La repentance infligée à l’Église étend à tous la faute de quelques-uns, selon le modèle du wokisme.
Cours de catéchisme sur le péché originel. Alors que le catéchiste explique que nous naissons avec ce péché, un enfant s’écrie : « C’est pas moi qui l’ai fait ! »
Il a raison de nier toute culpabilité personnelle dans le péché originel, parce qu’en effet il n’y est pour rien. Mais il se trompe sur la culpabilité, effectivement transmise par génération, de ce péché qui est un péché de la nature humaine[1] et qui, « un par son origine et transmis par propagation héréditaire…, est propre à chacun »[2].
C’est le seul cas de péché dans lequel la culpabilité d’une unique personne s’étend à d’autres qui n’ont pas commis la faute eux-mêmes. Car pour tout autre péché, l’Ancien Testament affirme déjà le caractère personnel des fautes : alors que les israélites en exil attribuent leurs malheurs aux fautes de leurs ancêtres, le prophète Ezéchiel leur répond de la part de Dieu : « L’âme qui a péché est celle qui mourra ; le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera pas l’iniquité du fils ; la justice du juste sera sur lui, et l’impiété de l’impie sera sur lui[3]. » (Ez 18, 19–20)
C’est pourquoi on peut au moins se poser des questions sur les repentances infligées à l’Église, y compris par le pape lui-même : « L’Église doit avoir honte et demander pardon[4]. » La faute de quelques-uns n’a pas à être étendue à tous, même et encore moins sous la pression émotive du scandale d’abus de membres du clergé. C’est la propagande contemporaine qui, au moyen du mot magique « systémique », transforme des fautes personnelles en désordres de toute l’institution, comme si la structure de l’Église fabriquait des pervers. Outre le caractère odieux de l’inversion accusatoire (n’est-ce pas plutôt le monde avec son étalage de turpitudes qui fabrique le péché, et les membres de l’Église imprégnés de l’esprit du monde qui malheureusement s’y laissent prendre ?), elle inflige à toute l’Église une mauvaise conscience malsaine et piétine le dogme de la sainteté de l’Église.
Sans doute, comme le disait le cardinal Journet, la frontière entre la cité de Dieu et la cité de l’homme passe par nos cœurs. Reste qu’il revient à chacun de confesser ses propres fautes, non celles des autres. L’autocritique n’a pas été inventée pour les besoins du Synode, mais pour ceux de la Révolution communiste !
Un regard sur les « sept péchés » qui ont fait l’objet de la cérémonie pénitentielle du 1er octobre achève de nous montrer que ce Synode est celui de l’Église woke, celle qui prend conscience d’être génétiquement et inexpiablement coupable avant même l’âge de raison ! Mais qui sommes-nous pour juger…
- C’est l’explication de saint Thomas, cf. Somme théologique, Ia IIae q.81 a.1.[↩]
- Concile de Trente, décret sur le péché originel, 17 juin 1546, canon 3.[↩]
- Pour autant, il faut bien constater que la peine est bien souvent partagée : ne serait-ce qu’une amende, perdue pour toute la famille ![↩]
- Le 27 septembre 2024 à Bruxelles.[↩]