Mes chers chers frères,
Mes bien chers amis,
En cette vigile de Noël, comment ne pas penser à la très Sainte Vierge Marie ? Si Jésus nous est donné, si le Rédempteur de nos âmes est venu parmi nous, c’est bien grâce à la Vierge Marie ; c’est grâce à son Fiat.
C’est pourquoi nous voudrions aujourd’hui, chers amis qui allez être ordonnés dans quelques instants par la grâce du Bon Dieu, essayer de vous montrer comment Marie est votre Mère, d’une manière toute particulière, car entre Marie et le prêtre il y a une affinité profonde.
En effet, Marie a été choisie pour être la Mère du Prêtre, du Prêtre par excellence, Mère du Pontife suprême. Et pour cela, elle a été choisie entre toutes les femmes. Benedicta tu in mulieribus : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes ». Ave Maria gratia plena, dit l’ange quand il vint la saluer : « Salut Marie, vous êtes pleine de grâce ».
Si Marie est pleine de grâce au moment où l’ange vient la saluer, c’est que Dieu l’a choisie, choisie tout particulièrement. Avec quel soin Jésus a préparé l’âme de sa Mère. Avec quel soin, il l’a comblée de bénédictions.
Et Marie craint, lorsqu’elle entend la parole de l’ange, de ne pas garder sa virginité. Eh bien, non, Dieu a tout prévu. Marie demeurera vierge et elle sera mère, mère de Jésus. Et parce qu’elle est la mère de Jésus, elle demeurera vierge. Grande leçon pour vous, mes chers amis.
Vous aussi, vous êtes choisis : Non vos me elegistis, sed ego elegi vos : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis », dit Notre Seigneur à ses apôtres (Jn 15,16).
Ego elegi vos,et fructum afferatis : et fructus vester maneat : « Pour que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,16).
Oui, vous avez été choisis pour porter un fruit aussi et quel sera ce fruit ? Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est Lui aussi que vous allez porter comme la Vierge Marie. Et c’est pour cela que vous devez tout particulièrement aimer la vertu de chasteté, la vertu de pureté.
Et parce que la très Sainte Vierge a été choisie, elle a chanté la grandeur du Bon Dieu : Magnificat anima mea Dominum.
Et vous aussi, mes bien chers amis, je suis sûr que dans vos cœurs, lorsque vous aurez reçu l’onction sacerdotale et la grâce du sacerdoce par l’imposition de la main de l’évêque, des paroles de la consécration qu’il vous prononcera, vous chanterez la gloire du Bon Dieu : Magnificat anima mea Dominum.
Qui fecit mihi magna qui potens est : « il a fait de grandes choses en moi. Celui qui est tout-puissant ».
Esurientes implevit bonis. Esurientes ! Pauvre, vous devez être pauvre. Si vous voulez être riche vous devez être pauvre ; vous devez être dans l’indigence, dans le désir des biens éternels. Ce sont ceux qui sont les pauvres qui deviendront les riches, riches de biens spirituels.
Et divitis dimisit inanes. Les riches, au contraire, il les renvoie sans rien, les mains vides.
Mais non, vos cœurs sont bien disposés, vos cœurs sont ouverts et – je l’espère – détachés profondément des choses de ce monde, afin de vous remplir de Notre Seigneur Jésus-Christ. Afin que, comme la Vierge Marie, votre âme soit toute disposée à recevoir l’Esprit Saint.
Et virtus Altissimi obumbrabit tibi (Le 1,35) : « Et la vertu du Très-Haut viendra sur vous ».
Et en effet, l’évêque va appeler sur vous les dons du Saint-Esprit. Voilà les affinités que vous aurez avec la Vierge Marie.
Sans doute, l’Église, la théologie, nous apprennent que la Vierge Marie n’est pas prêtre. En effet, elle n’assistait pas à la Sainte Cène, lorsque Notre Seigneur a consacré ses prêtres. Mais elle est la Mère du Prêtre. Et elle a une autre affinité avec le Prêtre, car elle a préparé la Victime, la Victime de l’autel, la Victime qui va être attachée à la Croix.
Elle L’a préparée pendant toute sa vie. Elle L’a nourrie ; elle L’a élevée ; elle L’a suivie. On peut presque dire qu’elle L’a conduite jusqu’à la Croix, jusqu’à l’autel de la Croix.
Et vous, mes chers amis, vous aussi vous devez préparer la victime. Vous monterez à l’autel et vous préparerez la victime et par les paroles que vous prononcerez à la Consécration, vous ferez descendre la victime sur l’autel. Et Elle sera là comme Elle était sur la Croix, dans un sacrifice non sanglant, mais dans un sacrifice exactement le même.
Et la Vierge Marie sera présente lorsque vous prononcerez ces paroles ; présente comme elle l’était auprès de la Croix.
Alors, demandez à la très Sainte Vierge Marie, de mettre en vous les dispositions qu’elle avait, car elle a offert la Victime. Elle L’a offerte au Temple ; elle L’a offerte lorsqu’elle était auprès de son Divin Fils, au pied de la Croix, non pas comme prêtre – encore une fois – mais comme mère, comme mère de Jésus – Co-Rédemptrice – mère de tous ceux qui allaient participer à la Rédemption.
Et ce sera là votre rôle et le grand désir que vous devez avoir dans vos cœurs, de donner Jésus au monde, comme la Vierge Marie L’a donné pour la rédemption des péchés du monde.
Vous continuez l’œuvre de la Rédemption de Notre Seigneur, en donnant Jésus aux âmes. Après avoir prononcé les paroles de la Consécration qui réalisent le Sacrifice et en même temps réalisent cette seconde réalité mystique et si belle, réalisent le sacrement de l’Eucharistie. Et ce sacrement de l’Eucharistie sera fait précisément pour que vous-mêmes vous participiez à l’état de victime de Notre Seigneur en communiant, mais aussi que vous fassiez participer à cet état de victime, tous les fidèles qui viendraient vous demander Jésus, demander Notre Seigneur Jésus-Christ pour être – eux aussi – des victimes et participer à la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Comme la grâce du prêtre est grande. Et comme vous devez prier la Vierge Marie, prier Notre Seigneur Jésus-Christ de mettre en vous toutes les dispositions nécessaires à faire – de vous – de bons et saints Prêtres.
Plus que jamais le monde a besoin de ces prêtres. Les fidèles vous attendent ; les fidèles ont soif, soif de l’Eucharistie, soif de Notre Seigneur Jésus-Christ. Allez-vous les tromper ? Allez-vous les abandonner ?
Les enfants ont demandé du pain et ils n’ont trouvé personne pour le rompre. Mais vous, vous serez là pour rompre le pain de l’Eucharistie et le donner à ceux qui le demandent, le vrai pain de l’Eucharistie : Notre Seigneur Jésus-Christ.
Voilà ce que nous souhaitons pour vous. Voilà ce que vous avez préparé pendant des années au séminaire. Voilà quel était votre idéal. À la fois, vous arrivez au but, mais aussi vous commencez, vous allez commencer maintenant une nouvelle vie : la vie du prêtre.
Et vous demanderez à la très Sainte Vierge Marie d’être votre mère ; d’être aussi la mère du prêtre que vous êtes, puisque vous êtes par la grâce du sacerdoce, rattachés intimement à Notre Seigneur Jésus-Christ Prêtre, Marie devient votre mère par le fait même. Vous ne pouvez plus être prêtre, sans être encore davantage fils de Marie.
Alors nous allons prier tous ensemble, n’est-ce pas mes bien chers frères, pendant cette cérémonie si touchante et si émouvante.
C’est certainement dans toute la liturgie de l’Église, une des cérémonies les plus belles et les plus expressives de la vie de l’Église : Faire des prêtres. Que serions-nous sans prêtres ? Et par conséquent, si l’Église continue à donner des prêtres, c’est que l’Église est encore vivante. C’est que l’Église veut continuer son œuvre de rédemption, œuvre de rédemption que Notre Seigneur lui a confiée.
Alors, rendons grâce à Dieu qui nous donne encore des prêtres et demandons que ces prêtres soient de vrais fils de Marie.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.