Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Quelle coïncidence providentielle, que cette réception de la tonsure avec la fête de la Purification.
Comme Jésus et Marie, se sont présentés au Temple aujourd’hui, vous aussi vous suivez Marie et Jésus pour vous présenter à ce temple qu’est l’Église. Puissiez-vous vous présenter avec des cœurs aussi purs, avec des dispositions aussi saintes, que la Vierge Marie et l’Enfant-Jésus. Ce n’était pas le Temple alors, ni la Purification de Marie qui leur rendaient le cœur pur. C’était Jésus, le Dieu-vivant, qui venait sanctifier le Temple. Et Marie était toute pure ; elle n’avait pas besoin de purification. Mais ils ont voulu obéir à la Loi. Et montrer ainsi, l’importance de l’Église. Et pour vous, il en est de même.
Sans doute, vous avez besoin de purification et vous venez à l’Église pour lui demander ses grâces de rédemption. Mais vous venez (aussi) à l’Église afin de vous unir davantage à Notre Seigneur Jésus-Christ. Car, en définitive, qu’est-ce que l’Église, sinon le Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ, Notre Seigneur Jésus-Christ est la tête du Corps mystique. Et vous, aujourd’hui, par la tonsure que vous allez recevoir, vous devenez les membres privilégiés de ce Corps mystique. Vous faites déjà partie par la tonsure, de cette hiérarchie que Jésus a voulu fonder dans son Église, afin qu’elle reçoive cette fonction, ce ministère admirable, ce ministère divin, de Le transmettre en définitive, de transmettre Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même aux âmes.
Y a‑t-il un ministère plus beau, un ministère plus saint, plus divin que celui du sacerdoce catholique. Quel mystère que l’Église ! Grand mystère de cette union intime de Notre Seigneur Jésus-Christ avec son Église, avec son Épouse mystique. Il lui a tout donné ; Il est la tête du Corps mystique et Il lui donne sa vie ; Il lui donne son Sang ; Il lui donne ses dons. Et alors, l’Église a pour charge de transmettre tous ses dons à tous ceux qui deviendront les membres du Corps mystique. Quelle réalité admirable !
Et déjà beaucoup de ceux qui ont reçu ces grâces au cours de leur existence, sont maintenant dans l’éternité, unis à Jésus dans sa gloire : C’est l’Église triomphante. Et c’est notre destinée. Nous avons tous à être unis à l’Église militante pour devenir un jour, les membres de l’Église triomphante. Nous le sommes déjà par la grâce de Dieu. Mais puissions-nous garder cette grâce jusqu’à notre dernier soupir afin d’être unis à Jésus dans sa gloire.
Et alors, mes chers amis, quel sera votre rôle particulier, membres privilégiés de l’Église, parce que vous vous destinez au sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Vous aurez à L’imiter dans ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a donné de plus beau, de plus divin, à son Épouse mystique l’Église. Jésus est Lumière ; Jésus est Vérité. Si l’on songe que Notre Seigneur Jésus-Christ était Dieu, Il est donc la Lumière. Il l’a dit : Ego sum lux mundi : « Je suis la Lumière du monde ». Et c’est aussi saint Jean qui le dit : Et lux in tenebris lucet et tenebræ eam non comprehenderunt (Jn 1,5) : « Et la lumière est venue dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue ». Oui Jésus est Lumière, parce qu’Il est la lumière de la Vérité, parce qu’Il est Dieu et que Dieu est Vérité.
Dans sa sainte Âme, Jésus avait la vision béatifique. Alors, c’est cette vision béatifique que l’Église reçoit, d’une certaine manière, par la foi. La foi est un reflet de cette vision béatifique et un jour, elle se transformera dans cette vision au Ciel. L’Église triomphante, participe à la vision béatifique de la sainte Âme de Jésus ; ici-bas nous n’avons que la foi. Mais la foi est déjà la participation à la vision béatifique. La foi ne fera que se transformer pour devenir vision, pour devenir participation à la Lumière de Dieu.
Alors cette foi, l’Église l’a reçue ; elle a reçu la mission de Notre Seigneur Jésus-Christ de transmettre la Vérité. Et c’est sa tâche la plus intime, la plus profonde, la plus nécessaire. Sans la foi, l’Église catholique n’est rien. Sans la Vérité de Notre Seigneur Jésus-Christ, il n’y a plus d’Église catholique. Jésus a transmis sa foi et veut que cette foi se transmette de génération en génération par l’Église.
Par conséquent, ce sera votre rôle. Et c’est bien ce que disaient les apôtres : Nos vero orationi et ministerio verbi instantes erimus (Ac 6,4). Ils ont fait des diacres afin de transmettre la Vérité. Voilà le rôle des apôtres ; mais aussi, ils ajoutaient – vous avez remarqué : orationi. Et si Notre Seigneur transmet la Vérité à l’Église par la foi, c’est pour en faire une Église priante. Car Jésus fut le grand Priant. Au cours de son existence terrestre et maintenant encore dans le Ciel : Semper inter (…) pro nobis, Il est toujours présent pour prier pour nous ; Jésus est le grand Priant. Alors l’Église aussi, à son image, doit être la grande priante. La foi qui ne conduirait pas à la prière est une foi morte.
Or cette prière quelle est-elle donc, cette prière que Jésus a transmise à son Église ? Il est évident que la grande prière de l’Église, c’est le Saint Sacrifice de la messe. Comme la grande prière de Notre Seigneur Jésus-Christ ce fut son Calvaire. C’est sur la Croix qu’il a été le plus grand Priant et c’est le Sacrifice de la messe qui est la plus grande prière de l’Église. À laquelle l’Église demande que tous les fidèles s’associent intimement, profondément, adorant Dieu, adorant Notre Seigneur Jésus-Christ, adorant son Créateur, adorant son Rédempteur. Quelle magnifique prière que Jésus a transmise à son Église !
Et dans cette prière Il s’est transmis Lui-même. Il a voulu que nous participions à son Corps, à son Sang, à son Âme, à sa divinité, afin de devenir nous aussi des priants comme Lui. Que toute notre vie soit une prière, une offrande, un chant, un cantique d’action de grâces.
Voilà ce que Jésus a transmis à son Église et ce que vous aurez à faire, mes chers amis, vous aurez à apprendre et particulièrement au séminaire, à prier, à vous unir à Dieu, à vous unir à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et voyez comme l’Église a réalisé cela au cours de son existence, au cours de son Histoire. Que d’ordres se sont fondés pour prier, pour contempler. Voilà ce qu’a fait la foi de l’Église ; elle a suscité dans les âmes de ses fils, de ses enfants, elle a suscité par cet esprit de prière, tous ces monastères qui ont couvert le monde, toutes ces églises qui ont couvert le monde. Oui, l’Église a bien réalisé sa mission de prière. Hélas, aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de prières et les clercs abandonnent la prière.
Alors vous, vous ne serez pas de ceux-là. Vous ne trahirez pas la mission de l’Église. Vous serez d’Église. Nous serez des fils de l’Église parce que vous prierez. Les fidèles ont besoin de vous voir prier. Les fidèles ont besoin de vous voir croire en Notre Seigneur Jésus-Christ, de continuer la mission de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et puis Notre Seigneur a transmis encore à son Église, son esprit de pénitence. Si dans l’au-delà il n’y a plus que la prière, la louange de Dieu, la pénitence n’existe plus ; ici-bas nous avons besoin de continuer la pénitence de Notre Seigneur Jésus-Christ, de continuer sa Croix. Or, la très Sainte Église reste remplie de cet esprit de pénitence. Elle voit toujours son Époux mystique au Jardin des oliviers, Jésus prosterné, priant, souffrant, souffrant jusqu’à répandre son Sang par la douleur qu’Il éprouve.
Mais quelle est donc cette douleur ? Mais pourquoi Jésus souffre-t-il ? Jésus n’a‑t-il pas la vision béatifique, même ici-bas sur cette terre ? Oui Jésus, dans son Âme sainte, avait la vision béatifique.
Alors pourquoi souffrait-Il comme cela ? Un ange a dû venir pour Le secourir tellement Il souffrait, à cause de nos péchés, à cause de ce monde qui ne veut pas Le recevoir.
Et proprio venit, et sui eum non receperunt (Jn 1,11). « Il est venu chez lui », dit saint Jean, « et les siens ne l’ont pas reçu ». Comment est-ce possible ? Grand mystère. Grand mystère de ce monde qui refuse son Dieu, qui refuse son Rédempteur.
Dieu a créé le monde, a créé les hommes et les hommes se sont détournés de Lui. Nos premiers parents se sont détournés déjà de Notre Seigneur. Il les a rachetés, par sa Croix, par son Sang ; Il est venu au milieu d’eux ; ils le renient ; ils n’en veulent pas ; ils le crucifient. Et aujourd’hui encore, quelle situation !
Alors, comme Jésus a souffert de cette vision, comme la Vierge Marie a été martyre elle-même de cette pensée, que le Sang de son divin Fils ne serait pas reconnu et reçu par toute l’humanité. Cela a été son martyre. Eh bien c’est aussi le martyre de l’Église. Il faut que ce soit le martyre de l’Église et il faut que ce soit votre martyre.
Si vous ne comprenez pas cela ; si vous n’êtes pas martyrisés par la vue de ces âmes qui refusent Notre Seigneur, alors vous n’êtes pas vraiment des fils de l’Église. Et vous, vous devez être des fils privilégiés de l’Église. Alors vous devez avoir ce désir, ce désir comme l’a eu Notre Seigneur Jésus-Christ, de prier, de s’offrir, de souffrir, de se donner entièrement à Dieu afin que les âmes ouvrent leur cœur et reçoivent ce nom de Jésus, en dehors duquel, il n’y a point de salut.
Alors vous serez des âmes priantes ; vous serez des âmes souffrantes. Et vous accepterez ces pénitences et vous accepterez ce martyre. Et alors, vous serez missionnaire. Voyant cette situation du monde, vous serez missionnaire, mais comme peuvent l’être d’abord ces âmes contemplatives qui s’enferment dans les monastères. Et vous le serez par la pénitence. C’est ce que Notre Seigneur nous a montré par l’exemple et c’est ce que l’Église a toujours désiré.
Et puis vous le serez par la parole – ministerio verbi – comme les apôtres. Et, appuyés sur la prière, appuyés sur la pénitence, alors votre parole sera convaincante. Alors vous transformerez les âmes et elles se donneront à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Voyez comme le fait de continuer l’Église, d’aimer l’Église, d’avoir les sentiments de l’Église pour son divin Époux, l’Église entend les appels de Notre Seigneur Jésus-Christ, essaye de conformer son âme, en quelque sorte, à l’Âme de Notre Seigneur Jésus-Christ. Alors de cela sont sorties des générations d’âmes qui se sont données à Dieu et de fidèles qui se sont sanctifiés. La sainteté s’est répandue à travers le monde grâce à ces sentiments de l’Église, épousant les intérêts de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vous aussi, vous épouserez les intérêts de Notre Seigneur Jésus-Christ. Toute votre vie ne sera pas autre chose que de désirer agrandir ce Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ, multiplier les membres du Corps mystique, afin que ceux qui feront partie ici-bas de l’Église militante, puissent un jour faire partie de l’Église triomphante. Car, en définitive, ce n’est pas pour autre chose que le Bon Dieu nous a créés, nous a sauvés, pour que nous participions à sa divinité et à sa gloire dans le Ciel.
Alors si votre vie est tout entière adonnée à cela, elle produira des fruits. Voyez que le fait d’être uni à l’Église, d’avoir cet esprit d’Église – l’Église catholique romaine, de toujours – produit des fruits, des fruits abondants : votre présence ici (en est le témoignage).
Ce groupe de jeunes qui sont ici, mes bien chers frères, vous le voyez. Ils vont se donner au Bon Dieu. Quelle preuve plus grande de la fécondité de l’Église – fécondité de l’Église encore aujourd’hui, en ces temps si difficiles, en ces temps si amers – alors que le monde est plongé dans les ténèbres de l’erreur, dans l’horreur du vice. Au milieu de ce monde, Dieu se choisit encore ces élus. Il veut que son Église continue. Il veut que cet esprit qui a sanctifié l’Église pendant vingt siècles ne périsse pas.
Et nous le voyons, non seulement ici, mais dans toutes les sociétés religieuses qui ont gardé les bonnes traditions de l’Église, qui sont toujours d’Église.
Hélas, nous sommes obligé de constater – nous ne pouvons pas faire autrement, ce n’est pas par désir de critiquer, ou désir de juger les autres – mais nous sommes obligé de constater que là où l’on ne continue plus les traditions, là où l’on n’est plus vraiment d’Église, là où l’on n’a plus l’esprit de l’Église, là où l’on n’a plus l’esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ et l’esprit du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est la stérilité. C’en est fini de l’Église.
Alors, vous serez fidèles, mes bien chers amis, vous garderez la fidélité à l’Église. Par cette fidélité vous serez unis à l’âme de l’Église qui est l’Esprit Saint. L’Esprit Saint vous inspirera ; l’Esprit Saint continuera en vous l’Église.
Vous demanderez – et nous le demanderons aujourd’hui – particulièrement à la très Sainte Vierge Marie, remplie du Saint-Esprit et qui est – disent les Pères de l’Église – le cou du Corps mystique, la Vierge Marie. Par elle passent toutes les grâces qui viennent au Corps mystique de Notre Seigneur.
Alors, vous serez unis à la très Sainte Vierge Marie, afin d’être de fidèles ministres de l’Église. Oh non pas dans l’orgueil, ni dans la suffisance, mais dans l’humilité, dans la reconnaissance à Dieu de vous avoir donné cette grâce si particulière de devenir des membres privilégiés de la hiérarchie catholique.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.