Publié récemment, le bilan démographique de la France en 2024 est préoccupant…
663 000 naissances seulement : un chiffre qui n’a jamais été aussi faible depuis 1946. Quant au nombre d’enfant par femme (1,62), il atteint son plus bas niveau depuis 1919, quand le pays sortait tout juste de la première guerre mondiale.
Si ces chiffres sont de toute évidence à mettre en lien et à expliquer avec le nombre d’avortements en France (plus de 240 000 pour la seule année 2023) ainsi qu’avec la destruction progressive – dans la législation comme dans les faits – du mariage et de la famille, ils relèvent aussi, et plus profondément encore, d’une mentalité de confort, dans laquelle les intérêts matériels et immédiats prennent le pas sur la dimension spirituelle et le sens du bien commun. On pense à ce que va coûter un enfant mais on méconnaît la richesse inestimable – matérielle, humaine, surnaturelle – que représente l’arrivée d’une nouvelle vie au foyer. « La vie vaut plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement » enseigne Jésus-Christ. On regarde aux difficultés prochaines, objectives certes, auxquelles on va être confronté, mais on cesse de méditer sur l’immense Providence de Dieu qui pourvoit aux besoins de tous, spécialement de ceux qui lui accordent sa confiance ; on calcule à l’aune de son bien-être sans penser davantage au bien commun de la famille, de tout un pays. Égoïsme et pusillanimité : telles sont les racines du mal de la dénatalité ; les causes morales individuelles de cette maladie sociale, dont souffre notre pays.
Qu’on le comprenne bien : il ne s’agit pas ici de juger des choix personnels des uns et des autres, puisque ces décisions relèvent d’éléments circonstanciels singuliers, divers et variés qui échappent toujours, sinon pour une grande part, au regard extérieur. Mais il s’agit de dénoncer un état d’esprit général et ambiant qui influe, plus ou moins, et souvent inconsciemment, sur nos choix personnels ; une mentalité qui gagne malheureusement du terrain jusque dans les familles catholiques.
Dans un discours prononcé devant la fédération italienne des associations de familles nombreuses le 20 janvier 1958, le pape Pie XII remarquait pourtant que « dans le monde civil moderne, la famille nombreuse vaut en général, non sans raison, comme témoignage de la foi chrétienne vécue ». Car la vie chrétienne affaiblit l’égoïsme humain en prônant la charité, cet amour divin prêt à aller jusqu’au sacrifice de soi ; elle combat également la pusillanimité (petitesse d’âme) en élargissant nos vues trop humaines et trop inquiètes par la lumière de la foi et la conviction de la toute-puissance de Dieu.
Source : Apostol n° 193 – février 2025