Pour l’éveil des vocations sacerdotales dans le cœur des petits garçons ou des adolescents, il est de la plus haute importance que les grandeurs du sacerdoce soient suffisamment connues du peuple catholique. Sans doute, l’exemple donné par de bons prêtres est également déterminant mais nous estimons encore plus nécessaire que l’idée du sacerdoce soit comprise et estimée par les parents qui sauront alors parler des prêtres à leurs enfants avec un respect et une vénération que rien ne saurait émouvoir.
C’est certainement l’une des missions les plus élevées de la Fraternité Saint-Pie X, dans cette crise terrible où le sacerdoce catholique s’est trouvé tellement déprécié et vilipendé, que de devoir en rappeler les traits véritables. Nous ne pouvons mieux le faire qu’en conviant nos chers croisés et nos chers fidèles à méditer avec nous les textes splendides que la liturgie du Pontifical Romain utilise pour l’ordination des prêtres. Y est exprimée une théologie si précise du sacerdoce, des fonctions que doit remplir le prêtre et des vertus qui doivent l’animer, que sa seule méditation pourrait suffire à toute son existence pour alimenter sa vie de prière.
Permettez-moi d’extraire, par exemple, de la Monition que le Pontife adresse aux ordinands, ces trois mots sculptés par la concision latine comme une devise pour les prêtres :
« Imitamini quod tractatis » (Imitez le sacrifice que vous offrez).
Il ne s’agit pas d’un conseil mais d’un ordre que les prêtres reçoivent de leur évêque au jour de leur ordination. Ils doivent – et ce sera la grande œuvre admirable de toute leur vie – faire de leur messe de chaque jour le cours de leur existence et considérer tous les autres actes ministériels de leur quotidien comme devant être accomplis sur le modèle de la messe offerte.
Tout homme aspire à trouver dans son existence quelque principe d’unité. Nul ne s’étonnera que, dans la vie du prêtre, la messe – parce qu’elle est l’acte le plus sublime qu’il pose – devienne ce principe et qu’il ne puisse en trouver hors d’elle. Il s’agit donc, très simplement, au fur et à mesure que les messes se succèdent, de se laisser envahir et submerger par l’esprit du sacrifice qui a été offert sur l’autel, qu’il pénètre au plus profond de l’âme du prêtre de telle manière qu’il l’inspire dans tout son apostolat.
De même que Notre-Seigneur a souffert et est mort en s’offrant à son Père pour l’expiation de nos péchés et pour nous racheter de l’esclavage de l’enfer, ainsi le prêtre – alter Christus – se trouve au cœur de sa vocation lorsqu’il comprend que chaque instant de son existence lui permet à son tour de se donner à Dieu et aux âmes, de se livrer au bon plaisir de la Sainte Trinité pour leur salut.
« Et je vis, non ce n’est plus moi, mais c’est le Christ qui vit en moi, et si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la Foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré Lui-même pour moi » (Ga 2, 20).
Le sacerdoce est une invention tellement sublime qu’il n’y a qu’un Dieu pour avoir pu l’imaginer. Et l’on pourrait sans doute régénérer profondément une société chrétienne rien qu’à lui montrer l’amour qui doit exister en Dieu pour avoir conçu cette merveille. Or, puisque les coups de boutoir se sont principalement acharnés sur la messe et le sacerdoce, n’y a‑t-il pas comme une invite providentielle à devoir reconstruire parlà ? Je crois que l’enfer n’est pas très content de ces pensées et j’y vois donc, chers croisés et chers fidèles, un encouragement supplémentaire à vous demander la persévérance : nous ne savons pas quand l’Église sortira de cette agonie mais nous savons bien quels sont les moyens nécessaires qu’Elle utilise pour cela.
Courage ! Confiance ! « J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).
Abbé Régis DE CACQUERAY †
Supérieur du District de France