Bulletin du Tiers-Ordre séculier pour les pays de langue française
Editorial de Monsieur l’abbé Louis-Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française
Cher frère, Chère sœur,
Connaître, aimer et servir Dieu, tel est le devoir de tout homme ici-bas. A la troisième tentation du diable, dans le désert, Jésus répond : « Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu Le serviras Lui seul. Alors, le diable Le laissa, et voici que les anges s’approchèrent, et ils Le servaient. » (Mt 4, 10–11)
La déchéance des créatures raisonnables a commencé par le cri orgueilleux de Lucifer, le cri du « non serviam, je ne servirai pas ». A ce cri, saint Michel répondit par cette parole pleine de révérence et d’humilité : « Qui est comme Dieu ? »Cette désobéissance fut suivie de celle de nos premiers parents. Au point de départ du relèvement nous voyons le Verbe Incarné dans l’office de Serviteur ; toute sa vie n’est qu’une soumission empressée à la volonté de son Père. Telle aussi se comporte Celle qui Le donne au monde par son Fiat.
Servir, est la fonction de toute créature ; c’est la condition de son existence et de sa prospérité. « Or les étoiles ont donné la lumière à leurs postes, et elles se sont réjouies. Elles ont été appelées et elles ont dit : Nous voici ; et elles ont brillé avec plaisir pour celui qui les a créées. »(Baruch, 3, 35). Dieu commande et tout s’ordonne, dans la création, en une parfaite harmonie.
Mais lorsque Dieu veut mettre de l’ordre parmi les hommes, il ne lui suffit pas d’ordonner. Il attend encore le libre consentement de l’homme. Alors, si celui-ci, serviteur docile, adopte le plan de Dieu, il est associé à l’action créatrice et divine. Celui qui sert Dieu, règne avec Lui : « Servir Dieu, c’est régner. »
Servir Dieu, c’est Lui rendre le culte qui Lui est dû. Pris dans ce sens, le service ne peut convenir qu’à Dieu : « tu Le serviras Lui seul ». « Nul ne peut servir deux Maîtres, dit ailleurs Notre Seigneur,… vous n’avez qu’un seul Père qui est dans les cieux ». (Mt 6, 24 et Mt 23, 9).Ce service découle de la connaissance de Dieu et de l’amour qu’on doit Lui porter : on reconnaît que Dieu est notre Maître et Seigneur, qu’on lui doit tout.
Le service de Dieu seul exclut-il tout service du prochain ? Non. Le culte rendu à Dieu comporte l’observance de tous les commandements, donc de celui de la charité envers le prochain. Servir le prochain c’est l’assister, lui apporter son aide, son appui, s’acquitter envers lui de certains devoirs… Ce service dépend du service de Dieu, comme la charité envers le prochain est indissociable de la charité envers Dieu. On servira le prochain pour l’amour de Jésus-Christ, y voyant un membre du Sauveur.
Ce double service nous est commandé ou signifié par Dieu. Ainsi, du culte rendu à Dieu : « vous servirez Lui seul… » Ce service est premier : « Messire Dieu premier servi ! » disait sainte Jeanne d’Arc. Quant au service du prochain, Jésus nous en instruit par sa parole : « Que celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous, soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave. »(Mt 20, 26–27) et par sa vie : « Car je vous ai donné l’exemple, afin que ce que je vous ai fait, vous le fassiez aussi. » (Jn 13, 15). Servir le prochain, c’est imiter Jésus-Christ, c’est aussi servir Jésus-Christ : « Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40). Bien des vertus peuvent être alors pratiquées : outre la charité, l’humilité, l’obéissance, la patience.
Si dans les pages qui suivront il sera abondamment traité du service de Dieu, à vous qui cherchez la perfection, je voudrais rappeler quelques qualités inhérentes au service de nos frères : ne rien attendre en retour, ni remerciement, ni considération, agir de manière désintéressée, pour plaire à Dieu, par amour pour Lui :« sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté. » (prière de saint Ignace)…« que la main droite ignore ce que donne la main gauche »… « Quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dîtes : nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire. » (Lc 17, 10). Ne nous croyons pas indispensables, ne nous imposons pas. Sachons observer une certaine discrétion, sans prétendre donner de leçons en rendant service. Ne refusons pas, simplement parce que le service nous déplaît, ou que la requête a été formulée de façon désagréable… Saint Paul nous rappelle dans une de ses épîtres que nous ne devons pas faire acception des personnes. N’attendons pas qu’on nous sollicite, soyons prévenants. Soyons disponibles et répondons avec joie : « servez le Seigneur dans la joie ! » (Ps 99, 2), et si nous nous trouvons dans l’impossibilité de satisfaire la demande, sachons répondre avec le sourire et d’un cœur sincère. Cependant, ne négligeons pas le devoir d’état pour autant : un excès de dévotion ou de zèle pourrait nous écarter de l’accomplissement de la volonté divine. Dieu peut être servi partout et toujours. Le prochain c’est d’abord sa propre famille naturelle, puis spirituelle (Tiers-Ordre), les proches, la communauté paroissiale.
Nous avons deux modèles admirables à suivre : Notre-Seigneur et sa très Sainte Mère qui se veut être la Servante du Seigneur. Tel est le titre que se donne Celle qui deviendra la Mère de Dieu, titre auquel Elle semble tenir par-dessus tout. « Je suis la Servante du Seigneur…le Seigneur a daigné jeter les yeux sur la bassesse de sa Servante ». L’âme humble est soucieuse de vérité. La Vierge Marie, profondément humble, est consciente de ce qu’Elle est devant Dieu : sa Servante. Servir est toute la raison d’être de sa vie. Elle vit déjà l’enseignement de Celui qui dira : « le disciple n’est pas au-dessus du Maître ». Or le Maître prendra la forme d’un serviteur, d’un esclave même. Par la bouche du prophète, le Sauveur déclarait déjà : « Seigneur, je suis votre Serviteur, et le Fils de votre Servante. » Ainsi la Mère et le Fils sont-Ils au service du Père. Et nous-mêmes, ne sommes-nous pas au service de la Reine du Carmel ? et, par Elle, à celui du divin Roi ? Recherchons en portant nos regards sur Notre-Dame, comment nous acquitter plus fidèlement de cette mission.
A Nazareth, auprès de Marie et de Joseph, « Jésus était soumis à ses parents », dit l’Évangéliste saint Luc. Mais Marie était soumise à Joseph de par la Loi et de par la nature ; et, comme une Mère qui, sans se laisser commander, sait adroitement se mettre au service de ses enfants, elle se soumet volontairement à Jésus. Elle a compris la mission du Sauveur qui plus tard, enseignera aussi, d’abord par l’exemple, que le disciple n’est pas au-dessus du Maître ; Il lavera les pieds de ses Apôtres et les invitera à faire de même… Aucune occupation ne répugne à la Servante du Seigneur, tout Lui est bon, tout Lui plaît au service des siens.
La même obéissance a fait Notre-Dame Servante et Reine. Son Fiat qui répond au vouloir éternel, c’est la parole humaine en accord parfait avec la parole divine, vraie collaboration de l’humanité à l’œuvre de Dieu. L’obéissance a une vertu créatrice. Le Fiat de la Servante du Seigneur permit à Dieu de créer l’âme et le corps du Verbe Incarné. Par ce Fiat, fruit de son union de charité à Dieu Trinité, Notre Dame se mettait au service de Dieu et des hommes. Toute sa vie en est l’illustration fidèle. Le service du prochain est un fruit immédiat de son union à Dieu.
Lorsqu’une âme participe à la divine Bonté, elle éprouve aussitôt le désir de se communiquer à d’autres car c’est le caractère du bien de se communiquer. Ainsi les anges des hiérarchies supérieures, parce qu’ils possèdent Dieu davantage, se hâtent-ils de communiquer leurs lumières aux anges des hiérarchies inférieures. Les saints de même, sont empressés de communiquer à leurs frères leur lumière et leur amour. Le zèle pour le service du prochain traduit en quelque sorte l’état intérieur d’une âme unie à Dieu. La vie de notre Mère sainte Thérèse en est un exemple frappant. Elle voyait le Maître et l’imitait:« O mon Seigneur, s’exclamait-elle, mon âme voudrait tout d’abord vous servir, puisqu’elle doit jouir du bonheur que vous lui avez mérité en la servant elle-même…[1] » « Car le Sauveur n’a pas fait autre chose que nous servir tout le temps qu’il a vécu sur la terre.[2] »
Bien chers tertiaires, à l’exemple de la Servante du Seigneur et de sainte Thérèse, soyez tout livrés au service de Dieu et à celui du prochain. Soyez-le par votre zèle discret, animés de l’esprit surnaturel, fruit de la dévotion au Sacré-Cœur dans laquelle la fidélité à l’oraison quotidienne vous fera grandir.
† Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq †
Retraite du Lundi 9.01 12h au Samedi 14.01 13h au Prieuré de Gastines, 49380 Faye d’Anjou Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel Inscriptions auprès de Mr l’abbé Dubroeucq au prieuré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 Comme l’indique l’ordo de 2012,des messes sont célébrées au Mans |