L’Enfant-Jésus de Beaune
Chers amis et bienfaiteurs,
Le séminaire de Flavigny se situant en Bourgogne, les séminaristes et frères ont à cœur de vénérer avec une ferveur particulière les saints qui ont vécu dans cette magnifique région. Ainsi, tout au long de l’année liturgique, leur piété se nourrit des exemples donnés par saint Bénigne, sainte Reine, saint Bernard, sainte Jeanne DE CHANTAL, sainte Marguerite-Marie, sainte Catherine LABOURE, sainte Bernadette, la bienheureuse Élisabeth de la Trinité, la vénérable soeur Marguerite du Saint-Sacrement de Beaune…
Puisqu’ils revêtent la soutane le 2 février, jour de la présentation de Jésus au Temple, les séminaristes voient en la vénérable soeur Marguerite du Saint-Sacrement (1619–1648) un bel exemple à suivre. S’il est vrai que, ce jour-là, leurs parents imitent Notre-Dame offrant son enfant au Temple, les séminaristes contemplent les vertus de Jésus enfant avec le désir de les reproduire dans leur propre vie.
Puisque vous vous unissez aux prières des séminaristes et frères, je voudrais aujourd’hui, chers amis et bienfaiteurs, vous faire découvrir la vie de la vénérable Soeur Marguerite du Saint-Sacrement et la dévotion à l’Enfant-Jésus de Beaune.
Le Jésus de Thérèse
La dévotion à l’Enfant-Jésus s’est répandue dans l’Église par l’intermédiaire du Carmel, et ceci en raison de l’intimité que sainte Thérèse d’Avila (1515–1582) avait avec l’Enfant-Jésus. Son amour de Jésus enfant était tel qu’un jour, dans le monastère d’Avila, un gracieux enfant vint à sa rencontre et lui demanda : – Qui es-tu ? – Moi, je suis Thérèse de Jésus. Et toi, qui es-tu ? – Je suis Jésus de Thérèse. L’Enfant-Jésus venait ainsi témoigner de l’union intime qui existait entre lui et la fondatrice de l’ordre du Carmel.
Sa dévotion a amené la sainte à placer une statue de Jésus enfant dans chacun des carmels qu’elle ouvrait. C’était el fundador, le fondateur. A cette époque, les Espagnols représentaient l’Enfant-Jésus non plus couché dans une crèche, dans le plus grand dénuement, mais debout et richement vêtu. C’est donc de cette manière qu’était vénéré l’Enfant-Jésus dans les carmels, comme dans beaucoup d’habitations de catholiques.
Soeur Marguerite du Saint-Sacrement
Le premier carmel fut fondé en France en 1604 sur la demande du cardinal DE BERULLE, fondateur de l’Oratoire (1575–1629), et celui de Beaune le fut en 1619. Cette année-là naissait Marguerite PARIGOT, qui entrera au Carmel dès l’âge de onze ans suite à la mort de sa mère, l’année 1630. Issue d’une famille notable de Beaune, elle était toute petite de taille, et elle le restera puisqu’elle ne dépassera pas 1 m 30.
Très vite, la petite postulante se fait remarquer par sa ferveur exceptionnelle et par ses vertus éminentes. Un jour, Notre-Seigneur lui apparaît sous la forme d’un petit enfant et lui dit : « Je me donne à toi pour être ton maître, je veux t’enseigner les vraies vertus ». Une autre fois, il lui dit : « Je me donne à toi petit, afin que tu sois petite, comme moi je suis petit ».
Dès l’année suivante, elle prononce ses premiers vœux lors d’une extase. Jésus la prend ce jour-là pour l’épouse de son enfance, promettant de lui enseigner la science de la croix.
En 1636, elle fait sa profession solennelle et reçoit alors la grâce de porter l’Enfant-Jésus dans ses bras. Elle est déjà très vénérée par les Pères de l’Oratoire.
L’année suivante, on lui demanda de prier pour le roi Louis XIII et la reine Anne d’Autriche, toujours sans héritier après vingt ans de mariage. Elle y consacra ses prières et ses souffrances, et fut avertie vers le 15 décembre de la grossesse de la reine, alors que celle-ci n’en était pas encore au courant. Le 5 septembre 1638 eut lieu la naissance du Dauphin, le futur roi Louis XIV. La reine, pour remercier la vénérable soeur Marguerite, lui offrit une statuette représentant son fils.
En apprenant la naissance du Dauphin, la petite soeur éprouva une très grande joie et dès lors elle décida de couronner l’Enfant-Jésus et de l’appeler désormais « son petit roi ». Pour confirmer le bien fondé de sa décision, le Noël suivant, l’Enfant-Jésus lui-même lui apparaît cette fois-ci non pas dans ses abaissements et l’infirmité de son enfance, mais dans sa grandeur souveraine, comme Roi des rois et Souverain des souverains : Rex Regum et Dominus dominantium (Ap. 19, 16). Il lui fait connaître que, par sa naissance, il ne s’est donné au monde que pour régner dans les cœurs et dans les âmes, si bien que Soeur Marguerite s’écrie : « Ô divin Enfant ! Que pouvons- nous faire pour vous faire régner et pour nous soumettre à votre règne et à votre souveraineté ?»
Jésus lui fait comprendre qu’il aimerait qu’elle lui dédiât un lieu où il fût reconnu et honoré comme roi [1]. Lors de la pose de la première pierre, l’Enfant-Jésus, sous la forme d’un enfant âgé de deux ans, la pose avec elle. « Ma petite épouse, lui dit-il, je fonde ce petit temple avec toi pour l’amour de toi, je m’y rendrai toujours présent et exaucerai les prières qui m’y seront faites. Je l’aimerai et m’y délecterai parce que c’est le lieu où ton corps reposera après ta mort. Je remplirai de bénédictions tous ceux qui y honoreront mon enfance et qui y auront recours dans leurs besoins[2] . » La chapelle sera inaugurée le 25 décembre 1639.
Des faits miraculeux ne tarderont pas à confirmer cette prédiction. Ainsi, une femme qui avait eu deux enfants morts-nés, supplie Soeur Marguerite de prier pour que l’enfant qu’elle porte naisse en bonne santé. Et elle lui offre un cierge qu’elle lui demande de mettre devant la statue de l’Enfant- Jésus. Et son enfant vient au monde en pleine santé. Un peu plus tard, une femme de soixante ans très avare fait un don très important pour la chapelle de l’Enfant-Jésus et fait dire cent messes, montrant ainsi la puissance de l’Enfant-Jésus non seulement pour la guérison des corps, mais aussi pour celle des âmes. Tous ces faits extraordinaires de la vie de Soeur Marguerite seront authentifiés par le Père AMELOTTE, oratorien, docteur de Sorbonne, lorsqu’il écrira sa vie en 1654 sur l’ordre exprès de la reine Anne d’Autriche.
La dévotion à l’Enfant-Jésus sera décuplée par les Oratoriens et par d’autres religieux éminents qui ont connu et vénéré Soeur Marguerite comme Monsieur OLIER (1608–1657), fondateur des Sulpiciens, et saint Jean EUDES (1601–1680). Parmi les saints qui ont entretenu cette dévotion, on peut citer également saint Jean-Baptiste DE LA SALLE (1651–1719), qui avait reçu sa formation sacerdotale à Saint-Sulpice.
De Beaune à Lisieux.
La dévotion s’estompera au XVIIIe siècle, mais reprendra au XIXe. Le réveil religieux de ce siècle ranimera en France de nombreuses formes anciennes de dévotion, sans provoquer de créations originales. De grandes âmes, animant leur vie par l’amour de Jésus enfant, montreront cependant que cette spiritualité garde toute sa valeur.
Ainsi au carmel de Tours vécut une sainte religieuse du nom de Mère Marie de Saint-Pierre (1816–1848). Elle était très attachée à Beaune, si bien qu’à la Noël 1843, elle fait l’acte de parfaite donation au très saint enfant Jésus. D’abord concrétisée en divers exercices (mois de l’Enfant-Jésus, évocation des douze mystères et des douze années de l’enfance), sa dévotion prend surtout la forme d’une contemplation presque incessante de la sainte Famille et de l’Enfant-Jésus.
Et à cette dévotion, elle associe la dévotion à la sainte Face, voulant imiter sainte Véronique pour réparer les outrages faits à Notre-Seigneur et notamment les blasphèmes et les profanations du dimanche. Elle est à l’origine d’une confrérie réparatrice dont fera partie à l’âge de douze ans Thérèse MARTIN, qui prendra précisément le nom de Thérèse de l’Enfant- Jésus et de la Sainte Face. Ainsi, la double dévotion de sainte Thérèse pour l’Enfant-Jésus et pour la Sainte Face, elle la doit à Mère Marie de Saint-Pierre. On peut donc dire qu’indirectement, sa dévotion à l’Enfant- Jésus vient du carmel de Beaune. La dévotion à l’Enfant Jésus de Prague a une origine commune, c’est-à-dire le carmel et le même objectif : répandre dans le monde la dévotion au saint enfant Jésus. Cependant les deux dévotions semblent s’ignorer.
Conclusion
Puisse ce survol historique alimenter notre dévotion à l’Enfant Jésus-Roi. Le monde actuel s’attaque spécialement à l’enfance et refuse de se soumettre à la royauté de Notre-Seigneur. Voilà pourquoi la dévotion à l’Enfant Jésus-Roi est aujourd’hui plus que jamais d’actualité.
Reconnaissons à travers le petit enfant de la crèche de Bethléem, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Sachons après les mages lui rendre nos hommages, spécialement aujourd’hui où retentit le cri : « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous ».
Nous, comme le disait Mgr LEFEBVRE, nous voulons qu’il règne ! C’est pourquoi nous faisons nôtres les paroles de l’hymne des vêpres du Christ- Roi : « Ô Christ, Prince de la paix, veuillez soumettre nos volontés rebelles ! Que votre amour réunisse dans un seul bercail toutes les brebis égarées. Que notre famille et notre patrie se soumettent à votre joug très doux ! Gloire à vous, ô Jésus ! vous qui avez autorité sur tout l’univers ! » Que votre règne arrive par le cœur douloureux et immaculé de Marie.
Abbé Patrick TROADEC, Directeur
Le 25 janvier 2009, en la fête de la conversion de saint Paul
Note : Pour se rendre à l’ancien Carmel de Beaune (rue de Chorey) afin de vénérer l’Enfant-Jésus, depuis la gare, rejoindre le bd de ceinture (bd Maréchal Joffre) et le remonter jusqu’à la sortie précédant celle de Dijon. Emprunter la rue de Chorey sur 250 m environ et entrer dans la propriété de la communauté des soeurs des Béatitudes, sur la droite. La chapelle est ouverte pendant la journée.
Sacrement, Imprimerie Saint-Paul, Bar-le-Duc, p. 152.
100 frères dans la Fraternité
En septembre dernier, la Fraternité Saint-Pie X a atteint le nombre de CENT frères. Je profite de cette occasion pour vous transmettre le lieu d’affectation des trente-trois frères profès ayant été formés à Flavigny depuis 1998.
France, siège du District (Suresnes)
– Frère Alphonse-Marie NOUET
– Frère François-Joseph REDERSTORFF France,
Ecoles
– Frère Jean-Benoît DE CAMPEAU (Sainte- Marie)
– Frère Jean-François VERHEIDE(Saint- Joseph-des-Carmes)
– Frère Jean-Rémy PERRIN (Saint-Michel)
– Frère Jean-Romain GUILHAUME (Saint- Jean-Bosco)
– Frère Louis-Joseph GIRAUDEAU (Saint- Michel)
– Frère Louis-Marie JOUANNET (Saint- Joseph-des-Carmes)
– Frère Luc PINSEMBERT (Saint-Michel- Garicoïts)
– Frère Michel ROY (Étoile du Matin)
– Frère Nicolas RITZENHALER (Saint- Michel-Garicoïts)
– Frère Paul CHENEBEAU (Saint-Jean- Bosco)France,
Séminaire (Séminaire Saint- Curé-d’Ars)
– Frère Benoît GISCHIG
– Frère Cyrille-Marie VERGNES
– Frère Jean-Joseph DENISSELLE
France, séminaire, Frères en formation (Séminaire Saint-Curé-d’Ars)
– Frère Gatien LAURENÇON
– Frère Maximin-Marie JEAGLE
– Frère Philippe RODRIGUEZ
France, prieurés
– Frère Benoît-Joseph MOUTIEN (Saint- Nicolas-du-Chardonnet)
– Frère Gérard-Marie BEAUFRETON (Nantes)
– Frère Marie-Patrice NORMANDIN (Grenoble)
– Frère Romain TARDY (Nantes)
– Frère Vincent VELEZMENDOZA (Nice)
Étranger, séminaire
– Frère Augustin-Marie BURGUBURU (Suisse – Séminaire Saint-Pie X)
Étranger, maison de retraite
– Frère Antoine-Marie CARIS (Suisse – Enney)
Étranger, prieurés
– Frère Antoine NTSEMENA (Gabon – Libreville)
– Frère Maria-Maksymilian GUTOWSKY (Pologne – Varsovie)
– Frère Pietro-Maria TACCONI(Italie – Albano)
A ces trente-trois frères s’ajoutent huit frères postulants et novices, qui poursuivent actuellement leur formation au Séminaire Saint-Curéd’Ars.
Chronique du séminaire
Editer la lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 67 au format pdf
Renseignements pratiques
Messes à Flavigny :
- semaine : 7 H 15 (ou 6 H 50)
– dimanche : 7 H 20 – 10 H 15 (messe chantée), 17 H 00 (vêpres et salut).
Pension d’un séminariste
Nous vous remercions du soutien que vous procurez aux séminaristes
et de l’aide apportée à l’Œuvre du Séminaire
- 12 € par jour, soit environ 3 000 € par an + 460 € de couverture sociale.
Pour aider le Séminaire :
– Les chèques sont à libeller à l’ordre de : Séminaire Saint-Curé‑d’Ars
- Pour aider régulièrement le Séminaire, vous pouvez utiliser le virement automatique en faveur de notre compte au Crédit Mutuel de Venarey-les-Laumes (21) : 10278 02511 n° 00051861345 24.
Nous vous en remercions. Un reçu fiscal vous sera adressé sauf mention contraire.
Adresse :
Séminaire International
Saint-Curé‑d’Ars
Maison Lacordaire
F 21150 FLAVIGNY-SUR-OZERAIN
03 80 96 20 74
03 80 96 25 32
Entretien avec monsieur l’abbé Troadec, Directeur du séminaire
Entretien pour La Porte Latine