Né dans un village [1] au sud de Vienne, saint Clair devint vite orphelin de père. Sa mère l’emmenait souvent prier ou participer aux offices religieux dans différents sanctuaires. Saint Adon rapporte dans ses « Chroniques » que quittant par voie fluviale le monastère Saint-Ferréol sur la rive droite du Rhône (où étaient conservées les reliques de saint Ferréol et de saint Julien de Brive, officier et soldat impériaux martyrs au troisième siècle), Clair et sa mère et tout l’équipage sont menacés de sombrer entre les houles du Rhône, le petit Clair se tourne vers l’église St-Ferréol et s’exclame : « Ô Dieu pour le Nom duquel le bienheureux Ferréol a souffert la mort, secourez-nous, nous périssons ! ». Aussitôt le fleuve s’apaisa et l’embarcation fut poussée au rivage. Sa mère comprit qu’elle devait le laisser à l’éducation de ce monastère, et elle reprit voile pour Vienne où elle entra en religion au monastère pour veuves de Sainte-Blandine.
La sainteté de Clair fut remarquée par saint Clarent, évêque de Vienne vers 649, qui le retira du monastère St-Ferréol, pour diriger le monastère Sainte-Blandine à Vienne, et, peu après, le nomma Abbé du monastère de Saint-Marcel à Vienne.
L’auteur, presque contemporain, de ses actes rapporte les miracles opérés par saint Clair : guérison de malades (par exemple la supérieure, malade, de Ste-Blandine, un cénobite atteint de cruelle colique, un homme couvert d’ulcères qui guérit en s’approchant du ruisseau vers lequel le saint avait commandé de le conduire), il chassa le démon d’une servante du dehors du monastère en mettant ses doigts dans sa bouche ; il fit pousser, après une nuit de prières, de nouveaux raisins à une vigne d’un monastère ravagée par la grêle ; il contraignit le Rhône de lui rendre un religieux en passe d’être emporté par un trop gros poisson qu’il pêchait à proximité du saint : le religieux sortit saint et sauf avec le poisson qui nourrit toute la communauté.
Il fut averti de la proximité de son trépas ; devenu très vite malade, Clair rassemble ses cénobites et prophétise le ravage des Infidèles au temps du septième futur évêque de Vienne, ce qui se réalisera en 725 par l’expédition d’Anbasa et de ses sarrasins qui, après avoir pris Carcassonne, Nîmes et Arles, ravagent Vienne avant de piller Autun, et d’être battus devant Sens par les troupes de saint Ebbon, évêque de Sens.
Saint Clair se fit porter à l’église du monastère Saint-Marcel, se coucha sur un cilice et se mit en prières. L’hagiographe ajoute que saint Clair eut l’apparition d’une assemblée céleste de laquelle ressortaient saint Marcel et sainte Blandine, laquelle lui annonça, trois jours avant, son décès sur les cinq heures. Il décéda le premier janvier vers l’an 682, environné d’une odeur merveilleuse.
Son corps fut déposé selon son vœu dans l’église Sainte-Blandine ; devant le cortège, un paralytique fut guéri. D’autres miracles eurent lieu à son tombeau. Plus tard, les reliques de saint Clair seront transférées dans l’église Saint-Pierre de Vienne. Les troupes calvinistes de François de Beaumont [2], baron des Adrets, profanèrent les reliques de saint Clair en avril 1562.
Saint Clair est célébré dans les diocèses de Grenoble, Valence, Annecy et Tarentaise au 2 ou au 15 janvier.
Saint Clair, en raison de son nom, est invoqué par les couturières et les tailleurs pour protéger leur vue. Les couturières de Sisteron, de Riez, de Ceyreste, les « Masco », revendeurs de vieux habits « pedassa » de Marseille à Allauch, assistaient à une messe en son honneur. La confrérie de St-Clair rassemblait les tailleurs de Marseille.
Saint Clair protège de la foudre à Ceyreste. En 1937, la foudre tombe dans la chambre de M. le Curé, brûla son traversin, brise l’installation électrique, mais, arrêtée par St-Clair, ne fit pas plus de mal. En 1938, après 40 ans, on rechanta à Ceyreste, comme à Lurs, son cantique :
« Que taiuso e corduraire. Que t’an per patroun béni ».
Lurs possède une relique du saint et le vénère à la chapelle Notre-Dame-des-Anges (où la Vierge est apparue en 1660).
Saint-Clair est le patron des cités de Bormes-les-Mimosas et du Castellet. Salernes et Le Lavandou ont un quartier Saint-Clair. Son culte a été confirmé en 1907.
Abbé Laurent Serres-Ponthieu, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X