Mes bien chers frères,
Puisque l’occasion m’est donnée de vous adresser quelques mots au cours de ces vacances, à mon retour de Rome, je me permettrai de vous recommander, de recommander à vos prières quelques intentions.
Et d’abord, l’intention principale que je retire de ces quelques jours passés dans la Ville éternelle, c’est que nous devons prier beaucoup, sans cesse, pour que Rome redevienne le phare de la foi, le phare de la vérité. Que Rome continue à être ce qu’elle a été depuis qu’à la place de l’autorité païenne qui régnait, c’est l’autorité de l’Église et de Notre Seigneur Jésus-Christ qui s’est manifestée au monde.
Ex magistra erroris fit magistra veritatis.
Alors qu’elle était, dit saint Léon, maîtresse d’erreurs ; Rome est devenue maîtresse de vérité. Et tout au cours de l’Histoire ce fut bien le rôle de Rome de dispenser la vérité, de conduire non seulement les peuples catholiques, mais même le monde entier, par sa foi en Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’exemple de la sainteté que donnait l’Église, par la morale que l’Église manifestait, exprimait dans la vie chrétienne des familles, des peuples catholiques. Tout cela était une lumière pour le monde entier, même pour les païens.
Et voici que depuis quelques années, il semble que cette lumière se soit un peu obscurcie. Des nuages se sont élevés dans le ciel de Rome et ont obscurci la lumière. Et alors si Rome n’est plus ce phare aussi éclatant, aussi lumineux qu’il est nécessaire, pour la conduite des âmes et pour la conduite des peuples, les conséquences s’en font sentir immédiatement. Et non seulement chez les fidèles, mais d’abord chez les pasteurs, chez les évêques, chez les prêtres et ensuite dans le peuple fidèle et dans le monde entier.
C’est pourquoi nous constatons aujourd’hui cet état de désordre, de désordre intellectuel, de désordre moral, de désordre spirituel qui règne dans les intelligences, dans les cœurs ; alors il semble que l’on ne sache plus exactement ce qu’est la vérité, ce qu’est la loi morale. Les esprits sont désemparés.
Alors nous devons prier beaucoup. Car ce ne sont pas seulement des rencontres ou des lettres qu’il peut m’être donné de faire, que sans doute d’autres personnes envoient à Rome pour demander la lumière, pour demander de réaffirmer la vérité de toujours, le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur le monde, le règne de sa Croix, la nécessité du salut des âmes. Je pense que c’est par la grâce de Dieu, avec le secours de Dieu, que Rome redeviendra la lumière du monde.
Quand ? Nous ne le savons pas. Mais ce que je puis vous dire en vérité, pour l’avoir saisi encore mieux cette fois-ci que les fois précédentes : l’action que vous menez, vous, personnellement, chacun d’entre vous, dans vos familles, par votre attitude de vrais chrétiens, de vrais catholiques, en gardant votre foi, cette foi qui vous a été enseignée dans votre enfance ; cette foi qui vous a été enseignée par de vrais prêtres, par de saints Évêques, cette foi que vous voulez maintenir.
Eh bien soyez persuadés que votre action portera des fruits et qu’elle en porte déjà. Sans doute, il est douloureux de se trouver, apparemment, en opposition avec ceux qui devraient être nos pères, nos pères spirituels et qui le sont, mais qui, malheureusement, eux aussi, dans ces difficultés actuelles, ne manifestent plus réellement leur rôle de pasteurs ; ne l’exercent plus comme ils devraient le faire.
C’est douloureux pour nous de devoir parfois nous opposer à eux, mais soyons certains que de maintenir la foi de toujours, de maintenir la tradition, est un grand service que nous rendons à l’Église.
Donc première intention de prière : Prier pour que des grâces abondantes descendent sur ceux qui, à Rome, sont chargés du salut des âmes du monde entier.
Prier également pour nos jeunes prêtres. Nos jeunes prêtres ont un très grand rôle à accomplir dans cette œuvre de redressement de l’Église, vous le savez bien vous-mêmes. Que peuvent faire les fidèles qui veulent garder la foi s’ils n’ont plus de prêtres, plus de prêtres catholiques ?
Et je me suis permis de dire cette phrase au cardinal Ratzinger, puisque c’est lui que le pape a chargé d’être l’intermédiaire entre lui et nous, je me suis permis de lui dire ceci :
Éminence, croyez-vous que dans dix ans, vous trouverez encore dans un pays comme la France, des prêtres ayant une quarantaine d’années et ayant été formés dans ces nouveaux séminaires, qui aient encore la foi intégrale, une foi complète, parfaite sur tous les articles du Credo et sur tout ce que l’Église nous enseigne pour la foi et la morale, afin que vous puissiez faire d’eux – choisir parmi eux – des évêques, chargés de conduire le peuple chrétien, le peuple fidèle ?
Et il a dû reconnaître que ce serait sans doute bien difficile.
Alors, me suis-je permis de lui dire : Sans doute ne serai-je plus ici-bas, à ce moment, vous serez heureux de pouvoir vous reposer sur cent, cent-cinquante, deux cents prêtres qui eux ont la foi catholique, qui ont le désir de servir l’Église, qui ont le désir de servir le Souverain Pontife, les évêques, être au service de l’Église et des âmes, qui n’ont que cela comme objectif et qui veulent sanctifier vraiment les âmes comme l’Église l’a toujours fait. Alors vous serez heureux de trouver ces prêtres auxquels vous pourrez donner des charges, persuadé qu’ils sanctifieront les âmes, comme l’Église le désire et comme l’Église l’a toujours fait. Et il n’a pas pu le nier.
Alors si nous voulons que ces jeunes prêtres puissent toujours davantage servir l’Église, il faut qu’ils se maintiennent dans l’esprit de la foi, dans l’esprit de sainteté dans lequel ils ont été élevés ici à Écône et dans nos séminaires.
Et vous savez combien la situation aujourd’hui dans le milieu de ce monde actuel, combien il est difficile pour ces jeunes prêtres de se maintenir avec cette ferveur des premiers jours.
Au cours de ce mois de juillet, nous avons l’occasion d’assister à des premières messes, avec quelle consolation, avec quelle joie nous assistons aux premières messes de ces prêtres, de ces jeunes prêtres, tout donnés au Bon Dieu, dont le cœur est tout entier tourné vers la gloire du Bon Dieu et le salut des âmes et le bien de l’Église. Mais il faut qu’ils persévèrent dans ce désir ; il faut que cette disposition qu’ils ont en eux, dure, demeure, malgré les difficulté, malgré les épreuves, malgré le poids du jour et les difficultés de l’apostolat. Qu’ils ne se perdent pas dans un activisme qui leur ferait perdre la piété ; qui leur ferait perdre le sens de la prière. Tout cela est très important, important pour l’Église.
Alors je recommande cette seconde intention à vos prières. Priez pour ces jeunes prêtres. Demandez au Bon Dieu qu’ils gardent leur ferveur initiale ; qu’ils gardent leur désir de se sanctifier et de sanctifier les autres.
Et enfin troisième intention de prière : c’est l’extension du carmel. Par la grâce du Bon Dieu, par une Providence toute particulière, le carmel fondé à Quiévrain se développe si bien qu’il faudrait maintenant en fonder deux nouveaux. Et ce n’est pas une petite chose. Sans doute les difficultés matérielles sont peu de choses. Le Bon Dieu permet toujours que l’on arrive à les résoudre. Mais il est important que ces carmels existent le plus tôt possible, parce que ce sont des centres de prière ; parce que ce sont des paratonnerres pour tous les fidèles, pour tous les catholiques qui veulent demeurer fidèles à l’Église. Le fait de savoir qu’il y a des personnes consacrées à Dieu qui vivent dans cette prière, dans cette union à Dieu, enfermées dans leur cloître pour être plus unies à Notre Seigneur Jésus-Christ, se sanctifier, se sacrifier pour la sanctification des autres, combien cela est consolant pour nous ; combien cela nous aide à nous maintenir dans la ferveur et dans le désir de la sainteté.
Alors, demandez au Bon Dieu, que ces deux carmels futurs puissent s’établir le plus tôt possible, afin que tous les efforts des catholiques fidèles soient soutenus par cette prière, prière incessante.
Voilà mes bien chers frères, ce que je voulais vous recommander aujourd’hui, car le temps vient tout doucement, avec la patience, avec le support des difficultés, avec les sacrifices que nous devons faire, le Bon Dieu nous écoute et le Bon Dieu nous entend.
Peu à peu, les esprits se rendent compte, les esprits droits se rendent compte que le travail que vous faites, le travail que font partout ceux qui veulent maintenir la foi est un travail de salut public. Nous sommes dans une situation d’une catastrophe, d’une réelle catastrophe qui s’est produite dans l’Église, à l’intérieur de l’Église. Et alors au moment où les catastrophes se produisent, chacun doit se dévouer pour sauver ce qui peut être sauvé.
Alors vous, à votre place, à votre poste, vous essayez de sauver, sauver vos familles, sauver l’âme de vos enfants, sauver votre âme, sauver l’âme de ceux qui vous entourent, vous regrouper auprès de prêtres fidèles.
C’est cela qu’il faut faire. Dans une période de difficultés comme celle dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, il n’y a pas d’hésitation à avoir. C’est un réflexe tout naturel d’un bon catholique, d’un bon chrétien, qui essaye de retrouver la véritable source de sainteté, particulièrement le Saint Sacrifice de la messe.
Alors je vous encourage beaucoup à continuer, à ne pas vous décourager, à maintenir cette fermeté dans votre foi, à ne pas hésiter. C’est là le vrai chemin. Il n’y en a pas d’autre. Il ne peut pas y en avoir d’autres.
Et soyez persuadés qu’un jour, ce que vous aurez fait, obtiendra ses fruits et obtiendra sa récompense.
Demandons à notre bonne Mère du Ciel, elle a vaincu toutes les hérésies, elle a vaincu toutes les erreurs, alors elle ne manquera pas non plus de vaincre les erreurs modernes qui sont à l’état diffus à l’intérieur de l’Église. La très Sainte Vierge Marie finira par les vaincre et par donner la victoire à son Divin Fils Notre Seigneur Jésus-Christ.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.