Née au 1er siècle avant J‑C au domaine de Magdalum en Galilée,
et morte à ? le ?
Fille cadette de l’opulent Théophile et d’Eucharis[1], Marie naquit au domaine de Magdalum en Galilée. Orpheline, elle hérita de ce domaine. Séduite par l’officier Paudira, elle vécut dans les vices au point d’être possédée de sept démons.
La résurrection par Jésus d’un jeune homme de Naïm la toucha. Non loin de là, Simon le Pharisien pria Jésus[2] de manger avec lui… Et voilà qu’une femme connue dans la ville pour une pécheresse, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre[3] plein de parfums : Et se tenant par derrière à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes ; et les essuyant avec ses cheveux, elle les baisait et les oignait de parfums. Ce que voyant, le pharisien qui l’avait invité dit en lui-même : Si celui-ci était prophète, il saurait certainement qui est, et ce qu’est la femme qui le touche : il saurait que c’est une pécheresse. Alors Jésus prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Il répondit : Maître, dites. – Un créancier avait deux débiteurs ; l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante. Et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur remit la dette à tous deux. Lequel donc l’aime le plus ? Simon répondit : Celui, je pense, à qui il a le plus remis. Jésus lui dit : Tu as bien jugé. Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour mes pieds ; elle, au contraire, les a arrosés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux [signe de servitude]. Tu ne m’as point donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a cessé de baiser mes pieds. Tu n’as pas oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds de parfums. C’est pourquoi je te le dis : beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on remet moins, aime moins. Alors il dit à cette femme : Vos péchés vous sont remis. Ceux qui étaient à table avec lui commencèrent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci, qui remet même les péchés ? Mais Jésus dit à la femme : Votre foi vous a sauvée ; allez en paix. Et il arriva ensuite que Jésus parcourait les villes et les villages ; prêchant et annonçant le royaume de Dieu ; et les douze étaient avec lui. Ainsi que quelques femmes, qu’il avait délivrées des esprits malins et de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine, de laquelle sept démons étaient sortis, Jeanne, femme de Chusa, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui l’assistaient de leurs biens.
L’année suivante, Jésus étant reçu à Béthanie chez Lazare, Marthe et Marie[4], celle-ci fut tellement absorbée par ce que disait Jésus que Marthe dit à Jésus : Seigneur, ne voyez-vous pas que ma sœur me laisse servir toute seule ; dites-lui, je vous prie qu’elle m’aide. – Marthe, Marthe, vous vous empressez plus qu’il ne faut, et vous vous occupez de trop de choses ; au reste, il n’y en a qu’une qui soit nécessaire. Marie, votre sœur, a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée…
Quelques mois après, Lazare décéda. Quatre jours après, Jésus, à son escient, s’approche de Béthanie, Madeleine le rejoint, se jette à ses pieds, en pleurs, suivi de Juifs éplorés. Jésus, se laissant émouvoir, alla ressusciter Lazare.
Une semaine avant sa Passion, Jésus revint à Béthanie, à la table de Simon le Lépreux, Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. Marie vint et prit une livre de parfum d’un nard[5] pur d’épi de grand prix dans un vase d’albâtre ; le vase rompu, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus, et en oignit aussi ses pieds, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Jésus conclura en disant : Cette femme, en répandant ce parfum sur mon corps, l’a fait pour m’ensevelir.
Sainte Marie-Madeleine accompagna la Sainte Vierge au pied de la Croix ; une tradition rapporte qu’elle recueillit un peu de terre qu’elle vit trempée du Sang du Sauveur, et la mit dans une fiole qu’elle garda précieusement. Elle assista à la descente de Croix, à l’embaumement et à l’ensevelissement du Christ. Et s’en retournant, les femmes qui étaient venues de Galilée préparèrent des aromates, et des parfums ; et pendant le sabbat, elles demeurèrent en repos, selon la loi.
Lorsque le sabbat fut passé, Marie-Madeleine, et les autres, achetèrent [d’autres] parfums pour venir embaumer Jésus. Elles trouvèrent la pierre ôtée du sépulcre. Etant entrées, elles ne trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus. Pendant qu’en leur âme elles en étaient consternées, près d’elles parurent deux anges, elles étaient effrayées et baissaient le visage vers la terre, ils leur dirent : Il faut que le Fils de l’homme soit crucifié, et que le troisième jour il ressuscite. Et elles se ressouvinrent de ces paroles. Elles sortirent aussitôt du sépulcre avec crainte et avec une grande joie, courant porter ces nouvelles à ses disciples. Peu après, Marie Madeleine revint auprès du sépulcre, pleurant. Elle s’inclina et pénétra dans le sépulcre et y vit encore deux anges qui lui dirent : Femme, qu’as-tu à pleurer ? – Parce qu’ils ont pris mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont déposé. Ressortant, elle vit Jésus qu’elle pensait n’être qu’un jardinier qui lui dit : Femme, qu’as-tu à pleurer ? Qui cherches-tu ? – Monsieur, si vous l’avez déplacé, dites-moi où vous l’avez posé, et je le prendrai. – Marie ! Et elle se retourna, et lui dit : Maître ! – Ne me touche point, en effet je ne suis pas encore monté à mon Père ! lui répondit-il, en lui touchant le front, rapporte la tradition.
Elle alla l’annoncer à ceux qui avaient été avec lui, et qui s’affligeaient et pleuraient. Mais eux entendant dire qu’il vivait et qu’il avait été vu par elle, ne le crurent pas. A un autre moment, Jésus se présenta à elles [entretemps réunies], disant : Je vous salue. Et elles, s’approchant, embrassèrent ses pieds et l’adorèrent. Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez, annoncez à mes frères qu’ils aillent en Galilée ; c’est là qu’ils me verront.
Une tradition dit que c’est sur le Mont Thabor qu’il apparut à plus de cinq cents disciples comme le rapporte saint Paul. N’y était-elle pas, comme au jour de l’Ascension, lorsque Jésus mena ses Apôtres à Béthanie[6] puis vers le Mont des Olives pour s’élever au ciel ?
Après l’Ascension de Jésus-Christ, les apôtres, les disciples et les saintes femmes se retirèrent au Cénacle jusqu’à la Pentecôte. Sainte Marie-Madeleine reçut l’Esprit-Saint à la Pentecôte, en guise de sacrement de Confirmation.
Les chrétiens sont vite persécutés, le diacre Etienne sera lapidé. Plusieurs traditions locales et thèses se disputent la chronologie de la vie sainte Marie-Madeleine. Les analyses du CNRS sur l’âge de sainte Marthe et de sa sœur à partir de leur reliques provençales, tendraient à croire, si l’on tient que Marie-Madeleine est restée trente ans à la Ste-Baume, qu’elles sont plus jeunes que Notre-Seigneur et qu’elles quittèrent la Judée peu après la Pentecôte.
Ainsi, vers l’an 35, les juifs se saisirent de Lazare, Joseph d’Arimathie, Maximin, un des 72 disciples, Marthe, Marie Madeleine, Marie Jacobé et Marie Salomé, Sara, leur servante, Sidoine (l’aveugle-né de l’Evangile), Marcelle, servante de Marthe, Parménas, autre des 72 et l’un des sept premiers diacres.
Les juifs jetèrent ces onze chrétiens, ou plus, dans une barque avariée, et ils la larguèrent, sans rames ni voiles, au gré de la Mare Nostrum (Méditerranée). Nul doute que les Anges protégèrent l’embarcation qui arriva au Grau d’Orgon, embouchure du Petit Rhône (Saintes-Maries-de-la-Mer). En remerciement, ils édifièrent et dédièrent là un autel de fortune à Notre-Dame-de-la-Mer qui ne sera détruit qu’à la Révolution. Dieu fit sourdre de l’eau douce qui permit à Marie Jacobé, Marie Salomé et Sara d’y demeurer[7].
La nouvelle de cette arrivée courut jusqu’à Marseille où les Phocéens virent dans la survie de ces rescapés un signe divin. Cette heureuse disposition engagea le restant de la troupe à évangéliser incontinent le port provençal. Ils y vécurent d’abord sous le péristyle d’un petit temple abandonné près de celui de Diane. Ste Marie-Madeleine fit sa première prédication auprès de païens venant honorer Diane. Dès le premier jour, plusieurs demandent le baptême. Le gouverneur de Massilia et sa femme entendent aussi un prêche de notre sainte, mais sans y acquiescer. La nuit suivante, Marie-Madeleine apparaît en songe à chacun d’eux se plaignant de leur incrédulité ; le lendemain, s’étant communiqué leur songe, ils vont accueillir la troupe apostolique et se convertissent allant jusqu’à faire détruire les temples païens. Lazare devient le premier évêque de Marseille. Sainte Marie-Madeleine trouva d’abord non loin de Marseille une retraite au lieu-dit des Aigulades puis une grotte aux alentours où elle passait les nuits en oraison.
Le restant de la troupe poursuivit sa course à Aix où Maximin fit des miracles et Marie-Madeleine prêcha. Maximin demeure évêque d’Aix secondé par Sidoine.
Saint Parménas vint en Avignon rejoint par Sosthènes et Epaphras, avant de partir évangéliser la Macédoine où il mourut martyr à Philippes, sous Trajan. Sainte Marthe (en hébreu : maîtresse de maison) ayant secouru un noyé à Avignon, les Tarasconais l’appellent à la rescousse devant le danger de la Tarasque, monstre amphibie que la sainte, après avoir prié, amena en ville où les habitants purent lapider la bête : silure, énorme reptile ou dernier rejeton d’une race disparue ? Marthe fonde ensuite un couvent féminin à Tarascon. St Joseph d’Arimathie ira en Angleterre. Saint Maximin ira à Aix dont il sera l’évêque, en compagnie de Sidoine qui lui succédera.
Tandis que Marie-Madeleine vécut à la Ste-Baume[8], une caverne élevée et retirée du monde où elle demeura trente ans[9]. De là, chaque jour, des Anges la portait sept fois au sommet de cette falaise, pointe dénommée le St-Pilon, où l’on trouve les vestiges des pieds de la sainte imprimés sur le roc.
Au terme de sa vie terrestre, les Anges la portèrent de la Ste-Baume à Aix à l’oratoire édifié par saint Maximin, lequel vit la sainte en lévitation et le visage transfiguré. Elle lui demanda le St-Viatique. Impressionné, Maximin n’osa approcher d’elle, mais elle lui rappela qu’ils arrivèrent ensemble à Marseille, et qu’elle n’était qu’une pécheresse à qui Dieu avait accordé tout ce temps pour faire pénitence. Célébrant la Messe, Maximin la communie et la bénit, et elle rendit son âme à Dieu, en présence de Sidoine et des premiers prêtres aixois. De son corps exhalait une odeur suave ; il fut porté par les prêtres en procession jusqu’à la chapelle de Villa Lata (aujourd’hui St-Maximin) où il fut enseveli dans un sépulcre d’albâtre.
En 710[10], les razzias sarrasines en Provence, obligent le clergé à cacher les reliques de notre sainte.
Eudes, abbé de Vézelay, obtint une translation le 19.3.882 d’une partie du squelette supposé de sainte Marie-Madeleine conservé à St-Maximin dans la crypte de l’église (basilique) dans un sarcophage de marbre blanc du 4e siècle authentifié par une planchette plus ancienne protégée par un enduit de cire portant l’inscription : Hic requiescit corpus Mariae Magdalenae.
Le 9 décembre 1279, Charles de Salerne[11] croit découvrir les véritables reliques de la sainte à St-Maximin qui avaient été échangées en 710 avec celles de saint Sidoine. Il les fera authentifier en avril 1295 auprès du pape, en juxtaposant le crâne à la relique romaine, la mâchoire inférieure.
En 1497, on ouvrit le tombeau et constata que la tête était dépouillée de ses chairs, excepté la partie du front touchée par deux doigts du Sauveur : deux enfoncements du Noli me tangere sur la peau devenue brunâtre.
En 1781, Louis XVI fait ouvrir le reliquaire de la sainte pour en extraire une portion de relique et l’offrir au duc de Parme.
L’église de la Ste-Baume fut détruite par les révolutionnaires. Fin 1793, le vicomte de Barras fit disperser les reliques de la sainte, mais Joseph Bastide, ancien sacristain, récupéra le crâne, la fiole de cristal dite la Ste-Ampoule[12], le Noli me tangere avec sa boîte, une part des cheveux, et deux ossements du bras. Lucien Bonaparte protégea l’église de St-Maximin de la destruction en inscrivant sur la porte : Fournitures militaires ! En 1815, l’Intrépide déprédateur, le maréchal Brune, profana la Ste-Baume ; le 22 août à Avignon, la Terreur blanche vengea son impiété en le jetant dans le Rhône…
Quant à l’église de la Madeleine à Paris élaborée sous Louis XV et Louis XVI, Napoléon Ier voulut en 1806 la contrefaire en temple à la Gloire… L’empereur envoya aussi à Paris la relique spoliée au duc de Parme. Mais en 1842, l’église sera restituée au culte catholique, et la relique y sera tout bonnement placée !
Saint Lazare demeura évêque à Marseille ; saint Parménas vint en Avignon avec Sosthènes et Epaphras, avant de partir évangéliser la Macédoine où il mourut martyr à Philippes, sous Trajan ; sainte Marthe (en hébreu : maîtresse de maison) ayant secouru un noyé à Avignon, les Tarasconais l’appelle à la rescousse devant le danger de la Tarasque, monstre amphibie que la sainte, après avoir prié, amena en ville où les habitant purent lapider la bête : silure, énorme lézard, crocodile géant ou dernier rejeton d’une race disparue ? Marthe y fonde ensuite un couvent féminin. Sainte Marthe voulut être entourée d’évêques pour mourir. Alors qu’il s’apprêtait à célébrer la Messe, saint Front s’endormit malgré lui ; Jésus lui apparut et lui dit : Il est temps d’aller aux funérailles de Marthe, mon hôtesse ! Aussitôt, Front se trouva auprès de la sainte… Quelques heures plus tard il célébrait la Messe de funérailles, avant de se retrouver au lieu initial… Sainte Marthe sera la patronne de la cité de Tarascon. Auprès de ses reliques, Clovis vint se faire guérir d’un mal de reins. (Autres reliques en l’église St-Laurent de Roujan en Occitanie).
Abbé L. Serres-Ponthieu
- Au rapport de saint Antonin ; Théophile, d’origine syrienne, Eucharis, juive d’origine princière (Gaume, p.401).[↩]
- Dans sa 32e année, assez longtemps après Pâques. (Guérin p.585).[↩]
- L’albâtre indien est un marbre blanc, diaphane, veiné de diverses couleurs.[↩]
- Cette Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum, et lui essuya les pieds avec ses cheveux, précise l’Evangéliste saint Jean (Ch. XI).[↩]
- Petit arbuste dont la macération des baies et des feuilles donne du parfum.[↩]
- Luc XXIV[↩]
- Le puits d’eau claire se situe dans l’église actuelle où l’on garde les reliques de six saintes de type oriental selon une étude récente.[↩]
- Entre Marseille et Brignoles. Baume signifie grotte. Un dominicain de la Ste-Baume prétendit avoir révélation de Ste Marie-Madeleine vers 1300 des circonstances de son établissement à la grotte.[↩]
- Temps de la vie cachée du Fils de Dieu.[↩]
- Les mahométans envahirent la Corse dès 669.[↩]
- Fils de Charles 1er d’Anjou et de Béatrix, comtesse de Provence ; comte de Provence dès 1267, roi de 2nde Sicile de 1288 à 1309. Une tradition contestable prétend que, vaincu par le roi d’Aragon lors d’un combat naval en 1279, il est condamné à mort à Barcelone. Son confesseur dominicain, Guillaume de Tonnais (Tonneins-1284 Prieur Marseille-1295 St Maximin-), lui conseille de se vouer à sainte Marie-Madeleine le 21 juillet, laquelle le délivre miraculeusement, le porte à une lieue de Narbonne, et lui révèle où sont ses véritables reliques…[↩]
- Contenant du Sang du Sauveur que notre sainte recueillit à la Passion, et qui se liquéfiait encore le Vendredi-Saint après le chant de la Passion. Volée en 1904 par des brigands…[↩]