Né en 370 au pays d’Aigues, et mort en 449 à Lyon.
Saint Eucher[1] est né en 370 d’une illustre famille gallo-romaine du pays d’Aigues. Sénateur, il eut de son épouse sainte Jalle[2] (Galla) deux fils (les saints Véran et Salonius) et deux filles (les saintes Consorce et Tulle). Adulte, il se convertit au catholicisme, peut-être par saint Honorat[3] dès 413.
Peut-être parce que des barbares alains ou burgondes tuaient les hommes et emmenaient les garçons, il semble que devant l’invasion, en 416, Galla, enceinte de Salonius, et ses deux filles purent rester en sécurité, tandis qu’Eucher et Véran se retirèrent au monastère de Lérins. L’invasion passée, il semble qu’il soit allé chercher sa famille pour demeurer, non plus avec les cénobites sur l’île principale, mais sur l’île de Lero (Ste-Marguerite), confiant au monastère l’éducation de Salonius qui avait dix ans, ayant rejoint son frère Véran, sous la direction successive des saints Honorat, Hilaire, Salvien et Vincent[4]. Il nous reste une lettre Du mépris du monde et de la philosophie du siècle[5] qu’Eucher écrivit vers 427 à Valerianus[6]. Il écrivit encore un De la louange du désert.
Puis, il se rapatrie avec Galla et leurs filles à Beaumont-de-Pertuis, où, reclus dans un réduit rocheux, Eucher n’accepte la visite que de sa famille.
En 434, un ange révèle à un enfant lyonnais qu’Eucher doit succéder au défunt archevêque métropolitain de Lyon. Eucher s’y refuse, mais l’archidiacre lyonnais, chargé de l’amener, abat la cloison d’accès, et dissuade le récalcitrant.
De Lyon, il écrit à sa fille, sainte Tulle[7], de le remplacer dans son ermitage. Quant à sainte Consorce, elle vit en ermite à l’Escale[8].
Dès 440, son fils saint Salonius est évêque de Genève, tandis que saint Véran, d’abord ermite dans les Alpes-Maritimes, ne sera évêque de Vence qu’en 451, après le décès de son père.
Saint Eucher, avec saint Maxime[9] de Riez, assista au concile près d’Orange du 8 novembre 441, présidé par saint Hilaire d’Arles. Il y fut décidé notamment qu’on ordonnerait plus de diacres mariés.
On attribue à saint Eucher la fondation de plusieurs églises lyonnaises et d’autres pieux établissements.
Il semble que c’est saint Eucher qui rédigea la Passion de la Légion Thébaine (saint Maurice et ses compagnons martyrs). Dans l’opuscule Formules du discernement spirituel dédié à son fils Véran, et dans ses deux livres d’Instructions à l’intention de Salonius, Eucher fait œuvre d’exégète. Il écrivit aussi un Commentaire sur la Genèse et un autre sur le Livre des Rois.
Quelques discours et sermons de saint Eucher nous sont restés dans lesquels, notamment, il se montre zélé défenseur de la doctrine de saint Augustin contre les semi-pélagiens[10].
Il décéda le 16 novembre 449, mais sa fête dans le diocèse de Fréjus-Toulon est reportée au 29.
Abbé L. Serres-Ponthieu
- Auquille en provençal. A ne pas confondre avec un autre saint Eucher, aussi évêque de Lyon, mais de 523 à 530.[↩]
- Originaire de Ste-Jalle (Baronnies). Elle fit fuir les Alains en déplaçant une montagne.[↩]
- Etoile de la Mer, janvier 2014.[↩]
- L’Etoile de la Mer, juin 2013.[↩]
- Voici un extrait : « J’ai vu des hommes élevés au plus haut faîte des honneurs et des richesses… La fortune, prodigue en leur faveur, avait accumulé tous les biens sur leurs têtes sans leur donner même le temps de les désirer ; leur prospérité parvenue à son comble ne laissait plus d’activité à leurs passions. Mais ils ont disparu en un moment ; leurs vastes possessions ont été dispersées et eux-mêmes ne sont plus ». Par ailleurs, le savant Dupin dit, en parlant de cet ouvrage de saint Eucher et De la louange du désert, « qu’ils ne cèdent en rien, pour la politesse et la pureté du discours, à ceux des auteurs qui ont vécu dans les siècles où la langue latine était dans sa plus grande pureté ».[↩]
- A son cousin Priscus Valerianus qui sera préfet du prétoire vers 455, ou à saint Valérien, qui de cénobite de Lérins devint évêque de Cémèle (Alpes-Maritimes) et mourut vers 450.[↩]
- Sainte Tulle vivra en ermite à un village, avant Manosque, qui prendra son nom. Elle décède sur la côte au lieu qui tiendra aussi d’elle le nom de Théoule.[↩]
- Sur la Durance, au nord des Mées. Ces sœurs sont invoquées contre la peste.[↩]
- L’Etoile de la Mer, novembre 2013.[↩]
- Exposé in L’Etoile de la Mer, octobre 2013.[↩]