L’ex-​nonce des Etats-​Unis accuse le pape François d’avoir dissimulé et couvert les abus de Mgr McCarrick

Ce que vous vous apprê­tez à lire est le témoi­gnage explo­sif de l’an­cien nonce apos­to­lique aux États-​Unis. Il s’a­git d’un rap­port impli­quant le Pape François et plu­sieurs pré­lats de haut rang dans la dis­si­mu­la­tion des abus sexuels pré­su­més de Mgr Theodore McCarrick, car­di­nal démis­sion­naire, sur des sémi­na­ristes et des prêtres.

En conclu­sion de son témoi­gnage Mgr Vigano demande que « le Pape François doit être le pre­mier à don­ner l’exemple aux car­di­naux et aux évêques qui ont dis­si­mu­lé les abus de McCarrick, et de démis­sion­ner avec eux ».

Dans une longue décla­ra­tion écrite de 11 pages sous forme de témoi­gnage juri­dique [(1), (2) et (3)], Mgr Carlo Maria Viganò (4), 77 ans, affirme que le Pape François était au cou­rant des sanc­tions cano­niques strictes impo­sées à McCarrick par le Pape Benoît XVI, mais qu’il avait choi­si de les abroger.

Dans son témoi­gnage, daté du 22 août, Mgr Viganò, qui a été nonce apos­to­lique à Washington [DC, USA] de 2011 à 2016, déclare qu’à la fin des années 2000, Benoît XVI »avait impo­sé au car­di­nal McCarrick des sanc­tions simi­laires à celles que vient main­te­nant de lui impo­ser le Pape François », et que Mgr Viganò a per­son­nel­le­ment par­lé avec François de la gra­vi­té des abus de Mgr McCarrick peu après son élec­tion en 2013.

Il ajoute que pour­tant François « a conti­nué à le cou­vrir » et que non seule­ment il « n’a pas pris en compte les sanc­tions que le Pape Benoît XVI lui avait infli­gées » mais qu’il a éga­le­ment fait de McCarrick « son conseiller de confiance » qui l’a aidé à nom­mer un cer­tain nombre d’é­vêques, aux États-​Unis, y com­pris les car­di­naux Blase Cupich de Chicago et Joseph Tobin de Newark.

L’archevêque Viganò implique éga­le­ment les car­di­naux Sodano, Bertone et Parolin dans l’en­fouis­se­ment du dos­sier et insiste sur le fait que plu­sieurs autres car­di­naux et évêques étaient bien au cou­rant, y com­pris le car­di­nal Donald Wuerl, suc­ces­seur de McCarrick comme arche­vêque de Washington.

« J’ai moi-​même évo­qué le sujet avec le car­di­nal Wuerl à plu­sieurs reprises, et je n’a­vais cer­tai­ne­ment pas besoin d’en­trer dans les détails car il était clair pour moi qu’il était plei­ne­ment conscient des faits », écrit-​il. Les récentes décla­ra­tions du car­di­nal Wuerl selon les­quelles il n’en savait rien… sont abso­lu­ment risibles. Il ment sans vergogne. »

« Le car­di­nal Wuerl, conscient des abus constants com­mis par le car­di­nal McCarrick et des sanc­tions que le Pape Benoît XVI lui a infli­gées, en trans­gres­sant l’ordre du pape, lui a éga­le­ment per­mis de rési­der dans un sémi­naire à Washington, témoigne-t-il.

Mgr Vigano, une per­son­na­li­té très res­pec­tée, affirme que sa « conscience » exige que la véri­té soit connue, à savoir que « la cor­rup­tion a atteint le som­met de la hié­rar­chie de l’Église ». Il met fin à son témoi­gnage en invi­tant le Pape François et tous ceux impli­qués dans la dis­si­mu­la­tion des abus de McCarrick à démis­sion­ner.

Dans ses com­men­taires à LifeSiteNews le 25 août, Mgr Viganò explique pour­quoi il s’est déci­dé à parler :

« La prin­ci­pale rai­son pour laquelle je révèle ces faits main­te­nant est la situa­tion tra­gique dans laquelle se trouve l’Église, qui ne peut être répa­rée que par la véri­té, tout comme elle a été gra­ve­ment bles­sée par les abus et les dis­si­mu­la­tions. Je le fais pour arrê­ter la souf­france des vic­times et pré­ve­nir de nou­velles vic­times et pro­té­ger l’Église : seule la véri­té peut la libérer. »

Mgr Viganò a décla­ré que la deuxième rai­son pour laquelle il avait choi­si d’é­crire son témoi­gnage était de « déchar­ger ma conscience devant Dieu de mes res­pon­sa­bi­li­tés en tant qu’é­vêque de l’Église uni­ver­selle. Je suis un vieil homme et je veux me pré­sen­ter à Dieu avec une conscience propre. »

« Les secrets de l’Église, y com­pris ceux de l’État pon­ti­fi­cal, ne sont pas des tabous. Ce sont des ins­tru­ments pour la pro­té­ger, elle et ses enfants, de ses enne­mis. Les secrets ne doivent pas être uti­li­sés pour des complots. »

« Le peuple de Dieu a le droit de connaître toute la véri­té, y com­pris en ce qui concerne ses pas­teurs. Ils ont le droit d’être gui­dés par de bons ber­gers. Pour pou­voir leur faire confiance et les aimer, ils doivent les connaître ouver­te­ment en toute trans­pa­rence et en toute véri­té. Un prêtre devrait être une lumière sur un chan­de­lier tou­jours et par­tout et pour tous. »

Sources : catho​lic​new​sa​gen​cy​.com /​LifeSiteNews /​Riposte catho­lique La Porte Latine du 26 août 2018

Version française du témoignage de Mgr Carlo Maria Vigano

TÉMOIGNAGE – Par Son Excellence Carlo Maria Viganò Archevêque titu­laire d’Ulpiana, Nonce apostolique

En ce moment tra­gique pour l’Eglise dans diverses par­ties du monde – les Etats-​Unis, le Chili, le Honduras, l’Australie, etc. – les évêques ont une très grave res­pon­sa­bi­li­té. Je pense en par­ti­cu­lier aux États-​Unis d’Amérique, où j’ai été envoyé comme nonce apos­to­lique par le pape Benoît XVI le 19 octobre 2011, fête com­mé­mo­ra­tive des pre­miers mar­tyrs d’Amérique du Nord. Les évêques des États-​Unis sont appe­lés, et moi avec eux, à suivre l’exemple de ces pre­miers mar­tyrs qui ont appor­té l’Évangile sur les terres d’Amérique, à être des témoins cré­dibles de l’amour incom­men­su­rable du Christ, qui est le che­min, la véri­té et la vie.

Certains prêtres et évêques, abu­sant de leur auto­ri­té, ont com­mis des crimes hor­ribles au détri­ment de leurs fidèles, mineurs, vic­times inno­cents, et jeunes gens dési­reux d’offrir leur vie à l’Église. Ou bien par leur silence, ils n’ont pas empê­ché que de tels crimes conti­nuent d’être perpétrés.

Pour res­tau­rer la beau­té de la sain­te­té du visage de l’Epouse du Christ, qui est ter­ri­ble­ment défi­gu­rée par tant de crimes abo­mi­nables, et si nous vou­lons vrai­ment libé­rer l’Eglise du marais fétide dans lequel elle est tom­bée, nous devons avoir le cou­rage de d’abattre la culture du secret et de confes­ser publi­que­ment les véri­tés que nous avons gar­dées cachées. Nous devons abattre la conspi­ra­tion du silence par laquelle prêtres et évêques se sont pro­té­gés aux dépens de leurs fidèles, une conspi­ra­tion du silence qui risque, aux yeux du monde, de faire paraître l’Église comme une secte, une conspi­ra­tion du silence ssem­blable à qui pré­vaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l’obscurité sera pro­cla­mé sur les toits. » (Luc 12 : 3)

J’ai tou­jours cru et espé­ré que la hié­rar­chie de l’Église puisse trou­ver en elle-​même les res­sources spi­ri­tuelles et la force de dire toute la véri­té, de se cor­ri­ger et de se renou­ve­ler. C’est pour­quoi, même si on m’a deman­dé à plu­sieurs reprises, j’ai tou­jours évi­té de faire des décla­ra­tions aux médias, même si c’était mon droit de le faire, afin de me défendre contre les calom­nies publiées à mon sujet, y com­pris par des pré­lats de haut rang de la curie romaine. Mais main­te­nant que la cor­rup­tion a atteint le som­met de la hié­rar­chie de l’Eglise, ma conscience m’impose de révé­ler ces véri­tés concer­nant l’affaire déchi­rante de l’archevêque émé­rite de Washington, Théodore McCarrick, que j’ai connue au cours de la mis­sion qui m’a été confiée par saint Jean-​Paul II, comme délé­gué aux repré­sen­ta­tions pon­ti­fi­cales de 1998 à 2009, puis par le pape Benoît XVI, comme nonce apos­to­lique aux États-​Unis d’Amérique, du 19 octobre 2011 à fin mai 2016.

En tant que Délégué aux Représentations Pontificales auprès de la Secrétairerie d’État, mes res­pon­sa­bi­li­tés ne se limi­taient pas aux Nonciatures Apostoliques, mais incluaient éga­le­ment le per­son­nel de la Curie Romaine (embauches, pro­mo­tions, pro­ces­sus d’information sur les can­di­dats à l’épiscopat, etc.) et l’examen des cas déli­cats, y com­pris ceux concer­nant les car­di­naux et les évêques, confiés au délé­gué par le car­di­nal secré­taire d’État ou par le Substitut de la Secrétairerie d’État.

Pour dis­si­per les soup­çons insi­nués dans plu­sieurs articles récents, je dirai immé­dia­te­ment que les nonces apos­to­liques aux États-​Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux pré­ma­tu­ré­ment décé­dés, n’ont pas man­qué d’informer immé­dia­te­ment le Saint-​Siège dès qu’ils ont appris le com­por­te­ment gra­ve­ment immo­ral de l’archevêque McCarrick avec des sémi­na­ristes et des prêtres. En effet, selon ce qu’a écrit le nonce Pietro Sambi, la lettre du père Boniface Ramsey, O.P., datée du 22 novembre 2000, a été rédi­gée à la demande du défunt nonce Montalvo. Dans cette lettre, le père Ramsey, pro­fes­seur au sémi­naire dio­cé­sain de Newark de la fin des années 1980 jusqu’à 1996, affirme qu’une rumeur récur­rente au sémi­naire disait que l’archevêque « par­ta­geait son lit avec des sémi­na­ristes », en invi­tant cinq à la fois pour pas­ser le week-​end avec lui dans sa mai­son près de la plage. Et il a ajou­té qu’il connais­sait un cer­tain nombre de sémi­na­ristes, dont cer­tains ont été plus tard ordon­nés prêtres pour l’archidiocèse de Newark, qui avaient été invi­tés dans cette mai­son et avaient par­ta­gé le lit de l’archevêque.

Le bureau que j’occupais à l’époque n’a été infor­mé d’aucune mesure prise par le Saint-​Siège après que le nonce Montalvo eut por­té ces accu­sa­tions à la fin de 2000, alors que le car­di­nal Angelo Sodano était secré­taire d’État.

De la même manière, le nonce Sambi trans­mit au car­di­nal secré­taire d’État Tarcisio Bertone un mémo­ran­dum d’accusation contre McCarrick par le prêtre Gregory Littleton du dio­cèse de Charlotte, réduit à la laïc pour viol de mineurs, accom­pa­gné de deux docu­ments du même Littleton, dans lequel celui-​ci racon­tait l’histoire tra­gique des abus sexuels com­mis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plu­sieurs autres prêtres et sémi­na­ristes. Le nonce a ajou­té que Littleton avait déjà trans­mis son mémo­ran­dum à une ving­taine de per­sonnes, y com­pris les auto­ri­tés judi­ciaires civiles et ecclé­sias­tiques, la police et les avo­cats, en juin 2006, et qu’il était donc très pro­bable que l’information serait bien­tôt ren­due publique. Il a donc appe­lé à une inter­ven­tion rapide du Saint-Siège.

En rédi­geant une note [1] sur ces docu­ments qui m’ont été confiés, en tant que délé­gué aux repré­sen­ta­tions pon­ti­fi­cales, le 6 décembre 2006, j’ai écrit à mes supé­rieurs, le car­di­nal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attri­bués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gra­vi­té et d’une telle bas­sesse qu’ils pro­vo­quaient chez le lec­teur un sen­ti­ment de confu­sion, de dégoût, de cha­grin pro­fond et d’amertume, et qu’ils consti­tuent des crimes de séduire, deman­der des actes dépra­vés de la part de sémi­na­ristes et de prêtres, de façon répé­tée et simul­ta­née avec plu­sieurs per­sonnes, moque­rie d’un jeune sémi­na­riste qui ten­tait de résis­ter aux séduc­tions de l’archevêque en pré­sence de deux autres prêtres, abso­lu­tion des com­plices de ces actes dépra­vés, célé­bra­tion sacri­lège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres après avoir com­mis de tels actes.

Dans ma note, que j’ai remise le même jour du 6 décembre 2006 à mon supé­rieur direct, le Substitut Leonardo Sandri, j’ai pro­po­sé à mes supé­rieurs les points suivants :

- Etant don­né ce qui sem­blait qu’un nou­veau scan­dale d’une gra­vi­té par­ti­cu­lière, dans la mesure où il concer­nait un car­di­nal, allait s’ajouter aux nom­breux scan­dales tou­chant l’Église aux États-Unis,

- Et, puisque cette affaire concer­nait un car­di­nal, selon le canon 1405 § 1, n ° 2, « ipsius Romani Pontificis dum­taxat ius est iudi­can­di » ; [Note de La Porte Latine : Can. 1405 – § 1. Parmi les causes dont il s’agit au can. 1401, seul le Pontife Romain a le droit de juger : 1 les per­sonnes qui exercent la magis­tra­ture suprême de l’État ; 2 les Pères Cardinaux ; 3 les Légats du Siège Apostolique et, dans les causes pénales, les Évêques ; 4 les autres causes qu’il aura évo­quées lui-​même à son propre Tribunal.]

- J’ai pro­po­sé qu’une mesure exem­plaire soit prise contre le car­di­nal qui pour­rait avoir une fonc­tion médi­ci­nale, pré­ve­nir de futurs abus contre des vic­times inno­centes et atté­nuer le scan­dale très grave pour les fidèles, qui mal­gré tout conti­nuaient à aimer et à croire en l’Église.

- J’ai ajou­té qu’il serait salu­taire que, pour une fois, l’autorité ecclé­sias­tique inter­vienne devant les auto­ri­tés civiles et, si pos­sible, avant que le scan­dale n’éclate dans la presse. Cela aurait pu rendre une cer­taine digni­té à une Église si cruel­le­ment éprou­vée et humi­liée par tant d’actes abo­mi­nables de la part de cer­tains pas­teurs. Si cela était fait, l’autorité civile n’aurait plus à juger un car­di­nal, mais un pas­teur avec lequel l’Église avait déjà pris des mesures appro­priées pour l’empêcher d’abuser de son auto­ri­té et de conti­nuer à détruire des vic­times innocentes.

Ma note du 6 décembre 2006 a été conser­vée par mes supé­rieurs et ne m’a jamais été retour­née avec quelque déci­sion que ce soit de la part des supérieurs.

Par la suite, autour du 21–23 avril 2008, Richard Sipe a publié sur Internet, à l’adresse richard​sipe​.com, la décla­ra­tion au pape Benoît XVI sur la crise des abus sexuels aux États-​Unis. Le 24 avril, ce texte a été trans­mis par le pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, le car­di­nal William Levada, au car­di­nal secré­taire d’État Tarcisio Bertone. Il m’a été trans­mis un mois plus tard, le 24 mai 2008.

Le len­de­main, j’ai remis une nou­velle note au nou­veau Substitut, Fernando Filoni, qui com­pre­nait mon pré­cé­dent numé­ro du 6 décembre 2006. J’y ai résu­mé le docu­ment de Richard Sipe, qui se ter­mi­nait par cet appel res­pec­tueux et sin­cère au pape Benoît XVI : « J’approche Votre Sainteté avec res­pect, mais avec la même inten­si­té qui a pous­sé Pierre Damien à pré­sen­ter devant votre pré­dé­ces­seur, le pape Léon IX, une des­crip­tion de la situa­tion du cler­gé à son époque. Les pro­blèmes dont il par­lait sont simi­laires et aus­si impor­tants aux États-​Unis qu’ils étaient à l’époque à Rome. Si Votre Sainteté le demande, je vous sou­met­trai per­son­nel­le­ment une docu­men­ta­tion à ce sujet. »

Je ter­mi­nais ma note en répé­tant à mes supé­rieurs que je pen­sais qu’il était néces­saire d’intervenir le plus tôt pos­sible, en reti­rant le cha­peau du car­di­nal au car­di­nal McCarrick, et qu’il devait être sou­mis aux sanc­tions éta­blies par le Code de droit cano­nique, qui pré­voit éga­le­ment la réduc­tion à l’état laïc.

Cette seconde note n’a jamais été retour­née au Bureau du per­son­nel et mes supé­rieurs m’ont conster­né pour l’absence incon­ce­vable de mesures contre le car­di­nal et pour le manque de com­mu­ni­ca­tion avec moi depuis ma pre­mière note en décembre 2006. .

Mais, fina­le­ment, j’ai appris avec cer­ti­tude, par l’intermédiaire du car­di­nal Giovanni Battista Re, alors pré­fet de la Congrégation pour les évêques, que la décla­ra­tion cou­ra­geuse et méri­toire de Richard Sipe avait obte­nu le résul­tat sou­hai­té. Le pape Benoît XVI avait impo­sé au car­di­nal McCarrick des sanc­tions simi­laires à celles que lui impose aujourd’hui le pape François : le car­di­nal devait quit­ter le sémi­naire où il vivait, il lui était inter­dit de célé­brer la messe en public, de par­ti­ci­per à des réunions publiques, de don­ner des confé­rences, de voya­ger, avec l’obligation de se consa­crer à une vie de prière et de pénitence.

Je ne sais pas quand le pape Benoît XVI a pris ces mesures contre McCarrick, que ce soit en 2009 ou 2010, car entre-​temps j’avais été muté au gou­ver­no­rat de la Cité du Vatican, tout comme je ne sais pas qui était res­pon­sable de cet incroyable retard. Je ne crois cer­tai­ne­ment pas que ce soit le pape Benoît XVI qui, comme car­di­nal, avait dénon­cé à plu­sieurs reprises la cor­rup­tion dans l’Église et dans les pre­miers mois de son pon­ti­fi­cat, s’était fer­me­ment oppo­sé à l’admission au sémi­naire de jeunes hommes aux ten­dances homo­sexuelles pro­fondes. Je crois que c’était dû au pre­mier col­la­bo­ra­teur du pape à l’époque, le car­di­nal Tarcisio Bertone, qui était notoi­re­ment favo­rable à la pro­mo­tion des homo­sexuels à des postes de res­pon­sa­bi­li­té et était habi­tué à gérer les infor­ma­tions qu’il pen­sait appro­priées à trans­mettre au pape.

En tout cas, ce qui est cer­tain, c’est que le pape Benoît XVI a impo­sé les sanc­tions cano­niques sus­men­tion­nées à McCarrick et qu’elles lui ont été com­mu­ni­quées par le nonce apos­to­lique aux États-​Unis, Pietro Sambi. Mgr Jean-​François Lantheaume, alors pre­mier conseiller de la non­cia­ture à Washington et char­gé d’affaires après la mort inat­ten­due du nonce Sambi à Baltimore, m’a par­lé, lorsque je suis arri­vé à Washington – et il est prêt à en témoi­gner –,d’une conver­sa­tion ora­geuse qui a duré plus d’une heure entre le nonce Sambi et le car­di­nal McCarrick convo­qué à la non­cia­ture. Monseigneur Lantheaume m’a dit que « la voix du nonce pou­vait être enten­due dans tout le couloir ».

Les mêmes dis­po­si­tions du pape Benoît me furent éga­le­ment com­mu­ni­quées par le nou­veau pré­fet de la Congrégation pour les évêques, le car­di­nal Marc Ouellet, en novembre 2011, lors d’une conver­sa­tion avant mon départ pour Washington, et figu­rèrent par­mi les ins­truc­tions de la même Congrégation au nou­veau Nonce.

À mon tour, je les ai répé­tées au car­di­nal McCarrick lors de ma pre­mière ren­contre avec lui à la non­cia­ture. Le car­di­nal, mar­mon­nant d’une manière à peine com­pré­hen­sible, a admis qu’il avait peut-​être com­mis l’erreur de dor­mir dans le même lit avec des sémi­na­ristes dans sa mai­son au bord de la plage, mais il a dit cela comme si cela n’avait aucune importance.

Les fidèles se demandent avec insis­tance com­ment il a été pos­sible de le nom­mer à Washington et de le créer car­di­nal, et ils ont par­fai­te­ment le droit de savoir qui savait et qui a dis­si­mu­lé ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir de révé­ler ce que j’en sais, à com­men­cer par la Curie romaine.

Le car­di­nal Angelo Sodano était secré­taire d’État jusqu’en sep­tembre 2006 : toutes les infor­ma­tions lui ont été com­mu­ni­quées. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui envoya son rap­port, lui trans­met­tant la lettre sus­men­tion­née du père Boniface Ramsey dans laquelle celui-​ci dénon­çait les graves exac­tions com­mises par McCarrick.

On sait que Sodano a ten­té de dis­si­mu­ler le scan­dale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même ren­voyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refu­sait de se rendre com­plice de son pro­jet de cou­vrir Maciel, et a nom­mé à sa place Sandri, alors nonce au Venezuela, qui était prêt à col­la­bo­rer à la dis­si­mu­la­tion. Sodano est même allé jusqu’à faire une décla­ra­tion au bureau de presse du Vatican dans laquelle un men­songe était affir­mé, à savoir que le pape Benoît avait déci­dé que l’affaire Maciel devrait être consi­dé­rée comme close. Benoît XVI a réagi, mal­gré la vigou­reuse défense de Sodano, et Maciel a été recon­nu cou­pable et irré­vo­ca­ble­ment condamné.

La nomi­na­tion de McCarrick à Washington et comme car­di­nal était-​elle l’œuvre de Sodano, alors que Jean-​Paul II était déjà très malade ? Nous ne pou­vons pas le savoir. Cependant, il est légi­time de le pen­ser, mais je ne crois pas qu’il était le seul res­pon­sable. McCarrick se ren­dait fré­quem­ment à Rome et se fai­sait des amis par­tout, à tous les niveaux de la curie. Si Sodano avait pro­té­gé Maciel, comme il semble cer­tain, il n’y a aucune rai­son qu’il ne l’ait pas fait pour McCarrick, qui selon beau­coup avait les moyens finan­ciers d’influencer les déci­sions. Le pré­fet de la Congrégation pour les évêques, le car­di­nal Giovanni Battista Re, s’est oppo­sé à sa nomi­na­tion à Washington. À la non­cia­ture de Washington, il y a une note, écrite de sa main, dans laquelle Cardinal Re se dis­so­cie de la nomi­na­tion et déclare que McCarrick était 14ème sur la liste pour Washington.

Le rap­port du nonce Sambi, avec toutes les pièces jointes, a été envoyé au car­di­nal Tarcisio Bertone, en tant que secré­taire d’Etat. Mes deux notes sus­men­tion­nées du 6 décembre 2006 et du 25 mai 2008 lui ont pro­ba­ble­ment été remises par le Substitut. Comme déjà men­tion­né, le car­di­nal n’a eu aucune dif­fi­cul­té à pré­sen­ter avec insis­tance des can­di­dats à l’épiscopat connus pour être des homo­sexuels actifs – je ne cite que le cas bien connu de Vincenzo de Mauro, qui a été nom­mé arche­vêque de Vigevano et dépla­cé parce qu’il cho­quait ses sémi­na­ristes –, en fil­trant et mani­pu­lant les infor­ma­tions qu’il trans­met­tait au pape Benoît.

Le car­di­nal Pietro Parolin, l’actuel secré­taire d’État, s’est éga­le­ment ren­du com­plice de la dis­si­mu­la­tion des méfaits de McCarrick qui, après l’élection du pape François, s’était van­té ouver­te­ment de ses voyages et de ses mis­sions dans divers conti­nents. En avril 2014, le Washington Timesa publié en pre­mière page un repor­tage sur le voyage de McCarrick en République cen­tra­fri­caine et au nom du Département d’État – pas moins ! En tant que nonce à Washington, j’ai écrit au car­di­nal Parolin pour lui deman­der si les sanc­tions impo­sées à McCarrick par le pape Benoît étaient tou­jours valables. Il va sans dire que ma lettre n’a jamais reçu de réponse !

On peut dire la même chose du car­di­nal William Levada, ancien pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, des car­di­naux Marc Ouellet, pré­fet de la Congrégation des évêques, Lorenzo Baldisseri, ancien secré­taire de la même Congrégation pour les évêques, et de l’archevêque Ilson de Jesus Montanari, actuel secré­taire de la même Congrégation. Ils étaient tous au cou­rant par leurs fonc­tions des sanc­tions impo­sées par le pape Benoît XVI à McCarrick.

Les car­di­naux Leonardo Sandri, Fernando Filoni et Angelo Becciu, en tant que Substitut de la Secrétairerie d’État, connais­saient dans tous les détails la situa­tion concer­nant le car­di­nal McCarrick.

Les car­di­naux Giovanni Lajolo et Dominique Mamberti n’ont pas pu non plus ne pas le savoir. En tant que secré­taires pour les rela­tions avec les États, ils par­ti­ci­paient plu­sieurs fois par semaine à des réunions avec le secré­taire d’État.

En ce qui concerne la curie romaine, je vais m’arrêter ici pour le moment, même si les noms d’autres pré­lats du Vatican sont bien connus, y com­pris très proches du pape François, tels que le car­di­nal Francesco Coccopalmerio et l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appar­tiennent au cou­rant homo­sexuel en faveur de la sub­ver­sion de la doc­trine catho­lique sur l’homosexualité, un cou­rant déjà dénon­cé en 1986 par le car­di­nal Joseph Ratzinger, alors pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, dans sa Lettre aux évêques de l’Église catho­lique sur la pas­to­rale des per­sonnes homo­sexuelles. Les car­di­naux Edwin Frederick O’Brien et Renato Raffaele Martino appar­tiennent éga­le­ment au même cou­rant, mais avec une idéo­lo­gie dif­fé­rente. D’autres membres de ce cou­rant résident même à la mai­son Sainte Marthe.

Passons aux États-​Unis. De toute évi­dence, le pre­mier à avoir été infor­mé des mesures prises par le pape Benoît était le suc­ces­seur de McCarrick à Washington, le car­di­nal Donald Wuerl, dont la situa­tion est main­te­nant com­plè­te­ment com­pro­mise par les récentes révé­la­tions concer­nant son com­por­te­ment comme évêque de Pittsburgh.

Il est abso­lu­ment impen­sable que le nonce Sambi, qui était une per­sonne extrê­me­ment res­pon­sable, loyale, directe et expli­cite dans sa façon d’être (un vrai fils de Romagne) ne lui en ait pas par­lé. En tout cas, j’ai moi-​même évo­qué le sujet avec le car­di­nal Wuerl à plu­sieurs reprises et je n’avais cer­tai­ne­ment pas besoin d’entrer dans les détails, car il était clair pour moi qu’il en était par­fai­te­ment conscient. Je me sou­viens en par­ti­cu­lier du fait que j’ai dû atti­rer son atten­tion car je me suis ren­du compte que dans une publi­ca­tion archi­dio­cé­saine, avec cou­ver­ture en cou­leur, il y avait une annonce invi­tant des jeunes gens qui pen­saient avoir une voca­tion au sacer­doce pour une ren­contre avec le car­di­nal McCarrick. J’ai immé­dia­te­ment télé­pho­né au car­di­nal Wuerl, qui m’a expri­mé sa sur­prise en me disant qu’il ne savait rien de cette annonce et qu’il allait l’annuler. Si, comme il conti­nue à le dire, il ne savait rien des abus com­mis par McCarrick et des mesures prises par le pape Benoît XVI, com­ment expli­quer sa réponse ?

Ses récentes décla­ra­tions selon les­quelles il n’en savait rien, même s’il a tout d’abord fait allu­sion à l’indemnisation des deux vic­times, sont tout à fait risibles. Le car­di­nal ment sans ver­gogne et per­suade son chan­ce­lier, Mgr Antonicelli, de men­tir également.

Le car­di­nal Wuerl a aus­si clai­re­ment men­ti à une autre occa­sion. À la suite d’un évé­ne­ment mora­le­ment inac­cep­table auto­ri­sé par les auto­ri­tés uni­ver­si­taires de l’Université de Georgetown, j’avais atti­ré l’attention de son pré­sident, le Dr John DeGioia, sur cet évé­ne­ment en lui envoyant deux lettres. Avant de les trans­mettre au des­ti­na­taire, de manière à gérer les choses cor­rec­te­ment, j’en ai per­son­nel­le­ment remis une copie au car­di­nal avec une lettre d’accompagnement que j’avais écrite. Le car­di­nal m’a dit qu’il n’en savait rien. Cependant, il n’a pas accu­sé récep­tion de mes deux lettres, contrai­re­ment à ce qu’il fai­sait habi­tuel­le­ment. J’ai appris par la suite que l’événement de Georgetown avait eu lieu pen­dant sept ans. Mais le car­di­nal n’en savait rien !

Le car­di­nal Wuerl, bien conscient des abus constants com­mis par le car­di­nal McCarrick et des sanc­tions que le pape Benoît XVI lui a infli­gées, en trans­gres­sant l’ordre du pape, lui a éga­le­ment per­mis de rési­der dans un sémi­naire à Washington. En le fai­sant, il a mis d’autres sémi­na­ristes en danger.

Mgr Paul Bootkoski, émé­rite de Metuchen, et Mgr John Myers, arche­vêque émé­rite de Newark, ont dis­si­mu­lé les exac­tions com­mises par McCarrick dans leurs dio­cèses res­pec­tifs et indem­ni­sé deux de ses vic­times. Ils ne peuvent pas le nier et ils doivent être inter­ro­gés afin de révé­ler toutes les cir­cons­tances et toutes les res­pon­sa­bi­li­tés en la matière.

Le car­di­nal Kevin Farrell, récem­ment inter­viewé par les médias, a éga­le­ment décla­ré qu’il n’avait pas la moindre idée des abus com­mis par McCarrick. Compte tenu de son man­dat à Washington, Dallas et main­te­nant à Rome, je pense que per­sonne ne peut hon­nê­te­ment le croire. Je ne sais pas s’il lui a jamais été deman­dé s’il connais­sait les crimes de Maciel. S’il devait le nier, quelqu’un le croirait-​il, puisqu’il occu­pait des postes de res­pon­sa­bi­li­té en tant que membre des Légionnaires du Christ ?

En ce qui concerne le car­di­nal Sean O’Malley, je dirais sim­ple­ment que ses der­nières décla­ra­tions sur l’affaire McCarrick sont décon­cer­tantes et ont tota­le­ment occul­té sa trans­pa­rence et sa crédibilité.

Ma conscience exige aus­si que je révèle des faits que j’ai per­son­nel­le­ment vécus, concer­nant le pape François, qui ont une signi­fi­ca­tion dra­ma­tique, sur les­quels, en tant qu’évêque, par­ta­geant la res­pon­sa­bi­li­té col­lé­giale de tous les évêques sur l’Eglise uni­ver­selle, je ne peux pas res­ter silen­cieux et que je pré­sente ici, prêt à les réaf­fir­mer sous ser­ment en invo­quant Dieu comme mon témoin.

Dans les der­niers mois de son pon­ti­fi­cat, le pape Benoît XVI avait convo­qué une réunion de tous les nonces apos­to­liques à Rome, comme Paul VI et saint Jean-​Paul II l’avaient fait à plu­sieurs reprises. La date fixée pour l’audience avec le pape était le ven­dre­di 21 juin 2013. Le pape François a main­te­nu cet enga­ge­ment pris par son pré­dé­ces­seur. Bien sûr, je suis aus­si venu à Rome de Washington. C’était ma pre­mière ren­contre avec le nou­veau pape, élu trois mois aupa­ra­vant, après la démis­sion du pape Benoît XVI.

Dans la mati­née du jeu­di 20 juin 2013, je suis allé à la mai­son Sainte Marthe pour rejoindre mes col­lègues qui y séjour­naient. Dès que je suis entré dans la salle, j’ai ren­con­tré le car­di­nal McCarrick, qui por­tait la sou­tane rouge. Je l’ai salué avec res­pect comme je l’avais tou­jours fait. Il me dit aus­si­tôt, d’un ton situé quelque part entre l’ambiguë et le triom­phal : « Le Pape m’a reçu hier, demain je vais en Chine. »
À l’époque, je ne savais rien de sa longue ami­tié avec le car­di­nal Bergoglio et du rôle impor­tant qu’il avait joué dans sa récente élec­tion, comme le révé­le­rait plus tard McCarrick lui-​même lors d’une confé­rence à l’université Villanova et dans une inter­view avec le National Catholic Reporter. Je n’avais jamais non plus pen­sé au fait qu’il avait par­ti­ci­pé aux réunions pré­li­mi­naires du der­nier conclave et au rôle qu’il avait pu jouer en tant qu’électeur lors du conclave de 2005. Par consé­quent, je n’ai pas immé­dia­te­ment com­pris la signi­fi­ca­tion du mes­sage cryp­té que McCarrick m’avait com­mu­ni­qué, mais cela devien­drait clair pour moi dans les jours qui devaient suivre.

Le len­de­main, l’audience avec le pape François a eu lieu. Après son dis­cours en par­tie lu et en par­tie impro­vi­sé, le pape a sou­hai­té saluer un par un tous les nonces. En file indienne, je me sou­viens que j’étais par­mi les der­niers. Lorsque vint mon tour, j’ai juste eu le temps de lui dire : « Je suis le nonce aux États-​Unis. » Il m’assaillit aus­si­tôt d’un ton de reproche avec ces mots : « Les évêques des Etats-​Unis ne doivent pas être idéo­lo­gi­sés ! Ils doivent être des pas­teurs ! »Bien sûr, je n’étais pas en mesure de deman­der des expli­ca­tions sur le sens de ses paroles et la manière agres­sive dont il m’avait cri­ti­qué. J’avais en main un livre en por­tu­gais que le car­di­nal O’Malley m’avait envoyé quelques jours plus tôt pour le pape, me disant « pour qu’il puisse revoir son por­tu­gais avant d’aller à Rio pour les Journées Mondiales de la Jeunesse ». Je lui ai remis immé­dia­te­ment, et me suis ain­si libé­ré de cette situa­tion extrê­me­ment décon­cer­tante et embarrassante.

À la fin de l’audience, le pape a annon­cé : « Ceux d’entre vous qui sont encore à Rome dimanche pro­chain sont invi­tés à concé­lé­brer avec moi à la mai­son Sainte Marthe. » J’ai natu­rel­le­ment pen­sé à res­ter pour cla­ri­fier aus­si vite que pos­sible ce que le Pape avait vou­lu me dire.

Le dimanche 23 juin, avant la concé­lé­bra­tion avec le Pape, j’ai deman­dé à Monseigneur Ricca, qui, comme res­pon­sable de la mai­son, nous aidait à mettre nos vête­ments, s’il pou­vait deman­der au Pape de me rece­voir la semaine sui­vante. Comment aurais-​je pu retour­ner à Washington sans avoir cla­ri­fié ce que le pape vou­lait de moi ? A la fin de la messe, alors que le pape saluait les quelques laïcs pré­sents, Mgr Fabian Pedacchio, son secré­taire argen­tin, est venu me dire : « Le Pape m’a char­gé de vous deman­der si vous étiez libre main­te­nant ! » J’étais à la dis­po­si­tion du Pape et je l’ai remer­cié de m’avoir reçu immé­dia­te­ment. Le Pape m’a emme­né au pre­mier étage de son appar­te­ment et a décla­ré : « Nous avons 40 minutes avant l’Angélus. »

J’ai com­men­cé la conver­sa­tion en deman­dant au pape ce qu’il avait l’intention de me dire avec les mots qu’il m’avait adres­sés lorsque je l’ai salué le ven­dre­di pré­cé­dent. Et le Pape, d’un ton très dif­fé­rent, ami­cal, presque affec­tueux, m’a dit : « Oui, les évêques aux États-​Unis ne doivent pas être idéo­lo­gi­sés ; ils ne doivent pas être de droite comme l’archevêque de Philadelphie (il n’a pas don­né le nom de l’archevêque) ; ils doivent être des pas­teurs ; et ils ne doivent pas être de gauche – et il a ajou­té, levant les deux bras – et quand je dis de gauche, je veux dire homo­sexuel. » Bien sûr, la logique de la cor­ré­la­tion entre être de gauche et être homo­sexuel m’a échap­pé, mais je n’ai rien ajou­té d’autre.

Immédiatement après, le Pape m’a deman­dé d’une manière trom­peuse : « Comment est le car­di­nal McCarrick ? » Je lui ai répon­du avec une fran­chise totale et, si vous vou­lez, avec une grande naï­ve­té : « Saint Père, je ne sais pas si vous connais­sez le car­di­nal McCarrick, mais si vous deman­dez à la Congrégation pour les évêques, il existe un dos­sier épais comme ça sur lui. Il a cor­rom­pu des géné­ra­tions de sémi­na­ristes et de prêtres et le pape Benoît lui a ordon­né de se reti­rer dans une vie de prière et de péni­tence. » Le Pape n’a pas fait le moindre com­men­taire sur ces paroles très graves et son visage n’a mani­fes­té aucune sur­prise, comme s’il connais­sait déjà l’affaire depuis quelque temps, et il a immé­dia­te­ment chan­gé de sujet. Mais alors, quel était le but du pape en me posant cette ques­tion : « Comment est le car­di­nal McCarrick ? » Il vou­lait clai­re­ment savoir si j’étais un allié de McCarrick ou non.

De retour à Washington, tout est deve­nu clair pour moi, grâce aus­si à un nou­vel évé­ne­ment sur­ve­nu quelques jours seule­ment après ma ren­contre avec le pape François. Lorsque le nou­vel évêque Mark Seitz a pris pos­ses­sion du dio­cèse d’El Paso le 9 juillet 2013, j’ai envoyé le pre­mier conseiller, Mgr Jean-​François Lantheaume, alors que je me ren­dais à Dallas le même jour pour une réunion inter­na­tio­nale sur la bioé­thique. En ren­trant, Monseigneur Lantheaume m’a dit qu’à El Paso, il avait ren­con­tré le car­di­nal McCarrick qui, le pre­nant à part, lui avait dit presque les mêmes mots que le Pape m’avait dit à Rome : « Les évêques aux États-​Unis ne doivent pas être idéo­lo­gi­sés, ils ne doivent pas être de droite, ils doivent être des pas­teurs… » J’étais stu­pé­fait ! Il était donc clair que les paroles de reproche que le pape François m’avait adres­sées le 21 juin 2013 lui avaient été mises dans la bouche la veille par le car­di­nal McCarrick. La men­tion du Pape « pas comme l’archevêque de Philadelphie » pou­vait être attri­buée à McCarrick, car il y avait eu un fort désac­cord entre eux sur l’admission à la com­mu­nion des poli­ti­ciens en faveur de l’avortement. Dans sa com­mu­ni­ca­tion aux évêques, McCarrick avait mani­pu­lé une lettre du car­di­nal Ratzinger qui inter­di­sait de leur don­ner la com­mu­nion. En effet, je savais aus­si que cer­tains car­di­naux tels que Mahony, Levada et Wuerl étaient étroi­te­ment liés à McCarrick ; ils s’étaient oppo­sés aux nomi­na­tions les plus récentes faites par le pape Benoît XVI pour des postes impor­tants tels que Philadelphie, Baltimore, Denver et San Francisco.

Pas satis­fait du piège qu’il m’avait ten­du le 23 juin 2013, quand il m’avait inter­ro­gé sur McCarrick, le Pape François m’en ten­dit un second, quelques mois plus tard seule­ment, lors d’une audience qu’il m’accorda le 10 octobre 2013, cette fois concer­nant un autre de ses pro­té­gés, le car­di­nal Donald Wuerl. Il m’a deman­dé : « Comment est le car­di­nal Wuerl, est-​il bon ou mau­vais ? » J’ai répon­du : « Saint-​Père, je ne vous dirai pas s’il est bon ou mau­vais, mais je vous dirai deux faits. » Ce sont les deux faits que j’ai déjà men­tion­nés ci-​dessus, concer­nant la négli­gence pas­to­rale de Wuerl à pro­pos des dévia­tions aber­rantes à l’Université de Georgetown et concer­nant l’invitation de l’archidiocèse de Washington aux jeunes aspi­rants à la prê­trise pour une réunion avec McCarrick ! Une fois de plus, le Pape n’a mon­tré aucune réaction.

Il était éga­le­ment clair que, depuis l’élection du pape François, McCarrick, désor­mais libre de toute contrainte, s’était sen­ti libre de voya­ger conti­nuel­le­ment pour don­ner des confé­rences et des inter­views. Dans un effort conjoint avec le car­di­nal Rodriguez Maradiaga, il était deve­nu le fai­seur de roi pour les nomi­na­tions à la Curie et aux États-​Unis, et le conseiller le plus écou­té au Vatican pour les rela­tions avec l’administration Obama. C’est ain­si que l’on explique qu’en tant que membres de la Congrégation pour les évêques, le pape a rem­pla­cé le car­di­nal Burke par Wuerl et a nom­mé Cupich, juste après l’avoir créé car­di­nal. Avec ces nomi­na­tions, la non­cia­ture à Washington était main­te­nant hors de vue dans la nomi­na­tion des évêques. En outre, il a nom­mé le Brésilien Ilson de Jesus Montanari – le grand ami de son secré­taire pri­vé argen­tin Fabian Pedacchio – comme secré­taire de la même Congrégation pour les évêques et secré­taire du Collège des car­di­naux, le pro­mou­vant d’un seul coup de simple fonc­tion­naire de ce dépar­te­ment à arche­vêque secré­taire. Une chose inouïe pour une posi­tion aus­si importante !

Les nomi­na­tions de Blase Cupich à Chicago et de Joseph W. Tobin à Newark ont été orches­trées par McCarrick, Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte à pro­pôs des abus pour le pre­mier et et au moins par la dis­si­mu­la­tion des abus pour les deux autres. Leurs noms ne figu­raient pas par­mi ceux pré­sen­tés par la Nonciature pour Chicago et Newark.

En ce qui concerne Cupich, on ne peut que consta­ter son arro­gance osten­ta­toire et l’insolence avec laquelle il nie les preuves désor­mais évi­dentes : 80% des abus consta­tés ont été com­mis contre des jeunes adultes par des homo­sexuels en situa­tion d’autorité sur leurs victimes.

Lors du dis­cours qu’il a pro­non­cé lors de sa prise de pos­ses­sion du siège de Chicago, où j’étais pré­sent en tant que repré­sen­tant du Pape, Cupich a plai­san­té sur le fait qu’il ne fal­lait cer­tai­ne­ment pas s’attendre à ce que le nou­vel arche­vêque marche sur l’eau. Il suf­fi­rait peut-​être de lui per­mettre de res­ter les pieds sur terre et de ne pas essayer de ren­ver­ser la réa­li­té, aveu­glé par son idéo­lo­gie pro-​gay, comme il l’a décla­ré dans une récente inter­view dans America Magazine. Faisant valoir son exper­tise par­ti­cu­lière en la matière, après avoir été pré­sident du Comité pour la pro­tec­tion des enfants et des jeunes de l’USCCB, il a affir­mé que le prin­ci­pal pro­blème de la crise des abus sexuels com­mis par le cler­gé n’est pas l’homosexualité et que l’affirmer est sim­ple­ment un moyen de détour­ner l’attention du pro­blème réel qu’est le clé­ri­ca­lisme. À l’appui de cette thèse, Cupich a « étran­ge­ment » fait réfé­rence aux résul­tats de recherches menées au plus fort de la crise des abus sexuels des mineurs au début des années 2000, alors qu’il a « can­di­de­ment » igno­ré que les résul­tats de cette enquête les rap­ports indé­pen­dants ulté­rieurs du John Jay College of Criminal Justiceen 2004 et 2011, qui ont conclu que, dans les cas d’abus sexuels, 81% des vic­times étaient des hommes. En fait, le père Hans Zollner, SJ, vice-​recteur de l’Université pon­ti­fi­cale gré­go­rienne, pré­sident du Centre pour la pro­tec­tion de l’enfance et membre de la Commission pon­ti­fi­cale pour la pro­tec­tion des mineurs, a récem­ment décla­ré au jour­nal La Stampaque, « dans la plu­part des cas, c’est une ques­tion de vio­lence homosexuelle ».

La nomi­na­tion de McElroy à San Diego a éga­le­ment été orches­trée par le car­di­nal Parolin, avec un ordre impé­ra­tif chif­fré qui m’était adres­sé en tant que nonce : « Réservez le siège de McElroy à San Diego. » McElroys était aus­si bien conscient des abus de McCarrick, comme on peut le voir dans d’une lettre qui lui a été envoyée par Richard Sipe le 28 juillet 2016.

Ces per­son­nages sont étroi­te­ment asso­ciés à des indi­vi­dus appar­te­nant en par­ti­cu­lier à l’aile déviante de la Compagnie de Jésus, mal­heu­reu­se­ment aujourd’hui majo­ri­taire, ce qui pré­oc­cu­pait déjà Paul VI et les pon­tifes ulté­rieurs. Nous n’avons qu’à consi­dé­rer le père Robert Drinan, S.J., qui a été élu quatre fois à la Chambre des repré­sen­tants et qui était un fervent par­ti­san de l’avortement ; ou le père Vincent O’Keefe, S.J., l’un des prin­ci­paux pro­mo­teurs de la déclarationThe Land O’Lakesde 1967, qui com­pro­met gra­ve­ment l’identité catho­lique des uni­ver­si­tés et des col­le­gesdes États-​Unis. Il convient de noter que McCarrick, alors pré­sident de l’Université catho­lique de Porto Rico, par­ti­ci­pait éga­le­ment à cette entre­prise néfaste qui nui­sait tant à la for­ma­tion des consciences de la jeu­nesse amé­ri­caine, étroi­te­ment asso­ciée à l’aile déviante des jésuites.

Le Père James Martin, SJ, accla­mé par les per­sonnes men­tion­nées ci-​dessus, notam­ment Cupich, Tobin, Farrell et McElroy, nom­mé consul­teur du Secrétariat aux Communications, acti­viste bien connu qui pro­meut l’agenda LGBT, choi­si pour cor­rompre les jeunes qui vont pro­chai­ne­ment se réunir à Dublin pour la Rencontre mon­diale des familles, n’est qu’un triste exemple récent de cette aile déviée de la Compagnie de Jésus.

Le Pape François a deman­dé à plu­sieurs reprises une trans­pa­rence totale dans l’Église et que les évêques et les fidèles agissent avec parrhesia(avec fran­chise). Les fidèles du monde entier l’exigent éga­le­ment de lui de manière exem­plaire. Il doit hon­nê­te­ment affir­mer quand il a appris pour la pre­mière fois les crimes com­mis par McCarrick, qui a abu­sé de son auto­ri­té avec les sémi­na­ristes et les prêtres.

En tout cas, le Pape l’a appris de moi le 23 juin 2013 et a conti­nué de cou­vrir McCarrick. Il n’a pas tenu compte des sanc­tions que le Pape Benoît lui avait infli­gées et a fait de lui un conseiller de confiance avec Maradiaga.

Ce der­nier [Maradiaga] est tel­le­ment convain­cu de la pro­tec­tion du pape qu’il se per­met de reje­ter comme « bavar­dage » les appels sin­cères de dizaines de ses sémi­na­ristes, qui ont eu le cou­rage de lui écrire après que l’un d’eux ait ten­té de se sui­ci­der à cause d’abus sexuels au séminaire.

Les fidèles ont main­te­nant bien com­pris la stra­té­gie de Maradiaga : insul­ter les vic­times pour se sau­ver, men­tir jusqu’au bout pour cou­vrir un gouffre d’abus de pou­voir, de mau­vaise ges­tion dans l’administration des biens de l’Église, et de catas­trophes finan­cières même contre des amis proches, comme dans le cas de l’ambassadeur du Honduras, Alejandro Valladares, ancien doyen du corps diplo­ma­tique près le Saint-Siège.

Dans l’affaire de l’ancien évêque auxi­liaire Juan José Pineda, après l’article publié dans l’hebdomadaire ita­lien Espressoen février der­nier, Maradiaga a décla­ré dans le jour­nal Avvenire : « C’est mon évêque auxi­liaire Pineda qui a deman­dé la visite, pour « laver » son nom après avoir été sou­mis à beau­coup de calom­nie. « Maintenant, en ce qui concerne Pineda, la seule chose qui a été ren­due publique est que sa démis­sion a sim­ple­ment été accep­tée, fai­sant dis­pa­raître toute res­pon­sa­bi­li­té de Maradiaga.

Au nom de la trans­pa­rence que le Pape a saluée, le rap­port selon lequel le visi­teur, l’évêque argen­tin Alcides Casaretto, a ren­du il y a plus d’un an, seule­ment et direc­te­ment au Pape, doit être ren­du public.

Enfin, la récente nomi­na­tion comme Substitut de l’archevêque Edgar Peña Parra est éga­le­ment liée au Honduras, c’est-à-dire à Maradiaga. De 2003 à 2007, Peña Parra a tra­vaillé comme conseiller à la non­cia­ture de Tegucigalpa. En tant que délé­gué aux repré­sen­ta­tions pon­ti­fi­cales, j’ai reçu des infor­ma­tions inquié­tantes à son sujet.

Au Honduras, un scan­dale aus­si impor­tant que celui du Chili est sur le point de se répé­ter. Le Pape défend son homme, le car­di­nal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout, comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il avait lui-​même nom­mé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chi­liens. Il a d’abord insul­té les vic­times d’abus. Puis, seule­ment quand il a été contraint par les médias et par une révolte des vic­times et des fidèles chi­liens, il a recon­nu son erreur et pré­sen­té des excuses, tout en décla­rant qu’il avait été mal infor­mé, cau­sant une situa­tion désas­treuse pour l’Eglise chi­lienne, mais conti­nuant à pro­té­ger les deux car­di­naux chi­liens Errazuriz et Ezzati.
Même dans l’affaire tra­gique de McCarrick, le com­por­te­ment du Pape François n’était pas dif­fé­rent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un pré­da­teur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme cor­rom­pu, il le cou­vrit jusqu’au bout ; en effet, il a fait siens les conseils de McCarrick, ce qui n’était cer­tai­ne­ment pas ins­pi­ré par de bonnes inten­tions ni par l’amour de l’Église. Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signa­le­ment d’abus d’un mineur, tou­jours sur la base de l’attention des médias, qu’il a agi [à pro­pos de McCarrick] pour sau­ver son image dans les médias.

Maintenant, aux États-​Unis, un chœur de voix se lève sur­tout de la part des fidèles laïcs et a récem­ment été rejoint par plu­sieurs évêques et prêtres, deman­dant que tous ceux qui, par leur silence, ont dis­si­mu­lé le com­por­te­ment cri­mi­nel de McCarrick, ou qui l’ont uti­li­sé pour avan­cer dans leur car­rière ou pro­mou­voir leurs inten­tions, leurs ambi­tions et leur pou­voir dans l’Eglise, démissionnent.

Mais cela ne suf­fi­ra pas à gué­rir la situa­tion extrê­me­ment immo­rale du cler­gé : évêques et prêtres. Un temps de conver­sion et de péni­tence doit être pro­cla­mé. La ver­tu de chas­te­té doit être retrou­vée dans le cler­gé et dans les sémi­naires. La cor­rup­tion dans l’utilisation abu­sive des res­sources de l’Église et des offrandes des fidèles doit être com­bat­tue. La gra­vi­té du com­por­te­ment homo­sexuel doit être dénon­cée. Les réseaux homo­sexuels pré­sents dans l’Église doivent être éra­di­qués, comme l’a récem­ment écrit Janet Smith, pro­fes­seur de théo­lo­gie morale au grand sémi­naire du Sacré-​Cœur de Detroit. « Le pro­blème des abus du cler­gé, a‑t-​elle écrit, ne peut pas être réso­lu sim­ple­ment par la démis­sion de cer­tains évêques, et encore moins par des direc­tives bureau­cra­tiques. Le pro­blème le plus pro­fond réside dans les réseaux homo­sexuels au sein du cler­gé qui doivent être éra­di­qués. » Ces réseaux homo­sexuels, désor­mais répan­dus dans de nom­breux dio­cèses, sémi­naires, ordres reli­gieux, etc., se cachent sous le secret et les men­songes, avec le pou­voir des ten­ta­cules de poulpes, et ils étranglent des vic­times inno­centes et des voca­tions sacer­do­tales, et étranglent l’Eglise tout entière.

J’implore tout le monde, en par­ti­cu­lier les évêques, de prendre la parole pour faire échec à cette conspi­ra­tion du silence si répan­due et de signa­ler aux médias et aux auto­ri­tés civiles les cas de vio­lence dont ils ont connaissance.

Ecoutons le mes­sage le plus puis­sant que saint Jean-​Paul II nous ait lais­sé en héri­tage : N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur !

Dans son homé­lie de la fête de l’Epiphanie en 2008, le Pape Benoît nous a rap­pe­lé que le plan du salut du Père avait été plei­ne­ment révé­lé et réa­li­sé dans le mys­tère de la mort et de la résur­rec­tion du Christ, mais qu’il doit être accueilli dans l’histoire humaine, qui est tou­jours une his­toire de fidé­li­té de la part de Dieu et mal­heu­reu­se­ment aus­si d’infidélité de la part des hommes. L’Église, dépo­si­taire de la béné­dic­tion de la Nouvelle Alliance, signée dans le sang de l’Agneau, est sainte mais com­po­sée de pécheurs, comme l’écrivait saint Ambroise : l’Église est « imma­cu­la­ta ex macu­la­tis ». Même si elle est sainte et sans tache, dans son voyage ter­restre, elle est com­po­sée d’hommes souillés par le péché.

Je veux rap­pe­ler cette véri­té indé­fec­tible de la sain­te­té de l’Église aux nom­breuses per­sonnes qui ont été si pro­fon­dé­ment scan­da­li­sées par le com­por­te­ment abo­mi­nable et sacri­lège de l’ancien arche­vêque de Washington, Theodore McCarrick ; par la conduite grave, décon­cer­tante et pec­ca­mi­neuse du Pape François et par la conspi­ra­tion du silence de tant de pas­teurs, et qui sont ten­tées d’abandonner l’Église, défi­gu­rée par tant d’ignominies. A l’Angelus du dimanche 12 août 2018, le Pape François a dit ces mots : « Tout le monde est cou­pable du bien qu’il aurait pu faire et n’a pas fait… Si nous ne nous oppo­sons pas au mal, nous le nour­ris­sons taci­te­ment. Nous devons inter­ve­nir là où le mal se répand ; car le mal se répand là où il manque des chré­tiens auda­cieux pour s’opposer au mal par le bien. » Si cela doit être consi­dé­ré à juste titre comme une res­pon­sa­bi­li­té morale sérieuse pour chaque croyant, com­bien plus pour le pas­teur suprême de l’Église qui, dans le cas de McCarrick, ne s’est pas oppo­sé au mal, mais s’est asso­cié pour faire le mal avec quelqu’un qu’il savait être pro­fon­dé­ment cor­rom­pu. Il a sui­vi les conseils de quelqu’un qu’il connais­sait bien pour être un per­vers, mul­ti­pliant ain­si de manière expo­nen­tielle par son auto­ri­té suprême le mal fait par McCarrick. Et com­bien d’autres pas­teurs dia­bo­liques, François continue-​t-​il à sou­te­nir dans leur des­truc­tion active de l’Église !

François abdique le man­dat que Christ a don­né à saint Pierre pour confir­mer les frères. En effet, par son action, il les a divi­sés, les a ame­nés à l’erreur et a encou­ra­gé les loups à conti­nuer de déchi­rer les bre­bis du trou­peau du Christ.

En ce moment extrê­me­ment dra­ma­tique pour l’Église uni­ver­selle, il doit recon­naître ses erreurs et, confor­mé­ment au prin­cipe pro­cla­mé de tolé­rance zéro, le Pape François doit être le pre­mier à don­ner l’exemple aux car­di­naux et aux évêques qui ont dis­si­mu­lé les abus de McCarrick, et démis­sion­ner avec eux.

Même dans la conster­na­tion et la tris­tesse face à l’énormité de ce qui se passe, ne per­dons pas espoir ! Nous savons bien que la grande majo­ri­té de nos pas­teurs vivent leur voca­tion sacer­do­tale avec fidé­li­té et dévouement.

C’est dans les moments de grande épreuve que la grâce du Seigneur est révé­lée en abon­dance et rend sa misé­ri­corde sans limite acces­sible à tous ; mais cela n’est accor­dé qu’à ceux qui se repentent sin­cè­re­ment et pro­posent sin­cè­re­ment de modi­fier leur vie. C’est un moment favo­rable pour que l’Église confesse ses péchés, se conver­tisse et fasse pénitence.

Prions tous pour l’Église et pour le Pape. Rappelons-​nous com­bien de fois il nous a deman­dé de prier pour lui !

Renouvelons notre foi dans l’Église notre Mère : « Je crois en une Église sainte, catho­lique et apostolique ! »

Le Christ n’abandonnera jamais son Eglise ! Il l’a engen­drée par Son Sang et la ranime conti­nuel­le­ment par Son Esprit !

Marie, Mère de l’Eglise, priez pour nous !

Marie, Vierge et Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous !

Rome, le 22 août 2018, en la fête du cou­ron­ne­ment de la Très Sainte Vierge Marie.

Mgr Carlo Maria Viganò

[1] Toutes les notes, lettres et autres docu­ments aux­quels je me réfère ici sont dis­po­nibles à la Secrétairerie d’État du Saint-​Siège ou à la non­cia­ture apos­to­lique à Washington, DC.

Notes de LPL

(1) Version inté­grale en anglais du témoi­gnage de Mgr Vigano
(2)Version inté­grale en espa­gnol du témoi­gnage de Mgr Vigano
(3) Version inté­grale en ita­lien du témoi­gnage de Mgr Vigano
(4) Mgr Carlo Maria Viganò, Archevêque titu­laire d’Ulpiana, Nonce apostolique