Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Rarement, nous avons eu l’occasion de conférer les ordres majeurs à un nombre aussi important de séminaristes et de membres des diverses communautés qui nous demandent de conférer les ordres à leurs sujets. C’est une grande joie pour nous.
Car en effet, ces ordres majeurs, selon l’esprit même de l’Église et l’esprit de Notre Seigneur qui les a institués, sont remplis de l’Esprit Saint. Et aujourd’hui, particulièrement en cette veille de la Pentecôte, il nous semble que l’effusion de l’Esprit Saint sera encore plus abondante qu’en d’autres circonstances et ce jour me paraît bien choisi. Les cœurs, les âmes, les esprits de ces séminaristes ont été bien préparés, j’en suis sûr mes chers amis, au cours de la retraite que vous avez passée à Montalenghe.
Vous avez médité sur les grâces que le Bon Dieu va vous donner dans quelques instants, grâces toutes particulières et si nécessaires aujourd’hui particulièrement en ces temps si difficiles que traverse l’Église. Plus que jamais ceux qui veulent être au service de l’Église, au service des âmes, doivent être remplis de l’Esprit Saint.
Il semble bien effet que le manque d’esprit surnaturel, le manque de foi, (qui) caractérise notre époque, est aussi l’occasion de ne plus parler de l’Esprit Saint.
Or, Notre Seigneur Lui-même l’a dit : « Si je ne m’en vais vers mon Père, vous ne recevrez pas l’Esprit Saint ». C’est que Notre Seigneur jugeait qu’après son départ, l’œuvre qu’il avait commencée, l’œuvre qui devait se perpétuer, se compléter, cette œuvre serait celle de l’Esprit Saint.
Et par conséquent notre époque, cette époque chrétienne qui va de Notre Seigneur à la fin des temps, sera surtout l’œuvre de sanctification et de rédemption réalisée dans les âmes, par l’Esprit Saint, par l’Esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Et si on lit avec attention les textes que l’Église demande à l’évêque d’exprimer au cours de ces ordinations, on ne peut pas s’empêcher de remarquer que l’Église fait allusion d’une manière très claire à l’effusion de l’Esprit Saint qui est donné aussi bien d’ailleurs aux Sous-Diacres qu’aux Diacres.
En effet à l’occasion de la monition et de la prière que l’évêque adresse à Dieu pour les Sous-Diacres, il énumère tous les dons de l’Esprit Saint. C’est donc bien ce que l’Église désire ; ce que Notre Seigneur a voulu, que vous soyez, mes chers amis, remplis des dons de l’Esprit Saint.
Sans doute vous les avez reçus au baptême ; vous les avez reçus également à la confirmation, mais vous devez les recevoir – et vous en avez besoin – d’une manière particulière pour devenir prêtres, pour être les ministres de Notre Seigneur Jésus-Christ, les ministres de l’autel.
Et les prières qui sont dites également pour les diacres sont aussi très expressives de l’effusion de l’Esprit Saint – je dirai même qu’elles le sont encore plus que pour les Sous-Diacres – puisque les termes mêmes du sacrement qui est conféré aux Diacres, comporte cet appel à l’Esprit Saint : Accipite Spiritum Sanctum ad robur : Recevez l’Esprit de force. C’est donc particulièrement ce don de force qui va vous être donné, mes chers amis, vous qui allez recevoir la grâce du diaconat.
Et, en définitive, quels sont les effets de l’effusion de l’Esprit Saint dans nos cœurs et dans nos âmes ? Eh bien ces effets sont aussi exprimés d’une manière admirable dans les prières que l’Église a choisies pour conférer les sacrements du sous-diaconat et du diaconat.
Pour le sous-diaconat, l’Église insiste davantage sur la foi, la foi qui est nécessaire pour accomplir la mission du prêtre. Cette lumière qui éclaire nos âmes et qui les remplit de la Vérité de Dieu, de Dieu Lui-même, qui nous révèle Dieu ; qui nous révèle tous les desseins de Dieu à l’égard de l’humanité, tous les desseins de Dieu à l’égard de nos âmes et qui nous révèle la gloire de Dieu Lui-même dans sa Trinité Sainte. Cette foi qui est en même temps une source de combat, une raison de combattre contre les ténèbres qui s’étendent sur notre pauvre monde. Ténèbres répandues par les démons, par les esprits mauvais. C’est ce qu’exprimé encore la monition que le pontife adresse aux Sous-Diacres.
Pour les Diacres, l’effusion de l’Esprit Saint est signifiée par la pénitence, par la purification de l’âme. Soyez pur, soyez chaste, soyez modeste, dit l’évêque au Diacre.
C’est donc d’une manière plus insistante que l’Église demande la sainteté aux Diacres et elle leur donne comme modèle de cette pureté et aussi de cette force : saint Étienne.
Saint Étienne en effet, a été choisi par les apôtres comme Diacre et comme modèle des diacres parce qu’il était chaste, parce qu’il était pur et parce qu’il avait en lui-même une force extraordinaire, force de persuasion, force de combattre contre les erreurs de son temps. Et c’est pour cela qu’il a combattu, qu’il a été martyr, qu’il a été le premier martyr.
Et c’est dans son martyre que le Bon Dieu lui a fait la grâce d’une révélation particulière, d’une lumière particulière sur Dieu. Il voyait le Fils de Dieu à la droite du Père. Toutes ces grâces dont l’Église parle dans ses prières admirables qu’elle a choisies pour cette ordination, doivent vous encourager, mes chers amis, à recevoir l’Esprit Saint en abondance, à avoir une dévotion particulière pour l’Esprit Saint qui va être votre compagnon, votre inspirateur, votre guide tout au cours de cette préparation au sacerdoce et de votre sacerdoce. Invoquez souvent l’Esprit Saint qui vous donnera ses grâces. Et vous l’avez évoqué en théologie, la grâce que donne l’Esprit Saint, cette grâce sanctifiante qui nous communique la vie divine ; qui nous communique la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ, la vie même de Dieu en nous.
Cette grâce a deux aspects particuliers. Elle est à la fois une médecine pour nos âmes, cette gratia sanans qui guérit nos âmes et c’est aussi une grâce qui nous élève. Sans doute, ici-bas, la gratia sanans, cet aspect médical – d’une certaine manière de la grâce qui doit guérir nos âmes – n’existera plus au Ciel. Au Ciel, nous restera cette grâce qui nous élève et qui nous permet de voir la gloire de Dieu, qui nous permettra de voir la gloire de la Trinité Sainte.
Mais déjà, ici-bas. Dieu nous donne par son Esprit Saint, cette grâce qui nous élève et par conséquent nous avons déjà ici-bas, par la foi, par l’espérance, par la charité, nous avons déjà cette union à Dieu, à la Trinité Sainte.
Mais nous ne devons pas oublier que nous sommes des pécheurs ; nous ne devons pas oublier que nous sommes des malades et que nous avons besoin de cette grâce qui nous guérit, qui nous soutient, qui nous aide à nous détacher des choses de la terre.
Quæ sursum sunt quærite ; quæ sursum sunt sapite, non quæ super terram (Col 3,4). Rechercher ce qui est au-delà, ce qui est dans le Ciel. Ne vous attachez pas aux choses de la terre. Voilà ce que nous dit saint Paul.
Et n’est-ce pas aussi le résumé en quelque sorte et la synthèse de notre Sainte Messe ? Par le sous-diaconat, par le diaconat, vous montez à l’autel.
Déjà le Sous-Diacre va recevoir les vases sacrés. Le Diacre va s’approcher encore un peu plus de l’autel. Il a par la grâce particulière qui lui est donnée, le pouvoir de s’approcher davantage de l’Eucharistie.
Alors, puisque vous vous approchez de l’autel, eh bien méditez sur ce qu’est le Saint Sacrifice de la messe. Et il apparaît avec évidence que ce Sacrifice de la messe est à la fois essentiellement, un Sacrifice de propitiation et en même temps un Sacrifice de louange. Ce sont les deux fins principales du Saint Sacrifice de la messe.
Alors vous essaierez de vous unir déjà maintenant à l’esprit du Saint Sacrifice de la messe, à l’acquérir dès à présent. Et ce sera pour vous une source continuelle de grâces particulières, grâces de propitiation et donc de supplication pour demander pardon à Dieu de vos fautes, lui demander de guérir vos âmes de toutes les tendances mauvaises que le péché originel a pu laisser en vous. Et puis de Lui demander aussi la grâce de Le connaître davantage, de L’aimer, de Le louer, de vivre davantage uni à la Trinité Sainte et à Dieu.
Alors soyez encouragés ; soyez confiants, l’Esprit Saint qui va vous être donné est l’esprit de l’Église ; est l’esprit qui a toujours sanctifié l’Église, tout au cours des siècles ; qui a sanctifiés ceux qui ont été les vrais fils de l’Église et qui ont été mis sur les autels comme modèles. Suivez ces exemples ; suivez ces modèles de Prêtres saints, de Pontifes saints qui ont sanctifié l’Église et qui nous montrent la voie que nous devons suivre.
Mais alors, si vous voulez vraiment suivre ces modèles, suivez aussi les moyens qui les ont sanctifiés ; utilisez les moyens qui les ont sanctifiés.
Quels sont les moyens et quel est le moyen principal qui a sanctifié ces prêtres ? C’est le Saint Sacrifice de la messe (Monseigneur répète) : le Saint Sacrifice de la messe. Alors ne cherchez pas ailleurs. Vous êtes ordonnés, vous êtes préparés pour le Saint Sacrifice de la messe et non pas pour une cérémonie, un culte quelconque, un culte œcuménique, un culte qui unirait l’erreur et la Vérité ; un culte qui unirait la Lumière et les ténèbres. Non, vous n’êtes pas ordonnés pour cela. Et ce n’est pas pour cela que dans quelques instants, je vais prier l’Esprit Saint de descendre en vous.
Vous êtes ordonnés, vous recevez la grâce qui vous prépare au sacerdoce, pour le Saint Sacrifice de la messe de toujours. Soyez attachés à ce Saint Sacrifice auquel vous êtes préparés ; pour lequel vous recevez la grâce qui vous est donnée aujourd’hui.
Que le Bon Dieu vous garde dans ces dispositions, vous garde dans ces saintes Traditions.
Demandez-le à la Vierge Marie remplie du Saint-Esprit, par qui vous allez recevoir les grâces qui vous seront données dans quelques instants. C’est la Vierge Marie qui vous les communique, comme elle a communiqué le Saint-Esprit aux apôtres le jour de la Pentecôte.
Demandez et demandons tous à notre bonne Mère du Ciel de faire de vous des ministres de l’autel dignes de la Sainte Victime que vous allez approcher toujours davantage.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.