Saint Daniel et ses compagnons

Martyr de saint Daniel et ses compagnons, artiste inconnu

Saint François d’Assise avait vou­lu s’en aller dans les mis­sions loin­taines pour y annon­cer l’Évangile aux peuples encore plon­gés dans les ténèbres et les ombres de la mort, avec l’espérance de scel­ler de son sang cette foi de Jésus-​Christ qu’il prê­chait avec tant de zèle.

Le Seigneur se conten­ta de sa bonne volon­té, mais il n’en fut pas de même des pre­miers mis­sion­naires qu’il envoya : le 16 jan­vier 1220, à Maroc même — aujourd’hui Marrakech, — cinq d’entre eux, saint Bérard, né à Calvi, et quatre com­pa­gnons, les saints Pierre dei Cattani, Othon de Stroncone, Adjut et Accurse gagnèrent la palme du martyre.

Une sainte émulation.

Leurs reliques, rap­por­tées triom­pha­le­ment en Portugal, sus­ci­tèrent de nom­breuses voca­tions, et le bruit de leur vic­toire, la joie qu’en avait éprou­vée saint François, éveillèrent dans le cœur de beau­coup la pen­sée de prendre la même voie pour arri­ver à une gloire semblable.

Parmi ceux-​ci, l’histoire men­tionne expres­sé­ment un jeune Chanoine régu­lier du couvent de Sainte-​Croix, Fernand de Bouillon, qui entre­ra chez les Frères Mineurs et y devien­dra illustre sous le nom d’Antoine de Padoue. Comme saint François, lui aus­si ne sera mar­tyr que par le désir, mais Dieu réser­va l’honneur insigne de ver­ser leur sang pour lui à d’autres reli­gieux de l’Ordre fran­cis­cain dont un groupe que l’Église honore comme saints : Daniel et six autres Frères Mineurs, nom­més Ange, Samuel, Domne ou Domnule (le seul qui ne fût pas prêtre), Léon, Nicolas et Hugolin.

Daniel, le chef de cette glo­rieuse petite troupe, était né à Belvédère, dans la Calabre, et avait été admis dans l’Ordre nais­sant par le fon­da­teur lui-​même. Ministre de la pro­vince de Calabre, il vint se pré­sen­ter avec ses com­pa­gnons au Frère Élie qui, du vivant même de saint François d’Assise, assu­rait le gou­ver­ne­ment géné­ral de l’Ordre, et sol­li­ci­ta la per­mis­sion de se rendre chez les infidèles.

On ne connaît pas le lieu d’origine de la plu­part d’entre eux, l’histoire dit sim­ple­ment que Nicolas était ori­gi­naire de Sasso-​Ferralo, dans l’Omhrie, et Domnule de Montalcino, au dio­cèse de Lucques ; elle garde le silence sur la patrie des quatre autres. Tous ceux qui connaissent les ori­gines de l’Ordre savent par­fai­te­ment que le Frère Élie ne par­ta­geait pas toutes les manières de voir du fon­da­teur. Cependant, pour les mis­sions loin­taines, il était plein d’ardeur, de bonne volon­té, et, s’il ne s’y ren­dit pas lui-​même, du moins, accorda-​t-​il sans hési­ter la demande qui lui était faite. En 1227 — les Bollandistes admettent plus volon­tiers la date de 1221 pour le court apos­to­lat et le mar­tyre des mis­sion­naires — les sept reli­gieux s’embarquèrent dans un port de la Toscane, à des­ti­na­tion de l’Espagne ; ils pen­saient, de là, gagner les plages de l’Afrique.

En pays infidèle.

Ils arri­vèrent sans encombre à Tarragone, où ils furent obli­gés de se sépa­rer. En effet, comme aucun bateau ne vou­lait les prendre à bord tous les sept, Daniel s’embarqua le pre­mier avec trois com­pa­gnons et abor­da à Ceuta. Huit jours après, les trois autres les avaient rejoints. C’était sur la fin de sep­tembre. La pre­mière pen­sée des mis­sion­naires était de mar­cher entiè­re­ment sur les traces de leurs aînés, saint Bérard et ses com­pa­gnons ; ils se pro­po­saient donc d’aller à Maroc même, capi­tale et centre de l’empire de ce nom. Quelle consi­dé­ra­tion pré­cise les fit res­ter à Ceuta ? L’histoire ne le dit pas, mais ce fut là leur champ de bataille ; ce fut de là que leurs âmes s’envolèrent, triom­phantes, vers la céleste patrie.

L’entrée de Ceuta était rigou­reu­se­ment inter­dite aux chré­tiens. Pendant quelques jours, en épiant le moment de for­cer la consigne, les apôtres de Jésus-​Christ res­tèrent dans un fau­bourg qu’habitaient un grand nombre d’Européens, spé­cia­le­ment des mar­chands, venus de Gênes, de Pise, de Marseille, etc. Bientôt, c’est-​à-​dire le 1er octobre, ils s’encouragent réci­pro­que­ment et se décident à mar­cher. A l’exemple du divin Maître, le len­de­main, ils se lavent les pieds l’un à l’autre ; ils puri­fient leurs âmes par une confes­sion géné­rale, reçoivent la sainte Eucharistie et passent en prière la jour­née entière et toute la nuit sui­vante. Le troi­sième jour, on les aurait pris pour des lions, dit un auteur ; ils sem­blaient ne res­pi­rer que feu et flammes ; ils ne pou­vaient conte­nir l’ardeur qui les dévorait.

De bonne heure ils entrent dans la ville, la tête cou­verte de cendres, et ils com­mencent à dire à haute voix :

— Il n’y a de salut qu’en Jésus-Christ.

Captivité. La prédication continue.

On le com­prend, l’émoi fut grand dans la ville. Mais, le pre­mier moment de sur­prise pas­sé, les Maures sai­sissent les mis­sion­naires, et non sans les acca­bler de coups et d’injures, ils les conduisent devant leur chef. Les Frères Mineurs ne deman­daient pas mieux. Devant le gou­ver­neur et tous les grands qui l’entourent, Daniel et ses com­pa­gnons annoncent avec plus de cou­rage encore les véri­tés de la reli­gion catho­lique, mon­trant du même coup com­bien Mahomet et ses ensei­gne­ments sont dignes de mépris. Ils sont bien­tôt char­gés de fers et jetés en pri­son. Mais « la parole de Dieu ne peut être rete­nue par des chaînes », disait saint Paul, pri­son­nier lui aus­si. La patience avec laquelle les reli­gieux sup­portent les mau­vais trai­te­ments dont on les accable est une pré­di­ca­tion élo­quente pour leurs bour­reaux ; en même temps les mar­tyrs trouvent moyen d’écrire aux chré­tiens de Ceuta. La lettre, que repro­duit Wadding, le célèbre his­to­rio­graphe de l’Ordre fran­cis­cain, était adres­sée au prêtre Hugues, char­gé des Génois, et à deux reli­gieux, l’un Frère Prêcheur, et l’autre Frère Mineur, qui étaient arri­vés depuis peu dans la ville.

Béni soit Dieu, Père de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, Père des misé­ri­cordes et Dieu de toute conso­la­tion. C’est lui qui nous console dans toute tri­bu­la­tion, lui qui pré­pa­ra pour le patriarche Abraham la vic­time du sacri­fice, alors que celui-​ci quit­tait son pays, ne sachant où aller ; et pour ce motif « cela lui fut impu­té à jus­tice » et il fut appe­lé l’a­mi de Dieu. Ainsi donc, que celui qui est « sage devienne comme un insen­sé » (aux yeux des hommes), parce que « la sagesse de ce inonde est une folie aux yeux de Dieu ».

Sachez donc que si Notre-​Seigneur Jésus-​Christ a souf­fert pour nous, c’est lui aus­si qui a dit : « Allez, prê­chez l’Évangile à toute créa­ture ; Allez et ne crai­gnez pas ceux qui tuent les corps » ; et en outre : « Le ser­vi­teur ne sau­rait être de meilleure condi­tion que son Maître : si les hommes me per­sé­cutent, ils vous per­sé­cu­te­ront vous aussi. »

C’est lui qui nous a conduits dans ses sen­tiers pour sa gloire et pour le salut des infi­dèles, pour l’honneur des chré­tiens, mais aus­si pour la mort et la dam­na­tion des infi­dèles, parce que, l’Apôtre le dit : « Nous sommes la bonne odeur du Christ ; pour les uns, c’est une odeur de vie pour la vie ; pour les autres, une odeur de mort pour la mort. » Car (dit le Christ), « si je n’étais pas venu et que je ne leur eusse pas par­lé, ils n’auraient pas de péché ; mais main­te­nant, ils n’ont point d’excuse de leur péché. »

Nous le loue­rons éternellement.

Nous avons donc prê­ché devant le roi lui-​même le nom de Jésus, et nous lui avons décla­ré qu’il n’y a pas de salut en dehors de ce nom, le lui prou­vant par des rai­sons irré­fu­tables, au moyen d’un inter­prète, en pré­sence de ses doc­teurs. Au Roi immor­tel et invi­sible des siècles, le seul Dieu, soient donc ren­dus hon­neur et gloire dans les siècles des siècles. Amen. Adieu !

En présence du gouverneur.

Cependant, un cer­tain Arbaldo, qui occu­pait auprès du gou­ver­neur — celui auquel les mar­tyrs donnent le nom de roi — une des pre­mières places, vou­lut se rendre compte de ce que fai­saient les pri­son­niers pen­dant les longues heures de leur cap­ti­vi­té. Quelle ne fut pas sa sur­prise quand, ayant pris ses mesures pour les sur­veiller sans que ceux-​ci pussent s’en aper­ce­voir, il les vit débar­ras­sés de leurs chaînes, le visage rayon­nant d’une lumière écla­tante, pen­dant qu’ils chan­taient d’une voix mélo­dieuse les louanges du Seigneur ! Il rap­por­ta à son maître ce qu’il avait vu et enten­du. Aussitôt, les apôtres sont de nou­veau intro­duits en pré­sence du gou­ver­neur. On serait ten­té de croire que les sec­ta­teurs de l’Islam auraient été émus, aus­si bien de la constance des mar­tyrs que des miracles opé­rés en leur faveur, mais s’ils avaient des yeux, c’était pour ne point voir ; s’ils avaient des oreilles, c’était pour ne pas entendre. Et pour­tant les mis­sion­naires avaient des paroles élo­quentes, des rai­son­ne­ments capables de convaincre. En quelques mots, ils prou­vaient la divi­ni­té de la reli­gion de Jésus-​Christ, mon­trant l’admirable trans­for­ma­tion qu’elle avait pro­duite dans les mœurs, rap­pe­lant les miracles par les­quels Dieu l’avait attes­tée en tous lieux et à toutes les époques.

— Au contraire, ajoutaient-​ils har­di­ment, Mahomet et sa loi n’ont fait qu’avilir les âmes. Quand on les écoute, quand on se laisse conduire par ces hon­teuses maximes, on devient comme l’animal pri­vé de rai­son ; on est pire même, puisque, après tout, la bête fait ce quelle peut et ce qu’elle doit, tan­dis que l’homme qui se laisse domi­ner par les sens ne fait ni ce qu’il pour­rait ni ce qu’il devrait.

Les prisonniers sont séparés.

La colère des musul­mans était grande en les enten­dant par­ler ain­si de leur pro­phète et de sa loi. Ils se continrent tou­te­fois, médi­tant dans leurs cœurs de noirs pro­jets. Dans la pri­son aus­si bien que sur les places publiques ou en pré­sence de la cour, le cou­rage de ces étran­gers était extra­or­di­naire, leur constance au-​dessus de tout éloge. Mais cela ne venait-​il pas, en par­tie du moins, de ce qu’ils étaient tou­jours ensemble, s’excitant ain­si l’un l’autre à la per­sé­vé­rance ? Le gou­ver­neur ordonne en consé­quence qu’ils soient sépa­rés et, suc­ces­si­ve­ment les fait com­pa­raître en sa pré­sence. De nou­veau, auprès de cha­cun, il met en œuvre tout ce que peuvent inven­ter la malice et la haine, secon­dées par une puis­sance qui paraît au-​dessus de tout. Peine per­due ! Autant les hérauts de l’Évangile étaient cou­ra­geux lorsqu’ils mar­chaient comme une armée ran­gée en bataille, autant cha­cun, lais­sé à lui-​même et, en quelque sorte, aban­don­né à ses propres forces, res­ta digne de sa grande mis­sion, digne de son chef invi­sible, Jésus-Christ.

Saint Daniel évan­gé­lise les Maures.

Les menaces n’ébranlent donc aucun d’entre eux, pas plus que l’ap­pât des plai­sirs ne semble leur faire impres­sion. Daniel, comme il conve­nait au chef de la glo­rieuse pha­lange, se montre plus ferme, plus har­di que les autres.

- Fais-​toi musul­man, lui dit Arbaldo, fais-​toi musul­man, ou tu es mort !

- Plutôt perdre la vie cor­po­relle, répond le reli­gieux, que d’aller en enfer avec votre Mahomet.

Arbaldo le frappe d’un coup d’épée sur la tête.

- Pourquoi, lui dit un autre déjà avan­cé en âge, renon­cer aux plai­sirs, aux dou­ceurs de la vie ? Avec notre reli­gion on est si heureux !

- Infortuné vieillard, réplique Daniel, com­ment se peut-​il que tu sois, à ton âge, si enfon­cé dans le mal ? Ne sais-​tu pas que Mahomet, ministre de Satan, brûle et brû­le­ra éter­nel­le­ment avec les siens au fond des enfers ?

Chant de victoire.

Voyant que tous ses efforts n’aboutissaient à rien, le gou­ver­neur pro­non­ça la sen­tence : les mis­sion­naires auraient la tête tran­chée. En atten­dant l’exécution, les intré­pides pré­di­ca­teurs sont rame­nés dans leur pri­son ; mais quelle n’est pas leur joie à la pen­sée que bien­tôt leurs com­bats fini­ront, que la palme de la vic­toire sera bien­tôt dans leurs mains ! Ils attri­buent ce bon­heur à Daniel, leur supé­rieur. Tombant à ses genoux, ils couvrent de bai­sers et de larmes ses mains, ses pieds :

- Nous vous ren­dons grâce, ô Père ! Vous avez été pour nous un bon pas­teur et un guide fidèle. Bénissez vos enfants.

Et Daniel, les pres­sant suc­ces­si­ve­ment sur son cœur, s’écria .

- Réjouissons-​nous tous dans le Seigneur ! Ce jour est vrai­ment pour nous le plus beau, puisqu’il va nous faire pas­ser de la mort à la vie éter­nelle, de la tris­tesse et des larmes au bon­heur et à la gloire du triomphe ! Ici-​bas, ce ne sont que ténèbres et igno­rances ; là-​haut, c’est la lumière, c’est la claire vision ! Le ciel s’ouvre pour nous ; les anges viennent à notre ren­contre ; la cou­ronne nous attend et elle ne se flé­tri­ra jamais !

L’exécution.

On dépouilla les mar­tyrs de leurs vête­ments, on leur lia les mains der­rière le dos et on les condui­sit au lieu de l’exécution ; ils étaient pré­cé­dés d’un héraut qui publiait la cause de leur condam­na­tion. Les ser­vi­teurs de Dieu s’avançaient joyeux et fiers, comme s’il s’était agi, pour eux, d’un fes­tin auquel on les aurait conviés. Arrivés au lieu de l’exécution, ils se mettent à genoux et leurs tètes tombent suc­ces­si­ve­ment pen­dant que leurs lèvres mur­murent une der­nière prière et que leurs âmes s’envolent au ciel. C’était le 10 octobre.

Dans les Actes de ces glo­rieux mar­tyrs trans­crits par les Bollandistes, un témoin ocu­laire, peut-​être le Frère Mariano de Gênes, rap­porte que la popu­lace se rua sur leurs restes pré­cieux, bri­sant les tètes, met­tant les corps en pièces en les traî­nant dans les rues de la ville : on aurait dit qu’ils vou­laient se ras­sa­sier des opprobres dont ils les abreu­vaient après la mort, de même qu’ils s’étaient déjà réjouis de leurs humi­lia­tions pen­dant leur vie et au moment de leur supplice.

Les reliques des sept martyrs.

Cependant, par une sorte de miracle, les chré­tiens par­vinrent à recueillir ces restes informes, et ils les cachèrent dans un maga­sin, au fau­bourg dont il a été par­lé. Mais Dieu ne vou­lait pas les lais­ser ain­si dans l’ombre : des miracles nom­breux écla­tèrent, prou­vant à tous la gloire dont les hérauts de l’Évangile jouis­saient au ciel. Quelques années après, ces pré­cieuses reliques auraient été trans­por­tées dans l’église de Sainte-​Marie, près de Marrakech, construite vers 1220. Mais cette pre­mière trans­la­tion n’est pas cer­taine, et il est impos­sible de pré­ci­ser en quelle année les restes des sept mar­tyrs quit­tèrent Ceuta. En tous cas, soit en cette ville, soit en l’é­glise Sainte-​Marie, des faits mer­veilleux vinrent pro­cla­mer leur cré­dit auprès de Dieu ; en par­ti­cu­lier, pen­dant la nuit, une grande lumière, dont les Maures eux-​mêmes étaient témoins, brillait sou­vent sur leur tombeau.

Il est rap­por­té que, plus tard, le fils d’un roi du Portugal, peut- être Denis, fils d’Alphonse III, les ayant obte­nues de l’empereur du Maroc, les fit trans­por­ter en Espagne, et là encore, pour la gloire de Dieu et l’honneur de ses mar­tyrs, ces reliques opé­rèrent des miracles innombrables. 

Leur culte.

Devant ces mer­veilles, le peuple com­men­ça à célé­brer la fête des mar­tyrs, à la date du 8 octobre. Cet élan déter­mi­na les Frères Mineurs de l’Observance à sol­li­ci­ter du Souverain Pontife la per­mis­sion de faire de même. Le 22 jan­vier 1516, par des Lettres datées de Florence, le Pape Léon X auto­ri­sait L’Ordre fran­cis­cain à hono­rer les sept mar­tyrs en atten­dant la cano­ni­sa­tion solen­nelle ; aus­si leurs noms figurent-​ils en tête du Bréviaire romain édi­té à Venise en 1522 ; mais la date choi­sie est le 13 octobre, et non plus le 10, jour anni­ver­saire de leur mort. Les Bollandistes, en publiant le texte de ce docu­ment, font remar­quer qu’il ne donne aux mar­tyrs que le titre de Bienheureux ; Benoît XIV parle de même dans son trai­té de la Béatification des ser­vi­teurs de Dieu ; cepen­dant leur office devait être éten­du à l’Église uni­ver­selle, et dans le texte de l’oraison Daniel et ses com­pa­gnons sont appe­lés « Saints », ain­si que le signalent les rédac­teurs des Acta Sanctorum. L’Ordre fran­cis­cain célé­bra d’abord leur fête le 10 octobre, mais cette date cor­res­pon­dant à l’un des jours de l’Octave de la fête du Patriarche d’Assise, il obtint de Léon X la per­mis­sion d’adopter la date du i3.

En 1580, le véné­rable François de Gonzague, Ministre géné­ral des Frères Mineurs de l’Observance, ayant divi­sé en deux pro­vinces la Province fran­cis­caine de Calabre, pla­ça l’une d’elles sous le patro­nage des sept mar­tyrs en don­nant à celle-​ci le nom de Province des Sept-Frères.

Généreuse émulation.

Les chro­niques de l’Ordre fran­cis­cain, à peu près à cette même époque, men­tionnent que beau­coup d’autres Frères Mineurs reçurent la cou­ronne du mar­tyre dans ces contrées, les musul­mans ne pou­vant sup­por­ter les nom­breuses conver­sions que leur zèle et leurs pré­di­ca­tions opé­raient. Plusieurs com­prirent que Dieu ne les vou­lait pas sur ce champ de bataille et revinrent en Europe, pen­dant que leurs com­pa­gnons y trou­vaient une mort glo­rieuse ou y tra­vaillaient pen­dant de longues années.

source : Bonne Presse, Guy Duval et Fr. Br.