à recevoir. Ce sera donc le résultat qu'on considère
avant tout dans les doctrines et c'est ainsi qu'on a évacué
des catéchismes toute la substance surnaturelle en la traduisant
dans un langage pastoral et non plus dogmatique
défini comme le seul que l'homme moderne puisse comprendre.
Or, toute la pédagogie de l'Eglise consiste précisément
à parler aux hommes un langage qui permet au
vrai surnaturel de toucher leurs facultés spécifiquement
humaines : l'intelligence et la volonté. Le langage
convient à tous les temps et tous les lieux. Si l'Eglise renonce
à parler aux hommes son langage à elle, ils ne l'apprendront
jamais et, contrainte d'adopter alors le leur, il
arrivera que ce dernier, de plus en plus privé des vérités
surnaturelles et des mots qui les véhiculent, rejettera
toute la révélation de ses propres cadres sémantiques. Il
en résulte une apparente fécondité par son abondance
de feuilles, mais une stérilité de l'arbre qui ne porte plus
de fruits, tout comme notre Seigneur Jésus-Christ a
maudit le figuier stérile parce qu'il n'y a trouvé qu'une apparence
de fécondité, que du feuillage. Stérilité, oui. Le
langage contemporain expulse Dieu, Dieu est mort. Il
chasse Jésus-Christ, mais Dieu est vrai homme, donc
Jésus-Christ n'est plus qu'un personnage mythique
construit par les premières communautés chrétiennes
pour affirmer leur cohésion. Du catholicisme et de
l'Evangile lui-même formulé en un langage culturellement
dépassé, il ne reste donc plus que le message révolutionnaire
: liberté, égalité, fraternité, le seul que
l'homme moderne puisse comprendre.
Il faut alors écouter saint Jean de la Croix « certains spirituels
donnent leur préférence à l'activité et s'imaginent
pouvoir conquérir le monde par leur prédication et leurs
oeuvres extérieures. Eh bien qu'ils réfléchissent à ceci : ils
rendraient beaucoup plus de services à l'Eglise s'ils employaient
ne fut-ce que la moitié du temps qu'ils passent
ainsi pour se tenir en oraison devant Dieu, car ils feraient
certainement plus avec moins de travail et plus par une
oeuvre que par mille ». C'est très vrai, cependant que cela
ne serve pas d'alibi aux paresseux et aux lâches pour tomber dans l'inaction totale.
Le zèle pastoral, oui, mais appuyé sur deux bases très solides
: le spirituel et une doctrine sûre.
Le spirituel, car sans amour de Dieu, sans prière, sans la
piété de sa doctrine, il n'y a pas d'apostolat efficace. La
perte du sens surnaturel porte à l'esprit du monde et à
l'activisme : le naturel prend le pas sur le surnaturel.
Et la doctrine, d'abord la vérité donnée par la Révélation
dans ses deux sources que sont la Tradition et la Sainte
Ecriture. « Cherchez d'abord le royaume de Dieu ». Il faut
donner la vérité, même si elle doit déplaire ou faire mal.
« Malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile » affirmait
saint Paul. Il ne faut donc pas craindre de s'affirmer pour
Jésus-Christ, ni craindre de parler de Jésus-Christ, de
l'honneur de Dieu, du péché, etc. cela c'est semer.
Ensuite la morale. Il n'y a pas d'apostolat possible si l'attitude
n'est pas nette, franche, si le bien n'est pas séparé
du mal. Devant le péché, l'apôtre qui se tait, biaise ou ironise
comme pour se faire pardonner sa position, se fait
plus ou moins complice du démon. Charité et indulgence
n'excluent pas du tout, au contraire, la différence nécessaire
entre pécheur bien disposé et pécheur endurci ; la
bonté n'est vraiment bonne et attirante que dans la vérité.
Il n'y a que « oui » en Dieu. On ne peut donc prêcher le
oui et le non, il n'y a là aucune tiédeur possible. L'apôtre
doit semer la vérité toute entière, la donner par miettes
quelque fois mais sans jamais la cacher, ni la déformer.
Et il doit la donner avec l'autorité de l'Eglise, l'autorité
qu'elle tient de Notre-Seigneur, une autorité qui peut s'accommoder
de formes très différentes, qui peut à l'occasion
être adoucie de compréhension mais qui doit
cependant toujours s'affirmer. Or, la pastorale conciliaire
a déplacé son objet. Au lieu de faire à Dieu sa place haute
et grande, elle tend à exalter l'homme, en cherchant à le
diviniser sans purification, au rabais, le diviniser sans
Dieu. Ainsi, cette pastorale, oubliant Dieu et ses exigences,
va orienter les âmes presque uniquement sur les
hommes, le social, l'écologie, la libération matérielle, la
beauté du corps et que sais-je. Et on trahit alors l'Evangile
qui prêche la pénitence, la conversion intérieure. ne
renouvelons pas les exemples de l'Action catholique des
années 60, qui manquait d'abord de souffle spirituel.
Beaucoup d'activités et peu de piété, peu de doctrine, peu
de foi, une action catholique orientée vers l'humain, les
problèmes sociaux, l'action sociale et même la lutte sociale,
l'affranchissement des tutelles, la recherche du
confort, un certain rationalisme.
On a retrouvé tout cela également dans l'enseignement
religieux, le naturalisme s'y est infiltré, d'abord dans le
nom lui-même, au point qu'on ne dit plus catéchisme,
mais « recherche religieuse », éludant ainsi tout un aspect
primordial, autorité divine et ecclésiale d'une part, vérité
nécessaire d'autre part.
Naturalisme dans le climat des
cours où le dialogue prime sur l'affirmation du dogme.
naturalisme dans les méthodes où l'on parle de tout, des
fleurs, du monde, de l'amour, du racisme évidemment,
sauf de Dieu, ou si l'on y parle encore de Dieu c'est en
référence à la dignité de l'homme, la foi cède la place au
pathos sentimental. Partout la religion y est présentée
non plus comme le culte dû à Dieu mais comme une
belle réalisation humaine. On ne parle plus dans ces méthodes,
au coeur de l'enfant, de l'adolescent, on n'évoque
pas l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ, ses souffrances,
on ne forme pas à la piété, et ce qui est aussi
grave, on ne donne plus d'armature doctrinale ; on prétend
faire réfléchir, on pose des questions, des points
d'interrogation mais on ne fournit pas de réponses nettes,
de principes de base spirituelle ; à la place ce sont des
idées-choc, de l'humanisme, des mots vagues ou des slogans
communautaires.
La pastorale s'est laissée gagner
par l'esprit du monde. En voulant s'adapter, elle a dévié
et perdu une bonne partie de sa substance spirituelle. On
parle de dimensions nouvelles, de présence, d'engagement,
de responsabilité du laïcat, de la transcendance de
la parole, de sortir des ghettos, du dialogue avec le
monde, mais on oublie que tant qu'on ne fondera pas
tout sur la grandeur de Dieu et du Sauveur, son amour,
sa croix, sa Présence eucharistique, sur l'union et la fidélité
à Dieu, l'esprit de sacrifice et le détachement de ce
qui est trop temporel, tant qu'à l'exemple de saint Paul
on ne cherchera pas à élever constamment les âmes vers
Dieu, à les faire vivre de la vie de Dieu et hors du péché,
alors cette pastorale ne fera jamais rien germer dans le
champ de l'Eglise et la parole de Dieu sera inféconde.
L'Eglise doit être missionnaire. Les novateurs font grand
cas de ce mot, laissant bien souvent entendre que c'est
seulement aujourd'hui que peuvent apparaître de véritables
semeurs, de véritables missionnaires. A vrai dire, oui
l'Eglise doit être missionnaire plus que jamais dans une
époque où tout est remis en question, mais on oublie de
dire que c'est dans la mesure où l'Eglise restera le roc de
la foi et de la morale catholique qu'elle pourra plus hardiment
reconstruire les structures temporelles de la chrétienté.
C'est parce qu'elle s'attachera plus fermement au
scandale de la croix qu'elle pourra mieux faire bénéficier
les âmes au mystère de la Résurrection.
L'Eglise doit absolument rester elle-même dans la sûreté de sa doctrine et la pureté de sa morale. Si elle cède à
l'esprit du monde, elle renonce à l'esprit de Dieu et sera frappée de stérilité dans ses oeuvres, comme nous le constatons
aujourd'hui et cruellement.
L'époque de la réaction c'est toujours aujourd'hui, car tant d'autorités ecclésiastiques suivent la sagesse du monde
et ses méthodes, finissant par trahir notre Seigneur Jésus-Christ et son Evangile comme son Magistère de toujours,
et choisissant à leur gré des maximes qui conduisent l'Eglise à sa perte.
Trop souvent silencieux et impuissants nous
subissons le déferlement d'un raz de marée qui menace de submerger le véritable esprit de l'Eglise.
Apprenons donc aussi cependant qu'il n'y a pas d'excuses à l'inefficacité. On dira peut-être pour s'excuser « Je n'ai
pas les connaissances requises ». Il n'y a pas d'excuse qui tienne ; on dira aussi « c'est que la maladie, c'est que je n'ai
pas beaucoup de talent, c'est que les conditions ne sont pas favorables, que le milieu dans lequel j'évolue ne me permet
pas de... » etc. Ces excuses ne tiennent pas davantage. Malheur donc à qui se pare du feuillage d'un faux apostolat,
à qui fait ostentation de la frondaison d'une vie apparemment féconde, sans essayer sincèrement de porter du fruit.
Il semble profiter de son temps : il s'agite, il organise, il invente de nouvelles méthodes pour tout résoudre ... mais
il est improductif. Personne ne se nourrira de ses oeuvres parce qu'elles manquent de sève surnaturelle. Il faut savoir
demander à Dieu de faire de nous des âmes disposées à travailler d'une façon héroïquement féconde. Car nombreux
sont ceux sur la terre, qui ne donnent que des feuilles lorsqu'on s'en approche. Du feuillage et rien d'autre.
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