Veuve, mère de Constantin le Grand (vers 248–328)
Fête le 18 août.
Flavia-Julia-Helena est connue dans l’histoire comme la mère de Constantin le Grand, premier empereur romain chrétien et fondateur de la ville de Constantinople. Son souvenir est inséparable de cet événement mémorable qu’est l’invention de la vraie Croix, l’instrument de notre rédemption. Mais, de plus, cette femme, sortie des derniers rangs du peuple et parvenue à la plus haute dignité humaine, se montre, après sa conversion au christianisme, passionnée d’amour pour Dieu, zélée pour la foi et le culte, pleine d’humilité, toujours bonne et charitable pour les pauvres et les petites gens ; elle apparaît en un mot comme le modèle d’une souveraine chrétienne.
Modeste origine et mariage de la future impératrice.
Dans les siècles passés, on a beaucoup discuté sur le lieu d’origine d’Hélène. De nos jours, on admet presque comme une chose certaine qu’elle naquit, vers 248, à Drépane (aujourd’hui Yalova), charmante bourgade située en Bithynie, sur le versant méridional du golfe de Nicomédie et station thermale très fréquentée. Ses parents étaient païens et de basse condition. C’est dans cette petite ville, à laquelle plus tard Constantin donnera, en souvenir de sa mère, le rang de cité et le nom d’Hélénopolis, que l’enfant grandit, exerçant, pour gagner sa vie, la profession assez mal famée de servante d’auberge.
Un tribun militaire, originaire d’Illyrie et nommé Constance Chlore, de passage à Drépane, fut séduit par la jeunesse et l’intelligence de la jeune fille. Il l’épousa. Ni l’un ni l’autre, lui à cause de sa profession militaire, elle à cause de son origine non romaine, ne pouvaient prétendre au mariage qu’on qualifiait de légitime ou de plein droit. A cause de cela, quand, en 293, Constance Chlore deviendra César de la Gaule, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne, il pourra légalement (et par politique il sera obligé de le faire) répudier Hélène, pour épouser Théodora, belle-fille de l’empereur Maximilien-Hercule.
Entre temps, Hélène accompagne son mari en Germanie, en Angleterre, en un mot dans les diverses étapes de sa carrière militaire. C’est à Naïssus (Nisch) que naît Constantin, ce fils unique qui devait être sa fierté et sa joie. La jeune mère est le bon génie de Constance, chef habile, honnête, aimé de ses troupes, fort tolérant pour les chrétiens et le clergé.
Victoire du Pont Milvius. — Conversion de la mère de Constantin
Hélène avait environ quarante-cinq années quand, par suite de sa répudiation par Constance, elle dut se séparer de son mari. Son enfant même lui fut enlevé. Quel coup pour cette âme ardente, ambitieuse, passionnée ! La séparation se prolongea pendant treize ans. Durant cette période, Hélène disparaît de l’histoire, mais non de la légende. Il est vraisemblable qu’elle dut se rapprocher le plus possible de son enfant qu’elle aimait d’un amour exclusif et vigilant, payée d’ailleurs en retour. L’épreuve fut salutaire à ce tempérament un peu rude.
A la mort de Constance Chlore (306), Constantin fut proclamé Auguste. Il y avait à ce moment même jusqu’à six empereurs à la fois. Par une série de batailles victorieuses, par des mesures politiques qui n’étaient pas toujours très honnêtes, Constantin évince en Occident tous les rivaux qui lui disputent l’empire. En 312, après la bataille du Pont Milvius, il entre dans Rome : mais le Labarum impérial porte le monogramme du Christ. Constantin adhère à la foi chrétienne officiellement, bien qu’il diffère jusqu’à la fin de sa vie la réception du baptême.
Sa mère ne tarda pas à le rejoindre. Elle le voyait maître incontesté de l’Occident, délivré de ses ennemis. Elle en ressentit une joie profonde et se soumit enfin elle-même à ce Dieu des chrétiens qui lui avait procuré un pareil bonheur. L’empereur, dit l’historien Eusèbe, rendit sa mère, qui auparavant vivait dans l’ignorance du vrai Dieu, si pieuse et si fervente, qu’elle semblait avoir été instruite à l’école même du Sauveur. De fait Hélène arrivait au christianisme au soir de sa vie : elle avait plus de soixante ans. Mais dorénavant elle sera chrétienne, comme elle avait été épouse et mère, c’est-à-dire avec toute son âme ardente et généreuse.
Vertus et zèle d’une impératrice néophyte.
Vers 317, Constantin accorda à sa mère le titre d’ Augusta. Il la combla de biens, d’honneurs et d’égards, lui ouvrit le trésor impérial ; elle eut sa cour et son palais, le Sessorium, près du Latran : on frappa des monnaies d’or à son effigie. Elle profita de son influence sur son fils pour qu’il se montrât aussi généreux que possible envers l’Eglise et ses ministres. Avec lui elle construisit et orna plusieurs basiliques romaines ; elle fît rendre les biens confisqués et les emplois aux chrétiens dépouillés ; elle s’intéressa au sort des prisonniers, des condamnés aux mines, demandant à Constantin d’adoucir une législation trop barbare. Maîtresse des trésors de l’empire, toujours elle en fît bénéficier les pauvres, les malheureux, distribuant du blé, des habits, de l’argent, des secours de tout genre.
Oubliant sa dignité, elle aimait à être confondue parmi les autres fidèles dans les églises. Elle partageait avec son fils le souci et le désir ardent d’établir partout le règne du christianisme. Saint Ambroise vante l’éclatante sainteté de ses mœurs, Rufin sa foi et son zèle, Socrate sa profonde humilité et son mépris du faste.
Constantin fait disparaître du Calvaire toute trace de paganisme.
Dans un dessein politique, l’empereur Hadrien avait installé à Jérusalem une colonie romaine, interdit aux Juifs l’accès de la cité qu’il avait organisée comme les autres, avec des thermes, des temples païens, etc. Pour éloigner les chrétiens du tombeau du Christ ainsi que du Calvaire, il avait fait disparaître en ces endroits le sol primitif sous une vaste terrasse d’une centaine de mètres de long où parmi de jolis bosquets on avait dressé, au Calvaire, la statue de Jupiter, et au Saint Sépulcre celle de Vénus. Sur la grotte de la Nativité, à Bethléem, on fit encore pis. Quelle douleur éprouvèrent les fidèles devant ces profanations si diaboliques ! Dieu cependant permit cela pour la conservation des Lieux Saints en ces siècles de persécution violente.
A l’occasion du concile œcuménique de Nicée, en 325, plusieurs évêques et plus particulièrement, semble-t-il, celui de Jérusalem, signalèrent à l’empereur Constantin la triste situation des lieux sanctifiés par la mort et la résurrection du Christ. Aussitôt le prince donna l’ordre d’abattre statues, idoles, temples, d’entreprendre des fouilles minutieuses pour retrouver l’emplacement et les monuments primitifs. Les travaux furent exécutés avec promptitude en 326 ; bientôt le Calvaire et le tombeau du Sauveur apparurent. Dans une lettre envoyée à saint Macaire, évêque de Jérusalem, Constantin veut qu’on élève au lieu où le Sauveur a reçu la sépulture une basilique qui soit, par la richesse des matériaux et sa décoration, digne de lui. L’empereur prend cette construction à sa charge.
Constantin avait commencé en Bithynie la célébration de ses vicennales. De grandes solennités devaient les clore, à Rome. La famille impériale, sauf Hélène, se rendit dans la grande ville. L’accueil y fut plutôt froid. Les Romains gardaient rancune à Constantin d’avoir abandonné et leur capitale et leur culte : le prince reçut même, un peu par sa faute, de violentes injures. Sa femme Fausta et ses beaux-frères profitèrent de cet état de choses pour calomnier indignement son fils Crispus, né d’une première union. Hélas ! privé des conseils de sa mère, Constantin ajouta foi aux rapports de sa femme. Crispus, innocent, fut arrêté et traîné à Pola, en Istrie, où il fut mis à mort.
L’impératrice était arrivée trop tard à Rome pour sauver la vie à son petit-fils. Du moins, elle détrompa le malheureux père et lui fit comprendre sa faute. Constantin, au lieu de se repentir et de pardonner, s’abandonna à la colère et il se vengea de ceux qui l’avaient indignement trompé en les faisant mourir.
Hélène, épouvantée par cette série de meurtres, ne perdit pas courage. De plus près encore qu’auparavant, elle veilla sur son fils égaré par la passion, le ramena à des sentiments plus chrétiens, et chercha à satisfaire en son nom à la justice divine.
Pèlerinage de sainte Hélène aux Lieux Saints. — Deux basiliques.
Vers la fin de l’année 326, elle quitte Rome pour retourner en Orient par la voie des Balkans. On apprit bientôt que la mère de l’empereur allait se rendre en pèlerinage à Jérusalem. Elle y voulait sans doute développer sa piété personnelle, mais aussi remercier Dieu et le supplier pour son fils et son petit-fils, implorer aussi miséricorde pour le meurtrier de Crispus et de Fausta.
Avec une ardeur juvénile — l’expression est de l’historien Eusèbe — l’Augusta prit probablement la route de terre, car elle visita les provinces orientales de l’empire, montrant à l’égard des villes et des populations une sollicitude et une générosité vraiment royales. Elle reçut les hommages respectueux, mais enthousiastes des habitants accourus pour voir cette femme étonnante.
On imagine avec quelle ferveur et quelle piété l’ardente chrétienne vénéra les Saints Lieux. Sa dévotion satisfaite, elle voulut en laisser des preuves éclatantes et durables. Son fils lui avait ouvert son propre trésor pour qu’elle pût réaliser ses pieux desseins. Hélène fit construire deux basiliques, désirant elle aussi enchâsser dans des monuments splendides les vestiges du Seigneur. L’une d’elles fut élevée à Bethléem, sur la grotte où Jésus était né ; l’autre, la fameuse basilique de l’Eléona (ou des Oliviers), vers le sommet du mont des Oliviers, en mémoire de l’Ascension, au-dessus de la grotte où le Seigneur avait l’habitude d’instruire ses apôtres : cette Grotte des enseignements de Jésus existe toujours. Les deux monuments étaient, nous dit-on, d’une beauté merveilleuse et dignes d’une éternelle mémoire. Avec la basilique de la Résurrection, ils furent les sanctuaires les plus vénérés de l’antiquité chrétienne.
Découverte ou invention de la vraie Croix.
Dans un discours prononcé en 395 aux funérailles de Théodose le Grand, saint Ambroise vante le bonheur de Constantin d’avoir eu une mère qui a assuré la protection divine à toutes ses entreprises. Il dit ensuite que, remplie de l’Esprit-Saint, Hélène est venue vénérer les Lieux Saints. Arrivée au Golgotha, le lieu du saint combat, elle a cherché le trophée de la victoire, l’étendard du salut que le démon avait caché.
Près du Calvaire, au milieu d’anciennes carrières, une profonde excavation s’ouvrait sous une roche. Ce fut dans cette espèce de grotte que, le soir du Vendredi-Saint, on avait jeté les gibets des trois crucifiés : ils y furent comme ensevelis quand plus tard fut exécuté le nivellement du Calvaire sous l’empereur Hadrien. Afin de retrouver les reliques de la Passion, Hélène fit creuser le sol. On découvrit les trois croix. Comment distinguer celle du Sauveur ? L’inscription en trois langues que Pilate y avait fait afficher fut le signe providentiel, dit saint Ambroise. Au début du ve siècle, Rufin racontera — et ce récit se trouve reproduit au Bréviaire ro main dans la légende de la fête de l’Invention de la Croix (3 mai) — qu’une guérison miraculeuse, obtenue au contact du gibet du Sauveur, servit à l’identifier d’une manière certaine. Avec la croix et l’écriteau, on eut aussi les clous qui avaient percé les mains et les pieds de Jésus. Selon la tradition, sur l’ordre d’Hélène, l’un d’eux fut fixé dans le casque (ou peut-être le diadème) de Constantin, afin que le culte rendu à la personne de l’empereur atteignît aussi le Christ dont il était le mandataire. La plus grande partie du bois sacré demeura à Jérusalem dans l’édifice appelé l’oratoire de la Croix. Une autre portion, avec l’écriteau et un clou, fut, selon le Liber pontificalis, envoyée à Rome, du vivant de l’empereur, et placée dans l’église établie par Hélène dans son palais Sessorien ; cette relique insigne fit désigner la basilique hélénienne sous le vocable de Sainte-Croix de Jérusalem qu’elle a conservé. L’envoi à Constantinople d’une autre partie de la vraie Croix est aussi attesté par la tradition byzantine.
L’existence de la Croix du Sauveur à Jérusalem est affirmée nettement par saint Cyrille de Jérusalem, au milieu du ive siècle. A la même date, les reliques de la Croix sont déjà répandues en Orient et en Occident. A Constantinople on les porte au cou enchâssées dans de l’or. Dans les siècles suivants, surtout au moyen âge et à la Renaissance, l’art chrétien représentera, sous des formes variées, la scène de l’invention de la Croix par l’impératrice Hélène. Dans les miniatures, les icônes, les peintures, les fresques, les reliquaires, Constantin et sa mère sont souvent placés à droite et à gauche de la Croix ; cette double présence rappelle leur rôle en ce qui concerne la découverte de l’arbre de salut.
Hélène ne vit pas l’achèvement des travaux entrepris à Jérusalem. Après quelques mois, elle repartit pour Constantinople, heureuse d’avoir ravivé sa piété et retrempé sa foi au lieu même où le Sauveur était mort. Avant de quitter la Palestine, elle fît réunir les vierges consacrées au Seigneur, et leur donna un repas où elle servit de ses propres mains celles qui étaient, par vocation et par état, les servantes ou mieux les épouses du Christ.
Mort de sainte Hélène dans la ville impériale.
Mais un si long voyage était plus que suffisant pour épuiser les forces d’une femme bientôt octogénaire. Presque aussitôt après son retour à Nicomédie et ensuite à Constantinople, Hélène sentit sa dernière heure approcher. Elle fit son testament, partagea ses biens entre son fils et ses petits-fils, les enfants de la malheureuse Fausta, recommanda à Constantin de se conduire et de gouverner ses sujets en toute justice. C’est dans les bras de son fils qu’elle mourut en 328 ou 329, au mois d’août, peut-être le 18 de ce mois (date à laquelle sa fête est fixée), ou aux environs du même jour.
La mort de la grande impératrice eut le caractère d’un deuil public, vivement ressenti dans tout l’empire, surtout par l’Eglise, les humbles et les pauvres, à qui la défunte était si secourable. Acause de la dignité dont elle était revêtue et des services éminents rendus pendant sa vie, Constantin fit faire à sa mère des funérailles vraiment impériales à Constantinople. Le corps, accompagné d’un cortège nombreux, fut ensuite transporté à Rome et déposé dans le sarcophage et le mausolée que l’empereur avait préparés pour lui- même à l’époque où il ne pensait pas se fixer sur les rives du Bosphore. Ce mausolée était situé en dehors de Rome, sur la via Labicana, à un endroit appelé Tor Pignattara, non loin de la villa de Constantin. A sa gauche s’ouvrait la Catacombe des saints martyrs Pierre et Marcellin : à cause du voisinage du tombeau de sainte Hélène, la petite Catacombe et son église furent parfois désignées par l’indication : ad sanctam Helenam. On montre aujourd’hui, dans la salle de la Croix grecque du musée du Vatican un sarcophage de porphyre rouge, dit de sainte Hélène.
De Rome à l’abbaye d’Hautvillers et à l’église Saint-Leu de Paris.
Du mausolée impérial, les restes de la mère de Constantin furent bientôt transportés, peut-être par mesure de sécurité ou pour un autre motif, dans la crypte voisine des saints martyrs. Vers le milieu du ive siècle, époque de trafic et de pillage des reliques romaines, un prêtre de Reims, nommé Teutgis, fort dévot à sainte Hélène qui l’avait guéri, réussit, lors d’un pèlerinage à son tombeau, à emporter la plus grande partie de son corps. Le diacre romain chargé de l’administration de la Catacombe des Saints-Pierre et Marcellin dut sans nul doute faciliter une pareille opération. On laissa dans le sarcophage, la tête, les bras et les membres inférieurs. Lors de l’arrivée des reliques dans le diocèse de Reims, le Chapitre de cette ville crut nécessaire d’envoyer à Rome deux délégués pour faire une enquête discrète, mais sérieuse, sur l’authenticité du récit et des ossements apportés par le prêtre pèlerin.
Cette enquête rassura pleinement le Chapitre. Les reliques de sainte Hélène furent déposées dans l’abbaye bénédictine d’Hautvillers au même diocèse. Pour les vénérer on accourut de toute la Champagne et bientôt de toute la France. Les pèlerinages principaux se faisaient le 18 août et le 14 septembre, jour où l’Eglise d’Orient célèbre l’anniversaire de la découverte ou invention de la vraie Croix (en Occident cette fête est célébrée le 3 mai, la date du 14 septembre étant réservée à honorer l’exaltation de la sainte Croix). Une neuvaine avait lieu à l’époque de la Pentecôte ; dans ces trois circonstances la châsse était exposée. Le 7 février, on commémorait la translation des reliques.
Ces dernières étaient enveloppées d’un suaire qui est formé d’une étoffe de soie portant des dessins inspirés par l’art byzantin ; il existe toujours. On peut suivre à travers les siècles le sort des reliques de sainte Hélène au monastère d’Hautvillers, grâce à plusieurs procès-verbaux d’authenticité, aux récits de nombreux miracles accomplis à leur contact. Au début de la Révolution française, en 1791, les restes de sainte Hélène furent d’abord confiés au monastère de Montier-en-Der, puis au curé de Ceffons : un brave paroissien les garda chez lui et les restitua ensuite. En 1820, sur la demande de la duchesse d’Angoulême, ils furent cédés par acte notarié aux chevaliers de l’Ordre du Saint-Sépulcre établis à Paris. On les déposa dans l’église Saint-Leu de la même ville. C’est là qu’on les vénère encore aujourd’hui. Mais les villes d’Orléans, de Reims et quelques autres localités ont obtenu des parties plus ou moins importantes des reliques apportées au ixe siècle à Hautvillers.
Les ossements que Teutgis avait laissés dans le tombeau de sainte Hélène à Rome étaient peu en sûreté. Ils furent ramenés, peut-être au xiie siècle ou même auparavant à l’intérieur des murs. Dans le transept gauche de l’église Saint-Marie in Ara Caeli, à Rome, une chapelle dédiée à sainte Hélène contient, dans une urne de porphyre, quelques restes du corps de la Sainte avec ceux des martyrs Abundius et Abundantius. L’archibasilique de Saint-Jean de Latran, l’église Sainte-Sabine sur le mont Aventin, l’abbaye de Saint- Mathias de Trêves font vénérer aussi quelques os des bras et des jambes et surtout le chef même de la première impératrice chrétienne.
Patronage et culte liturgique.
L’histoire de sainte Hélène est liée dans la tradition catholique à celle de la découverte de la vraie Croix. Tout naturellement on invoquera le secours de cette Sainte pour retrouver les objets perdus. Mais la Croix ayant la puissance de chasser les démons et ses agents, les magiciens et les sorciers, c’est celle qui a retrouvé le bois sacré qu’on priera pour se protéger contre les sortilèges, les maléfices diaboliques et les maladies qu’ils engendrent, au moins selon les croyances du moyen âge, telles que le cancer et l’épilepsie. Sainte Hélène est la patronne des Chevaliers du Saint-Sépulcre et de la Confrérie de la Sainte-Croix érigée dans l’église de Saint-Leu à Paris. Quelques villes, en particulier Colchester, Bonn, Trêves, Pesaro, lui ont voué, pour des raisons locales, un culte tout spécial.
Nombreuses sont, dans les diverses nations catholiques, les églises et chapelles dédiées à sainte Hélène ; parmi les plus connues, il y a à Rome la crypte de la basilique de Sainte-Croix de Jérusalem, élevée, nous l’avons vu, sur l’emplacement de son palais, et, à Jérusalem, la chapelle de la Croix, renfermant la grotte où, selon la tradition, les trois gibets ont été retrouvés.
L’art chrétien à travers les siècles représente sainte Hélène avec les attributs de la dignité impériale, diadème et manteau royal ; mais sa caractéristique propre est la Croix, qu’elle a découverte.
F. C.
Sources consultées. — Acta Sanctorum, t. III d’août (Paris, 1867). — Mgr Paul Guérin, Les Petits Bollandistes, t. X (Paris, 1897). — Maurice Jules, Sainte Hélène, (« l’Art et les Saints », Paris, 1930). — P. Pouillon, O. P., Sainte Hélène (Collection « Les Saints », Paris, 1908). — Lucot, Sainte Hélène (Paris, 1876). — Toupin, Histoire de sainte Hélène (Paris, 1882). — Maurice Jules, Sainte Hélène (Lille, 1927). — (V. S. B. P., n° 339.)