Il ne s’agit pas de bien se tenir par pur protocole mais pour développer en nos enfants la foi en la présence de Dieu. Voici quelques conseils pour les éducateurs.
Que ce lieu est redoutable ! C’est bien ici la maison de Dieu, c’est ici la porte du ciel ! (Introït de la messe de la dédicace d’une église).
Ces paroles nous font songer à celui qui demeure dans nos églises… Et nous convainquent de transmettre à nos enfants ce respect dû à la présence de Dieu en leur apprenant à bien se tenir à l’église. L’attitude du corps aidera l’âme à produire ces actes d’adoration qu’elle doit à son Dieu. Pour les y éduquer, nous retiendrons trois points : le silence, la tenue, l’exemple.
Le silence
Dieu créa notre âme silencieuse. Au baptême, il la remplit encore d’un silence inviolable. Aidons donc le bébé à garder le silence à l’église. Si, éveillé dans son berceau, il reste paisible, laissons le ainsi ; s’il émet quelques bruits, mettons-lui doucement la main sur la bouche… Peu à peu, il comprendra qu’il doit garder le silence. Pour maintenir ce silence, évitons de jouer avec lui, car il prendrait alors l’habitude de s’agiter et, pour attirer l’attention, l’enfant comprendrait vite qu’il suffit d’être bruyant. Donc, en règle générale, ne prenons pas les enfants dans les bras ou bien, s’il le faut, prenons-les sans les amuser par des mimiques, des caresses… Lorsque le silence semblera impossible, sortons alors de l’église (lorsqu’un local s’offre ou bien à l’extérieur si le temps le permet !)
La tenue
Cette première habitude, le silence, aidera l’enfant qui grandit à se tenir tranquille. On ne verra pas non plus des enfants de six ans faire des câlins à l’église puisque, dès les premiers mois, on leur aura appris qu’à l’église la famille n’est pas là pour lui mais pour le bon Dieu. Quand il aura passé l’âge de rester dans la poussette, notre petit bout d’homme se tiendra sur le banc. Là on exigera un maintien ferme, sans mollesse : l’accoudoir ne servira pas d’oreiller ! Bien sûr, nous ne pourrons pas obtenir cette tenue virile si notre enfant n’y a pas été habitué dans la vie courante. L’enfant doit apprendre à maîtriser son corps. Cette lutte contre la mollesse contribuera à la formation de sa volonté. Notons que la tenue endimanchée (costume et cravate pour les garçons) favorise ce noble maintien de l’enfant de Dieu.
L’exemple
C’est le troisième facteur pour aider l’enfant à bien se tenir à l’église. Car le petit devine vite, par l’attitude de prière de ses parents, qu’à l’église on doit bien se tenir. Ce qui importe pour l’éducation, c’est de trouver cet équilibre entre l’exemple de la prière à donner et la surveillance à exercer. S’il voit ses parents recueillis, l’enfant voudra peut-être les imiter quelque temps, mais bien vite se laissera aller à ses désirs… Donc, il faut savoir le guider, le reprendre quand il faut et si un regard, un geste, suffit, ne nous répandons pas en paroles et maintenons le sérieux et le recueillement. Ne laissons pas nos enfants s’installer et jouer comme dans leur chambre en attendant que les choses se terminent !
L’attention à l’enfant
Quelques moyens pratiques pourront aider nos enfants, petits et grands, à se comporter en dignes enfants de Dieu. Il est bon de préparer l’entrée dans l’église soit en demandant le silence et le calme, soit par quelques mots : « Nous entrons dans la maison de Dieu. » Puis nous veillerons à faire toutes choses au rythme de l’enfant, afin qu’il marche paisiblement et qu’il puisse faire correctement sa génuflexion. Pour les plus petits, à ce moment-là, nous pourrons leur murmurer à l’oreille : « Jésus, je vous adore. » Dans la mesure du possible, nous nous placerons sur les premiers bancs, de telle sorte que les enfants puissent voir l’autel. Nous veillerons à la place des enfants entre eux, afin d’éviter les amusements ou les disputes. Arrivés à notre place, nous nous agenouillerons et donnerons la bonne habitude d’adorer tout de suite le bon Dieu. Au besoin, nous aiderons les plus petits à bien faire ce premier acte. Quant à nous, nous présenterons à Notre-Seigneur ces petites âmes, lui demandant de les bénir, de bien les disposer à suivre la messe, d’être un exemple pour eux, de nous aider à leur apprendre à bien se tenir… Puis l’enfant pourra prendre son missel. Pendant le saint sacrifice nous serons vigilants à son maintien, nous rappellerons son attention par un geste, un regard, nous donnerons au besoin quelques explications mais resterons sobres en paroles… Les enfants de moins de dix ans ne doivent pas être habituellement livrés à eux-mêmes. Faisons leur aimer ces moments passés à l’église, cette belle liturgie…
Soulignons qu’il ne s’agit pas de bien se tenir par pur protocole, mais de développer en nos enfants la foi en la présence de Dieu. Et inversement, plus cette foi grandira, ce sens de Dieu s’épanouira, plus cette bonne tenue leur deviendra spontanée. L’attitude extérieure révèle une attitude intérieure. Dans ce but il est souhaitable que nos enfants prennent l’habitude de faire des visites à l’église en dehors de la messe dominicale, par exemple lorsqu’on amène les enfants à l’école du prieuré. Ces courtes visites sont des moments privilégiés pour apprendre à nos tout petits à accomplir avec attention les premiers gestes liturgiques (le signe de croix avec l’eau bénite, la génuflexion) et surtout pour les initier à ce cœur à cœur avec Jésus au tabernacle. N’est-ce pas pour cela qu’ils doivent bien se tenir : pour apprendre à bien prier ?
Source : Fideliter n° 193, janvier-février 2010